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 On aurait pu être amis. [ft. Gautier]

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MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Alistair L. Adhémar
Alistair L. Adhémar
◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : On aurait pu être amis. [ft. Gautier] Tumblr_mjclvxcIOe1reci9go2_500
◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Dorian Desclève ◗ CREDITS : Unserious, tumblr
◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu
◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher

CARTE CHOCOGRENOUILLE
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MessageSujet: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptyLun 12 Mai - 8:47

« You're sittin' there and wonderin' what it's all about
You ain't got no money, they will put you out
Why don't you do right, like some other men do?
Get out of here and get me some money too »




La chanteuse prend des poses lascives, laisse ses doigts soulever sa robe de satin comme s’il s’agissait de ceux d’un homme prêt à la déshabiller. Je l’observe, mais mon esprit est ailleurs. Il flotte entre mon verre de cognac et ma dignité, s’évapore un peu plus à chaque gorgée d’alcool. Du bout des lèvres, je tire sur ma cigarette dans une grande inspiration. Mes paupières se ferment, alors que la fumée sort doucement de ma bouche au rythme de la musique, lente et mélancolique. Je sais pertinemment que me montrer sous ce jour – alcoolisé, les yeux vissés sur ma boisson – n’est pas digne du comte que je suis, mais à vrai dire, je m’en moque. Je passe trop de temps à me préoccuper de ce que les autres peuvent penser de moi. Et puis, j’ai besoin d’oublier mes soucis, et l’alcool et les filles dénudées ont toujours été mes échappatoires favorites. Ma cigarette finit de se consumer en une bouffée lorsque la serveuse revient enfin vers moi. C’est sans me contrôler que je pose la main sur sa fesse. « Je me demandais… Si vous ne faites rien, après, nous pourrions peut-être nous retrouver », je lui susurre lorsqu’elle se penche pour ramasser mon verre. Loin d’avoir l’air séduit, elle me décoche un regard de dégoût qui me pétrifie l’espace d’une seconde. Mais l’alcool faisant son chemin dans mes veines, je retrouve vite ma contenance et ma pseudo assurance ; je plaque quelques pièces sur la table – mes quatre verres de cognac et un pourboire des plus généreux – avant de me lever. La pièce tourne, tout est flou, mais je n’y prête pas vraiment attention. Je suis dans cet état tellement souvent que c’est devenu normal. Normal de tituber, normal de ne pas repérer les regards haineux dirigés vers moi, normal de me faire évacuer manu militari par le vigile pour conduite inappropriée. Tout ça pour une simple main aux fesses. Je n’ai pas le temps de comprendre ce qu’il m’arrive ; je sens juste l’énorme paluche du géant – c’est un géant, par vrai ? – saisir mon bras, et en quelques secondes, je me retrouve à genoux, devant le bar.
Mes paumes se crispent un instant sur les pavés. Il fait froid, j’ai un haut-le-cœur. Je me relève lentement, très lentement, et trouve juste le temps de me tourner vers le coin de mur à côté. Une seconde plus tard, je régurgite tout mon repas – tout mon alcool, devrais-je dire – dans un sursaut nauséeux. Mes ongles griffent les briques, mon front se colle au mur comme pour me rafraîchir les idées. Alors que l’odeur nauséabonde du vomi me monte au nez, je recule, chancelant, et fais quelques pas en direction de la rue. J’arrive à marcher droit, j’arrive à sembler relativement sobre, mais pas suffisamment pour faire face à ce qui va m’arriver.

Il est là, à quelques mètres, et m’observe. J’ignore depuis combien de temps il regarde cette scène absolument pitoyable. Gautier. La seule personne qui puisse rendre cette soirée encore pire. Je ne me souviens plus pourquoi j’ai commencé à le détester, mais je suppose que c’est le résultat d’une accumulation de choses. Son histoire – aussi courte fut-elle – avec Diane, après notre histoire, notre amour. Le fait qu’il soit un futur Duc et se comporte comme tel ; puant d’arrogance et de jugement, n’hésitant pas à mépriser les autres. Son amitié avec le prince bègue, connue de tous – ils sont comme cul et chemise depuis au moins un an. Sa façon détestable de s’habiller, entre nouveau riche et jeune premier, entre décontracté et pédant. Je me redresse soudain, rajuste le col de ma chemise. Pour lui, je rassemble mes forces. Être digne, être un comte. Ne pas être ce putain de pleurnichard qui va noyer son chagrin dans l’alcool. Ce bâtard de sang-bleu – et encore, est-il vraiment bleu ? –, ce mec qui saute sa cousine et en est amoureux. Être normal. « La Jouvence », je lance avec un petit sourire en coin, et si je ne venais pas de répandre mes tripes sur le trottoir, on pourrait croire que je suis dans mon état normal. Je me racle la gorge, ramenant un goût si âpre sur mes papilles que je ne peux réprimer une grimace, puis croise les bras en m’appuyant sur un pan de mur. Il y a bien des choses que j’aimerais lui dire. Je voudrais lui demander s’il apprécie le spectacle. S’il est heureux de voir Alistair Adhémar au fond du trou, imbibé jusqu’à la moelle, incapable de marcher vraiment droit et de tenir un discours cohérent. J’aimerais savoir s’il est content que Diane Deulceux se marie avec un autre que moi, lui qui a – je le sais pour les avoir vus et avoir goûté aux plaisirs de la jalousie – vécu une courte histoire d’amour avec la belle blonde. Mais au lieu de ça, parce que je suis trop lâche pour le confronter à cette haine qui flotte entre nous depuis si longtemps déjà, je poursuis sur le même ton détaché. « Comment va le duché d’Aquitaine ? ». J’ai beau être ivre, mes yeux transpirent la lucidité. Plantés dans les siens, ils l’assassinent. Ils le narguent. Ils le provoquent. La haine aide à dessaouler, de toute évidence. Mais en mentionnant son duché, je me rappelle avec une tristesse amère les origines de mon sang. Claude Desfontaines, comte d’Aquitaine, salaud de traitre, enflure incapable d’assumer un fils. Techniquement, je pourrais hériter du comté d’Aquitaine, étant le seul descendant masculin de cette branche des Buffenoir. Ça rendrait le petit La Jouvence malade, c’est certain. Mais je n’en ai pas envie. J’ai toujours vécu dans le Berry et m’y sens chez moi ; jamais je ne pourrais retrouver cela ailleurs. Et je n’ose pas encore imaginer assumer cette ascendance dégueulasse devant la France sorcière, même si les traits de Claude se retrouvent de plus en plus dans les miens.
Avec désinvolture, je sors une cigarette et l’allume à l’aide d’un sortilège informulé – je le sens se crisper, comme si utiliser la magie pour ça était inadmissible. J’évite son regard, mais ne peux m’empêcher de sourire en pensant à son indignation. Je sais très bien comment les autres me perçoivent ; un gosse de riche sans aucune tenue, un rustre indigne de la noblesse. Ils pensent la même chose de Diane. Un rire s’échappe d’entre mes lèvres, alors que je l’ignore toujours. Quelle ironie de le retrouver ici, devant ce bordel bourgeois, à mille lieues de ce qu’il doit affectionner – il n’y a aucune bibliothèque dans les parages. Je tire sur la cigarette, laissant le doux arôme du tabac remplacer celui, désagréable et nauséabond, du vomi. Je me prépare à toute remarque venant de Gautier, parce qu’il est certain qu’il trouvera encore le moyen de critiquer le terrible Adhémar, comme à son habitude. La soirée ne fait que commencer.
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MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Gautier La Jouvence
Gautier La Jouvence
◗ HIBOUX : 75 ◗ REVELATEUR : On aurait pu être amis. [ft. Gautier] Tumblr_n94n9xQXjF1t27ahco3_500
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◗ PENSINE : Occlumens.

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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptyVen 13 Juin - 23:54

Ça allait lui faire du bien de sortir un peu. Aucun doute que l'air frais de cette fin d'été allait remettre les idées en place de Gautier La Jouvence. Il avait quitté l'académie avant le diner. Ça faisait plusieurs jours que l'appétit ne venait plus et il était las de se forcer à manger devant les autres pour ne pas éveiller de soupçons. Le fait est que l'ainé des La Jouvence était profondément perturbé, chamboulé. Il se passait tellement de choses dans sa vie, ces derniers temps, qu'il ne savait plus où donner de la tête. Désemparé, perdu, il commençait à se demander si tout cela n'était pas un simple test imaginé par l'esprit machiavélique de son père pour savoir s'il était digne, ou non, d'accéder au titre de duc d'Aquitaine. Un poil paranoïaque, en plus de ça.
Entre ce mariage avec Juliette de Noblecourt, les bâtons que son frère cadet ne cessait de lui mettre dans les roues, les disputes de plus en plus fréquentes avec son ami Nolan et ce comportement horrible qu'il avait eu avec la jeune Léa Covilliers, Gautier avait cru bon de quitter Beauxbatons au moins pour la soirée, de laisser tout cela derrière lui et d'aller penser à autre chose. Il avait d'abord eu en tête de se diriger vers l'Esplanade d'Orange pour s'y changer les idées mais rapidement, il en était arrivé à la conclusion que voir du monde n'était pas ce dont il avait envie, or l'Esplanade était un endroit fréquenté en permanence, que ce soit par des groupes entiers ou par de simples passants.

Après avoir erré sans but dans les rues d'Orange, sans trop savoir où aller, Gautier avait aperçu cette affiche placardée parmi tant d'autres qui proclamait une tragédie shakespearienne ce soir, au théâtre de Mélusine. Sans réservation, entrée à un prix raisonnable, bien que l'argent n'ait jamais été un soucis pour les La Jouvence. Gautier avait cependant toujours eu une notion réaliste des comptes et n'a jamais été habitué au luxe et au faste. Bien sur, il avait grandi dans une demeure de plusieurs centaines de mètres carrés, il avait reçu l'éducation la plus prestigieuse qui soit, avec des précepteurs de renoms et il avait également toujours eu tout ce qu'il demandait. Sauf qu'il n'était pas dans sa nature d'obtenir tout sur un plateau d'argent. Si son père se fichait de satisfaire les caprices de ses fils, sa mère, la comtesse, avait toujours veillé à ce qu'aucun de ses quatre fils ne perde le sens des réalités. Les La Jouvence ont ainsi été élevés à être de bons gestionnaires financiers, comme l'est leur père pour le pays et pour le roi.
Gautier serra les mâchoires en réalisant que tout revenait sans cesse à lui. Son père. C'était lui qui avait décidé de ce mariage avec la maison De Noblecourt. C'était lui qui ne cessait d'encourager ses fils à s'entre-déchirer pour un titre de noblesse. C'était toujours lui. Malgré tout, Gautier fut heureux d’être loin de Bordeaux, loin du domaine La Jouvence, loin de son père. Il se félicita également en repensant à la répulsion de son père pour le théâtre. Plus jeune, Gautier s'y rendait avec sa mère tandis que le Duc emmenait ses trois autres fils pratiquer la chasse ou bien l'escrime, loisirs qui n'avaient jamais attiré Gautier. Et puis, son père n'était pas non plus très admirateur des anglais, même les grands intellectuels tels que Shakespeare ne trouvaient grâce aux yeux du patriote français qu'est le Duc La Jouvence.
Soudain plein d'énergie et d'un esprit de rébellion, Gautier marcha de plus en plus rapidement vers le théâtre. Il fut bientôt devant et quelle ne fut pas sa surprise et sa déception de voir les portes ouvertes déversant un flot incessant de spectateurs tantôt ravis, tantôt critiques vis-à-vis de la pièce qu'ils venaient de voir. « La représentation est terminée ? » demanda Gautier au type plutôt charpenté qui se tenait sur le coté, bras croisés et qui semblait attendre que tout le monde quitte les lieux. « Un peu mon n'veu ! » fit le colosse en dévoilant un sourire où perçaient deux dents en or sur les cotés. Gautier fut surpris et se demanda comment un type tel que lui pouvait finir par travailler dans un théâtre. Il semblait complètement décalé dans ce lieu où des personnes si distinguées se pressaient. Le jeune homme se sortit de ses pensées pour demander sans grand espoir : « Et j'imagine qu'il n'y en a pas d'autre de prévue pour ce soir ? » Le grand costaud décroisa les bras et asséna une tape violente qui se voulait amicale sur l'épaule de Gautier. « Ah non, désolé mon grand mais t'arrives trop tard. La prochaine c'est dans trois jours. » Il ponctua sa réplique d'un clin d'oeil, comme s'il s'agissait d'une information extraordinairement secrète. Ou bien comme s'il espérait fortement y revoir Gautier... L'étudiant ne se posa pas plus de questions et préféra filer en lançant un "merci" sans se retourner.

Il fourra les mains dans ses poches avant de recommencer à errer tel un chien ayant perdu son maitre. Il marcha le long du trottoir jusqu'à y apercevoir une enseigne lumineuse. L'Antichambre. Il était passé devant des tas de fois sans jamais s'aventurer dans ce lieu à la fois envoutant mais aussi écœurant. Tout jeune sorcier qui se respecte est déjà entré dans l'Antichambre, des plus extravagants aux plus timides, des plus fêtards aux plus raisonnables. Ainsi, Gautier ne se vantait pas vraiment de n'avoir jamais mis les pieds dans cette espèce de club de strip tease raffiné. Ce n'est pas l'envie qui lui manquait, seulement, sans trop savoir pourquoi, chaque fois qu'il pensait sérieusement à se rendre dans cet endroit, une petite voix -certainement sa conscience- lui soufflait de ne pas y aller, de ne pas s'aventurer sur la route des péchés. Gautier se maudissait alors d’être aussi coincé et aussi chaste que ça.
Fronçant les sourcils, le jeune La Jouvence prit alors un air décidé avant d'avancer à pas tranquilles vers l'enseigne. A quelques mètres à peine, avant d'entrer, alors qu'il regardait ses pas sans prêter attention à ce qui l'entourait, un type sortit dans un raffut terrible. Il fut mis par terre et l'espace d'un instant, Gautier ne le reconnait pas. Son âme charitable l'encourageant alors à aller l'aider, La Jouvence s'avança. Sauf qu'après trois pas précipités, le visage du type alors visible fit stopper Gautier dans son élan. Alistair Adhémar. Pas étonnant de le trouver ici, pensa aussitôt le fils du duc d'Aquitaine. Sans crier gare, le jeune homme recracha tous les aliments digérés ces dernières heures. Aucune expression ne vint troubler Gautier dans sa contemplation. Une odeur pestilentielle commença à se faire sentir, pour autant, La Jouvence ne fit aucun commentaire. Les mains toujours serrées en poings dans ses poches, la veste entre-ouverte, le regard un peu hagard devant la scène pitoyable qui se jouait alors devant ses yeux. Devait-il crier de joie ? Faire une danse de la victoire face à ce garçon, cet étudiant de Beauxbatons qu'il n'a jamais porté dans son cœur ? Ou bien devait-il l'ignorer ? Le laisser ainsi, à genoux, le nez à quelques centimètres de son propre vomi ? A cette pensée, Gautier ne put réprimer une grimace de dégout. Détestait-il Alistair à ce point ? Non, pas vraiment. C'est alors que ses yeux commencèrent à se remplir de pitié, que le jeune Adhémar remarqua sa présence. Il ne vit surement pas la compassion qu'exprimait le regard de Gautier à cet instant car sa mine déconfite changea à l'instant et un sourire narquois se dessine sur ses lèvres. Il interpelle Gautier, comme pour être sur qu'il est bel et bien là, qu'il ne s'agit pas d'un effet secondaire de tout l'alcool qu'il a pu ingurgiter. A son nom, l'ainé des La Jouvence se penche pour effectuer une révérence légère et pleine d'ironie. « Bonsoir Alistair. Tu n'as pas bonne mine, mon cher. » Ce fut plus fort que lui. Cette stupide remarque n'allait surement pas arranger la situation entre eux. Pas que Gautier cherche à faire la paix mais il n'avait pas non plus envie d'envenimer les choses. Il commençait à avoir suffisamment d'ennemis comme ça. Pourtant, sans se départir de son sourire, Alistair Adhémar demanda : « Comment va le duché d'Aquitaine ? » De là où il est, Gautier voit Alistair transpirer de provocation. Comment est-il possible d'avoir encore autant de fierté et d'arrogance lorsque l'on vient de régurgiter autant d'alcool et de bile en même temps ? Toujours avec son air nonchalant, Gautier se risque à faire un pas de plus dans la direction d'Alistair. « Oh, il va bien. Mieux que les duchés du Languedoc et de Provence, actuellement mis à mal par... ton rejet gastrique. »

Sans se dégager de son air hautain, Alistair finit par se relever. Il sortit une cigarette avant de l'allumer d'un infime mouvement. Gautier serra la mâchoire et ses poings se crispèrent dans ses poches, incapable de supporter l'attitude du pseudo noble qu'il avait en face de lui. Ou bien peut-être était-ce parce que, tout à coup, l'odeur du tabac qui parvenait aux narines de Gautier lui donnait envie. Il ferma les yeux l'espace d'un court instant pour profiter de cette odeur particulière. S'il n'avait jamais été un grand fumeur, l'ainé des La Jouvence profitait cependant de rares moments pour se faire le petit plaisir d'une cigarette. Rouvrant les yeux, il sortit alors une main de sa poche pour porter son index et son majeur au bord de ses lèvres. D'un accio informulé, la cigarette se retrouva aussitôt à la bouche de La Jouvence qui tira une longue bouffée de nicotine avant de pencher la tête légèrement en arrière pour laisser s'échapper la fumée en forme de cercles parfaitement ronds. Une fois son petit manège terminé, Gautier reporta son attention sur Alistair. « Tu permets ? Tu me dois bien ça, après l'horrible séance de vomissements que tu m'as offerte. » Portant à nouveau la cigarette à sa bouche, Gautier adressa un clin d’œil provocateur à Alistair, souhaitant par dessus tout que celui-ci s'emporte. Une confrontation à mains nues séduisait particulièrement le jeune La Jouvence en cette soirée de fin d'été.


Dernière édition par Gautier La Jouvence le Dim 15 Juin - 13:48, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptySam 14 Juin - 9:36

De la gêne, de la honte, de l’humiliation. C’est ce que je devrais ressentir face à Gautier, si propre sur lui, si parfait – et c’est peut-être pourquoi je le déteste autant –, et pourtant, je reste droit comme un i, presque digne malgré mes divagations stomacales. Gautier ne garde pas son air de dégoût bien longtemps ; comme moi, il laisse la fierté et le dédain prendre le dessus, et ne se prive pas pour faire une petite révérence pleine d’ironie avant de lancer, aussi narquois que possible : « bonsoir Alistair. Tu n'as pas bonne mine, mon cher ». Je ne relève pourtant pas sa remarque – ni l’apparent respect qu’il montre pour cacher un dégoût palpable – et me contente de lui sourire, et s’il ne connaissait pas la haine cordiale que je lui voue, il pourrait penser que je suis sincère. Pourtant, tout en lui me débecte, si bien que si mon estomac était encore plein, il se viderait sur le champ. Gautier La Jouvence représente la noblesse dans toute sa splendeur : rigide, bornée, bien trop fière des prouesses qu’elle a accomplies au fil des années. Un instant, je pense au bonheur que je ressentirais si tous ces petits fils à papa se faisaient étriper dans le cas d’une révolte, mais les autres conséquences seraient bien trop terribles et je n’ose pas les envisager. Parce que si les sangs-bleus devenaient la cible des révolutionnaires – depuis l’attentat, rien n’est impossible –, Diane et Juliette seraient aussi touchées. Et c’est bien la seule raison pour laquelle je ne participerais à aucune action visant à coller La Jouvence sur un bûcher. Un petit rire s’échappe d’entre mes dents, alors que Gautier m’observe toujours. C’est drôle, ce que l’on ferait par amour. Pour Diane, j’ai failli laisser ma vie. J’ai sauté dans les flammes, je l’en ai tirée, sans vraiment penser que je pourrais mourir là, comme un con, en voulant sauver celle que j’aime mais qui ne m’aimera jamais. Pour Juliette, j’ai décidé d’être cordial avec Gautier, même si je ne connais toujours pas la nature de leur relation. Étrangement, c’est ce sacrifice qui semble le plus difficile. Car je déteste Gautier La Jouvence, de tout mon cœur, de toutes mes forces. Je déteste sa popularité, je déteste son sang. Ce même sang qui est un peu le mien, mais pas tout à fait, parce que j’ai été élevé comme un simple sang-pur, comme un simple petit comte qui peut agir comme bon lui semble sans que cela impacte sur l’image du royaume. Et lorsque je demande à Gautier de me parler de son duché – une simple manière de lui coller le nez dans ses responsabilités –, il fait un pas dans ma direction, réduisant l’espace qui sépare mon poing de sa mâchoire. Sa réponse ne se fait pas attendre. « Oh, il va bien. Mieux que les duchés du Languedoc et de Provence, actuellement mis à mal par... ton rejet gastrique ». Je ne me dépars pas de mon sourire, même si, au fond de moi, j’hurle. Petit con, j’ai envie de lui dire, mais ça ne se fait pas, surtout lorsque l’on parle à un futur duc et qu’il est, en réalité, plus âgé que vous. Avec un calme olympien, je lance un recurvite informulé qui fait disparaître toute trace de mon ivresse d’il y a quelques instants. Quelques sorciers passent à cet instant, nous dévisagent, visiblement interpellés par cette confrontation toute en calme et en retenue. Une fois qu’ils ont passé leur chemin, mon sourire s’élargit et je murmure, juste pour que Gautier entende : « Détrompe-toi, j’ai porté mon choix sur l’Aquitaine. Ça explique mieux mon indigestion ».

La cigarette parvient à me calmer, mais le répit est de courte durée. Je sens l’objet s’échapper de mes lèvres et constate que Gautier l’arbore désormais au coin des siennes. À cet instant, je me dis que je vais le tuer. Je vais l’attraper par le col, le plaquer à un mur et lui abimer son joli petit visage d’ange. Ou mieux ; je pourrais me transformer. Mais je ne maîtrise pas encore totalement mon talent d’animagus et je crains de me retrouver au tapis bien trop rapidement. Pourtant, un bon coup de crocs au bras serait la plus douce des vengeances. J’ai besoin de lui faire payer, pour tout. Pour Diane, pour Juliette, pour sa vie de sang-bleu, pour les privilèges qu’il ne mérite assurément pas et dont il profite pourtant allègrement. Je le regarde tirer une longue bouffée de tabac. La fumée s’échappe en petits ronds parfaitement formés, ce qui suffit à me faire perdre un instant mon sang-froid. Mais ça lui donnerait bien trop de satisfaction de voir qu’il m’atteint, que je me prends à son petit-jeu. « Tu permets ? Tu me dois bien ça, après l'horrible séance de vomissements que tu m'as offerte ». Il m’adresse un clin d’œil, et c’est clair cette fois : il attend que je lui en colle une. Il est prêt. Il s’en réjouit d’avance. J’ose un pas vers lui, mais au lieu de la gifle ou du poing, qu’il mérite pourtant amplement, je lui offre un sourire. « Il suffisait de demander. À moins que… Tu voulais ma cigarette, spécifiquement ? ». Je plonge les mains dans mes poches, le toise un instant – toujours affublé de ce rictus horripilant – avant de poursuivre, susurrant presque les mots suivants. « Je vais finir par croire que tu me dragues ». Je sais presser sur ce qui énerve, sur ce qui agace. L’homosexualité est un tel tabou dans les hautes sphères que le simple fait de la mentionner, même en plaisantant, peut être considéré comme le plus grand des affronts. Pour ma part, je suis toujours parti du principe que l’on avait le droit de fréquenter qui on voulait, garçon ou fille, du moment que l’on se sentait bien avec quelqu’un. J’avais d’ailleurs poussé le vice jusqu’à fréquenter des garçons de manière plus ou moins catholique, simplement pour le plaisir de me rebeller contre l’autorité. Ça, évidemment, ce n’était pas très La Jouvence. Le calme retombe un instant, alors que je le jauge toujours. Nous sommes si proches à présent que si un coup devait partir, il le clouerait sûrement au sol. Mais quelque chose m’en empêche, et il le sait parfaitement. Entre mes dents, je murmure alors, presque désolé de devoir lui avouer ça : « Tu as de la chance de fréquenter Juliette ». Ce n’est pas un simple constat, comme celui que ferait un homme jaloux de voir son rival au bras de la fille qu’il convoite. C’est une menace. S’il n’était pas proche de la rubissane, et si cette dernière ne comptait pas autant pour moi, j’aurais déjà sorti ma baguette.
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptyLun 7 Juil - 23:33

Ayant spécifiquement ignoré la remarque d'Alistair sur le duché d'Aquitaine, Gautier commençait à penser que cette joute verbale ne mènerait à rien. La soirée allait être longue si leur dispute n'évoluait pas, si tous deux se contentaient de petites vannes bien choisies pour toucher l'autre là où ça faisait mal. Gautier se demanda comment se sortir de là car il était loin de vouloir passer la nuit à se chamailler avec Adhémar. Surtout pour des choses aussi puériles que le trop plein d'alcool ingéré par l'améthysse. Non, à la réflexion, c'était assez drôle pour que Gautier y passe plusieurs heures de la nuit. La jadérial pensait sincèrement qu'avec cet avantage -si tant est qu'avoir assister aux vomissements d'Alistair Adhémar en soit un- il pourrait prendre le dessus sur son ennemi. La situation semblait bloquée au stade verbal et Alistair ne semblait pas forcément plus disposé que Gautier à déclencher la phase suivante : l'affrontement physique. Ayant trop de retenue et de manières, il était hors de question que ce soit l'aîné des La Jouvence qui lance cette attaque. Pour autant, l'aquitain commençait à se dire que déroger à ses principes lui ferait le plus grand bien. Plus il sentait la vague odeur de vomi qui lui piquait les narines, plus Gautier se demandait comment Alistair pouvait encore avoir le culot de se montrer arrogant. N'avait-il pas perdu la bataille avant même de l'avoir commencée, ce soir ? C'est ce que se disait Gautier, la fine cigarette arrachée aux mains de son ennemi coincée entre ses doigts. Le statut de noble ne consistait pas uniquement à se montrer digne, il fallait, selon Gautier, accepter les défaites, reconnaitre ses tords et ne pas insister. Ce qu'Alistair Adhémar semblait incapable de faire en cet instant précis.

Alors qu'il s'approcha, Gautier se demanda sérieusement si ce rapprochement n'allait pas être le début de cette bagarre tant attendue. Pourtant, rien de tel ne se produisit. Le futur duc cacha sa surprise lorsqu'Alistair se contenta de le regarder dans les yeux en lui offrant un sourire déconcertant. A quoi jouait-il maintenant ? Est-ce qu'il allait reprendre sa cigarette, à la fin ? Gautier comprit finalement que ce n'était pas dans les projets de son interlocuteur. « Tu voulais ma cigarette... spécifiquement ? » Gautier releva les sourcils face à cette remarque à laquelle il ne s'attendait pas du tout. « Je vais finir par croire que tu me dragues. » L'ennemi eut un sourire carnassier que Gautier examina un instant avec une certaine haine. N'avait-il jamais remarqué les nombreuses filles que Gautier fréquentait ? Mais bien entendu, il n'était pas question d'ignorance ici mais plutôt de provocation. Il faut dire que sur ce point, Gautier La Jouvence était une cible facile : l'homosexualité étant tabou chez les grandes familles de la noblesse, les La Jouvence ne faisaient pas exception à cette homophobie nationale. La provocation, c'est ce que cherchait Alistair et bien, c'est exactement ce que Gautier allait lui donner. « Oh, je t'en prie Alistair, je sais que tu souhaiterais sincèrement me voir avec des hommes. Mais comment pourrais-je résister au charme des femmes ? Des belles rubissanes comme Diane Deulceux, par exemple. » L'argument n'était pas très fair play. Gautier n'afficha aucun sourire de triomphe suite à l'évocation de Diane. Elle était son amie depuis cette histoire qu'ils avaient eu il y a quelques années et l'utiliser ainsi comme un argument, une pique dans une dispute n'était pas réjouissant pour Gautier. Malgré tout, il fallait qu'Alistair Adhémar redescende un peu de son piédestal. La Jouvence savait parfaitement quelle relation entretenait Alistair avec Diane, il savait également à quel point Alistair le détestait pour cette aventure que le jadérial avait eu avec la jolie rubissane. Il n'y avait pas besoin d'en dire plus pour qu'Alistair fasse le rapprochement.

Un silence pesant s'installa entre les deux jeunes hommes. Alistair avait les mains dans ses poches tandis que Gautier avait gardé la cigarette à la main, la portant régulièrement à sa bouche pour en tirer de la nicotine qu'il recrachait toujours en veloutes de fumée délicates. Alors que le temps semblait s'écouler à une vitesse exagérément lente, les deux étudiants se regardaient, face à face, assez près l'un de l'autre pour se toucher, sauf qu'un quelconque contact entre eux aurait été inévitablement violent. Ce fut à un moment où Gautier porte à nouveau la cigarette, presque terminée, à sa bouche que la voix d'Alistair se fit entendre. Un chuchotement à peine audible que Gautier comprit pourtant aussitôt. « Tu as de la chance de fréquenter Juliette. » La remarque semblait sincère et devait avoir coûter beaucoup à Alistair, pour autant, cela sonna un peu comme une menace. Sincèrement surpris, Gautier releva les sourcils sans chercher à cacher son étonnement. Pourquoi lui dire cela ? Qu'est-ce que Juliette venait faire ici ? Gautier sentit une vague de colère le submerger. Qu'est-ce qu'Adhémar cherchait à faire en faisant intervenir Juliette ? Bien sûr, après avoir utilisé Diane Deulceux comme arme, Alistair pouvait se permettre de faire référence à Juliette de la même façon. Ça n'aurait été que justice. Sauf que le ton qu'il avait employé ne semblait pas uniquement emprunt d'avertissement. Cette honnêteté soudaine prit l'aîné des La Jouvence au dépourvu. Que pouvait-il bien répondre à cela ? Si les circonstances avaient été différentes, peut-être aurait-il été d'accord avec cela, pourtant, une petite voix rappelait à Gautier qu'il n'avait jamais voulu fréquenter Juliette De Noblecourt et peut-être ne l'aurait-il jamais fait sans ces fiançailles arrangées. Pourtant, et Gautier ne l'avait encore jamais reconnu publiquement, il avait effectivement de la chance de fréquenter Juliette, cette rubissane si vive et si insouciante. En pensant à elle, il perdit un peu de la colère que venait de provoquer Alistair. « Tu as raison, j'ai de la chance. Mais Juliette fréquente qui elle souhaite, moi en l’occurrence, et tu auras beau utiliser toutes les menaces que tu veux, tu ne pourras rien changer à cela. » Gautier avait parlé calmement, sans une pointe d'ironie ni de méchanceté dans la voix. Après tout, la réaction d'Alistair était compréhensible mais comment un petit comte comme Adhémar pouvait se permettre de menacer un duc tel que La Jouvence ? L'arrogance de l'améthysse fit pincer les lèvres de Gautier qui s'empressa de jeter la cigarette par terre pour l'écraser avec force, seul moyen qu'il trouva pour se contenir. « Tu ne voulais pas la récupérer j'espère ? » demanda-t-il en retrouvant son sarcasme et en pointant du doigt la cigarette écrabouillée sur le sol. Gautier reporta son regard sur son adversaire et aussitôt, ses traits devinrent durs. « Bon à mon tour de te faire une menace, une vraie, cette fois. Ne te mêle pas de mes affaires, encore moins lorsqu'elles concernent Juliette De Noblecourt. Ca ne te concerne pas, Adhémar alors reste le lâche que tu as toujours été et ne t'occupe pas de ça. » Le ton était sans appel. Si Gautier La Jouvence était d'ordinaire calme, Alistair Adhémar avait prononcé le mot de trop en disant le nom de Juliette. Personne ne savait à quoi était dû le rapprochement soudain entre les deux enfants des maisons De Noblecourt et La Jouvence, et Gautier avait bien l'intention de garder cela pour lui. Alistair était la dernière personne à devoir être au courant de l'alliance des deux duchés. Gautier ne voulut pas se l'avouer mais la mise en garde d'Alistair visant à protéger Juliette avait été incroyablement énervante pour le jadérial. Ce n'était certainement pas ce minable d'Adhémar qui allait le dissuader de fréquenter Juliette De Noblecourt. Et ce sentiment était bien loin du simple devoir familial auquel se raccrochait sans cesse Gautier.
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MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Alistair L. Adhémar
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptyDim 13 Juil - 15:03

Au final, Gautier me ressemble bien plus que je ne veux l’avouer. Même s’il transpire l’arrogance, même s’il est détestable – et que me comparer à ce type se rapproche fortement de l’auto-flagellation. Nous avons cette même insolence, ce panache qui caractérise si bien l’aristocratie. Qui nous rend insupportables mais tellement intrigants. Et le fait qu’un garçon tel que lui puisse plaire à Juliette ne me surprend pas vraiment. Évidemment, il ne doit pas rire à ses blagues graveleuses. Il ne doit pas lui sourire lorsqu’elle fait une gaffe, répondre à ses sous-entendus sexuels. Juliette et moi, nous sommes comme un vieux couple. Il n’y a pas d’amour, pas vraiment, juste une infinie tendresse et une complicité à toute épreuve. Rien de ce qu’elle peut connaître avec Gautier, en somme. J’ignore même ce qui a pu les rapprocher, et c’est peut-être ce flou qui me perturbe le plus. J’ai l’impression d’avoir raté des chapitres, alors que Juliette est censée tout me dire. Juliette est ma meilleure amie. Or, elle m’a laissé sur le côté. Elle m’a oublié. Elle m’a largué. Et c’est ce qui me fait le plus mal. Ne pas connaître le motif de la rupture, la regarder s’éloigner sans pouvoir l’en empêcher. Au final, c’est ce que je veux faire payer à l’héritier La Jouvence : le fait de m’avoir pris ma confidente sans même me consulter. Le fait de l’attirer dans ses filets, sûrement à coup de promesses honteuses et intenables. J’ignore ce qu’il y a entre eux, mais il vaudrait mieux pour lui que ce soit de l’amour – du véritable amour, pas de l’ersatz de sentiments fait uniquement de faux-semblants. C’est aussi pour cela que je le provoque. Pour voir s’il peut encore me surprendre ; s’il saurait, l’espace d’un instant, devenir agréable, subtil, drôle. Mais je suppose que ça n’arrivera pas, du moins, pas en ma présence. Lorsque j’évoque la question de l’homosexualité, Gautier se braque immédiatement, sûrement embarrassé par ce que mes mots insinuent. Lorsqu’il me répond, sa voix est dure, moqueuse. « Oh, je t'en prie Alistair, je sais que tu souhaiterais sincèrement me voir avec des hommes. Mais comment pourrais-je résister au charme des femmes ? Des belles rubissanes comme Diane Deulceux, par exemple ». Voilà donc que la porte de la provocation s’ouvre à la volée. Il sait parfaitement que Diane est un sujet tabou pour moi ; pas seulement parce que notre idylle est connue de tous, mais aussi parce qu’il l’a fréquentée peu de temps après moi. Ses paroles ont pour but de me faire sortir de mes gonds. Et je pourrais d’ailleurs. Je suis à deux doigts d'attraper son col, de le plaquer contre le mur, d’abattre mon poing sur sa mâchoire. Mais je ne le ferai pas, parce que c’est exactement ce qu’il cherche. Je déguise alors ma colère en un sourire, qui vient se poser au coin de mes lèvres. « Qui parle de résister aux femmes ? C’est le problème de la noblesse, Gautier. Pourquoi vouloir choisir l’un des deux sexes, alors que les deux sont si plaisants », je commence, flirtant presque avec le jeune homme. Je laisse quelques secondes s’écouler avant d’ajouter, d’un ton toujours aussi détaché : « Et, à propos de Diane, Dorian et toi formez un charmant duo… Être dépucelés par la même femme, ça renforce l’amitié », je murmure.  Et je sais ce qu’il pense, à cet instant : me faire perdre mon sang-froid sera beaucoup plus difficile que ce qu’il pensait.
Pourtant, Gautier s’accroche à cette perspective. Il n’attend que ça. Mais il semble soudain décontenancé lorsque j’évoque Juliette. Et plus je sens la colère monter en lui, plus mon sourire s’étire sur mes lèvres. Même si j’ignore tout de la situation, de la nature de leur liaison, je me dois de faire comme si je savais. « Tu as raison, j'ai de la chance. Mais Juliette fréquente qui elle souhaite, moi en l’occurrence, et tu auras beau utiliser toutes les menaces que tu veux, tu ne pourras rien changer à cela ». Le jeune La Jouvence essaie de contrôler ses gestes, mais je vois sa main trembler lorsqu’il jette la cigarette au sol, avant de l’écraser d’un coup de pied rageur. « Tu ne voulais pas la récupérer j'espère ? », demande-t-il sarcastiquement, et un petit rire s’échappe alors d’entre mes lèvres. Il sait pourquoi tout cela m’amuse, sans aucun doute. Parce que je gagne. En le faisant craquer, en provoquant sa colère, je le bats. Et alors que je suis sur le point de le mettre échec et mat, il prononce des mots dévastateurs. « Bon à mon tour de te faire une menace, une vraie, cette fois. Ne te mêle pas de mes affaires, encore moins lorsqu'elles concernent Juliette De Noblecourt. Ca ne te concerne pas, Adhémar alors reste le lâche que tu as toujours été et ne t'occupe pas de ça ». Mon sourire disparaît, mes lèvres se pincent. Alors qu’il lui suffisait juste de la fermer, voilà qu’il ne me laisse aucun autre choix. Je ne peux pas lui faire de cadeau. Pas maintenant, pas après ça. Après m’avoir insulté personnellement, alors qu’il ne sait rien de moi. En un quart de seconde, je sors ma baguette de ma poche, obligé de me contenir pour la laisser baissée. « Je ne suis peut-être qu’un simple comte, qu’un lâche, Gautier, mais j’ai des pouvoirs que même le Roi ne possède pas. Et à ta place, j'y réfléchirais à deux fois, avant de me menacer ». Je serre les dents, les yeux plantés dans les siens. Diane et Gautier se ressemblent décidément trop ; tellement que ça m’étonne qu’ils ne soient pas ensemble, à l’heure qu’il est. Un sourire se dessine sur mes lèvres, et je susurre presque les prochains mots. « Tu commences à bien connaître Juliette, pas vrai ? ». Je fais un pas vers lui, me rapprochant dangereusement de cet ennemi de toujours, que je provoque désormais. Le sang bat dans mes tempes. « Tu tiens à elle, elle tient à toi. C’est assez mignon quand on y pense, quoiqu’un peu trop mielleux, si tu veux mon avis ». J’humecte mes lèvres, tel un carnassier qui se régalerait d’avance en voyant sa proie à l’agonie. Plus de sourire sur mes lèvres, alors que je murmure : « je suppose que si son meilleur ami lui demandait de ne plus te fréquenter, elle l’ignorerait… N’est-ce pas ? ». Il sait où je veux en venir. L’amitié est la chose la plus importante qui existe, aux yeux de la rubissane. Jamais elle n’oserait me laisser tomber pour lui. Jamais. Elle préfèrerait mourir. Quoiqu’il arrive, j’aurai le dernier mot. Et alors que je sens que le Jadérial est sur le point de lever la main sur moi, je pointe ma baguette sur son torse, le narguant toujours. « Réfléchis bien avant de m’attaquer, chéri », je lance d’un ton badin. Mais mon sourire laisse soudain place à une expression bien plus sérieuse. La pointe de ma baguette reste appuyée sur son thorax, alors que je me tiens désormais en position de combat. Si Gautier cherche la guerre, c’est ce qu’il aura.
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Gautier La Jouvence
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptyVen 25 Juil - 16:56

La tension restait palpable entre les deux nobles. Le combat verbal continuait, chacun tentant de déstabiliser l'autre, de lui faire perdre son sang-froid. Gautier se répétait de rester calme, de ne pas perdre la face devant les remarques fourbes de son adversaire et si, d'apparence, il ne laissait quasiment rien paraître, il bouillonnait à l'intérieur. Ses mâchoires étaient crispées et même si Alistair ne pouvait pas le voir, Gautier sentait que des signes de sa colère se dégageraient bientôt. Adhémar semblait prendre un malin plaisir à évoquer les pratiques sexuelles considérées comme déviantes chez les sorciers des hautes sphères de la noblesse. Bissexualité et homosexualité étaient des sujets tabous que jamais les La Jouvence n'évoquaient. Gautier savait que la simple prononciation de l'un de ces mots aurait mis son paternel dans une rage folle. L'esprit fermé du Duc ne voulait pas entendre parler de ce type de relation. Gautier restait modéré dans ses propos et ne s'exprimait que très peu sur le sujet, comme il le faisait pour la politique d'ailleurs. Ce qu'Adhémar semblait ignorer puisqu'il continuait sa provocation, évoquant Dorian Dèscleves, ami proche de Gautier, d'une manière que tout noble qui se respecte aurait jugé indécente. Pour autant, lé futur Duc ne sut que répondre. Il ouvrit la bouche sans qu'aucun mot ne puisse en sortir mais la remarque qu'avait fait Alistair l'amusait plus qu'autre chose. Si les deux jadériaux étaient proches depuis plusieurs mois, ils n'avaient jamais évoqué leurs conquêtes, bien que le lien unissant les deux jeunes hommes à Diane Deulceux fut plus qu'évident. La coïncidence avait voulu que deux des prétendants de la douce rubissane deviennent amis. Ce hasard fit simplement sourire Gautier qui savait parfaitement qu'Alistair Adhémar cherchait, à son tour, à provoquer la colère de son rival. Finalement, La Jouvence ne prit pas la peine de répondre à la dernière remarque de l'améthysse. Ce dernier pouvait penser avoir pris le dessus en faisant taire Gautier, ce qui, finalement était mieux ainsi. Laisser l'ennemi croire qu'il avait l'avantage et le duper pouvait s'avérer être une bonne tactique.

En revanche, ce qui s'annonçait bien plus mal était le sujet houleux sur lequel Adhémar ne lâchait rien : Juliette De Noblecourt. Chacun son point faible, pour Alistair il s'agissait de Diane et pour Gautier de Juliette. Difficile de se contenir, surtout lorsqu'Adhémar en profita pour sortir sa baguette d'une manière menaçante. Finalement, c'était le comte qui avait craqué et laissé échapper sa colère le premier. Le morceau de bois pointé sur la poitrine du jeune La Jouvence prouvait que les mots précédemment prononcés avaient atteins leur but ultime : faire perdre patience à l'améthysse. Le combat de coqs venait de franchir une nouvelle étape et le stade des piques verbales commençait visiblement à s'essouffler. Le duel physique semblait pointer son nez de plus en plus clairement. Il avait sortie sa baguette... Gautier n'en attendait pas tant.
Alors qu'Alistair Adhémar appuyait son arme sur le torse du jadérial, ce dernier ne put s'empêcher de sourire. Il gagnait cette première bataille. Qui avait perdu son sang froid le premier ? Adhémar. Certes, ça ne positionnait pas vraiment l'aquitain à son avantage mais le fait était là :  il avait fait sortir son adversaire de ses gonds. Tandis que Gautier était occupé à se féliciter intérieurement pour sa ténacité, Alistair n'en avait pas terminé avec le sujet Juliette. « Tu commences à bien connaître Juliette, pas vrai ? » Gautier ne prit pas la peine de répondre et Alistair s'approcha d'un pas vers lui, visiblement prêt à continuer sur cette pente glissante. « Tu tiens à elle, elle tient à toi. C’est assez mignon quand on y pense, quoiqu’un peu trop mielleux, si tu veux mon avis. » Ses lèvres s'étirèrent en un sourire... inquiétant. « Je suppose que si son meilleur ami lui demandait de ne plus te fréquenter, elle l’ignorerait… N’est-ce pas ? » Ne s'attendant pas à cette remarque, Gautier plissa les yeux, intrigué. Adhémar ne comprenait apparemment rien à la relation liant Juliette et Gautier. Ce dernier sut qu'il gagnait à nouveau l'avantage face à l'ignorance de l'améthysse. S'il n'irait pas jusqu'à y mettre sa main à couper, Gautier pensait toutefois que Juliette, au fond d'elle, ne choisirait pas un ami qui userait de chantage. Certes Juliette De Noblecourt était loyale envers ses amis, malgré tout, apprécierait-elle l'attitude d'Alistair si ce dernier lui posait un ultimatum ? Surtout si cela concernait les fiançailles pour lesquelles Juliette avait promis de faire un effort, pour son père. Les propos d'Alistair confirmait le vœu de silence qu'il avait fait avec Juliette. Lui qui se dit proche de Juliette et qui n'est même pas au courant des fiançailles de sa soi disant meilleure amie. Alistair pensait avoir décontenancé son ennemi avec ses méthodes peu orthodoxes pourtant, le sourire qui se forma sur les lèvres de Gautier fut tout sauf ironique ou déstabilisé. Lui qui avait toujours les mains dans les poches en sortie une tranquillement pour aller chercher sa propre baguette, nichée dans la poche intérieur de sa légère veste. Malgré cet avantage qu'il pensait avoir sur Adhémar, Gautier sentit la colère monter d'un cran à cause de la remarque de l'améthysse. Lui enlever intentionnellement Juliette serait une grave erreur et l'héritier des La Jouvence se demanda sincèrement de quoi il serait capable si Alistair Adhémar osait se mettre en travers du chemin qu'il commençait à construire avec l'héritière des De Noblecourt. Sa baguette en main, il la tourna un moment entre ses doigts avant de la laisser baisser le long de sa jambe. « Eh bien, fais donc. Use donc de ton amitié avec Juliette pour la détourner de moi, du moins, essaye. Qui ne tente rien n'a rien, tu dois connaitre ce vieux dicton, j'imagine. » D'un air nonchalant, Gautier s'empara de sa baguette pour, à son tour, se positionner prêt à combattre en duel. « Peut-être devrais-tu réfléchir avant de proférer des menaces, te poser des questions et notamment te demander si tu atteindrais ton but en utilisant de tels moyens. Personnellement j'en doute. Pour le meilleur ami de Juliette, tu sembles pourtant mal la connaitre. » Cette phrase à double sens provoquait, encore et toujours. Malgré tout, Adhémar répondit : « Réfléchis bien avant de m’attaquer, chéri. » Et ce fut ce dernier mot, "chéri" qui fit basculer la situation. La baguette toujours en main, Gautier asséna un coup de poing virulent au poignet d'Alistair, le forçant ainsi à baisser sa baguette. La Jouvence en profita pour, à son tour, brandir son précieux morceau de bois et lancer un "expelliarmus" qui désarma cette fois-ci totalement son adversaire.
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptySam 26 Juil - 19:02

L’héritier des La Jouvence perd pied, sort sa baguette, et je crois alors presque avoir gagné, tant le Jadérial semble succomber aux sirènes de la violence. Pourtant, il reste calme, et prononce quelques mots qui ne feront qu’attiser ma haine envers lui. « Eh bien, fais donc. Use donc de ton amitié avec Juliette pour la détourner de moi, du moins, essaye. Qui ne tente rien n'a rien, tu dois connaitre ce vieux dicton, j'imagine ». Quelque chose m’inquiète. Il a l’air trop sûr de lui. Comme s’il savait que Juliette n’aurait aucun scrupule à préférer le cœur à la raison, l’amour à l’amitié. Mais c’est impossible. Je connais la Rubissane depuis des années. Je sais que jamais, elle ne me trahirait. Pas pour tout l’or du monde, pas si sa vie était en jeu. C’est le principe de notre obédience, d’ailleurs. Gautier sait-il seulement que nous sommes tous les deux membres des Compagnons ? Que la chose la plus importante pour nous, au-delà de tout et même du sexe, c’est l’amitié ? Ou peut-être est-ce autre chose. Peut-être que j’aime Juliette plus que je ne veux l’avouer, mais je n’ai pas vraiment envie d’y penser. Pas maintenant, alors que je me tiens devant un Gautier goguenard, ravi de l’effet de ses mots sur moi. Il relève soudain sa baguette, se plaçant dans la même position que moi. « Peut-être devrais-tu réfléchir avant de proférer des menaces, te poser des questions et notamment te demander si tu atteindrais ton but en utilisant de tels moyens. Personnellement j'en doute. Pour le meilleur ami de Juliette, tu sembles pourtant mal la connaître ». Tout peut basculer en l’espace d’un instant, surtout maintenant. Je bouillonne, je frémis. Juliette me choisirait. Juliette me choisirait. Évidemment qu’elle me choisirait. Contre n’importe qui. Ça a toujours été nous deux. Après Diane, après Marien. Nous deux, quand il n’y avait plus personne. Mais Gautier sème soudain un doute en moi. Celui de ne pas vraiment la connaître, celui de me tromper depuis le tout début. Ce qu’il ignore, c’est que sans Juliette, rien n’a de sens. Et que me priver d’elle, c’est se condamner. C’est la raison pour laquelle je veux le blesser ; le faire souffrir jusqu’à ce qu’il m’implore, l’écorcher jusqu’à ce qu’il crève. La seule façon que je connaisse pour cela est d’utiliser ma baguette. Je suis le meilleur élève de ma classe, et un Auror en devenir. La magie est le seul pouvoir que je connaisse et qui soit absolu. La magie, et l’éloquence. À mes prochains mots, lui aussi perd pied. Il est celui qui initie le combat. Il est celui qui frappe.

Son poing tape contre mon poignet, si fort que je grimace soudain. Avant que je n’aie le temps de réagir, un expelliarmus sonore me désarme, et me déstabilise un instant. Mais comme si je dessaoulais soudainement, ma baguette revient entre mes mains d’un accio silencieux. J’hésite un instant à faire quoi que ce soit, ma main gauche toujours endolorie par le coup de Gautier. Et finalement, je baisse lentement ma baguette, tentant de maitriser mes doigts tremblants. Un sourire apparaît sur mes lèvres, alors que je baisse les yeux. « Tu n’aurais pas dû faire ça », je dis doucement. Je lève les yeux et en croisant le regard clair de Gautier, je sais. Je sais qu’il ne lâchera jamais, qu’il fera de ma vie un enfer. Qu’il fera tout pour éloigner Juliette de moi, pour qu’elle finisse par m’oublier. Et tout ça pour quoi, au final ? Je ne sais même pas ce qui les unit, même si j’imagine qu’il s’agit d’un engagement quelconque. Que lui a-t-il dit pour qu’elle morde à l’hameçon de cette façon ? Elle qui déteste les gens comme lui en temps normal, elle qui rêve d’une vie simple, elle, si naturelle, si différente de lui. À moins que… Qu’elle ait des sentiments pour lui. Qu’il ait des sentiments pour elle. Je le regarde longuement, hésitant entre le plaquer au mur ou lui faire bouffer le bitume. Puis ma voix s’élève, presque trop douce, contrastant avec ma violence verbale d’il y a quelques minutes. « Je connais Juliette. Je sais ce que je pourrais lui dire pour qu’elle refuse de t’adresser la parole. Tu peux me croire ou non, tu peux penser qu’elle ne m’écouterait pas… Tout ça, je m’en contrefous. Le fait est que je pourrais l’éloigner de toi, définitivement. Mais je ne le ferai pas ». Je respire lentement, tentant en vain de calmer l’afflux de sang qui coule dans mes tempes. « Sache simplement que je te trouve arrogant, orgueilleux, détestable, et que je refuse de la laisser entre tes mains sans lui donner mon avis ». Je m’approche, agrippe sa chemise du bout des doigts, presque joueur désormais. « Pourquoi crois-tu qu’elle a rejeté Desclève ? » j’ajoute dans un chuchotement. J’ignore si Gautier est au courant, mais les parents de Dorian l’avaient poussé à demander Juliette en mariage, quelques semaines plus tôt. Mon amie avait refusé, prétextant ne pas pouvoir épouser Dorian car elle n’en était pas amoureuse. L’amour est une notion tellement désuète de nos jours, pourtant. Et je mettrais ma main à couper qu’elle n’en a pas dit un seul mot à Gautier. Raison de plus pour lui faire croire que j’ai eu mon mot à dire dans l’histoire. Et d’ailleurs, j’aurais mille fois préféré voir Dorian au bras de Juliette. Je lui ai donc lancé cette ultime provocation, et il doit savoir pourquoi. Parce que si c’est lui qui me frappe en premier, j'aurai toutes les raisons de l'éloigner de celle que j'appelle ma meilleure amie. Je ne lui ferai aucun cadeau. S'il me frappe en premier, s'il porte le coup qui achèvera cet échange amer, j’aurai gagné, pour de bon.
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptyMer 27 Aoû - 20:34

Est-ce que la panique envahissait ses veines ? Oui, sans aucun doute possible. Est-ce qu'il avait peur ? Bien entendu. Ce n'était que des mots mais Alistair Adhémar avait ce pouvoir lui aussi, celui d'être un orateur excellent. Son adversaire avait récupéré sa baguette aussi rapidement et facilement que Gautier n'eut quasiment pas le temps de voir l'action. Alors qu'une petite voix chuchota à Gautier qu'il avait mal jouer son coup, qu'il n'aurait pas dû faire ça, Adhémar prononçait ces mêmes mots d'une voix distincte. Effectivement, ce n'était pas la stratégie du siècle de frapper l'adversaire en premier, de perdre patience avant l'autre. C'était un signe de faiblesse selon La Jouvence.

Juliette. Juliette De Noblecourt. Ses cheveux blonds, ses yeux clairs, sa répartie implacable. C'était elle qui occupait l'esprit des deux jeunes hommes. Gautier se demanda ce qu'il ferait si Alistair, impitoyable, décidait réellement de parler à Juliette, de lui monter la tête. Entre son amitié avec Alistair et son devoir familial, que choisirait-elle ? Préférerait-elle tenter l'expérience avec Gautier ou bien choisirait-elle la sécurité de son amitié avec l'améthysse ? Les deux garçons se ressemblaient assez, caractériellement parlant, mais tous les deux avaient des idées et des relations différentes face à la monarchie, face aux études et surtout face à Juliette.
La soirée du bal avait été si particulière, étrange sur certains aspects mais malgré tout agréable aux yeux de Gautier. Est-ce que cette soirée avait changé les choses ? Oui, elle avait tout changé. Le jadérial n'avait plus le même regard sur la rubissane et il commençait sincèrement à se dire que Juliette n'était pas seulement un devoir familial imposé par ses parents. Elle n'était pas simplement cette fiancée, cette future épouse pour un mariage arrangé. Gautier repensa à ses parents qui avaient subi la même chose, le destin avait fait en sorte qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre après quelques mois. Espérer qu'il se produirait la même chose avec Juliette relevait de la naïveté la plus totale. Malgré tout, l'aîné des La Jouvence était forcé de reconnaitre qu'il se passait quelque chose avec la cadette des De Noblecourt, que de son côté, il la voyait avec beaucoup plus de tendresse et d'affection qu'auparavant.

Et Alistair Adhémar avait le pouvoir de détruire cette relation naissante, d'étouffer cet embryon de lien qui commençait à apparaitre. « Je connais Juliette. Je sais ce que je pourrais lui dire pour qu’elle refuse de t’adresser la parole. Tu peux me croire ou non, tu peux penser qu’elle ne m’écouterait pas… Tout ça, je m’en contrefous. Le fait est que je pourrais l’éloigner de toi, définitivement. Mais je ne le ferai pas » Il était si sur de lui, si confiant que c'en était écœurant. Avait-il remarqué que Gautier avait perdu de sa superbe ? Perdu de ses couleurs également. Avantage Adhémar. L'ennemi semblait confiant. Il connaissait bien mieux Juliette que Gautier et il semblait facile pour lui de briser tout un futur mariage déjà programmé. Bien sur que Juliette l'écouterait. Est-ce que la voix de Gautier pourrait peser contre celle d'Alistair ? Le jadérial en doutait sérieusement. Les derniers mots d'Alistair résonnaient encore dans la tête de Gautier. Mais je ne le ferai pas. Il ne le fera pas. La question qui brûlait les lèvres de Gautier lui échappa. « Et pourquoi ça ? »

Il y eut un moment de flottement durant lequel, Gautier examina Alistair sans trop savoir que penser de lui et de son attitude. Les yeux plissés il cherchait en vain à comprendre à quoi jouait l'améthysse qui se tenait en face de lui. Il le fixait, cherchant à le déchiffrer quand les mots le firent revenir à la réalité. Arrogant, orgueilleux, détestable. Un sourire ironique se dessina sur les lèvres de La Jouvence. C'était amusant de voir que les deux jeunes hommes étaient au moins d'accord sur les défauts de chacun. L'adversaire s'approche et saisit Gautier. Proches au point de pouvoir sentir la respiration de l'autre. « C'est amusant, j'aurais employé les mêmes adjectifs pour te décrire, Adhémar. » chuchota le futur duc d'Aquitaine. Alors qu'Alistair garda cette posture menaçante un instant, Gautier resta immobile et attendit la réaction du noble.

« Pourquoi crois-tu qu’elle a rejeté Desclève ?  » La remarque tomba comme la hache d'un bûcheron qui fend le bois. Surpris, étonné, Gautier n'eut cependant aucune réaction visible. Une éducation stricte venant d'un père sans pitié était à l'origine de ce self-control imparable. Malgré tout, Gautier fut désarmé face à cette question. Alistair savait où appuyer pour toucher sa cible. Bien entendu, Gautier n'était pas assez proche de Juliette ou de Dorian pour connaitre cette aventure. Il savait que Juliette était un parti dur à conquérir et que nombreux avaient été les soupirants qui s'étaient cassés les dents face à cette indépendante qu'est Juliette De Noblecourt. Parmi eux demeurait donc Dorian Desclèves, c'était une nouvelle. L'amour était-il la raison de ce précédent rejet ? Gautier en doutait, il y aurait longtemps qu'il aurait été évincé de la liste si c'était le cas. Juliette De Noblecourt avait refusé les avances de Dorian Desclèves. Ca n'avait rien de très étonnant quand on y réfléchissait, la rubissane était tout sauf conventionnelle, c'était une surprise à elle seule. Lorsqu'il le pourrait, Gautier tenterait d'en savoir plus sur cette histoire. Mais à l'instant, il se concentra pour ne pas laisser exploser sa colère. Alistair jouait avec ses nerfs et prenait un malin plaisir à faire ça. Pour autant, Gautier décida de ne pas entrer dans son jeu, une seconde fois. Il se contenta donc de se dégager de l'emprise de son ennemi avant de lâcher : « Premièrement, je ne suis pas Dorian Desclèves. » Il marqua une pause durant laquelle il s'appliqua à défroisser sa chemise. « Et deuxièmement, Dorian s'est peut-être fait rejeté mais il a eu le courage d'exprimer ses sentiments à Juliette. Ce dont tu es incapable, lâche comme tu es. » Gautier regarda Adhémar dans les yeux avant d'ajouter : « Tu es pitoyable. Tu menaces ceux qui ont le cran de courtiser Juliette parce que tu souhaites la garder pour toi. C'est donc le seul moyen que tu as trouvé pour ne pas qu'elle s'éloigne ? Lui avouer ce que tu ressens ne serait-il pas plus simple ? Ou bien as-tu trop peur d'être rejeté, toi aussi ? » La Jouvence retint un sourire moqueur et se contenta d'afficher un air grave sur son visage. Il releva les sourcils, insistant et attendant la réponse de l'améthysse qui se tenait face à lui.
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Alistair L. Adhémar
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptyLun 1 Sep - 13:59

Parfois, on fait des choses sans vraiment réfléchir. On prend le parti du diable, ou de l’une de ses formes qui se serait camouflée sous un vernis plus flatteur. On ne pense pas toujours aux conséquences, parce que seul l’instant présent compte. Éloigner Juliette de Gautier. Pas un seul instant, je ne me préoccupe de ce que Gautier pourrait penser. Mais c’est évident. Mes menaces dirigées contre les potentiels fiancés de l’héritière Noblecourt ne peuvent signifier qu’une chose, aux yeux de n’importe quel autre homme : j’en suis amoureux. Et s’il ne s’agissait pas de Juliette, je pourrais cracher le morceau et avouer que je l’aime, que je l’aime et que c’est pour cela que je refuse que quiconque l’approche. Mais ce n’est pas ça. Bien malgré moi, il y a une chose qui me retient de projeter le Jadérial au sol : elle tient à lui. Je le sais, parce que ça se sent. Elle s’éloigne, elle me parle peu. Elle ne me parle plus, d’ailleurs. Et je me rends compte que nous nous comportions comme un couple, jusqu’à maintenant. Nous nous aimions, d’un amour purement platonique mais d’un amour présent tout de même, et fort, terriblement fort. Et malgré toute la jalousie, toute la haine que j’éprouve en ce moment, savoir qu’elle a des sentiments pour le Jadérial m’empêche de projeter ma colère sur lui. Alors, je me retiens. Je me retiens de le frapper. Je me retiens d’empoigner son col et de l’envoyer valser contre une poubelle. Je l’écoute simplement, alors qu’il passe ses mains sur sa chemise pour en parfaire l’allure. « Premièrement, je ne suis pas Dorian Desclève ». Je lève un sourcil, ose un sourire. « Effectivement. Tu es beaucoup plus confiant mais tu as beaucoup moins de raisons de l’être ». Je le provoque, parce que je ne sais faire que ça. J’aboie, mais je n’attaque pas. Je reste en retrait. J’attends l’ultime provocation. Et elle ne tarde pas. « Et deuxièmement, Dorian s'est peut-être fait rejeter mais il a eu le courage d'exprimer ses sentiments à Juliette. Ce dont tu es incapable, lâche comme tu es ». Dans un premier temps, j’ignore comment réagir. Mais je ne me dépars pas de mon sourire. Lentement, je recule, pour aller m’accouder au mur, à ses côtés. Gautier poursuit sa litanie, sans se douter que je rumine déjà ma réponse. « Tu es pitoyable. Tu menaces ceux qui ont le cran de courtiser Juliette parce que tu souhaites la garder pour toi. C'est donc le seul moyen que tu as trouvé pour ne pas qu'elle s'éloigne ? Lui avouer ce que tu ressens ne serait-il pas plus simple ? Ou bien as-tu trop peur d'être rejeté, toi aussi ? ». C’est qu’il a l’air persuadé de ce qu’il dit. Il pense vraiment que j’aime Juliette. Qu’il est impossible que j’aie pour seul désir de la protéger. Mon sourire s’élargit, alors que je plante mon regard dans le sien. Lever de rideau. « Il y a un adjectif que j’ai oublié, en te qualifiant. Tu es égoïste. Comme moi ». Mon sourire carnassier ne disparaît pas, alors que je m’avance de nouveau vers lui. Un pas, un simple pas, mais qui nous rapproche dangereusement. « Je n’aime que moi, La Jouvence. Et toi aussi, tu n’aimes que toi. C’est la seule manière que nous ayons de nous protéger des autres ». Évidemment, je bluffe. Gautier le sait. Il sait que Diane Deulceux est toujours l’objet de mes regards, depuis plus de cinq ans. Il sait que Juliette de Noblecourt est la personne la plus précieuse au monde, à mes yeux, et que je ferais n’importe quoi pour qu’elle reste près de moi. Mes bras se croisent sur mon torse, alors que je le toise de nouveau.

« Néanmoins je commence, et mon sourire se fait plus discret alors que des flammes semblent s’allumer dans mes yeux, si tu veux vraiment que je déclare ma flamme à Juliette, je le ferai ». Je pose mes doigts sur l’extrémité de la baguette qui sort de ma poche et fais rouler le bois entre mon pouce et mon index. Puisqu’il veut s’aventurer sur le terrain des sentiments, c’est ce qu’il aura. Il tient trop à elle pour supporter mes mots, et je sais que la prochaine phrase aura l’effet d’un uppercut sur lui. « Elle me rejettera sûrement, après tout. Il n’y a aucun risque qu’elle ne te choisisse pas ». Et il ne peut que comprendre, avec la confiance que j’arbore, que je partirais victorieux si cette bataille devait avoir lieu. En réalité, je sais que Juliette n’a jamais pensé à moi de cette manière. Je sais que, contrairement à Elysée, un baiser ne suffirait pas à lui faire perdre la tête, à lui faire oublier un instant ses sentiments naissants pour ce stupide Jadérial. Mais lui ne le sait pas. Lui, doute encore de l’attitude de la Rubissane à son égard. Mon sourire s’évanouit lentement, et c’est soudain comme s’il n’avait jamais été là. Je lance un regard à Gautier, presque hésitant, puis déclare à voix basse. « Ne t’avise surtout pas de vouloir jouer à ça avec moi, Gautier ». Ne t’avise pas de croire que tu peux me menacer, nous menacer de la sorte. Je peux faire de ta vie un enfer. Je peux te réduire en poussière si tu ne me laisses pas d’autre choix. S’il parvenait seulement à lire en moi, il saurait pourtant que ce n’est pas ce que je veux. Je ne souhaite pas le détruire, je ne souhaite pas l’éloigner de Juliette. Si je faisais ça, je sais que je risquerais de la perdre. Elle n’accepterait pas que je veuille contrôler ses relations avec les autres. Et comme être aussi impuissant que ça me tue, je fais ce que je sais faire le mieux : je parle. Je bluffe. J’improvise. Avec un tel aplomb qu’il est quasiment impossible de détecter mes mensonges. « Si le seul moyen d’empêcher Juliette de souffrir par ta faute est qu’elle soit mienne, je n’hésiterai pas ». Une nouvelle menace. Et pourtant, au bout de quelques secondes, j’ajoute : « J’ose croire, malgré tout, que tu sauras faire preuve d’intelligence et que tu te contenteras de tout faire pour qu’elle soit heureuse. C’est tout ce que je veux ». Parce que je l’aime plus que tout, mais pas assez pour partager son lit, pas assez pour passer un anneau à son doigt, pas assez pour ça. Juste assez pour l’écouter se plaindre, pour rire avec elle, pour l’enlacer, pour la consoler si tu lui brises le cœur, et également pour te briser en deux. Je déglutis, presque à bout de souffle, et l’observe. Gautier est droit, fier. Noble. Plus que moi. Et dans un moment comme celui-là, alors que je perds de ma superbe, alors que la honte me prend à la gorge une nouvelle fois et que je réalise que jamais, jamais je ne serai à la hauteur d’un La Jouvence, je finis presque par me demander si mes sentiments pour la rubissane sont seulement amicaux, ou si c’est ce constat qui me pousse à ne réclamer que son amitié.
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptyJeu 11 Déc - 0:10

De la provocation. Encore et toujours. Ce sourire, cette allure à la fois fière et nonchalante, tout chez Alistair sentait la provocation. Et en voyant les lèvres de l'améthysse s'étirer d'une manière cruelle, Gautier en ressentit une grande lassitude. Il laissa d'ailleurs échapper un soupir bruyant pour bien faire comprendre à son adversaire qu'il en avait assez de cette situation. Assez de voir qu'un Adhémar, noble de seconde zone et qui plus est aux manières très douteuses, se permettait de prendre un fils de duc pour son égal, voire son inférieur. Un première pique sur la confiance excessive de Gautier, puis une insulte modérée et enfin ces éternelles menaces concernant Juliette de Noblecourt. Le sujet semblait impossible à résoudre, Alistair voulait garder Juliette pour lui et Gautier de son côté, n'aspirant qu'à épouser l'héritière du duché de Champagne.

Egoïste, certes, Gautier l'est et a toujours eu ce défaut en lui. Mais les mots d'Alistair allèrent plus loin : « Toi aussi, tu n'aimes que toi. » Froncement de sourcils du côté La Jouvence, égoïste, d'accord mais pas narcissique. Gautier avait toujours aimé sa famille. Il avait très vite apprécié Marien et Nolan, il était même tombé amoureux d'Eglantine dès son plus jeune âge. Non, le cœur de Gautier n'était pas sec et dépourvu d'amour. Toutefois, le jadérial ne répondit pas en voyant qu'Adhémar n'était pas si loin de la vérité que cela. Se protéger des autres a toujours été un objectif chez Gautier, en bon La Jouvence, il est très vite apparu qu'aucun sentiment ne devait trahir les dirigeants de l'Aquitaine. Hors de question que quiconque puisse détruire l'empire La Jouvence en utilisant l'un de ses membres. Ainsi, Gautier n'avait jusqu'ici jamais laissé personne entrer dans ce genre d'intimité qu'il considérait comme destructrice. Trop concentré sur cette remarque, l'aquitain ne prêta pas attention aux mouvements de son ennemi : ce croisement de bras sur sa poitrine, signe de protection pour ceux qui savent le reconnaitre. Il avait ce sourire de vainqueur, cette aura de fierté pompeuse émanant toujours de sa personne. « Pense ce que tu veux, Adhémar mais tu ne me connais pas. » Il eut envie d'ajouter une énième vanne, une autre provocation mais il en était fatigué pour la soirée. L'heure tardive devait jouer sur son tempérament puisque cet affrontement puéril, ce combat pour Juliette agrémenté de remarques acerbes et blessantes était devenu presque monotone.

Gautier vit son adversaire jouer du bout des doigts avec sa baguette, son sourire hautain toujours collé à ses lèvres. Pourtant, le jadérial ne bougea pas, laissant Alistair le narguer avec cette menace qu'il décida d'ignorer. Adhémar ne cherchait qu'à se moquer, essayant de prouver qu'il avait plus de noblesse grâce à son sang-froid qui lui permettait de jouer avec sa baguette sans l'utiliser contre celui qu'il détestait tant. « Néanmoins, si tu veux vraiment que je déclare ma flamme à Juliette, je le ferai. » Provocation encore et toujours. Il marqua une pause, pour le suspense, qui eut l'effet escompté sur La Jouvence puisque celui-ci commença à bouillir de l'intérieur, rongé par une jalousie qu'il n'avait jamais rencontré jusqu'ici. Juliette était sa fiancée, elle lui était promise à lui et certainement pas à Adhémar. Les La Jouvence et De Noblecourt étaient fait pour s'allier et une famille telle que celle d'Alistair ne pouvait prétendre rivaliser avec des ducs. Malgré la rage, Gautier se félicita de ne rien en laisser paraître. Il se contenta de hausser les sourcils, ses traits formant ainsi une expression surprise, intriguée qui encouragea Alistair à poursuivre. « Elle me rejettera sûrement, après tout. Il n’y a aucun risque qu’elle ne te choisisse pas. » Aussitôt, Gautier prit la parole, ne souhaitant pas laisser à Adhémar l'occasion d'ajouter un mot de plus. « Tu as l'air bien sûr de toi. Fais donc, je suis impatient de voir ça. » Le doute était bien là, présent, hantant désormais Gautier qui voyait déjà l'ombre d'Alistair planer au dessus de sa relation fragile avec Juliette.

Il y eut un court silence durant lequel Gautier trouva la situation incroyablement ridicule. Alistair était un ami proche de Juliette mais tout le monde savait qu'il était tombé sous les charmes de Diane Deulceux. Et ce combat, principalement verbal, concernant les faveurs de Juliette De Noblecourt ne rimait à rien. Gautier commençait à éprouver de réels sentiments pour cette excentrique rubissane et il était tout à fait hors de question de lui imposer un choix. Alistair ou Gautier. L'améthysse ou le jadérial. L'ami ou le prétendant. Ou bien peut-être étaient-ils tous deux des prétendants finalement ? Gautier y pensa pendant de longues secondes et il savait parfaitement que la question reviendrait le tourmenter à d'autres reprises. « Ne t’avise surtout pas de vouloir jouer à ça avec moi, Gautier » Alors c'était ça, Alistair prenait ça comme un jeu. « Je ne joue absolument pas, Adhémar. Je suis très sérieux, Juliette n'a rien d'un jouet pour moi. » Encore une remarque. La Jouvence était donc incapable de sortir de ce combat de coqs, il fallait toujours qu'il en profite pour placer une réplique aux desseins mauvais. Et Adhémar répond par la menace, encore et toujours. « Si le seul moyen d’empêcher Juliette de souffrir par ta faute est qu’elle soit mienne, je n’hésiterai pas. » Une nouvelle claque de jalousie pour La Jouvence. Juliette était sienne, c'était décidé, elle-même avait approuvé la décision de son père. Une ombre mauvaise passa dans les yeux de Gautier qui dut faire appel à tout son self control pour faire disparaitre ce regard noir assassin. A la place, l'aquitain laissa échapper un reniflement dédaigneux, rempli de mépris. « Peut-être devrais-tu commencer par demander à la première intéressée, non ? » La question ne se voulait pas méchante, c'était d'ailleurs la première fois que Gautier l'évoquait. Juliette pouvait très bien choisir sans aucune influence.

Depuis le début, les deux étudiants ne cessaient de se balancer des piques, ils en étaient même venus aux mains sans penser une seule fois à l'avis de la fameuse Juliette De Noblecourt à propos de tout cela. Gautier eut le sentiment qu'elle n'aurait pas approuvé toute cette bataille. « J’ose croire, malgré tout, que tu sauras faire preuve d’intelligence et que tu te contenteras de tout faire pour qu’elle soit heureuse. C’est tout ce que je veux. » Sincèrement surpris, La Jouvence ne put s'empêcher de hausser les sourcils, laissant paraitre ses sentiments aux yeux de son ennemi. « Figure toi que c'est aussi ce que je veux. Je ne veux pas la blesser ou lui faire du mal. » Un flottement. Gautier garda les yeux fixés sur Adhémar dont l'attitude trahissait ses sentiments pour la rubissane. Un silence durant lequel ils ne furent plus ni comte, ni duc, ni améthysse, ni jadérial mais simplement deux jeunes hommes d'accord ou si ce n'est d'accord, ayant la même idée tout du moins. « Je te l'ai dit. Tu ne me connais pas. Et visiblement, tu ne connais pas si bien Juliette que ça, sinon, tu saurais pourquoi elle s'est autant rapprochée de moi. » Pour le coup, il n'y avait aucune mauvaiseté dans la remarque de Gautier, son intention n'était pas d'atteindre Alistair, ni de le blesser, mais force était de constater qu'Adhémar avait moins de cartes en mains que La Jouvence. Pourtant, le jadérial n'en ressentit aucune gloire, il ne fut ni fier, ni victorieux à l'idée de penser qu'il avait le dessus sur le futur comte, profondément lassé par cette guerre enfantine qui n'aboutirait à rien de constructif.
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptyJeu 11 Déc - 22:58

Dans un autre univers, dans une autre vie, Gautier et moi serions les meilleurs amis du monde. Pas parce que nous aurions été réunis par le fruit de hasard, ni parce que notre fierté serait moins forte qu’elle l’est actuellement. Non. Gautier et moi serions amis parce que nous sommes les deux faces de la même pièce. Et peut-être est-ce la raison pour laquelle nous nous retrouvons face à face, aujourd’hui, à courtiser la même fille. Juliette nous aime parce que Juliette est une sauveuse. À l’animalerie, elle ne choisit pas le petit chiot au poil brillant et qui jappe à la moindre attention ; elle se dirige vers la petite bête malade, à l’écart, presque prête à mourir. Gautier est comme moi. Il entretient une popularité d’apparence qui laisse penser qu’il est aimé, qu’il a tout pour réussir. Mais au fond, il est aussi esquinté, bousillé, que l’est cet héritier du comté du Berry pour lequel il n’a aucune sympathie. Les deux faces de la même pièce, oui. Alors, quand il me dit soudain que je ne le connais pas, je secoue la tête. Mon sourire mesquin a disparu, et je m’en trouve presque radouci. Il sait que c’est faux. Il sait que je le connais sans doute mieux que personne. Sans doute mieux que son précieux Dorian, que son cher Nolan.
Le poison du doute s’immisce alors doucement dans mes veines, après mes derniers mots. Est-ce que je suis bien en train de me battre pour Juliette de Noblecourt ? La Juliette ? Ma meilleure amie ? Celle avec qui j’ai si souvent feint une relation pour le simple plaisir de voir les regards offusqués des nobles bien-pensants, celle avec qui j’ai arpenté les couloirs de Beauxbâtons depuis toutes ces années, bras-dessus bras-dessous ? Celle à qui j’ai dit « je t’aime », la seule, l’unique à qui ces mots furent destinés sans qu’une seule fois, je n’aie envie de la courtiser ? Après tout ce temps, après Elysée, Diane, Louis, se pourrait-il que mon cœur batte en réalité pour Juliette ? Je ne le pense pas. Je n’ai pas de véritable haine envers Gautier, pour être honnête. Je suis jaloux, je l’avoue, de l’attention que lui porte Juliette ces derniers temps, alors qu’elle me délaisse, qu’elle m’oublie, que les souvenirs du temps passé ensemble s’étiolent un peu plus chaque jour. Je ne suis pas seulement jaloux, en réalité. Je me questionne. Je doute. Je me demande pourquoi elle part, pourquoi elle m’ignore, alors qu’il y a quelques semaines, elle m’aurait offert la lune dans un papier cadeau si je lui avais demandé. Je l’aime. Je l’aime de tout mon cœur, de toute mes forces, mais pas comme ça. Pas comme Diane, dont je désire sentir la peau contre la mienne, nos bouches vissées l’une à l’autre. Juliette, je l’aime comme une sœur, comme une jumelle, à laquelle je n’ai jamais pensé autrement que platoniquement mais… mais nous ne sommes pas frère et sœur, et ce détail me frappe soudain. Ce que je réalise à présent, je doute que Juliette y ait déjà pensé. Nous deux, une possibilité incongrue, inimaginable, mais une possibilité malgré tout, même si mon ascendance plus que douteuse ne trouverait jamais grâce aux yeux des Noblecourt. Mais Juliette suit son cœur, et si je l’avais voulu, vraiment voulu, nous aurions pu être ensemble.
C’est drôle comme on peut se rendre compte que l’on aimerait quelque chose une fois que l’on sait qu’on ne l’aura jamais.

« Je ne joue absolument pas, Adhémar. Je suis très sérieux, Juliette n'a rien d'un jouet pour moi ». Il dit ça comme si je pensais à Juliette comme à une poupée de chiffon. Je sens mes joues se teinter d’un carmin de honte. « Comment oses-tu insinuer que je prends Juliette pour mon jouet ? », les mots sortent, incontrôlables, alors que je dois me faire violence pour ne pas m’armer de nouveau. Nous n’en sortirons donc jamais, n’est-ce pas ? Alors que notre but est le même – le bonheur de Juliette –, il sera impossible de faire un seul compromis. La Jouvence me pousse dans mes derniers retranchements, alors que je souffle lentement pour tenter de ne pas céder à la pression. J’ai envie de lui dire, de lui cracher ce que je pense de lui. De lui avouer les griefs que j’ai, les raisons pour lesquelles je le haïrai toujours. Ça ne lui suffisait donc pas de prendre le cœur de Diane ? Il fallait encore qu’il épouse Juliette ? Je me demandais presque s’il allait prendre Elysée pour maîtresse ; quitte à me délester de toutes les personnes qui m’importent en ce bas monde… Mais au lieu de ça, au lieu de la méchanceté justifiée dont je pourrais faire preuve, et qui brûle d’envie de sortir de ma bouche, je lui avoue ma seule, mon unique volonté. Que Juliette soit heureuse. Qu’elle aime, qu’elle soit aimée. Je n’imagine pas la plus merveilleuse femme au monde au bras d’un salopard. Tout au fond de moi, je sais pertinemment que Gautier est quelqu’un de bien ; autrement, jamais Juliette de Noblecourt n’aurait posé les yeux sur lui. Nous pourrions d’ailleurs arriver à ce constat simple et évident : si Juliette nous aime tous les deux, cela veut peut-être dire que nous ne sommes pas si détestables. Et je prie pour que ce soit le cas. « Figure toi que c'est aussi ce que je veux. Je ne veux pas la blesser ou lui faire du mal ». Quelques mots, simples, et un silence qui prolonge ce moment de paix temporaire. Le drapeau blanc semble hissé, alors que j’étudie les traits du Jadérial. J’ai envie de lui faire confiance, et en même temps, je préfèrerais que Juliette soit avec moi, simplement parce que je ne veux pas croire qu’un autre garçon puisse être meilleur pour elle. Elle n’a jamais eu besoin de quelqu’un d’autre que moi, à part peut-être Marien, et encore. Qu’elle puisse aujourd’hui se tourner vers Gautier et lui confier son cœur me rend jaloux, terriblement jaloux. Je ne devrais pas l’être, pourtant, mais c’est plus fort que moi. « Je te l'ai dit. Tu ne me connais pas. Et visiblement, tu ne connais pas si bien Juliette que ça, sinon, tu saurais pourquoi elle s'est autant rapprochée de moi ». Je devrais me mettre en colère, mais non. Le feu de la haine retombe, alors que je sors mon paquet de cigarettes de ma poche et en propose une à Gautier.

« Une nouvelle fois, tu te trompes » je souffle entre mes lèvres, glissant une clope au coin de mon sourire, celle-ci s’allumant presque instantanément. « Je devine ce qu’il y a entre vous, et c’est la raison pour laquelle je m’incline, même si tu ne sembles pas encore l’avoir compris. Je ne suis pas assez stupide pour me dresser entre deux personnes animées par une véritable affection ». Oui, j’ai compris qu’ils s’aiment. Ou du moins, qu’ils s’apprécient plus qu’il y a quelques mois seulement. La fumée blanche sort de ma bouche en un fin filet. « Ce que je sais aussi, Gautier, c’est que les gens comme nous peuvent faire du mal aux autres sans s’en apercevoir. Il faut que tu fasses attention. Elle n’en a pas l’air, mais Juliette est fragile ». Je détourne le regard et m’adosse au mur. Je crois que c’est la première fois que je l’appelle par son prénom sans le menacer ; presque comme un ami. Je déglutis, réfléchis quelques secondes, puis murmure de nouveau, comme une confidence. « Et si on admettait enfin qu’elle a besoin de nous deux dans sa vie ? ».
L’espace d’un instant, la guerre n’est plus. À la place, il y a seulement deux garçons qui tentent tant bien que mal de recoller les morceaux.
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MessageSujet: Re: On aurait pu être amis. [ft. Gautier]   On aurait pu être amis. [ft. Gautier] EmptySam 13 Déc - 1:36

La situation tournait à l'étrange, une nouvelle facette du trio apparaissait progressivement tandis qu'Alistair et Gautier, sans le vouloir réellement, échangèrent leurs impressions, leurs sentiments à propos de la belle et désirée Juliette De Noblecourt. Les regards se firent moins froids peut-être ? Pourtant, les yeux d'Alistair Adhémar avaient toujours cette lueur moqueuse agaçante. Énervante même, comme s'il avait toujours un coup d'avance dont il était fier, comme s'il savait déjà quelle serait la prochaine remarque cinglante qui sortirait de sa bouche. Pourtant, Gautier avait pu voir à certaines reprises Adhémar pris au dépourvu. Mais cette expression revenait toujours, comme une mauvaise habitude dont on a du mal à se débarrasser. Même lorsqu'il perdait de sa superbe, Alistair parvenait toujours à reprendre ce visage joyeux, amusé par la situation. Alors qu'il s'était adossé à côté de Gautier, l'améthysse se laissa emporter par les propos de son rival, visiblement atteint par la remarque à peine innocente du jadérial. « Comment oses-tu insinuer que je prends Juliette pour mon jouet ? » et en un instant, le sourire taquin avait disparu de son visage emprunt de colère. Gautier ne prit pas la peine de répondre, Alistair savait parfaitement que les mots avaient été prononcé dans le but de toucher une corde sensible, comme il en avait si souvent été entre les deux étudiants.

Si on avait dit à Gautier, il y a encore quelques mois, qu'il se retrouverait dans une telle situation à défendre bec et ongle sa place auprès d'une autre noble, il n'y aurait absolument pas cru. Les choses avaient été si vite, tout s'était chamboulé et voilà qu'il était désormais engagé, fiancé et prêt à défendre son rôle auprès de sa future moitié. Les mots sonnaient toujours étrangement dans l'esprit de La Jouvence. Fiancés, époux, promis, futures moitiés. Sa relation avec Juliette était loin de celle d'un mari et de se femme, tous deux ne formaient pas le couple parfait dont on attendait beaucoup. Gautier cherchait pourtant bien à gagner les faveurs de sa dulcinée, acceptant sans broncher ses fiançailles encore fragiles. C'était bien cette fragilité, cet équilibre précaire qui faisait douter le jadérial. Les propos d'Alistair le touchaient ainsi en plein cœur, lui remuant le cerveau avec une force insoupçonnée. Et pourtant, voilà que l'ennemi de toujours, celui qu'il n'avait jusqu'ici jamais porté en estime et avec lequel il ne cessait de se confronter à propos de la charmante rubissane Juliette, se trouvait à ses côtés, lui tendant une cigarette tel un ami. Acceptant l'offre, Gautier fit un signe de tête prononcé pour marquer ses remerciements. Était-il possible que les deux garçons puissent finalement s'entendre ? La Jouvence soupesa cette question un instant en regardant Adhémar recracher une fine volute de fumée nocive. L'améthysse avait raison, ils se ressemblaient et sur certains points concernant Gautier, Alistair voyait parfaitement juste. Malgré tout, ils n'avaient fait que se battre, se blesser majoritairement avec leurs mots. Et pour la première fois, aucune méchanceté ne vint rompre l'ambiance apaisée qui s'était installée.

Gautier se décida à porter la cigarette à sa bouche et à l'allumer. Il en savoura les premières effluves, allant presque jusqu'à l'imaginer comme le calumet de la paix qui les réunirait, Alistair et lui. Il rejeta l'idée car effectivement, les deux nobles se ressemblaient et La Jouvence se mit à penser que c'était peut-être ça qui les éloignaient autant. « Une nouvelle fois, tu te trompes. Je devine ce qu’il y a entre vous, et c’est la raison pour laquelle je m’incline, même si tu ne sembles pas encore l’avoir compris. Je ne suis pas assez stupide pour me dresser entre deux personnes animées par une véritable affection » La surprise fut totale. Gautier posa les yeux sur Alistair pendant un instant relativement long, cherchant à savoir s'il s'agissait une nouvelle fois d'une quelconque ironie. Voyant qu'Adhémar n'ajoutait rien et qu'il semblait sincère, La Jouvence ne put s'empêcher de lui dire : « C'est vrai. J'ai beaucoup d'affection pour Juliette et j'ose imaginer qu'elle en a un minimum pour moi aussi. Mais ça n'a rien à voir avec ce que vous partagez, elle et toi. » un mot gentil, aucune moquerie dissimulée. Si le doute s'était immiscé à plusieurs reprises pendant tout le temps qu'avait duré sa conversation avec Adhémar, Gautier eut pourtant la certitude qu'Alistair voyait Juliette comme une amie des plus précieuses et uniquement comme telle. Si une quelconque ambiguïté était apparue entre eux, elle les aurait forcément amenés à autre chose que ce lien si complice qu'ils avaient à ce jour. « Ce que je sais aussi, Gautier, c’est que les gens comme nous peuvent faire du mal aux autres sans s’en apercevoir. Il faut que tu fasses attention. Elle n’en a pas l’air, mais Juliette est fragile. » malgré le ton plutôt apaisé d'Alistair, Gautier ne put s'empêcher de froncer les sourcils, touché par les mots d'Adhémar. La remarque était presque amicale, comme un conseil pourtant, le futur comte marquait un point sans le vouloir : Gautier était capable de blesser sans même s'en apercevoir. « Tu as été capable de ne pas la blesser durant toutes ses années ? Pourquoi ne le pourrais-je pas ? » constatant son ton un peu trop sur la défensive, La Jouvence s'empressa d'ajouter : « Je ne veux pas la blesser et Merlin sait que je m'en voudrais éternellement si ça arrivait. »

La situation prenait vraiment un tournant étrange. Alistair n'était plus aussi ironique et allait presque jusqu'à être sympathique tandis que Gautier en arrivait à se confier sur ses sentiments concernant Juliette. Ca semblait incroyable quand on pensait que plus tôt dans la soirée, les deux jeunes hommes en étaient arrivés à sortir et utiliser leurs baguettes. Un sourire en coin amusé se dessina sur les lèvres de l'aquitain qui aspira la dernière bouffée de nicotine de sa cigarette avant de la jeter au sol pour l'écraser du bout du pied. « Et si on admettait enfin qu’elle a besoin de nous deux dans sa vie ? » le ton est loin d'être agité par la rancœur. L'espace d'un instant, ça semblait possible, presque évident même. Gautier garda le regard fixé par terre, là où la cigarette gisait désormais, éteinte et écrabouillée. Alistair Adhémar et Gautier La Jouvence, il serait extrêmement surprenant de voir ces deux-là s'entendre, comme ça avait été le cas de voir Gautier en compagnie de Juliette ou de Dorian. Alistair et Gautier... ça sonnait presque bien même. « Tu as raison, elle a bien besoin de nous deux dans sa vie. » finit par dire Gautier en relevant la tête. Puis, se détachant du mur, il regarda Alistair, son ennemi de toujours avec un sourire blagueur sur les lèvres. « Mais nous ne pourrons pas être amis tous les deux, Alistair. Tu l'as dit toi-même, on est pareil tous les deux. Trop pour pouvoir être amis. » la soirée qui avait si mal commencé lorsque Gautier avait aperçu la silhouette d'Adhémar en train de régurgiter tripes et boyaux à la sortie de l'Antichambre avait finalement basculé. Et c'est avec un sourire presque amical que Gautier tourna les talons, laissant l'améthysse dans cette rue, comme si aucune haine, aucune rancœur n'avait jamais existé entre eux, apaisé par cette fin de conversation quasiment agréable. En s'éloignant, le jadérial prit la peine de lancer à son pseudo-rival : « Dans une autre vie, on aurait pu être amis, Alistair, mais pas dans celle-ci. » et il s'effaça dans la pénombre de la nuit, le cœur plus léger après cette confrontation.
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