Ce matin, chacun d'entre vous a dû recevoir un petit miroir. C'est sur celui-là que vous me lisez, et il se décomposera à l'instant où vous serez parvenu au bout du message que j'ai à faire passer.
Ah, mes petits sorciers chéris... Vous devez tous vous demander qui je suis, et je ne saurai que trop vous conseiller de cesser dès maintenant de percer ce mystère : ce serait une
réelle perte de temps. Je ne suis au final que la personnification de vos idées les plus viles, les plus perfides, de votre souffle par lequel s'est propagé tant de rumeurs. A Beauxbâtons,
on joue avec l'innocence de l'enfance à la Cour de la Jeunesse, et si je prends ma plume en ce jour, c'est pour vous démontrer qu'il n'y a rien de glorieux dans
les complots, les mensonges et les faux-semblants auxquels chacun d'entre vous, sans exception, se prête. Les secrets... Que vous gardiez les vôtres enfouis en votre cœur, ou qu'ils aient déjà passé vos lèvres, tremblez : ils ne sont plus en sécurité. Rois, dames et valets tomberont probablement un à un... Et je me délecterai de leur chute.
On m'a dit que vous étiez mal informés. Aussi est-il de mon devoir de lever le voile sur certaines choses. Comme par exemple le fait que la vie pourrait prendre une autre tournure sous peu à Beauxbâtons... Qui a dit que les catastrophes étaient terminées ? Cela pourrait bien n'être que le commencement...
Tout d'abord, il semblerait que notre chère et tendre professeure
Cassandre de Beaumont ait quitté le palais. Pour aller où ? Telle est la question... Il se pourrait bien que je l'aie vu traîner dans un
quartier mal-famé de Paris. Votre académie adorée est dans une mauvaise passe ces derniers temps, après le meurtre de l'étudiante rubissane
Carla de Peyrac par une terrible harpie, le refus de la directrice
Aliénor Yvelin de laisser le Magistral lever le voile sur cette affaire,
le calice pourrait bientôt déborder... D'ailleurs, il semblerait que tous ces évènements ne laissent pas de marbre : le
Roi et toute la
Cour ont été présents pour la
Cérémonie des Diadems le 15 août dernier, et s'il n'y a rien de bien étonnant là-dedans, on m'a murmuré qu'il avait
une petite idée derrière la tête aujourd'hui même, jour de deuil de la princesse. Mais c'est avant sa commémoration du décès de Solange que nous retiendrons tous, pas vrai ? Après tout, nous ne sommes plus qu'à quelques heures de l'échéance...qui d'entre-vous a décidé de se joindre à lui, à Orange ?
C'est tout pour le moment, je ne voudrais pas trop surcharger vos cerveaux
en plein développement. Mais si des doutes vous viennent, sachez que vous seriez bien stupides de me prendre pour une ennemie. Je pourrais au contraire être votre plus fidèle alliée... Si l'envie vous prenait de vous retourner contre moi, sachez que je n'existerai pas sans vous. Regardez autour de vous. Si vous tombez, demandez-vous qui vous a trahi.
Je suis votre voix, sous le couvert de l'anonymat. Envoyez-moi vos mots doux, et chaque semaine, l'un d'entre vous verra sa lettre publiée ici dans son entièreté. Conservez vos masques... Le plus longtemps possible. Je sens qu'on va bien s'amuser.
Votre vengeance sera mienne,Parnille Cramel.