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| « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) | |
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MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) Jeu 7 Nov - 18:38 |
| La chambre semble si vide. Comme s’il ne restait plus rien de l’âme de Solange, à part peut-être son parfum, imprégné sur le papier des murs. Je suis assis sur son lit, comme chaque soir depuis sa disparition. J’ai compté. Huit nuits écoulées. Plus d’une semaine depuis que ma très chère sœur a pris son envol. Même si l’enterrement est passé, même si j’ai vu le cercueil de mes propres yeux, je ne peux pas y croire. Est-ce que tout cela est réel ? Est-ce qu’elle a vraiment disparu, pour toujours ? Si j’étais encore un petit garçon, je n’y croirais pas vraiment. Je penserais qu’elle est juste partie en vacances ; qu’elle finira bien par revenir. Mais je suis grand. Je sais parfaitement qu’elle ne rentrera jamais. Je sais que je ne verrai plus son minois me rendre mes sourires. Que je ne contemplerai plus ses longues boucles blondes qui tombaient en cascade dans son dos. Même parler d’elle au passé s’avère difficile. Impossible même. Solange, ma douce Solange. Reviens, je t’en prie. Rien ne tourne rond, depuis que tu nous as quittés. Nos parents sont encore plus fous qu’avant. Enfin, après des années de transparence, ils me remarquent, mais je préfèrerais que ça ne soit pas le cas. Parce qu’ils mettent une pression folle sur mes épaules. Parce qu’ils ne se rendent pas compte que mon handicap est réel. Qu’il y a plein de choses que je ne peux pas faire. Toi, tu le savais. Toi, tu le comprenais. Tu étais d’ailleurs peut-être la seule à me comprendre, finalement. Tu as toujours été là. Alors pourquoi es-tu partie, Solange ? Pourquoi m’as-tu laissé ? Une larme coule sur ma joue, que j’essuie d’un revers de manche. Cette chambre si vide, si désespérément vide. Il ne reste rien d’elle ici, à part quelques affaires que nos parents n’ont pas encore pu se résoudre à ranger. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils mettent tout dans une boîte. Parce qu’au final, c’est sans doute ça, la vie. Être le centre d’attention, être quelqu’un que tout le monde aime, mais finir tout de même dans une boîte. Je dévale les marches quatre à quatre. « Dorian ? Que fais-tu ? » demande Mère. Je ne lui accorde pas le moindre regard. Il est encore trop tôt pour que je retrouve dans ses traits ceux de ma très chère sœur. « Je vais dans le B-b-berry » dis-je simplement. « Solange vient de nous quitter et tu penses déjà à prendre des vacances » déclame mon père, pauvre de lui, sur un véritable ton de dramaturge. Prenez cela comme vous le voulez, je m’en fiche. Maintenant que je n’ai plus mon ange gardien, ma confidente, j’ai besoin d’une seule personne. Et ce n’est pas l’un de vous deux. Vous, je ne veux plus vous voir. Pour le moment, en tout cas. Cette maison m’enferme dans une atmosphère malsaine, où les mauvais souvenirs côtoient les bons avec trop de proximité. J’ouvre la porte et la claque derrière moi une fois sorti.
« Viens, nous p-partons » dis-je à Elysée lorsqu’elle m’ouvre la porte. D’abord surprise, mon amie fait ses bagages en moins de temps qu’il faut pour le dire, et nous voilà en route. Le trajet est un peu long, comme toujours, mais nous arrivons là-bas en fin d’après midi. La luminosité est si particulière, si familière, si agréable. Le paysage est plongé dans la brume, mais ce n’est pas grave. À force de venir ici, nous le connaissons par cœur. Nous n’avons pas besoin de le voir une énième fois. Je veux simplement être avec Elysée. Être ailleurs, avec elle. Ne pas rester chez moi, le regard tourné en permanence vers la chambre de Solange, comme si j’attendais un miracle. Comme si elle pouvait revenir, d’un seul coup. Me dire qu’il s’agissait d’une farce, qu’elle va bien. De l’air. Il me faut de l’air. Il faut que je respire de grandes bouffées d’oxygène, que je laisse le froid engourdir mon corps. Je jette un regard à ma meilleure amie, prend sa main dans la mienne. Ses doigts sont gelés, mais semblent se réchauffer au contact des miens. Je n’ai besoin de rien d’autre que ça. Elysée. Parce qu’au final, c’est la seule qui me comprenne, à présent. Nos pas nous guident vers une clairière. Cet endroit où des sorciers furent brûlés, pendant l’Inquisition. Cet endroit synonyme de terreur pour le monde de la sorcellerie. « Dorian », murmure Elysée. Je sais ce qu’elle pense. Que je fais tout cela pour oublier ma perte. Pour ne pas penser au deuil qui me submerge trop souvent. Mais je n’ai pas envie d’en parler, vraiment. Évoquer Solange est terriblement douloureux, pour le moment. Je préfère l’oublier un moment. Prétendre qu’elle n’a jamais existé, un peu comme un ami imaginaire. Ça fait moins mal. Je me dis juste que c’est parce que j’ai grandi qu’elle a disparu. Parce que je suis devenu un homme. Je m’imagine qu’elle est retournée jouer avec d’autres enfants, comme elle le faisait avec moi. J’ai vingt ans. Je ne peux pas me permettre d’être faible. Pas pour ça. Je perdrai d’autres personnes. J’aurai d’autres chagrins. Mes yeux évitent ceux d’Elysée ; se plantent dans l’horizon pour ne pas ciller. « Ça va » dis-je doucement, mais ma voix légèrement brisée me trahit. Je n’ai pas besoin que mon amie ressente de la pitié pour moi. Elle n’y peut rien. Solange est morte, tout simplement. Si elle pouvait changer quelque chose, je pense qu’elle le ferait. Oh, oui, Elysée ferait beaucoup de choses pour moi, et j’ai de la chance de l’avoir, j’en suis conscient. D’autres avaient renoncé à se lier d’amitié avec moi. Trop secret, trop timide, trop sérieux, c’était souvent ce que l’on me reprochait. Je me souviens de l’entrée que j’ai lue, dans le journal de Solange. Elle parle de moi comme d’un garçon tellement gai. Du moins, c’est ce que j’étais. Je n’en ai moi-même aucun souvenir. À quel moment ai-je commencé à être triste ? À ne plus aimer la vie ? Je déglutis, retiens les larmes. Le jour décline, se transformant bientôt en nuit ; je n’aurai plus besoin de cacher mes pleurs. |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
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| Sujet: Re: « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) Ven 8 Nov - 14:22 |
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Un an plus tôt. Août 2012.
Le pays entier était en deuil. En deuil pour sa protégée, sa petite princesse. Un petit ange tombé du ciel. Ciel qui l’avait vite, bien trop vite, récupéré. Solange Desclève était décédée. Des suites d’une maladie. C’était à prévoir. C’était peut-être mieux pour elle. Petit ange éteint ne pouvait plus souffrir, à présent. Mais c’était dur pour ceux qui restaient. La France sorcière entière. La monarchie. Même moi. Et mon Dorian, surtout, mon Dorian. Perdre sa sœur ne devrait arriver à personne. Et surtout pas à lui. Petit prince bègue. Elle était l’une des seules qui lui apportait son soutien quotidien. Il ne lui restait plus que moi, presque, et j’avais peur de ne pas être à la hauteur. A la hauteur de cette jeune femme qui l’avait toujours protégé, pris sous son aile. Elle me manquait, à moi aussi. J’avais appris à l’aimer. Elle me faisait confiance avec son frère, elle savait que je ne lui voulais que du bien. Il fallait que je sois forte, que j’oublie ma propre peine pour supporter celle de Dorian, certainement bien pire que la mienne et le reste du monde. Mon Dorian, mon prince, perdait celle qui l’avait aidé à grandir. Qu’adviendrait-il de lui ? Je l’avais à peine vu depuis l’enterrement et cet éloignement ne nous ressemblait guère. Je ne m’attendais pas à le voir, en ouvrant la porte. « Viens, nous p-partons » me dit-il. Je ne pose pas de questions, je comprends. Il a simplement besoin de s’éloigner de chez lui, et rien de mieux que notre tradition annuelle. Je monte les escaliers de ma demeure en vitesse, pendant qu’il attend dans le hall. J’attrape les premiers vêtements qui me viennent à la main. Je descends, et cette fois, je saute dans ses bras. Je le serre contre moi. Je respire à nouveau. Près de lui, dans ses bras. Tu m’as manqué, mon prince. Comme tous les ans, il nous faut presque une demi-journée pour arriver au Berry. L’endroit m’est familier, mais j’ai toujours refusé de le voir en pleine nuit noire. Je suis morte de peur, toujours. Même si je sais que Dorian me protégera. En ces nuits, nos rôles s’inversaient. Moi qui veillait d’ordinaire sur lui tout le reste de l’année, c’était lui qui ce soir là, prenait soin de moi et m’apprenait à ne pas avoir peur de ce qui nous entourait. Nos pas nous emmènent vers la clairière. L’endroit même où nous nous installons chaque année. « Dorian. » Je murmure. Il me rassure, d’une voix faible. « Ça va. » me dit-il. Je n’insiste pas. A la place, j’attrape sa main et le guide vers un endroit où nous pourrons nous assoir quelques minutes. Je me laisse tomber sur le sol. Dorian me rejoint. Je reprends sa main, entrelace mes doigts au sien, et pose ma tête contre son épaule. La nuit va bientôt tomber. Je murmure : « Tu crois qu’on va voir quelque chose cette année ? » Je tremble déjà de peur. Je déteste cet endroit, en vérité, mais je suis toujours celle qui insiste pour s’y rendre. Peut-être qu’au fond, j’aime quand Dorian s’occupe de moi. Je relève le visage vers mon ami. « Je suis contente que tu sois venu, malgré tout. » Elle aurait voulu que tu continues. Que tu ne t’apitoies pas trop longtemps. Que tu réapprennes à aimer la vie. J’étais là pour ça. Pour t’aider à avancer, pour te faire oublier toute cette peine qui pèse à présent sur ton cœur. Le vent souffle. Je me rapproche un peu plus de Dorian, pour me réchauffer. Ou simplement pour être contre lui, sentir son odeur. Cette odeur que j’aimais tant. Que je n’avais jamais retrouvé ailleurs. Elle était unique, comme lui. J’ai l’impression de le regarder avec des yeux d’enfants, comme s’il était ce cadeau que j’avais tant attendu à Noël. Il est ma petite étoile, celui qui me permet de me rappeler qui je suis vraiment. Auprès de lui, aucune carapace, aucun mensonge. Juste la pureté de la vérité. Près de lui, j’étais entière, je ne me cachais plus. J’étais confiante. Parce qu’amoureuse, un peu trop peut-être. Il ne le remarquait pas, ou prétendait de ne pas le remarquer, je ne savais pas trop. Les branches craquent. Le vent fait virevolter les feuilles. Je serre encore un peu plus la main de Dorian, presque à lui faire mal. « Dorian… Je crois que j’ai peur. » Il se tourne vers moi, l’air amusé, et je me mords la lèvre. Je ne suis qu’une enfant, près de lui. |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
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| Sujet: Re: « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) Sam 9 Nov - 20:06 |
| Je joue toujours le rôle du faible, de celui sur qui on devait veiller. Particulièrement aux yeux d’Elysée, et j’en suis conscient. Sans doute parce qu’elle aime veiller sur moi. Je ne pense pas être une contrainte, parce que je connais mon amie. Je sais que quand quelque chose la dérange, elle le dit. Je sais que si elle s’était lassée de moi, j’en aurais été averti, directement ou non. Seulement, ce soir, comme tous les ans à la même période, je suis son ange gardien. Celui qui ouvre ses bras pour la protéger, pour être certain qu’il ne lui arrivera rien. Une responsabilité que j’aime endosser, tout simplement parce que je tiens à elle. Me sentir utile pour une fois, avoir l’impression qu’elle n’aimerait être avec personne d’autre, me remplit de joie. Un bonheur en demi-teinte, ce soir. Solange est morte. D’habitude, après cette soirée, je rentre chez moi et lui raconte ce que nous avons fait. Je lui parle d’Elysée terrifiée, de moi, souriant et confiant. Des bruits fantomatiques, des silhouettes sombres. Solange m’écoute, rit. Ponctue même mon discours par des « J’aurais eu peur aussi » ou « Elysée est adorable ». Mais cette année, je sais que je n’aurai personne à qui parler de tout cela. Notre épopée dans le Berry resterait notre secret, désormais. C’est peut-être ce qui est le plus dur à admettre. Seuls, dans la nuit, nous observons un instant cet endroit lugubre. Elysée m’entraîne au bord de la clairière, et nous nous laissons tomber sur le sol froid. Nos doigts s’entrelacent, elle pose sa tête sur mon épaule. Étrange rituel que le nôtre ; visiter ce lieu où des êtres vivants, des sorciers comme elle et moi, furent assassinés sans remords. Si je n’ai pas peur des superstitions, je sais que l’histoire dit vrai. Que notre… espèce a été traquée, des années durant. C’était un temps où les gens avaient peur de leur ombre ; craignaient tout ce qui pouvait sortir de l’ordinaire. Nous craignaient. Un temps où nous n’étions que des monstres. N’est-ce pas ce que nous sommes toujours ? Nous aimons penser le contraire, faire comme si nous étions normaux, mais soyons réalistes : nos dons sont rares et précieux. « Tu crois qu’on va voir quelque chose cette année ? » demande Elysée d’une petite voix. Il ne se passe jamais rien. Mais j’ai bon espoir que cette année soit différente. Non pas que ce soit important ; mais j’aimerais penser à autre chose qu’à Solange. Que la frayeur remplace la tristesse. « J-je l’espère » dis-je doucement. Elle relève les yeux vers moi, m’observe un instant. « Je suis contente que tu sois venu, malgré tout ». Je souris. Je n’allais pas rater ça, mais inutile de lui dire. Elle voudrait me parler de ma sœur, et je n’en ai aucune envie. Je ne veux pas penser au visage figé de Solange, à ses yeux bleus désespérément clos, à son rire qui ne retentira plus dans notre maison. Tout sauf ça. Elle aurait du vivre bien plus longtemps. Devenir la politicienne qu’elle avait toujours été au fond d’elle ; une jeune femme au grand cœur, avec des idées révolutionnaires. Elle aurait pu changer la face de la politique en France, mais non. Il avait fallu qu’elle meure. Qu’elle nous laisse seuls, désorientés. Je déglutis, alors que la bise devient de plus en plus fraîche. Elysée se serre doucement contre moi, sans lâcher ma main. Je ferme les yeux, quelques secondes. Le temps de m’imaginer que nous sommes seuls, sur une île. Loin des tourments, à l’abri de tout. Du temps qui passe. Elysée ne me quittera jamais. Elle sera toujours là, quoiqu’il arrive. Même si les responsabilités me rattrapent. Même si je dois m’occuper de choses qui me dépassent. Même si je deviens trop indispensable à la couronne pour rester réellement sien. Elysée sera toujours ma meilleure amie. Et penser à cela m’apaise. Mais elle serre soudain la main, si fort que j’en ai presque mal. « Dorian… Je crois que j’ai peur ». Je rouvre les yeux. Aucune forme spectrale à l’horizon. La température a légèrement baissé, les feuilles virevoltent, mais aucun bruit de vient nous troubler. Je me tourne doucement vers elle et souris. Quelle enfant. Elle aura toujours peur de cet endroit, je crois. « Arrête, on vient j-juste d’arriver » chuchoté-je. Ses iris sombres cherchent mes yeux pâles un moment, comme pour les convaincre qu’elle est réellement terrifiée. Je ris doucement, pour la première fois depuis une semaine. « Je suis là ». Une maigre consolation pour elle. Je sais qu’elle a véritablement peur, ici. Mais je ne suis pas prêt à rentrer chez nous. Pas maintenant. Je glisse mes doigts sur sa joue, jusque dans sa nuque, l’attire vers moi et dépose un baiser sur son front. Elle n’a rien à craindre, tant que nous sommes ensemble. Que ce soit ici ou ailleurs.
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| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
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| Sujet: Re: « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) Dim 10 Nov - 15:57 |
| Le vent soufflait de plus en plus fort. Les nuages assombrissaient le ciel. C’était étrange. Tous les ans, le temps se dégradait pour cette soirée. Même si, comme aujourd’hui, il avait fait très chaud, la soirée était toujours mauvaise. Il pleuvait rarement, cependant. Mais il faisait froid. Comme si le monde voulait que je me rapproche encore plus de lui. Geste innocent pour me réchauffer qui, en réalité, en disait long sur l’amour que je lui portais. Je ne me serais pas comportée ainsi avec une autre personne. J’avais beau connaître Dorian depuis mon enfance, je n’étais pas certaine que si je ne l’avais aimé que comme un ami, j’aurais été aussi proche de lui. Je ne lui avais jamais avoué ce que je ressentais. Je ne pense pas être prête, pas encore, pour ce genre de choses. Je n’avais jamais aimé, vraiment, à part lui. Je pensais qu’il savait, qu’il s’en doutait, peut-être. Il devait le comprendre, rien qu’à mon regard. Ne disions-nous pas tout savoir de l’autre juste en regardant ses yeux ? Si c’était vraiment le cas, il devait le savoir. Quand je croisais son regard, j’avais du mal à déterminer ce qu’il pensait. Surtout dernièrement. Je ne voyais que de la tristesse, j’étais noyée dans sa détresse. J’avais toujours été persuadé que si Dorian ne m’aimait pas encore, il m’aimerait un jour en retour. Peut-être parce que j’étais une Berthelot et que j’avais l’habitude d’obtenir ce que je voulais. Ou alors, c’était le destin qui me soufflait à l’oreille qu’effectivement, nous finirions ensemble. Parce que c’était écrit ainsi. Et rien ni personne ne pourrait changer cela.
Dorian avoue espérer voir quelque chose. Une ombre, un fantôme Quelque chose de surnaturel. Je n’étais pas comme lui. Je crois que j’avais peur parce que ce qui se passait ici n’était pas des choses que je pouvais contrôler. On ne nous avait pas appris à neutraliser ces ombres, ces sorcières revenant à la vie après des siècles de mort certaine. J’étais extrêmement confiante en ma magie, mais pas pour ce genre d’événements. J’avais bien trop peur de me retrouver face à l’une d’entre elles. Peut-être serait-elle capable de me détruire ? J’avais du mal à comprendre la fascination de tous ces gens. Et pourtant, année après année, je ne cessais de revenir ici, au Berry. Il paraît que chaque être humain aime être confronté à ses propres peurs. L’adrénaline, dit-on. C’était peut-être ça qui me poussait à renouveler notre tradition. Et très vite, le manque d’adrénaline, le manque d’engouement que j’éprouvais pour ce genre d’endroit, me poussait à rebrousser chemin. Dorian rit quand je lui avoue ma peur. Lui ne semble pas prêt à partir si tôt, cette année. Je ne peux pas lui en vouloir. Notre escapade au Berry lui permet certainement de penser à autre chose. D’oublier cette dernière semaine qui l’avait probablement énormément secoué. Il m’attire vers lui, dépose un baiser sur me front. Je ferme les yeux, frissonne. Son contact me procure une sensation de bien-être, et je me détends enfin. Pour quelques minutes probablement. J’avais autrefois entendu des contes de sorcières qui s’étaient fait posséder en venant ici. Aucune ne se souvenait de ce qui s’était passé durant ces nuits, mais des témoins avaient raconté qu’ils ne reconnaissaient plus la personne avec qui ils étaient venus. Elles hurlaient, jetaient des sorts sur n’importe qui. On ne voyait plus leurs pupilles. La blancheur des yeux faisaient peur à voir. Un homme avait raconté qu’il avait eu l’impression de rencontrer la mort. Il valait mieux que j’évite de penser à cela maintenant. Ce n’était probablement que des histoires. Dorian et moi n’avions jamais rien vu de tel. Je ne pouvais pas me laisser avoir par ces bêtises que l’on raconte aux enfants pour les effrayer. Dorian est calme. Pas comme moi. Je bouillonne à l’intérieur, partagée entre ma peur et le bonheur que je ressens. Le bonheur d’être à ces côtés. Dans ses bras, je lui murmure : « J’aimerais que ce moment ne s’arrête jamais. » Nous pourrions être bien. Vivre heureux, seulement à deux. Loin de tout. Ne plus penser à rien, mais juste être dans tes bras. Oublier la mort, oublier la tristesse que nous éprouvions. N’être qu’à deux, et oublier le reste du monde. Ce serait parfait. |
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Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
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| Sujet: Re: « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) Lun 11 Nov - 9:31 |
| J’avais songé plusieurs fois à partir avec Elysée et ne jamais revenir. Ce genre de choses que l’on fait sur un coup de tête, parce qu’on n’a pas d’autre choix, parce qu’on ne se voit vivre qu’avec une seule personne. Ma meilleure amie, ma confidente. Celle qui me comprend, ne me rejette pas. Pourquoi m’a-t-elle toujours accepté, alors que le monde entier me tournait le dos ? Je n’en ai aucune idée. Parfois, j’ai l’impression qu’elle s’est rapprochée de moi simplement pour mon titre. Mais à d’autres moments, comme ce soir, je sens une véritable affection l’animer. Je n’ai, bien sûr, jamais véritablement admis qu’Elysée pourrait ressentir plus que de l’amitié à mon égard. Elle, si belle, si parfaite. Si intelligent, drôle, passionnée. Douée, même. Une élève exceptionnelle, une amie hors du commun. Je pourrais écrire un roman sur Elysée Berthelot. Sur l’amour que je lui voue ; qui n’a rien de passionnel, je crois, mais qui est plus puissant que tout. Elysée Berthelot, l’héritière du comté d’Anjou. La fille qui rêvait de devenir reine. Elle sera toujours cette fillette aux longues anglaises brunes, à mes yeux. Cette enfant que j’avais rencontrée un jour au parc. Qui m’avait abordé sans me connaître, sans se moquer de mon handicap. Qui ne m’avait pas pris de haut comme d’autres l’avaient fait auparavant. Elysée m’aime tout entier, pour ce que je suis. Et si son souhait d’avoir la couronne est bel et bien présent, je sais que ça ne se ferait jamais à mon détriment. Elle ne pourrait pas me faire de mal. Jamais. « J’aimerais que ce moment ne s’arrête jamais » murmure-t-elle, serrée contre moi. Je l’entoure de mes bras. Moi aussi, j’aimerais que ça ne s’arrête jamais. Malheureusement, je devrai quitter cette bulle bien assez tôt. Retourner à mon quotidien morbide, sans Solange. À ma vie lamentable. À mes responsabilités. Celles que l’on avait tôt fait de m’expliquer dès la mort de ma sœur. Je ne savais pas tout dans les détails. Mais une chose était sûre : avec Solange disparue, j’étais le dernier des Desclève. Le dernier à pouvoir accéder au trône. Ce que je ne souhaitais pas, bien entendu… J’ai des qualités ; c’est ce que certains disent. Ma diplomatie, ma douceur. Des caractéristiques qui correspondaient aussi à la personnalité de Solange. Je lui ressemble tant. Mais je n’ai pas son éloquence, sa prestance. Je suis et resterai le Prince bègue, même si je devenais Roi. Je ne serai connu que pour cela, parce qu’au final, les gens préfèreront retenir mes défauts plutôt que mes qualités. Elysée n’est pas ‘les gens’, bien heureusement. Je sais que dans son cœur, peu importe que je sois bègue, riche ou pauvre. J’aime croire que notre amitié est réelle, et plus forte que tout. Lorsqu’elle se blottie dans mes bras, tout semble aller mieux. Et si un jour, nous devions ne plus être amis, je crois que je ne le supporterais pas.
Un silence s’installe, pendant lequel nous restons l’un contre l’autre, les paupières fermées. Et puis, un murmure spectral se manifeste. Je fronce les sourcils, me relève presque d’un bon. « Ne trainons p-pas ». Je tends ma main à Elysée pour l’aider à se relever. Oh, je n’ai pas peur. Mais s’il devait lui arriver quelque chose, je ne pourrais pas vivre avec cette culpabilité. Je veux qu’elle soit en sécurité, pour toujours. Définitivement, aller au Berry chaque année n’est pas la meilleure des idées pour assurer sa protection. Elle prend ma main, se redresse. Un second murmure se fait entendre. « C’est le vent ». Oui, c’est cela. De toute façon, la nuit est encore jeune. Je suis persuadé que les esprits, s’ils existent vraiment, ne se montrent pas aussi tôt dans la soirée. Mais ces quelques bruits extraordinaires terrifient Elysée, je le vois lorsque je pose mon regard sur elle. Je ne peux m’empêcher de sourire. « Allez, viens ». Je serre sa main dans la mienne et me met en marche en direction du village. Ne pas traîner, surtout pas. Mais ne pas avoir peur non plus. Parce qu’après tout, nous avons nos baguettes. Nous pourrons nous en sortir, quoiqu’il arrive. Rien ni personne ne fera de mal à Elysée.
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Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
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| Sujet: Re: « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) Jeu 14 Nov - 20:58 |
| J’aurais peut-être dû fuir. Des années plus tôt. J’aurais dû partir, m’éloigner de lui quand j’avais compris. Compris que, finalement, je ne voyais pas Dorian comme un simple ami, ni comme un frère. C’était bien plus que cela. Je l’aimais. Je l’avais compris bien tôt, bien avant lui, certainement. J’avais quinze ans, je crois. Je vivais ma première histoire d’amour avec Desmond, à l’époque. Nous venions d’arriver à Beauxbâtons et je m’étais entichée de lui. Il était beau, très beau. Il avait un charme fou. Il m’avait envoûté. Je n’étais pas la seule. Il en avait envoûté des tas d’autres, depuis moi. J’avais été sienne pendant quelques mois, et je rayonnais. Pourtant, pourtant. A chaque moment passé avec lui, je me rendais compte qu’il me manquait quelque chose. Quelque chose que Desmond ne pouvait pas m’apporter. Car autant que je l’appréciais, je n’étais pas amoureuse de lui. C’était Dorian, Dorian. C’était avec lui que j’avais envie de passer tous ces moments-là. Alors, Desmond et moi avions rompu. Puis, j’avais eu d’autres aventures. Peut-être parce que je ne pouvais pas attendre, peut-être pour le rendre jaloux. Sûrement parce que j’étais incapable de lui avouer mes véritables sentiments. La vérité est que j’avais eu peur. J’avais toujours peur. D’un possible rejet. On ne m’avait jamais rejeté. Je pense que si quiconque me rejetait, ma fierté en prendrait un coup. Si Dorian me rejetait, ma fierté en prendrait un coup également. Mais ce ne serait pas tout. Mon cœur serait brisé, mon âme torturée. Si Dorian me rejetait, je n’étais pas certaine de trouver une raison de vivre.
Nous restons silencieux, lorsqu’un bruit vient briser notre quiétude. Je n’aurais certainement pas eu aussi peur si Dorian ne s’était pas relevé d’un bond. Il me tend la main, m’aide à me relever. « Ne trainons p-pas. » Je hoche la tête, je suis d’accord avec lui. Venir ici semble toujours une mauvaise idée, mais nous ne manquions jamais à notre rituel. Nos derniers moments de liberté avant la reprise des cours à Beauxbâtons. Nous marchons vite, si vite que j’ai du mal à suivre. Mais je ne veux pas m’arrêter. Je suis terrifiée. Dorian tente de me rassurer, m’indiquant que les bruits que nous entendons ne sont provoqués que par le vent. Il serre ma main dans la sienne. J’aperçois les premières maisons du village, et les battements de mon cœur ralentissent. Je me calme. Là, plus rien ne pourra nous arriver. Nous passons à côté d’arbre, et j’aperçois une plante implantée là. Une plante ressemblant étrangement à du gui. Je fronce les sourcils, et arrête Dorian juste en dessous. « Regarde. » je murmure. Il lève les yeux, et avant qu’il ait le temps de parler, je continue : « Tu connais la tradition, n’est-ce pas ? » S’embrasser sous le gui. Une tradition certes moldue, mais nous avions entendu plusieurs contes à ce sujet. Je me hisse sur la pointe des pieds, dépose un léger baiser sur les lèvres de mon meilleur ami. Je reprends ensuite sa main et l’emmène vers le village. Vite, très vite. Avant qu’il ne comprenne que cette plante n’était pas du gui du tout. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Ce sera mon secret. J’avais eu besoin de le faire. Pour la première, et peut-être la dernière fois. J’avais besoin d’être celle qui lui donnerait son premier baiser, aussi bref celui-ci fût-il.
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Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: Re: « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) Jeu 21 Nov - 18:00 |
| Le calme après la tempête. La sérénité après la peur. Hors de danger, nous respirons enfin. Et puis, Elysée attire mon attention sur un détail du paysage. Je lève les yeux et regarde un instant les fleurs qui poussent au-dessus de nos têtes, sans comprendre. « Tu connais la tradition, n’est-ce pas ? » demande-t-elle avant que je puisse lui demander ce que cette plante a de si spécial. Sans me laisser le temps de réagir, elle se hisse sur la pointe des pieds et pose ses lèvres sur les miennes. Un baiser inattendu, rapide, simple. Je fronce les sourcils, surpris, mais loin d’être gêné. Elysée a l’habitude d’agir de manière inconséquente, sans vraiment réfléchir. Un petit papillon, diraient certains. Elle attrape ma main, presse le pas ; court presque. Vole, même. Elysée, cet ange de grâce, cette fillette malicieuse qu’elle demeurera toujours, au fond. Je la force à ralentir le rythme. Le froid a rougi nos joues, si bien que nous ressemblons à des personnages de tableaux. Nos souffles créent une fine buée blanche, se mélangeant lorsque je me tourne pour la regarder. Mademoiselle Berthelot, vous ne vous en sortirez pas comme ça. Je souris, hésite un instant, puis murmure. « Tu m’as embrassé ». Elysée ne me regarde pas, mais peine à cacher son propre sourire. Comme deux enfants, nous sommes innocents. Car au final, tout cela n’est rien de plus qu’un jeu. Je connais trop mon amie pour prendre ses actes au sérieux, surtout quand il s’agit de moi. Je me tourne dans le sens contraire de la marche pour lui faire face, tout en continuant à avancer. Mon sourire s’élargit. « Étrange de t-trouver du gui comme ça, en p-pleine nature ». Bien sûr, j’ai parfaitement vu qu’il ne s’agissait pas de gui. Je ne suis pas stupide, encore moins aveugle. Ce que je ne comprends pas, c’est la raison pour laquelle Elysée ferait ça. Parce qu’elle a pitié de moi ? Le pauvre Dorian qui n’a jamais connu l’amour, n’a jamais été embrassé. Le pauvre Dorian qui a perdu sa sœur, se sent seul, a besoin de réconfort. Je sais que c’est sa motivation principale. Et je ne peux pas lui en vouloir, si elle souhaite mon bonheur. Après tout, c’est bien le rôle d’une amie. Néanmoins, je ne peux m’empêcher d’éprouver un ridicule sentiment de fierté. Minuscule, presque insignifiant, mais présent tout de même. Elysée Berthelot. Pas mal. Voire même très bien, mais je n’y ai jamais songé. Et elle non plus, sans aucun doute. Elysée peut faire tellement mieux que « le prince bègue ». Elle peut avoir Marien. Elle peut avoir celui qu’elle souhaite, si elle s’en donne la peine. Et je sais qu’elle n’est pas dépourvue de ressources. Mais quand même ; elle reste la première à m’avoir donné un baiser, comme ça, sans que j’aie eu à prendre les devants.
Je la regarde longuement, sourire aux lèvres. Elle, gênée, évite tout contact avec mes iris clairs, mais je la vois sourire à son tour. En ce moment-même, sourire aux lèvres comme deux enfants, il me semblerait presque que Solange est toujours parmi nous. Je ne suis pas triste. Je ne me sens pas mal. Je suis un garçon de vingt ans qui vient de recevoir un baiser de la plus fantastique des jeunes-filles. Je pose une main au-dessus de sa poitrine, la force à s’arrêter ; marcher à l’envers n’est pas forcément évident au bout d’un moment, surtout pour un maladroit comme moi. Elle me regarde enfin. Belle, forte mais si fragile à la fois. Elysée Berthelot, héritière du comté d’Anjou. Nos yeux se scrutent un long moment, en silence. C’est un de ces instants où tout peut basculer, mais où rien ne se passe. Je glisse ma main sur sa joue rose, si joliment colorée par le froid de la soirée. « Merci » dis-je doucement. Je sais que je ne suis pas l’homme de ses rêves, qu’elle a sûrement plein de projets qui ne m’impliquent pas. Mais au moins, nous aurons partagé ce moment. Au moins, elle aura essuyé ma peine, l’espace de quelques minutes. Au moins, je l’ai, elle. |
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| Sujet: Re: « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) |
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| | | | « Et maintenant, que vais-je faire » (Elysée) | |
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