Le mystère dans lequel baignent les appartements d'un bleu glacé des saphiroys effraie et fascine à la fois. La couleur des tapisseries qui recouvrent les murs change de bleu selon une logique que personne n'a élucidée. Les canapés sont tout de cuir et les lits ont des rideaux de dentelle blanche pour protéger leurs dormeurs des regards impolis. Les portraits qui ornent la salle principale, immense et rectangulaire, observent les étudiants d'un air hautain, la bouche pincée et les pommettes hautes. L'excellence et l'orgueil règnent en maitres dans les appartements des indépendants, ils sont les êtres de l'ombre et du fond des eaux sombres qui seront un jour rois et reines de leur propre cour. L'échec n'est pas toléré, la grandeur et la puissance sont les maitresses de la réussite. Les saphiroys sont silencieux, tout passe par le regard et les mouvements, avec eux, et les pas de danse rythment les soirées qui animent les appartements bleutés. Chaque étudiant possède une clé d'argent qui lui permet d'accéder à ses appartements. La salle d'eau est circulaire et recouverte de carrelage blanc et de vitraux bleus représentant des sirènes blondes, brunes ou rousses. L'eau y est le plus souvent froide, les baignoires profondes. Filles et garçons sont séparés par un voile qui parait transparent, mais qu'un sortilège a rendu plus opaque qu'un mur de pierre.

Poussez les immenses portes de bois vernis qui ferment cette pièce toute en longueur, c'est là que sont précieusement conservés trophées et récompenses depuis les débuts de l'école Beauxbâtons. Le lieu est sublime et les verres qui protègent les trésors qui y sont exposés sont toujours d'une transparence inégalable. On s'y promène plus pour sa beauté (sur le plafond sont peints des exploits durant les guerres sorcières françaises) que pour y lire les descriptifs de chaque trophée. Des reliques précieuses sont conservées dans des globes de cristal, et la salle servirait presque de musée à l'Académie.

La bibliothèque de l'Académie est une immense pièce circulaire dont les murs sont faits d'étagères qui suivent les contours de la pièce. Des escaliers permettent de monter sur les pontons de bois qui permettent de se déplacer en hauteur afin de saisir via des échelles les ouvrages placés à des mètres de hauteur. Au fond de la salle, une petite porte matelassée donne sur un espace rempli de tables et de sièges de bois, de lampes à huile flottant en l'air, dans lequel les étudiants s'installent pour travailler et lire dans un silence religieux. Si la pièce est peu chauffée, et les sièges de bois peu confortables, c'est parce qu'un vieux dicton de l'Académie dit qu'on ne saurait bien étudier dans un endroit trop chaleureux...

Lorsqu'on ouvre la porte qui donne sur cette salle, on ose à peine en croire nos yeux. Le plafond haut et immense, et représente un ciel artificiel: on se retrouve alors dans un véritable paysage de pleine nature. Au milieu de la pièce se trouve ce puits bien connu des étudiants, sur lequel il est gravé en calligraphie très italique: Lucius Artorius Castus. Très peu de personnes savent qu'on pense que ce chevalier était en réalité le Roi Arthur, mais les rares qui connaissent l'emplacement de cette salle s'y rendent pour son décor et ses bancs de marbre oubliés qui semblent dater de six mille ans...