Lorsqu'on longe les jardins pour atteindre le Palais, on arrive alors sur une place de marbre blanc, sur laquelle sont gravés des triscèles, qui représentent dans l'iconographie celtique les trois points du mouvement vertical du soleil : le lever, le zénith et le coucher. De chaque côté de la cours, des escaliers aux marches régulières permettent d'atteindre les ailes Est et Ouest de l'Académie. C'est ici que les élèves attendent tous lorsqu'un invité de haut rang est sur le point d'arriver pour un séjour au Palais.

On peut d'abord ne pas y prêter attention, passer devant sans même s'en rendre compte, tant elle sait se faire discrète au sein de l'immense école. Pourtant, cette cour sans âge et toute de marbre vêtue, comme l'indique son nom, renferme en son sein la si célèbre et précieuse Fontaine aux Pierres, qui décide du sort de chaque élève qui se penche au-dessus de ses eaux. Son murmure peut apaiser ou impressionner, mais qu'importe les sentiments qu'elle vous inspire, la fontaine ne cesse de veiller sur l'académie et ses si précieux protégés.

Il n'est pas rare d'entendre des rires résonner parmi les haies et les fleurs des Jardins d'Acanthe. Tout semble être propice au bien-être et à l'émerveillement, et ce ne sont pas les fées croisées aux détours des sentiers qui vous feront penser le contraire. Malicieuses, celles-ci se mêlent volontiers aux étudiants et à leurs jeux, accompagnées de papillons aux milles couleurs et aux noms étranges. Tristesse et amertume ne durent guère en ces lieux, vaincus par la légèreté qui les imprègne, jusqu'à la racine de ses fleurs. Ainsi, rares sont les journées où les élèves n'attendent pas avec impatience le moment où ils pourront, enfin, entendre à nouveau les gravillons des sentiers crisser sous leurs pieds.

Les murs qui encadrent les serres sont faits de verre magique: en été, il se gorge de soleil et chauffe pour nourrir les plantes qui végètent à l'intérieur, l'hiver, le froid ne les atteint pas. Lorsque vient la tiédeur du début du printemps, le toit de verre disparait, et les chouettes et oiseaux de proie qui se lovent sur leurs perchoirs s'envolent directement vers le ciel en des battements d'ailes qui froissent le silence de la nuit. La serre doit son nom à la couleur qu'elle prend lorsque, à la tombée du jour, les oiseaux déploient leurs immenses ailes d'un blanc pur et décollent par centaine: on dit alors de la serre qu'elle devient "d'albâtre".