Le berceau de la nature, où le vert et le marron de l'automne semblent avoir pris naissance, voilà à quoi ressemblent ces appartements faits de bois bosselé, de parquet doux et mate, et ces chambres dans lesquelles ont s'attendrait presque à voir des hamacs de feuilles tressées remplacer les lits aux rideaux légers. Les tapisseries accueillent les toiles des plus grands maitres à penser du monde sorcier, dans la pièce générale, Aristote trône au-dessus de la cheminée. Les fauteuils durs sur lesquels les jadériaux aiment s'assoir en lotus sont les témoins de nombreuses discussions, souvent sans véritable conclusion, de débats qui animent les soirées de ces appartements. Les jadériaux parlent, du tout et du rien, de l'infiniment et de l'infiniment petit, ils parlent de la vie et du chemin qu'ils ont choisi, de la justice et du bien, de l'homme, animal politique, et du devenir de l'amour dans l'ère de l'éphémère. La salle d'eau des jadériaux est séparée par deux grands couloirs, un menant à la salle des filles, l'autre à celle des garçons. L'eau y coule en cascade, et sa température est toujours tiède, ni trop froide, ni trop chaude.

Les salons littéraires du siècle des lumières n'avaient pas lieu uniquement chez les moldus. Nommés salons d'Arthénice en hommage au doux nom d'une nymphe qui fut très en vogue dans la littérature précieuse et de la musique baroque (mais également l'anagramme de Catherine, et qui fut composé par Malherbe en l'honneur de Catherine de Rambouillet, grande spécialiste des salons, justement), ces pièces reliées tiennent lieu de salle commune à tous les écrins réunis. Ici, tapisseries brodées, parquet ciré, canapés moelleux et petites tables de verre et de fer ; si on n'y joue pas spécialement aux échecs comme les anglais, on y joue au bridge sorcier et on y fait des charades. Un piano est également installé dans la pièce principale, pour le plus grand plaisir des étudiants, sauf lorsque Mademoiselle de Valmont se met à jouer...

Placées dans l'aile d'Europe, en hommage à la coopération magique internationale, les loges des délégations étrangères sont vastes et confortables. Divisées en différents étages selon les écoles, elles conservent une pièce commune uniquement réservée aux étrangers. La décoration est purement française, mais les peintures sur les tapisseries illustrent souvent des actes où les communautés sorcières décidèrent de s'unir pour remporter la victoire. Le mot de passe est simple, chaque élève doit réussir à prononcer la phrase de son choix dans un français parfait.

Prévu pour faciliter l'accès de la « Ferme » aux élèves, ce passage a une place toute particulière dans le cœur des ces derniers. Perpétuellement baigné dans une lumière qui a tout de celle du soleil, on sentirait presque la brise du vent, même en sachant pertinemment être sous terre. Il a depuis longtemps dépassé sa fonction de simple passage, et nombre d'élèves viennent s'y perdre entre deux cours, profitant de son éternelle douceur et des tableaux retraçant l'histoire de l'académie accrochés un peu partout. Ceux-ci sont en général très bavards et aiment suivre les pas de leurs élèves favoris en sautant d'un tableau à un autre. On ne s'en plaint pas, tant ce passage est propice aux rires et à la bonne humeur. Tellement d'ailleurs, qu'on le soupçonne d'être soumis à un sort, amenant quiconque y entrerait à ne plus penser qu'aux plus jolies choses de la vie.