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| DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. | |
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MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
C. Diane Deulceux ◗ HIBOUX : 184 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : ARTHUR DE NOBLECOURT./WR∆TH./LOLA. ◗ CREDITS : CRIPSOW. TUMBLR. ◗ SANG : SANG-BLEU (DUCHÉ DE WALLONIE). ◗ PENSINE : ÉLECTRON LIBRE REDOUTABLE AU FLEURET, À LA RHÉTORIQUE ET AUX DUELS.
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Sam 9 Nov - 9:40 |
| She's a kaleidoscope, A new shade for each new way In which she draws you close And then stumbles on your name, she is a battlefield Except you're fighting with yourself To keep your heart of steel From melting to the ground. Le billet était vague. Il avait fallu de nombreuses minutes à Diane pour comprendre le sens pourtant peu obscur de ce morceau de papier. C'était étonnamment simple, un peu moins d'une dizaine de mots jetés élégamment sur papier cartonné, au sens moins que nébuleux : Retrouve moi au parc Bleuret après le dîner, Dorian D. En lui-même, le mot n'était pas obscur mais, pourtant, Diane ne pouvait s'empêcher d'être réticente à cette idée. Déjà, elle avait ce fichu devoir de Charmes et Envoûtements à rendre pour le lendemain mais, en plus, elle avait un peu peur de ce que Dorian avait à lui dire. Diane ne s'était jamais connue telle appréhension, surtout pour retrouver... Dorian. Il fallait dire que le Premier Prince du sang de France n'avait, malheureusement, rien d'impressionnant tant par son propos que par son visage, que Diane avait toujours considéré doux et adorable là où Marien avait cette dureté dans les traits et le regard. Toutefois, même tout sa bonne raison lui criait de ne pas y aller, elle ne pouvait certainement pas refuser à Son Altesse Royale quelque rendez-vous, quand bien même fut-il particulièrement alarmant. Cela faisait un peu moins d'une semaine qu'ils étaient entrés en cours et peut-être deux depuis la commémoration du décès de Solange. Malgré tout ce temps – un an déjà –, Diane elle-même s'était sentie très triste et aujourd'hui encore, elle se surprenait à penser à la jeune femme en soupirant de mélancolie. Elle n'osait même pas imaginer l'état de Dorian, son cher frère, qui avait été dévasté par la nouvelle. Depuis elle l'évitait. Comment faire autrement ? Il y avait toujours cette gêne qui planait dans l'air dès qu'elle le voyait, dès qu'ils se côtoyaient quand bien même ce fut de loin. Elle avait l'impression cruelle que Solange était de retour, tant elle et son frère se ressemblaient ; et le savoir tout aussi cruel que non, elle ne surgirait pas de nulle part en leur demandant s'ils voulaient manger tous les trois ce midi. Elle lui manquait atrocement et la solitude mélancolique de Dorian semblait être la preuve irréfutable de son absence – ce qui insupportait et tiraillait Diane bien plus qu'elle ne voulait se l'avouer.
Toutefois, ce fut la blonde elle-même qui fit tourner court au dîner pour s'échapper le plus rapidement possible de Beauxbâtons, son sac sur l'épaule et ce mauvais pressentiment dans son cœur allant crescendo. Elle traversa Orange avec un pas rapide et un visage fermé, évitant les regards qu'elle connaissait pour se concentrer sur son chemin ; jusqu'à, enfin, le parc Bleuret. Il semblait désert, à cette heure, quelques silhouettes aux allures fantomatiques traînant, languissantes, entre patios et jardins ; aussi n'eut-elle aucun mal à trouver un banc de marbre vide, près de la surface calme d'un bassin où les poissons agglutinaient vers elle dans l'espoir qu'elle les nourrisse de quelques morceaux de pain. Elle se contenta de casser le morceau de pain qu'elle avait effectivement dérobé sur la table en partant, croquant dedans en faisant peu de cas des poissons trépignant dans leur eau claire et en faisant mine de se concentrer sur le livre de Charmes qu'elle avait à la main. Les mots n'avaient pas de sens ; non, il lui était impossible de se concentrer. Elle était en train de lire la même phrase pour la cinquième fois, faisant bien attention à ce que les mots s'inscrivent comme au fer chauffé à blanc dans son esprit – en vain. Elle soupirait, mordillait son morceau de pain, lisait à n'en plus finir mais rien n'y faisait. Toujours ce sentiment, grandissant, dans sa poitrine, qui était sur le point de l'étouffer. Gardant son livre ouvert sur ses jambes croisées, elle finit par abandonner et se surprit à embrasser du regard le parc Bleuret. Elle ne venait pas souvent ici, sans doute car l'endroit semblait trop calme pour le cœur si grand et si fort qui l'habitait ; elle se sentait déplacée dans les lieux qui étaient trop sereins. Je n'ai rien à faire ici, songea-t-elle en cherchant la silhouette dégingandée du Prince du Sang du regard, sans grand succès.
Dans quel pétrin je me suis encore fourrée ? était la seule et unique pensée qui la taraudait depuis voilà dix minutes. Diane avait ce don incommensurable d'attirer les ennuis comme un aimant et, parfois, sans le remarquer. Elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter sur ce que Dorian Desclèves avait à lui dire et quand, enfin, elle aperçut sa silhouette et sa tenue plus que reconnaissables, elle sembla littéralement bondir sur ses pieds tel un ressort. Dans quel pétrin je me suis encore fourrée ? se répétait-elle en le voyant s'avancer posément, le sourire d'apparat sur les lèvres de la blonde s'étirant à mesure que le Prince du Sang s'approchait. « Dorian. » dit-elle simplement une fois qu'il fut parvenu à sa hauteur, à portée de voix, avant de s'asseoir lentement sur le banc, le dos raide. Toujours cette gêne. Cette propension à penser à Solange, en croisant le regard sombre du Prince, à se dire qu'elle fut mais qu'elle n'est plus. Et que lui il est là, prince bègue, prince triste et perdu sans son aînée. Dans quel pétrin je me suis encore fourrée ? Litanie incessante, mélodie aux accents tragiques et amers alors qu'elle s'efforce de ne pas dévisager le jeune homme, de ne pas lui enfoncer un coude dans les côtes comme elle le fait parfois à son cousin pour le faire parler. « Eh bien, nous contenterons-nous de regarder ces stupides poissons chercher désespérément quelque miette tout en parlant du bon temps qui s'annonce cette saison ? » finit-elle par glisser avec un air nonchalant, tournant enfin un regard en coin vers lui, sa lippe se tordant d'un sourire timide et plus sincère que le précédent même si elle ne pouvait pas empêcher ses mains de trembler, quoique fermement accrochées l'une à l'autre sur son giron. On ne presse pas un Prince, lui avait un jour dit Marien alors qu'elle s'impatientait en attendant sa réponse à l'une de ses énièmes questions. Il parle quand il le désire et quand il le faut, ni plus ni moins, et personne ne devrait le presser de s'exprimer. Oui, certes. Mais le temps où Diane était cérémonieuse avec Dorian était révolu et une Diane sous tension était une Diane sans politesse ou convenance aucune. Et puis, elle avait autre chose en tête. Dans quel pétrin je me suis encore fourrée ? |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Sam 9 Nov - 13:42 |
| Depuis plusieurs heures déjà, je faisais glisser les mots sur le papier. Impossible d’écrire quelque chose de cohérent, d’explicite, sans me noyer dans la confusion. Diane m’avait toujours fait ressentir cela, sans que je le sache. Un mélange de respect presque protocolaire et d’admiration, à la manière de ce que j’éprouvais pour ma très chère Solange. Sans doute car elle avait été l’une de ses amies ; mais aussi parce qu’elle avait été la première à vouloir m’aider. Avec poigne, bien sûr, et je l’avais parfois détestée pour ça. Mais d’un autre côté, cela faisait partie d’elle. Diane, entière, sauvage. Une femme au tempérament de feu, à l’esprit aussi aiguisé qu’une lame. Si différente d’Elysée, mais si semblable à la fois. Ne pense pas à elle. Surtout pas. Pas après ce que tu as fait à celle que tu osais appeler ta meilleure amie. Pas après l’avoir rejetée, l’avoir humiliée. Parce qu’au final, je savais que cette journée allait marquer un tournant. Je briserais le cœur d’Elysée une nouvelle fois, de manière beaucoup plus brutale. Écrire. Il me fallait envoyer ce mot à Diane, aussi vite que possible. Dans toute mon infortune, celle de ne pouvoir épouser celle que j’aime, il se pourrait que l’ancienne amie de Solange soit d’une grande aide. Elle n’a pas toujours été douce avec moi, loin de là. Mais c’est sans doute pour cela que je lui fais confiance. Diane ne m’épargnera pas, c’est certain. Mais elle saura peut-être me guider. Retrouve moi au parc Bleuret après le dîner, Dorian D. Simple, concis. Sans doute le meilleur moyen de la convoquer à ce rendez-vous aussi imprévu qu’insolite. Depuis la mort de Solange, il y a plus d’un an de cela, Diane m’évite autant que possible. Je la vois aux Onze, nous côtoyons sa famille. Mais rien de plus… J’ignore pourquoi. La meilleure explication que j’aie trouvée est que Diane préfère la présence de Marien et mes autres cousins. Plus sûrs d’eux, plus démonstratifs. Comme toujours, je ne suis pas le plus intéressant, celui que l’on remarque. Je reste le prince bègue, l’indigne héritier de la couronne. Et je sais que tous prient pour que Marien n’ait pas à me laisser le trône. Surtout pas. S’il n’arrive pas à parler plus de trois secondes sans balbutier, il doit forcément être stupide, pensent-ils. Parce que se laisser submerger par de simples mots n’a rien de royal. L’ironie, c’est que c’est à cause de la maladie de Solange que je suis devenu ainsi. Ma sœur bien-aimée, celle-là même qui m’amène aujourd’hui à faire des choses dont je n’ai pas envie, simplement parce que je suis le dernier des Desclève. Le premier prince du sang.
Je quitte Beauxbâtons avant le repas du soir, n’étant tiraillé par aucune sensation de faim. J’imagine que le stress, la pression, ont raison de moi aujourd’hui. J’ai peur de mal faire, peur de faire tout court ; parce qu’on m’oblige à faire à Diane une demande destinée à quelqu’un d’autre. Mais nos parents se sont mis d’accord. Comment se révolter, leur prouver qu’ils ont tort ? Que nous ne le souhaitons pas ? Diane n’est pas Juliette. Elle ne dit pas non. Elle accepte. Je sais que la fierté de la jeune femme la poussera à me dire oui, simplement parce que c’est l’ordre logique des choses. Bientôt, nos deux prénoms seront associés, sur toutes les lèvres, dans tous les journaux. Bientôt, la nouvelle parviendra aux oreilles de tout le monde, y compris celle qui ne devrait pas le savoir. Celle qui va être détruite en l’apprenant. Il n’est donc pas difficile de comprendre pourquoi je n’ai pas faim. Mon monde va entièrement changer, être bouleversé. Celui de Diane aussi. Et celui d’Elysée sera anéanti. Le parc Bleuret est un bel endroit, que je visite trop rarement. Je suppose qu’être un prince prend du temps. Les balades n’ont pas lieu d’être dans mon planning, même à la place des sorties dominicales. Souvent, nous faisons le tour des domaines, allons déjeuner chez les comtes. Parfois même passons-nous l’après-midi en présence du roi, même si cela arrive rarement. Sa majesté a d’autres préoccupations, et la famille n’a jamais été sa priorité. Alors, je connais peu cet endroit. Ces fontaines. Ces poissons, ces canards. Ce monde m’est étranger, et c’est tellement dommage. Lorsque j’en admire la beauté, je ne peux que penser que je rate beaucoup de choses en m’attachant trop aux règles et au protocole. Mais j’imagine que c’est mon lot, et que je ne peux que l’accepter. Je marche plusieurs dizaines de minutes, des heures peut-être. Au bout d’un moment, je me décide à retourner vers l’entrée du parc, espérant y trouver Diane. Qu’on en finisse. Il faut qu’elle sache pourquoi elle est là, pourquoi je lui ai demandé de me rencontrer. En dehors de l’école, dans un endroit si calme que l’on entendrait une mouche voler. Diane est là, sur un banc, au loin. Sa silhouette est si reconnaissable qu’elle m’arrache un sourire malgré moi. Elle se lève, attend que j’arrive à sa hauteur, prononce mon prénom, s’assied. Tout cela avec une froideur robotique qui lui ressemble terriblement. Diane n’a jamais été très chaleureuse, mais je sais qu’elle m’apprécie. Autrement, elle ne m’aurait jamais aidé à rejoindre les Onze. Elle aurait simplement prétendu ne pas me connaître, m’aurait ignoré, se serait délectée de me voir ridiculisé. « Eh bien, nous contenterons-nous de regarder ces stupides poissons chercher désespérément quelque miette tout en parlant du bon temps qui s'annonce cette saison ? » lance-t-elle nonchalamment, avant de m’adresser un sourire cette fois plus franc. Je réplique d’un rire, sincère. C’est une des qualités de la jeune rubissane, j’imagine. Mais malgré ce soudain revirement d’attitude, je la sens tendue. Un coup d’œil à ses mains suffit pour comprendre ; elle tremble. Sûrement car elle doit se demander ce que le prince veut. Impossible de lui cacher l’importance de ce rendez-vous plus longtemps. Je me tourne légèrement vers elle, prends ses mains dans les miennes. Plus de tremblements, Diane. Tu ne crains rien. Dans une situation comme celle-là, mieux vaut se serrer les coudes. « Nos p-parents ont pris une... d-décision pour nous, Diane ». Je sais qu’elle n’est pas au courant. Je le sais, parce qu’on m’a laissé la lourde tâche de lui apprendre la nouvelle. De voir sa mine décomposée lorsque je lui dirai qu’elle n’aura pas le droit à son « heureux pour toujours ». Aucun de nous deux, d’ailleurs. Je fouille dans ma poche pour en tirer un petit écrin, que je glisse entre ses doigts. J’aurais voulu que ça se passe autrement. Que personne ne décide de notre futur à notre place. Mais lorsque l’on a un sang-bleu, on ne peut pas se montrer trop exigeant. Je l’observe, cherche dans ses yeux quelque chose qui me montre qu’elle comprend. Pitié, ne me fais pas prononcer les mots fatidiques. Ne brise pas mon cœur plus qu’il ne l’est déjà.
Dernière édition par Dorian Charles Desclève le Mar 16 Juin - 19:52, édité 3 fois |
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C. Diane Deulceux ◗ HIBOUX : 184 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : ARTHUR DE NOBLECOURT./WR∆TH./LOLA. ◗ CREDITS : CRIPSOW. TUMBLR. ◗ SANG : SANG-BLEU (DUCHÉ DE WALLONIE). ◗ PENSINE : ÉLECTRON LIBRE REDOUTABLE AU FLEURET, À LA RHÉTORIQUE ET AUX DUELS.
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Sam 9 Nov - 15:05 |
| Dorian rit légèrement et le sourire de Diane s'étire lentement sur ses lèvres, avec une tendresse qu'on ne lui accorde que trop peu. Parce que Diane est dure, elle a des bords inégaux, elle est toute de travers ; elle n'a pas cette délicatesse et cette tendresse que ses parents ont toujours cherché en elle. Elle est les débris du diamant qu'on taille, elle est les copeaux superflus qu'on laisse tomber dans la poubelle sans trop y réfléchir : elle est naturelle et c'est cette nature que l'on ne désire pas dans les rangs de la noblesse. Avec Diane, ça passe ou ça casse – et généralement, ça casse. Mais pas avec Dorian. Dorian était différent. Ils s'étaient toujours bien entendus et elle ne sait plus si ils ont déjà été en conflit une fois ; non, leur amitié de longue date était comme un long fleuve tranquille. Parfois calme, parfois brusque, parfois inattendu ; mais toujours le même, serpentant autour des problèmes et, au bout d'un moment, se jetant dans la mer pour les séparer. La jeune femme regrettait un peu de l'avoir évité tout ce temps, rétrospectivement, se disant qu'elle avait bien été égoïste de l'abandonner à son deuil. Mais elle-même en avait souffert et, quand bien même ses proches avaient été là pour l'épauler, son cœur saignait encore de l'absence d'une amie extraordinaire dans sa vie ordinaire. Diane se maudit de trembler. Diane se maudit d’être faible, lâche, d'appréhender quelque chose qui, si ça se trouve, est ridicule. Si ça se trouve, il voulait juste s'enquérir de son état de santé, donner de ses nouvelles, une sorte de visite de convenances comme on en fait trop dans cette société hypocrite. Ou bien voulait-il effectivement parler du bon temps – de la météo mais peut-être aussi de leur amitié – comme une dernière étape du deuil de Solange ? Encore et toujours elle. Elle est morte, oublie là.
La prenant de court, Dorian s'empare de ses mains. Faible, se morigène-t-elle. Pathétique, lâche, idiote, petite chose, ridicule, inutile comment oses-tu trembler ? Et ses doigts fins et pâles entre les mains d'homme de Dorian – quand est-il devenu si grand et si fort ? – semblent se calmer lentement, progressivement, s'immobilisant dans la prise du Prince de Sang. Il la calme. Il a ce calme tranquille qui apaise les cœurs, qui fait mourir les feux. Parfois, Diane se surprend à l'imaginer roi de France. Blasphème que voilà, Marien sera roi et personne d'autre ; mais elle le sait, elle n'est pas infaillible, tout peut arriver. Et si finalement c'était Dorian, qui montait cahin-caha sur le trône, couronné, avec tout le royaume sous son doigt ? Serait-il un bon souverain ? Diane croyait en lui. Irrémédiablement. Les Leblois, les Desclève, les de Valeverde ; ils étaient tous les mêmes. Dignes de ce pouvoir. Il devrait avoir plus confiance en lui songe-t-elle alors que c'était elle qui tremblait devant lui quelques secondes plus tôt. « Nos p-parents ont pris une... d-décision pour nous, Diane » La jeune femme fronce délicatement des sourcils, incompréhensive, le regardant dans les yeux et en essayant d'y déceler quelque réponse. Mais rien. Ils ne sont pas sombres et d'une couleur chocolatée comme elle se les rappelait mais d'un joli vert grisâtre, entre la houle et la tempête. Soudainement, elle repense à ses parents, à Namur, en train de vivre leurs vies tandis qu'elle apprend à l'école. Que mijotent-ils encore ? Et surtout, que mijotent-ils pour que Dorian soit concerné ? Elle savait son père et la famille de Dorian proches – comment pouvaient-ils ne pas l'être, l'un étant l'Aubin des autres – mais de là à leur préparer... elle ne savait quoi ?
Comme une réponse à ses interrogations silencieuses, la main de Dorian glisse dans sa poche pour en récupérer une boîte, avant de la lui mettre entre les mains. Diane ne comprend pas. Elle regarde l'écrin, puis enfonce ses prunelles bleues dans celles tempête du Prince de Sang. Un écrin. Un écrin et ses parents qui prennent une décision. Et cet air dans le fond de l'oeil de Dorian. Et ce mauvais pressentiment qui ne l'avait pas quittée depuis qu'elle avait reçu le billet. Et le monde qui semble s'arrêter un bref instant, alors qu'elle caresse du regard le visage doux de Dorian, avant de recommencer à toute allure. Non, pense-t-elle tout d'abord, lentement, le mot s'étirant dans son esprit alors que la mine grave de son ami la convainc que, si. C'est impossible. Inimaginable. Ridicule. Une bonne vieille blague maladroite, hein ? Non. Aucune risette sur leurs lèvres. Aucun amusement dans leurs prunelles. Juste la vérité, dure, nue : nos parents ont pris une décision pour nous. Non, non, non, non, non, non, non, non, NON. « So-sois sérieux Dorian. Range ça, tu veux ? » balbutie-t-elle en essayant de lui fourrer l'écrin entre les mains – en vain, ses mains semblent avoir disparu alors elle le garde dans son poing serré, prête à le détruire pour en oublier la présence. Ses doigts tremblent à nouveau, de manière incontrôlable, surtout la main qui enferme l'écrin contre sa paume. Et si elle la serre fort ? Est-ce que cette comédie cessera ? Et puis, depuis quand est-ce elle qui balbutie en s'adressant à lui ? Et depuis quand cette décision a été prise ? Et depuis quand a-t-elle perdu tout contrôle sur sa vie ? « Do-Dorian, reprends-le, c'est ridicule. Je t'en supplie, juste... juste, reprends-le et on en parle plus. » fait-elle en branlant du chef, pensant, disant, vivant non, non, non. Elle réfute, elle refuse, elle retourne à ce stage enfantin de la gamine butée et capricieuse qui se braque dès qu'on fait quelque chose qui la contrarie. Voilà le pétrin dans lequel je me suis fourrée pense-t-elle avec une clarté qui contraste avec l'énorme nuage qui habite ses pensées depuis qu'il s'est adressé à elle. C'est ma récompense. Quels hypocrites, toujours à me parler de grand amour et... et elle le regarde. Dorian. Dorian Desclève qui lui glisse un écrin dans la main en lui disant qu'on a décidé pour eux. Ridicule. Il aurait choisi une autre, elle le sait, elle le sent. Pourquoi une Deulceux alors qu'il aurait pu avoir une de Noblecourt, une de Boisbleau, une... une n'importe qui ? Une mieux, une autre, quiconque : elle s'en fiche. Pourquoi elle ? « Dorian, je t'en prie, reprends-le, je n'en veux pas. » dit-elle d'une petite voix. Toujours la fillette qui ressort, dans l'espoir vain que, une fois de plus, une fois de trop, on fera comme elle l'entend. Elle ouvre le poing, lui tend l'écrin avec un air implorant. Ne me fais pas ça. |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Dim 10 Nov - 20:03 |
| D’abord, elle ne comprend pas. Je le vois à son regard perdu. Mais lorsque je glisse la petite boîte dans ses mains, elle saisit la portée de mes paroles. Ce que je suis en train de lui annoncer. Diane, petit oiseau libre, jolie fleur sauvage, se retrouve piégée par sa propre famille. Comme moi. Sauf qu’elle, elle est habituée à prendre des décisions par elle-même. À faire ses propres choix. Qu’on lui dise la route à suivre, ça n’est pas normal. Pas pour une Deulceux. Pour elle, pas de protocole, pas de règles. Et malgré tout, ses parents la livrent en pâture aux miens. Elle devient propriété de la royauté, malgré elle. Après la dignité, la froideur, Diane redevient une enfant. L’énième refus après tant d’autres. Elle balbutie. « So-sois sérieux Dorian. Range ça, tu veux ? ». Voilà qu’elle se met à bégayer elle aussi. L’ironie du sort… Oh, le joli couple que nous faisons. Tout le monde sera sans doute enthousiasmé. Je détourne le regard, fourre mes mains dans mes poches, alors qu’elle serre l’écrin dans son poing comme pour le réduire en miettes. Elle continue, gigote, secoue la tête. « Do-Dorian, reprends-le, c'est ridicule. Je t'en supplie, juste... juste, reprends-le et on en parle plus ». Elle me déteste, c’est certain. Je serais dans le même état, à sa place. Si j’avais la possibilité de choisir ma future épouse, mais que l’on m’obligeait à me fiancer à quelqu’un que je n’aime pas. Seulement, c’est mon lot. Diane ne le voit pas, à travers la fureur qui dévore son esprit en cet instant. Elle en veut au monde entier, surtout à ses parents. Et elle ne se doute pas un seul instant que pour moi, il n’y a rien à faire. Je serai contraint, quoiqu’il arrive, de vivre une vie que je n’aurai pas choisie. Que ce soit avec elle ou avec une autre. N’importe quelle autre, sauf Elysée. « Je suis désolé » murmuré-je sans bégayer. Cette situation ne me met plus dans de tels états. Je suis comme résigné, fataliste. Presque égoïste, car je ne songe pas à son sort à elle. La belle Diane, si forte, si indépendante. Elle ne devrait pas être mariée de force. Son impétuosité n’y survivra pas. Mais ce n’est plus mon problème. Nos pères et nos mères, du haut de leur autorité, ont décidé. Ils se sont prononcés. Et nous n’avons plus notre mot à dire. « Dorian, je t'en prie, reprends-le, je n'en veux pas » termine-t-elle, la gorge nouée. Sa main me tend le petit écrin, et ses yeux m’implorent de le saisir. Mes iris vert-de-gris captent de nouveau les siens, si bleus, et ne les lâchent pas. Mes doigts effleurent sa paume pour aller y cueillir l’écrin. « Je suis si horrible qu… que ça ? ». Pas d’animosité dans ma voix, rien que de la douceur. Mais ce nouveau refus, après celui de Juliette, remet en question tout ce que je suis, une fois de plus. Au-delà de la simple douleur d’être fiancées sans leur consentement, toutes ces jeunes femmes semblent rebutées par l’idée de devenir ma promise. Et ça blesse mon amour-propre, terriblement. J’y suis habitué, c’est vrai. Je n’ai jamais eu de petite-amie, tout le monde le sait. Mais j’aimerais comprendre pourquoi. Savoir ce que j’ai fait pour mériter tant de dédain. « Oublie », dis-je dans un souffle, en rangeant l’écrin dans ma poche. Je détourne le regard. Le parc est si calme, à cette heure. La nuit commence à tomber, lentement mais sûrement. Sur les mares, une lueur bleutée apparaît. Le vent est plus froid, sifflant. L’absence de Solange se fait ressentir, à des moments comme celui-là. J’ai l’impression qu’elle est partout autour de nous. Qu’elle veille sur nous, mais fait si peu de choses pour nous protéger… Je ferme un instant les paupières. Ne pas penser à tout cela. S’évader. Avec Elysée, dans mes rêves. Parce que là-bas, nous sommes ensemble. Là-bas, il y a quelqu’un qui m’aime. Quel genre de prince n’arrive pas à se trouver une fiancée ? Les demandes devraient s’empiler. Au lieu de cela, je reste seul. Infiniment seul. Et je le serai toujours, parce que la loi du sang est la plus forte, et parce que le sang ne devrait pas être un motif de mariage valable. Au bout de quelques secondes de silence, je me lève et me tourne vers Diane. « J’essaierai de c-convaincre mes p-parents de rompre cet accord. Et ne t-t’inquiète pas ; je leur ferai croire qu-que c’est ma propre initiative ». Je vais encore me faire taper sur les doigts. Me faire traiter d’incapable, parce que je ne peux même pas finaliser un accord ‘aussi simple’, selon Père et Mère. Mais peu importe. Je refuse que Diane pâtisse de tout cela. Pas si elle ne le souhaite pas. Je me sens si stupide ; moi non plus, je ne désire pas ce mariage. Mais j’ai fait une croix sur ce que je voulais depuis la mort de Solange. Je ne peux plus décider. Adieu, enfance innocente. Je dois oublier le temps où je n’avais à me préoccuper de rien, à part des vêtements que je devrais porter le lendemain. Une jeune femme devra bientôt arborer cette bague et notre pseudo amour. Les montrer au monde. Et ce ne sera pas Diane. Je me penche vers elle, saisit sa main et dépose un baiser dessus. « J’aurais été honoré de t-t’épouser » chuchoté-je, mon regard planté dans le sien. Belle, puissante Diane. Si intelligente, si envoûtante. Je n’ose imaginer les cœurs qu’elle a brisés. Et même si elle n’est pas celle que je veux à mes côtés, elle est une fiancée de choix. Oh, elle trouvera quelqu’un, c’est certain. J’aimerais avoir ce charme qui irradie d’elle, cette beauté naturelle qui fait que l’on se retourne sur son passage. J’aimerais être n’importe qui, sauf le prince bègue ; cet indigne héritier, le faible, le peureux, celui qui ne sait pas s’exprimer. Je lâche doucement sa main, avant de m’éloigner de ce maudit banc. Un échec de plus. Et je l’ai vraiment mérité.
Dernière édition par Dorian Charles Desclève le Mar 16 Juin - 19:53, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Dim 10 Nov - 22:21 |
| C'était comme tenter d'attraper de la fumée avec son poing et s'étonner, indéfiniment, d'en être incapable. Dès son plus jeune âge, Diane avait cru à son heureux pour toujours, à sa fin de l'histoire joyeuse, juste et amoureuse. Après tout, comment faire autrement avec deux parents qui n'avaient de cesse de se roucouler des compliments et des mots d'amour superflus dès qu'ils le pouvaient ? Et puis le cœur de Diane, c'était bien connu, il était tout cabossé, mal accroché, recousu à la va-vite à chaque fois. Un sourire ou un regard et elle tombait. Pour n'importe qui, n'importe quoi ; à ses dépens, souvent. Mais pas pour Dorian. Ce n'était même pas par manque d'amour ou par mépris ou par dégoût ou par horreur ; non. Juste... Dorian était Dorian. Il était un peu comme un petit frère pour elle – quand bien même ignorait-elle jusqu'à la définition du mot. Ce qui la dégoûtait le plus, dans cette histoire, c'était ses parents. Et ce pauvre Prince du Sang, qui lui marmonne qu'il est désolé. Il est désolé. Ca a l'air de lui arracher le cœur de faire ça, de faire... de faire quoi, exactement ? Non. Il n'y a pas de doute à avoir, c'est idiot, Diane, reprends-toi. Tu sais parfaitement ce qu'il y a dans cet écrin. A sa grande surprise, le brun s'empare effectivement de la petite boîte quand elle la lui tend ultimement et c'est comme une épée de Damoclès qui se soulève. Pas cette fois, pas encore, plus jamais. Ses épaules se relâchent imperceptiblement, un discret soupir vient vider ses poumons, elle a l'air nettement plus sereine quand bien même ses mains tremblent encore légèrement tout contre son giron, fermées, comme pour avorter toute tentative ultérieure de lui fourrer encore telle stupidité entre les mains. « Dorian, je-- » « Je suis si horrible qu… que ça ? »
La voix de la blonde meurt dans sa gorge dans un son pathétique d'étranglement. Il est là pour lui briser le cœur, songe-t-elle. Dorian Desclève qui lui brise le cœur. Elle fronce les sourcils, les arque ; sa bouche forme des o et des a d'incompréhension et d'hésitation ; elle enfonce ses yeux bleus écarquillés dans les siens, sans comprendre ou refusant de comprendre. Non. Non ce n'est pas ça a-t-elle envie de lui crier sans en avoir la force. Elle a envie de lui expliquer qu'elle ne veut pas se marier. Ni avec lui, ni avec personne, ni avec rien. Je ne suis pas le genre de filles qu'on marie songe-t-elle, avec une amertume qu'elle ne s'était jamais imaginée ressentir à ce sujet. « Oublie » dit-il et l'écrin disparaît alors que Diane se mordille la lèvre, regardant le sol, le banc, les poissons, l'eau mais pas lui. Tout sauf lui. Qu'elle s'en veut terriblement, par Dieu ! Elle a envie de prendre Dorian dans ses bras et de lui demander de lui expliquer, calmement, gentiment ce qui lui est passé par là tête, où, quand, comment. Mais elle sait qu'ils ne sont plus proches, elle sait qu'elle est gênée, elle sait qu'elle ne veut pas faiblir devant lui si ça veut dire se retrouver la bague au doigt par quelque obscur arrangement avec ses géniteurs et les siens. Il se lève, la prend de court, la fait tressaillir alors qu'elle le suit de son grand regard de fillette lâchée dans le grand monde. Il a l'air grave. « J’essaierai de c-convaincre mes p-parents de rompre cet accord. Et ne t-t’inquiète pas ; je leur ferai croire qu-que c’est ma propre initiative » Sa mâchoire se décroche discrètement derrière ses lèvres pincées, elle sent un trou noir venir aspirer puis recracher son cœur d'un air narquois. Dorian saisit la main de la jeune femme et elle tressaille, s'attendant presque à le voir sortir un anneau de nulle part pour le lui enfiler autour de l'annulaire ; mais non, c'est juste un baiser avec lequel il marque sa peau. Autant utiliser un couteau pour lui taillader le cœur. « J’aurais été honoré de t-t’épouser » murmure-t-il, son regard embrun enfoncé dans le sien, qui la trouble plus qu'un regard ne l'a jamais troublée. Il est trop triste, Dorian, on dirait un nuage d'orage qui ne sait pas où aller.
Et il s'éloigne, comme tous, comme toujours. Il s'éloigne, de sa démarche qui semble toujours un peu hésitante, entre l'entrain et la retenue, ceci et cela. Elle a l'impression que sa peau la brûle là où il a pressé brièvement ses lèvres. Elle se sent idiote, là, sur son banc, la main encore tremblante, son regard vrillant les épaules du Prince avec intensité et incompréhension, comme elle le fait souvent. C'est ce regard rêveur et perdu qu'on lui associe toujours, ce regard qui semble parmi nous mais tellement plus loin en même temps. Avant même qu'elle n'ait pu réfléchir, elle est à nouveau sur ses pieds et bondit presque vers lui, le rattrapant en de longues enjambées tout sauf élégantes jusqu'à se planter devant lui. « Tu ne comprends pas, Dorian, non, ce n'est pas... non, ce n'est pas ça, c'est juste que-- » Les mots s'entrechoquent sur ses lèvres, perdent leur sens, se masquent sous un autre. Ils essaient tous de sortir en même temps mais il n'y a pas de la place pour tout le monde. Elle le regarde, perdue, son cœur tambourinant dans sa poitrine alors qu'elle déglutit difficilement. Idiot, songe-t-elle. T'aurais pu me la faire autrement. Un idiot pour une grande idiote. « Je l'ignorais. Je ne voulais pas manquer de tact mais tu me connais, n'est ce pas ? Tu me connais. Tu sais que je ne voulais pas te faire de mal. » Sa voix est empressée, les mots font la course sur sa langue, elle essaie de se rasséréner autant que lui alors qu'elle fait le tri dans le désordre de ses pensées. « Il faut juste que tu m'expliques, Dorian, car tu me prends un peu de court. Mes parents, je croyais... » Elle secoue la tête. Elle ne croyait rien, elle ne croyait plus. Une fois, pourquoi pas deux ? Elle aurait dû les voir venir, avec leurs sourires figés et leurs oeillades en coin désespérés durant les vacances. Ils avaient toujours été persuadés qu'elle finirait avec Marien, à cause de leur relation des plus proches. Et quand Diane avait fini par remettre les points sur les i, ils avaient dû sauter sur la première occasion. Hypocrites, autoritaires, détestables, Deulceux. « Tu n'es pas horrible et un tas de filles seraient honorées de t'épouser aussi. Un tas de filles, Dorian. Alors... pourquoi moi ? » marmonne-t-elle d'une petite voix en baissant les yeux, s'empourprant légèrement de ce qu'elle définissait comme un culot hautain et égocentrique. Parce qu'il n'a pas eu le choix, lui criait sa conscience, tu n'es le choix de personne.
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| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Ven 15 Nov - 11:06 |
| Ce refus de mariage sonnerait comme une bénédiction pour beaucoup. Pas de fiançailles sans Diane. Et pas donc pas de mariage avec une autre qu’Elysée. Je ne sais même pas pourquoi ma meilleure amie continue de m’obséder autant. Moi qui pensais que je ne ressentais rien pour elle. Elle m’avait pourtant ouvert les yeux. Les runes de la tour carrée s’étaient illuminées : ce n’était plus un signe, mais une certitude. Je devrai vivre avec le poids de son absence. Avec la douleur d’être marié à quelqu’un d’autre. Elle me le faisait bien sentir, cruelle Elysée : elle me manquerait, toujours. Je ne serai pas heureux. Pas tant que nous ne serons pas ensemble. Mais tout cela mis à part, je suis blessé par le refus de Diane. Je le savais pourtant. Jamais je n’aurais du la piéger comme je l’ai fait. Mes parents m’avaient poussé à le faire. Avec toutes leurs exigences, toutes leurs demandes fantaisistes. Je devais faire comme si j’acceptais, sans rechigner. Bon et docile Dorian qui brisait maintenant une amitié à cause de cette obéissance destructrice. Et Diane, oh, Diane. J’aurais pu vivre avec elle. Elle est sans doute la seule femme qu’il ne me déplairait pas d’épouser, même sans l’aimer. Elle n’est pas elle, ne le sera jamais. Mais je sais qu’au moins, je n’aurai pas à prétendre. Parce que Diane, je l’apprécie. Je pourrais peut-être même l’aimer, si je prenais le temps de la connaître. Mais elle brise déjà tout. Pas de mariage. Ni avec Elysée, ni avec elle. Diane, qui est pourtant la seule femme que je me voie épouser, si ma meilleure amie est hors compétition. J’entends pourtant ses pas me rattraper. Ses talons claquent sur le petit chemin de pierres. Elle se plante devant moi, me regarde. Moi, je n’arrive pas à l’affronter. « Tu ne comprends pas, Dorian, non, ce n'est pas... non, ce n'est pas ça, c'est juste que— ». Si, c’est ça. Tu n’oseras jamais l’admettre parce que tu auras peur de me briser, de me faire du mal. Et je sais pertinemment qui je suis. Je suis le gentil garçon qu’on ne veut pas voir triste. Tu me rattrapes pour te donner bonne conscience. Pour t’expliquer, me dire que ‘ce n’est pas toi, c’est moi’, hein Diane. Mais en réalité, tu sais parfaitement que tout le problème vient de moi. Que je ne serai jamais assez digne de quiconque, et que la seule personne qui veuille de moi ne pourra jamais, jamais faire partie de ma famille. Si Solange était toujours vivante, elle aurait trouvé une solution. Elle aurait parlé à nos parents, elle aurait su les convaincre que je ne pouvais pas me marier à une inconnue. Mais Solange est mort et enterrée. Elle ne pourra jamais plaider ma cause comme elle l’aurait fait si la maladie ne l’avait pas emportée. Diane. Diane peut m’aider. Mais elle ne le fera pas. Elle n’a pas besoin de plus de soucis. Elle ne s’occupera pas de mes problèmes, parce que ces derniers ne concernent que moi. « Je l'ignorais. Je ne voulais pas manquer de tact mais tu me connais, n'est ce pas ? Tu me connais. Tu sais que je ne voulais pas te faire de mal ». Je le sais oui. J’attends le ‘ce n’est pas toi’. C’est bien là qu’elle veut en venir, n’est-ce pas ? « Il faut juste que tu m'expliques, Dorian, car tu me prends un peu de court. Mes parents, je croyais » commence-t-elle, mais les mots semblent se noyer dans sa bouche. Je fronce les sourcils, ne la lâche pas des yeux. Elle n’est donc pas au courant que ses parents lui recherchent un mari, autant que les miens essaient de me trouver le meilleur parti possible. Peut-être, sans doute même, pensait-elle qu’ils la laisseraient choisir son destin. Nos parents nous font croire bien des choses, décidément. Nous ne sommes jamais libres. Pas lorsque nous faisons parti de ce microcosme privilégié. « Tu n'es pas horrible et un tas de filles seraient honorées de t'épouser aussi. Un tas de filles, Dorian. Alors... pourquoi moi ? », murmure-t-elle. Je glisse une main sur sa joue, bien malgré moi. Diane est tellement plus intéressante que toutes les autres filles qui ont refusé la proposition de mes parents avant elle. Sans compter qu’elle est mon amie. Mais ce n’est pas ce qu’elle veut entendre. La vérité ; c’est tout ce qu’elle demande. « Je dois me marier avec u-une sang b-bleue » dis-je doucement, mon habituel bégaiement reprenant le dessus. Dieu que je déteste ce handicap ridicule. Je plisse les paupières, comme je le fais lorsque je suis excédé par mon infirmité. Ce n’est pas étonnant qu’elle ne veuille pas m’épouser. Qui le voudrait ? Celle qui me dira oui, s’il ne s’agit pas d’Elysée, le fera par pitié, j’en ai bien conscience. Puis soudain, mes yeux se rouvrent. Si grands, si clairs, si beaux. Plongent dans ceux de Diane, d’un bleu envoûtant, à des années-lumière des iris chocolatés de ma meilleure amie. Dis-le. Dis que tu aimes quelqu’un d’autre. Que Diane est un pion, comme toi. Que vous ne déciderez jamais vraiment de votre destin. Mais que quitte à aller en enfer, autant que ce soit avec quelqu’un que l’on apprécie. Les mots se bousculent dans mon esprit. Je veux lui parler d’Elysée, de ce que je ressens, de ce qui me tue, mais je refuse de la blesser. « Et si je dois épouser u-une sang-bleue… J-j’aimerais que ce soit toi ». Ce n’est pas ce que j’aurais du dire, j’en suis conscient. Mais j’ai peur. Terriblement peur. Je ne veux pas être seul pour affronter cela. La vie de prince, de possible futur roi. La vie de Solange, qui n’est pas la mienne, qui ne l’a jamais été. Diane ne peut pas m’abandonner. Mon pouce caresse doucement sa joue. Je guette une réaction. N’importe laquelle. Mais qu’elle dise, fasse quelque chose. Qu’elle me hurle dessus, qu’elle se révolte contre l’autorité de nos parents. Ceux qui décident d’organiser notre mariage simplement parce que notre sang n’est pas compatible avec un autre. L’amie de Solange, mon amie, ma si belle Diane aux cheveux blonds et aux yeux clairs, si différente d’Elysée mais si semblable à la fois, semble perdue. Et je sais pourquoi. Parce qu’aucune réponse ne peut satisfaire son bonheur, ni le mien. |
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C. Diane Deulceux ◗ HIBOUX : 184 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : ARTHUR DE NOBLECOURT./WR∆TH./LOLA. ◗ CREDITS : CRIPSOW. TUMBLR. ◗ SANG : SANG-BLEU (DUCHÉ DE WALLONIE). ◗ PENSINE : ÉLECTRON LIBRE REDOUTABLE AU FLEURET, À LA RHÉTORIQUE ET AUX DUELS.
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Sam 16 Nov - 11:59 |
| Diane ne s'était jamais projetée à ce point dans le futur. Elle n'avait jamais réellement pensé à un mari, à une maison, à un chien, à des enfants, à une vie ; elle n'arrivait même pas à se projeter sur sa tenue du lendemain. Tout arrivait car tout arrivait ; si elle n'était pas une fervente fanatique du carpe diem, elle restait assez terre-à-terre pour ne pas chercher à prévoir sa vie au-delà d'une poignée d'heures devant elle. Et si, enfant, elle avait pensé aux princes vaillants venant dérober sa main au nez et à la barbe de son père, ses rêves avaient vite été détruits par la dure réalité de la vie. Honteuse. Affreusement honteuse, gênée, confuse, ne sachant pas comment réagir. Son regard la tue à petit feu, elle se perd dans son océan de tristesse et de sincérité. Elle l'aime, Dorian. Vraiment. Elle l'aime comme on aime un petit frère, comme on aime un grand ami qui, quand bien même on ne lui parle pas tous les jours, a une place privilégiée dans notre cœur. Elle est dans l'expectative, le mot moi lui rebondissant dans les oreilles dans un grincement. Diane tressaille en sentant les doigts de Dorian effleurer sa joue, puis sa main venir en épouser la courbe. Ce n'est pas un contact auquel elle est habituée. Ce n'est ni une tendresse, ni une douceur à laquelle elle est habituée. Diane est violente, elle est sauvage, elle est animale : et si c'est pour poser sa main sur une joue, c'est généralement une claque. « Je dois me marier avec u-une sang b-bleue » balbutie-t-il et elle ne peut s'empêcher de soupirer légèrement. Et tout revient à son sang, à sa naissance, à son rang. C'est une bénédiction, évidemment – comment se plaindre des richesses, du luxe, du patrimoine, de l'héritage ? Mais c'est une arme à double tranchant car c'est aussi sa pire malédiction. Une sang bleue. Rien de plus. Tais toi, Dorian. Garde tes bégaiements, garde tes mots, garde ton écrin, garde tout et tais-toi. Dis moi juste que c'est dommage ou que je suis un monstre ou bien que j'étais ton dernier espoir mais, je t'en prie, pars. C'est moi qui suis horrible. « Et si je dois épouser u-une sang-bleue… J-j’aimerais que ce soit toi » Evidemment. C'est le devoir qui l'aiguillonne, qui lui dicte sa conduite. Le pouce du jeune homme redessine lentement sa pommette et elle frissonne à nouveau, faisant mine de resserrer sa veste autour de ses épaules alors que, enfin, le vent s'est calmé. Finalement, elle ferme un instant les yeux et se défait de son contact en faisant un pas sur le côté, les yeux rivés sur le sol.
Diane ne peut s'empêcher d'être amère. Evidemment, elle savait qu'il n'y avait jamais, et n'aurait jamais, aucun romantisme entre elle et Dorian. Ils étaient diamétralement opposés et même si ce n'était pas à proprement parler un obstacle, leurs caractères étaient trop... incompatibles. Preuves étant, les emportements rarement silencieux de Diane à propos du bégaiement du jeune homme, quand elle pensait encore qu'il pouvait être soigné à la dure. Quand bien même, si il doit épouser une noble au sang bleu, il aimerait que ce soit elle. « Et si tu ne devais pas épouser une sang-bleue... ? » finit-elle par lâcher, les yeux toujours baissés, la voix presque tendue tandis qu'elle s'éraille à la fin de sa phrase. Eh bien, si il ne devait pas épouser une sang-bleue, tu n'aurais jamais eu ce mot et tu ne serais jamais venue et il ne t'aurait jamais mis cet écrin dans la main et tu n'aurais même pas eu à y penser. Si il ne devait pas épouser une sang-bleue, vous auriez fini par oublier l'existence l'un de l'autre, par continuer votre petit jeu à se regarder de loin d'un air gêné. Et tu ne serais pas là. Elle ne veut pas savoir car elle sait. Elle ne veut pas savoir alors elle branle du chef, relevant enfin les yeux vers ceux, tempête, du Prince de Sang, marmonnant un : « non, oublie, je n'ai rien dit » presque inaudible s'il ne s'était pas trouvé si proche d'elle. Elle soupire imperceptiblement en baissant à nouveau les yeux, jouant du bout du pied avec un caillou qui a la malchance de se trouver là. « Mes parents n'accepteront pas de refus : je crains ne pas avoir le choix. Quand bien même, je, je-- » Elle s’interrompt. Je suis très heureuse, honorée, chanceuse, ravie, excitée : voilà ce qu'elle devrait dire. L'hypocrisie est reine, elle a le devoir de lui annoncer qu'elle est absolument enthousiaste à l'idée de l'épouser ; c'est comme ça qu'on l'a élevée, malgré tout. Mais non. Pas avec Dorian : il la connaît trop, pense-t-elle, pour qu'elle lui fasse l'affront de lui mentir. Elle soupire pour se donner une contenance et du courage, plante son regard dans le sien en se faisant la promesse de ne plus jamais le baisser avant de, drapée de fierté et d'une vaillance vacillante, tendre la main paume vers le ciel. Déterminée mais effarée. Qui d'autre voudrait de moi qu'un Dorian qui n'a pas le choix ? songea-t-elle avec amertume en attendant le poids honni de l'écrin sur sa main.
Dernière édition par C. Diane Deulceux le Mar 26 Nov - 22:02, édité 1 fois |
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Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Sam 16 Nov - 17:58 |
| Un pas sur le côté, et elle piétine mon cœur. Je regrette de lui faire subir tout cela. Je le regrette tellement. Ce n’est pas ma décision, c’est vrai. Mais Diane en souffrira au moins autant que moi, pour le reste de ses jours. J’aimerais la rassurer, lui parler, mais je connais trop mon amie. Elle ne supporte pas mon bégaiement, mon hésitation. J’ai toujours été le petit infirme qu’elle essayait d’endurcir. Oh, je ne lui en veux pas. Si elle porte le prénom de la déesse de la chasse, c’est bien pour une raison. Elle est combattive, guerrière. Tellement différente de ce que je suis, de ce que j’ai toujours été. Moi, si doux, si calme. Presque trop. Elle, comme le vent, brutale, terrible parfois. Je crains son courroux presque plus que celui d’Elysée. Et pourtant, pourtant… En cet instant, elle semble fragile, blessée. Admettre que je ne lui propose de m’épouser qu’à cause de son sang semble la perturber bien plus que je ne l’aurais cru. « Et si tu ne devais pas épouser une sang-bleue... ? » lâche-t-elle au bout d’un long moment. Elle garde la tête baissée, ne m’affronte plus de face. Je sens sa voix se briser alors qu’elle prononce les derniers mots. Oh, Diane. Si j’avais su qu’elle serait blessée, je ne lui aurais sûrement pas dit la vérité. J’aurais inventé quelque chose ; la découverte de sentiments enfouis, par exemple. Je lui aurais dit qu’elle était la première femme à laquelle j’avais songé lorsque mes parents m’avaient parlé de mariage. Elle doit penser comme moi. Qu’elle ne vaut rien, qu’on ne peut pas l’aimer pour ce qu’elle est. Pauvre Diane, tu as tellement tort. Si tu savais à quel point tu es merveilleuse ; si tu le réalisais seulement. Mais rien de ce que je pourrai dire à présent ne te conviendra, pas vrai ? « Diane… » commencé-je, mais elle relève alors ses iris pâles et les plante dans les miens. « Non, oublie, je n'ai rien dit », chuchote-t-elle si doucement que je faillis ne pas l’entendre. Comment oublier, Diane ? Comment oublier que je t’ai blessée, que je continue à le faire ? Que je détruis ta vie ? Que je fais du mal à tous ceux qui m’entourent ? Je déglutis. Tout est si compliqué. J’aimerais retourner à cette époque où nous étions tous amis. Solange, Diane, Elysée et moi. Où nous n’avions pas à nous préoccuper de ces soucis d’adultes. Ce temps est révolu, ne reviendra jamais. La royauté a de beaux jours devant elle… Rien qui ne puisse me faire espérer un revirement de situation dans les prochains mois. Oh, si le peuple se révoltait… Mais pourquoi le ferait-il ? À part quelques décisions maladroites, mon oncle n’est pas un tyran. À part peut-être pour sa propre famille. Ces lois sur le mariage sont d’un archaïsme incroyable ; mais le prince du sang ne doit rien dire. Il doit suivre la marche, rentrer dans le rang, ne pas faire un pas de travers. Et surtout, surtout, donner l’exemple.
Je trouverai une autre fiancée. Pas Diane. Parce que je ne veux pas qu’elle souffre. Je ne veux pas la piéger dans une union forcée. Je refuse, par dessus-tout, de la voir mourir à petit feu. Alors que je m’apprête à lui dire au revoir, à m’éloigner, à parlementer pour annuler cet accord, elle reprend la parole. « Mes parents n'accepteront pas de refus : je crains ne pas avoir le choix. Quand bien même, je, je— ». Elle tend sa main, attendant que j’y dépose l’écrin. J’observe un instant son visage, puis sa paume. Diane Deulceux abandonnerait sa liberté pour moi. Elle refuserait de se battre, simplement pour me soutenir. Diane, mon amie. Sans doute la seule qui puisse m’aider à faire face à toute une vie sans Elysée. Une vie de solitude, de souffrance ; mais qui sera apaisée par sa présence discrète mais si importante. « Il y a quelqu’un d’autre… Qu-Quelqu’un que je ne c-cesserai jamais d’aimer » dis-je dans un murmure. Être honnête. Ne pas lui mentir. Diane le saura, si j’essaie de la berner. Elle est bien trop futée. Sa main tendue, je la saisis doucement. Je refuse de poser cet écrin dans sa paume comme s’il s’agissait d’un vulgaire présent. J’ai fauté, je n’ai pas agi comme j’aurais du le faire. Mais Diane mérite mieux que ça, tellement mieux. J’enserre ses doigts fins avec une tendresse jusqu’alors inconnue pour nous deux. Un geste que j’aurais pu faire avec Elysée. Mais je dois cesser de penser à elle… Elle n’est plus là, ne le sera plus jamais. Pincement au cœur ; mon palpitant se brise de plus en plus. Mais Diane peut m’aider. Peut combler ce vide que je ressens, cette tristesse qui est mon lot depuis tant de temps déjà. Nous pouvons être seuls, ensemble. « Mais j’essaierai de… d’être là pour toi ». J’essaierai, oui. Je ne peux rien promettre. Ce n’est pas mon genre, ni le sien. Nous ne croyons pas aux jolies paroles, aux mots romantiques qui sonnent creux. Je ne veux pas lui dire des choses que je ne pourrai jamais faire. Lui promettre monts et merveilles. Mais pour Diane, jouer un rôle n’est plus une obligation. Je peux être moi-même. Aussi imparfait, aussi bourré de défauts que le Dorian habituel. Mais je n’ai pas à feindre mon affection pour elle. « Oublie cet écrin ». Je me penche doucement sur elle et pose mes lèvres sur les siennes. Sensation douce, tendre. À des kilomètres du baiser échangé avec Elysée il y a quelques jours de cela. Ne pas y penser, ne pas y penser. Diane, je l’aime aussi. D’une autre manière. Elysée sera toujours l’amour de ma vie. Celle dont je rêve la nuit, celle qui me fait frissonner dès que je l’aperçois au détour d’un couloir. Celle qui sait tout de moi, et que je connais par cœur. Celle que je pourrais embrasser sans me lasser. Mais Diane m’intrigue. Me trouble. M’attire comme un aimant. Elle est mon amie depuis si longtemps. Souvent si dure avec moi, presque méchante. Mais elle est la seule en qui j’aie confiance. La seule que je sois capable d’épouser dans l’état actuel des choses. Je dois me marier dans l’année. Avec une sang-bleue. Et ce sera Diane. Diane que j’embrasse en ce moment-même. Et alors que l’image d’Elysée fait de nouveau irruption dans ma mémoire, plus belle que jamais, j’ai l’impression qu’un poignard me transperce le cœur. Je resserre mes doigts sur la taille fine de Diane. Le fantôme de ma meilleure amie, je le chasse de mon esprit ; et le plus dur est alors de retenir les larmes qui se pressent à la lisière de mes yeux. |
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C. Diane Deulceux ◗ HIBOUX : 184 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : ARTHUR DE NOBLECOURT./WR∆TH./LOLA. ◗ CREDITS : CRIPSOW. TUMBLR. ◗ SANG : SANG-BLEU (DUCHÉ DE WALLONIE). ◗ PENSINE : ÉLECTRON LIBRE REDOUTABLE AU FLEURET, À LA RHÉTORIQUE ET AUX DUELS.
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Sam 16 Nov - 21:08 |
| Finissons-en semble-t-elle crier, ses doigts tremblotant légèrement au bout de sa paume, ses sourcils se fronçant délicatement sur son front alors qu'elle voit Dorian qui la détaille, elle et sa main tendue. Elle s'est faite une raison, en un quart de seconde. C'est son destin. Elle n'a rien à décider, rien à hésiter : c'est comme si ce chemin avait été tracé pour elle dès le début. Depuis quand Ferdinand Deulceux et son épouse ont-ils de tels plans pour leur décevante héritière ? Depuis quand ont-ils décidé que elle, elle n'aurait pas le choix dans sa vie trébuchante ? Diane préfère se détourner de ces questions, se concentrer sur le jeune homme qui semble aussi hagard qu'elle de sa décision. Elle détaille son visage comme jamais auparavant. Diane serait bien incapable de dire quand le garçon est devenu un homme, quand le prince bègue est devenu le prince de sang qu'elle a devant elle. Si il a, pour toujours, ce bégaiement et cette finesse de traits, la blonde devine un semblant de maturité dans ses prunelles, peut-être le début d'une grande sagesse. Et Solange. Toujours Solange. Comment peut-elle penser à elle dans un moment pareil ? Et comment réagirait-elle, d'ailleurs ? Et-- « Il y a quelqu’un d’autre… Qu-Quelqu’un que je ne c-cesserai jamais d’aimer » Voilà. Tout est dit. Tout est compris. Quelqu'un d'autre que je ne cesserai jamais d'aimer, dit-il. Et si je dois épouser une sang-bleue, se souvient-elle, la phrase lui liant poings et pieds. Diane frissonne légèrement, mal à l'aise, tandis qu'elle a l'impression que son coeur battant trop vite remonte dans sa gorge. Elle le dévisage, cette fois, yeux écarquillés, pupilles rondes gigantesques alors qu'elle vrille un œil, puis l'autre de ses orbes azurées. Dorian la prend de court en s'emparant de sa main, la faisant tressaillir par la même occasion, ses doigts essayant vainement de revenir dans un spasme vers elle ; mais il est plus fort, elle trop faible.
Il a la main chaude, se dit-elle automatiquement, cette fois plus calme, plus douce. A quoi s'attendait-elle ? Qu'il lui confesse quelque passion latente qui attendait son moment ? Non. Jamais. Evidemment qu'il aime une autre. On aime toujours un ou une autre, songe-t-elle avec cette amertume qui a laissé un arrière-goût dans sa bouche et une grande rancoeur dans sa tête. Elle semble perdue, égarée, fragile alors qu'il ne fait que lui tenir la main. Elle s'attend presque à ce qu'il lui murmure que, finalement, ce n'était qu'une blague, qu'il trouvera une solution car il trouve toujours une solution. Elle se laisse encore une fois aller à l'espoir sans trop y croire. « Mais j’essaierai de… d’être là pour toi » Un nouveau frisson la parcoure. Il essayera d'être là pour elle, alors qu'il aime une autre, alors qu'elle aime un autre. Alors qu'ils sont deux petits idiots aux cœurs trop grands, les défauts évidents et les différences flagrantes. Elle a envie d'ironiser par un j'espère bien, de lancer quelque réplique bien sentie, un peu trop sarcastique pour masquer complètement sa fragilité de poupée – mais rien ne vient. C'est comme si on avait vidé son crâne de toute pensée cohérente et sa bouche de tous les mots qu'on a pu lui apprendre. « Oublie cet écrin » Elle aimerait bien. Elle aimerait bien oublier cet écrin. Oublier sa signification, oublier leur futur, oublier leur histoire. Mais elle ne peut pas : tout semble marqué au fer rouge dans son esprit. Parents, arrangement, écrin, bague, ridicule, mariage, horrible, sang-bleue, une autre. Oh, quoiqu'elle en fasse, Diane ne pourra pas oublier de sitôt cet écrin. Et, alors qu'elle s'apprête à esquisser un gloussement nerveux étranglé, il se rapproche trop vite d'elle et dépose avec douceur ses lèvres sur les siennes.
Elle ne comprend pas. Ses lèvres sont douces, le baiser est tendre. Mais il manque cette étincelle, cette passion, cette presque sauvagerie que Diane a toujours dans un baiser. Mais est-ce un baiser à proprement parler ? Ou juste le sceau de quelque arrangement obscur ? Elle ne sait pas. En tout cas, c'est étrangement agréable, la rend tremblante dans les bras du prince, la rend honteuse de réfléchir et réagir ainsi. Dorian Desclève est en train de m'embrasser se force-t-elle à penser, toujours immobile dans l'étreinte du Jadérial. Elle sent la main du jeune homme glisser vers sa taille, l'attirer légèrement contre lui tandis que ses mains, machinalement, se posent sur ses épaules, glissent jusqu'à son cou. Et puis, aussi brusquement qu'elle s'est laissée bercer par la douceur du baiser, elle le repousse à bout de bras, l'air effaré. La rubissane le regarde un instant sans comprendre, essayant de chercher dans son regard la réponse à toutes ces questions. Pourquoi m'embrasser ? Pourquoi me dire tout ça, me parler d'une autre et m'embrasser ? Ses bras retombent lentement le long de ses flancs alors qu'elle relâche enfin sa prise sur ses épaules, ses ongles enfoncés dans sa veste pour le maintenir loin d'elle. Loin de son cœur. « Do-Dorian. » balbutie-t-elle, pauvre sotte, pauvre incapable. Se sent-il lui aussi faible, à chaque fois qu'il bégaie ? « Tu ne peux pas... tu ne peux pas me dire que-- » La pensée l'interrompt : si, il peut. Il est Prince et toi tu es, et seras toujours, rien. « Ne me fais pas ça, je t'en prie. » Elle ne peut s'empêcher de trouver ça bizarre, que ce soit à elle de dire à Dorian de ne pas lui briser le cœur, de ne pas la rendre plus flageolante et fragile qu'elle ne l'est déjà. Comme quoi, on est jamais au bout de ses peines. « Scellons cet accord et repartons au château : il commence à faire froid. Je ne t'ai pas vu à La Ferme et j'imagine que tu n'as pas mangé : ce n'est pas très sérieux de ta part. Allons, Dorian, je n'aimerais pas être en retard et récolter un blâme dès le début des cours. » fait-elle en jonglant avec les phrases à défaut de garder contenance, les larmes venant se glisser aux coins de ses yeux sans qu'elle ne parvienne à les refouler. « Fichu vent. » marmonne-t-elle pour elle-même en les faisant disparaître du bout des doigts tout en se détournant du brun, lui tournant le dos pour cheminer vers la sortie du parc et loin de ce cauchemar.
Dernière édition par C. Diane Deulceux le Mar 26 Nov - 22:07, édité 1 fois |
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Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Lun 18 Nov - 10:20 |
| Briser le cœur de Diane Deulceux. La seule chose que je me refusais de faire toutes ces années durant. La seule, aussi, qui ne m’était jamais venue à l’esprit. Comment faire flancher la plus forte des femmes ? Même en le voulant, le pourrais-je ? Oui, parce que je suis un crétin. Un imbécile qui ne s’est pas imaginé une seule seconde ce qu’un petit baiser pourrait entraîner. Elle ne m’aime pas, Diane, après tout. Je veux juste lui montrer que je suis là. Que je tiens à elle. Que je l’aime. Que ce n’est pas seulement un contrat. Je refuse que ça en soit un. Un mariage sans amour est sans doute la chose la plus terrible que l’on puisse vivre. Mais Diane n’est pas de cet avis, non. Elle préfèrerait que l’on signe un papier et que l’on s’en tienne au minimum, parce qu’elle sait que j’en aime une autre. Et bien entendu, impossible pour moi d’avoir un cœur assez grand pour deux personnes. Pas vrai ? J’entrouvre les lèvres, sens les mains de la rubissane glisser sur ma nuque. Mais ce n’est qu’un bref moment d’égarement ; elle me repousse presque immédiatement, le bout de ses doigts enfoncé dans le tissu épais de mon manteau. Elle balbutie un mot. Mon prénom. Et déjà, j’aimerais revenir en arrière. Évidemment qu’elle ne comprend pas. Je lui parle d’une autre pour l’embrasser l’instant d’après. Je ne cesserai jamais d’être maladroit, faible, incroyablement stupide. « Tu ne peux pas... tu ne peux pas me dire que— » commence-t-elle. J’aimerais la prendre contre moi, faire quelque chose, mais elle m’en empêche. Diane. Cette fille extraordinaire qui ne pense pas que l’on puisse l’aimer. À qui je viens de confier mon amour pour quelqu’un d’autre. Qui pense qu’elle n’est pas assez bien. Je connais ce sentiment ; je suis exactement comme elle. « Ne me fais pas ça, je t'en prie ». Faire quoi ? Lui briser le cœur ? L’entraîner dans un mariage forcé ? Parce que visiblement, j’ai déjà fait tout cela. Il est trop tard pour faire marche arrière. Diane raccommodera sa dignité du mieux qu’elle pourra. S’habillera de son plus beau sourire pour faire comme si elle était comblée d’être ma fiancée. Mais ça ne me suffit pas… Je ne peux pas avoir Elysée, certes. Mais je ne veux pas que notre union se limite à un contrat.
Diane, quand avons-nous commencé à dériver ? À nous comporter de cette façon l’un avec l’autre ? Aurais-je simplement du te dire que je t’aime et que je veux t’épouser ? Parce que s’il ne s’agit que de cela, je retire tout. Tout ce que j’ai pu dire concernant cette autre personne. Elysée. Je ne l’aurai jamais, vois-tu. Alors c’est toi. Toi que je choisis. Ne rends pas cet acte plus douloureux qu’il ne l’est déjà. « Scellons cet accord et repartons au château : il commence à faire froid. Je ne t'ai pas vu à La Ferme et j'imagine que tu n'as pas mangé : ce n'est pas très sérieux de ta part. Allons, Dorian, je n'aimerais pas être en retard et récolter un blâme dès le début des cours ». Elle parle. Pour ne pas pleurer. Pour ne pas admettre que je viens de piétiner sa fierté. De jeter ses rêves par la fenêtre. Un demi-tour et elle est déjà en route. Pour ‘finaliser l’accord’. Diane, arrête, je t’en prie. J’aimerais lui ordonner de ralentir l’allure, de m’attendre, parce que je peux lui expliquer. Mais impossible de la retenir. De savoir quoi dire, quoi faire. Finalement, je la regarde faire quelques pas, puis m’écrie. « Je ne veux pas d’un s-simple accord ! ». Elle ralentit, s’arrête presque. Moi, je n’arrive pas à décoller mes pieds du sol. L’avoir blessée me rend impuissant. Faible. Fragilisé. J’aimerais lui dire que je suis désolé, mais que je ne regrette pas d’avoir fait ce que j’ai fait. Parce que Diane n’est pas un objet. Elle n’est pas une monnaie d’échange. Elle est mon amie. Et si elle doit être ma future femme, je ne peux pas envisager une relation sans affection. Sans amour. Je la rattrape en quelques enjambées, m’arrête un pas derrière elle. Je sais qu’elle cache ses larmes, et il est inutile de la mettre encore plus mal à l’aise. « Je suis désolé, murmuré-je, je n’aurais p-pas du te dire qu’il y avait qu… quelqu’un d’autre ». Ça avait été ma première erreur. Alors que je sais pertinemment que je ne pourrai jamais épouser Elysée. Que je ne voudrai pas non plus entretenir une relation secrète avec elle, par respect pour ma future femme. Je suis ce lâche qui n’a pas osé dire à ses parents qu’il aimait déjà quelqu’un ; mais inutile que Diane subisse les conséquences de mes actes, aussi stupides soient-ils. Je n’aurais pas du lui dire qu’il y avait quelqu’un d’autre, tout simplement parce que ça n’a aucune importance. Il n’y a que Diane, désormais. Et ce sera comme ça jusqu’à ma mort. Elle régnera peut-être avec moi dans quelques années, à la place dont ma meilleure amie avait tant rêvé. Reine. À côté d’un infirme dont personne ne veut. Pas même Diane. Pas même mon amie. Parce que si elle est vraiment honnête avec moi, elle doit l’avouer : je ne suis pas l’homme qu’elle voulait. Le prince charmant sur son cheval blanc. Ça, c’est plutôt Marien. Marien qui est tellement mieux que moi. Qui est satisfait, sans doute, de sa future condition de Roi. Mais tu peux toujours partir avec lui, Diane. Avec le cousin plus beau, plus fort, plus charismatique. Il devra épouser une sang-bleue aussi, après tout. Mais oh, je te l’assure : il ne t’aimera pas autant que moi. Même si nous ne sommes pas amoureux, tu sais que nous avons des sentiments l’un pour l’autre. Tu préfères simplement limiter notre union à un acte officiel. À un papier chiffonné oublié au fond d’un placard. Nous ne serons jamais ça, Diane. Je le refuse.
Je pose ma main sur son bras. « Je tiens à toi, Diane ». Je le dis parce que c’est la vérité. Parce que je ne lui aurais pas donné rendez-vous pour lui parler de l’arrangement de nos parents si elle n’était qu’une camarade de plus. Diane m’a certes ignoré pendant une année, depuis la mort de Solange, mais je ne lui en veux pas. Même si j’ignore ses motivations. Je ne veux pas les connaître. Ce qui compte, c’est qu’elle me fasse confiance. |
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C. Diane Deulceux ◗ HIBOUX : 184 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : ARTHUR DE NOBLECOURT./WR∆TH./LOLA. ◗ CREDITS : CRIPSOW. TUMBLR. ◗ SANG : SANG-BLEU (DUCHÉ DE WALLONIE). ◗ PENSINE : ÉLECTRON LIBRE REDOUTABLE AU FLEURET, À LA RHÉTORIQUE ET AUX DUELS.
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Ven 22 Nov - 18:52 |
| Pour la première fois de sa vie, elle veut une relation aseptisée. Elle veut une relation saine et simple, où il n'y a pas de passion, où il n'y a pas d'amour, où il n'y a rien. Elle ne veut même pas y penser. Elle ne veut que de l'impersonnel, que deux noms signés au bout d'un contrat et voilà, c'est fait, c'est fini : on en parle plus. Elle aimerait que tout redevienne comme avant, que cet accord, ce mariage, ne soit qu'un peu d'encre coulée sur papier ; rien d'autre, rien de moins et, surtout, rien de plus. C'est trop douloureux pour Diane de penser à un plus. De penser à tout ça. Une autre songe-t-elle à nouveau, les noms défilant dans ses pensées à toute allure pour trouver qui. La question va la tarauder un long moment, de longues nuits, de longs cours, de longs jours. Les scénarios les plus inimaginables lui viennent en tête mais aucun ne lui convient. Qui, qui, qui, qui, qui ? Elle ne fait même pas attention si Dorian lui emboîte le pas ou pas ; tout ce qui compte, pour l'instant, c'est sortir de ce parc sans fondre en larmes ou trébucher pathétiquement en s'écroulant parterre et puis après, on verra. Un peu de dignité – enfin, les miettes qui restent. « Je ne veux pas d’un s-simple accord ! » crie le bègue, la faisant se figer rapidement et fermer les yeux un instant. Juste de quoi se rappeler qu'elle doit garder fierté et dignité, les porter comme une armure. Elle entend le crissement des pas de Dorian sur le sol, songe qu'ils font une sacrée paire, à se parler, tenter de partir avant de se faire inévitablement rattraper. Il a la décence de s'arrêter derrière elle et elle prend son temps pour effacer les dernières traces de larmes sur ses joues – perles salées perdues – et aux coins de ses yeux. Elle se passe une main dans ses cheveux, nerveuse, se force à rester impassible ; mais ne trouve pas le courage de se retourner vers lui. Si c'est pour voir ses yeux qui me tuent, non merci.
« Je suis désolé, je n’aurais p-pas du te dire qu’il y avait qu… quelqu’un d’autre » Non, tu n'aurais pas dû, Dorian. Tu aurais dû me mentir, tu aurais dû trouver un prétexte idiot ou, je ne sais quoi encore, me faire croire à un pacte ancestral entre nos parents. N'importe quoi. Pourquoi tu me fais ça ? pense-t-elle à toute allure, plus rancunière qu'elle ne le pensait. Amertume et rancoeur : deux sentiments dont elle était presque dépourvue, qui désormais font partie intégrante d'elle. A cause de lui. A cause de ce stupide Dorian Desclève, avec son sourire fragile, son bégaiement stupide et ses yeux mortels. Il ne fait pas exprès, elle s'en rend bien compte. Mais elle ne peut s'empêcher de lui en vouloir ardemment. « Je tiens à toi, Diane » Elle sent sa main sur son bras et, presque aussitôt, elle se retourne pour lui faire face. Elle lui adresse un petit sourire penaud, un petit sourire contrit et triste qui semble vouloir dire je suis désolée d'être si dramatique. Elle doit se contrôler. Ne montrer que le minimum vital d'émotions, comme sa mère lui a tant appris à faire à grands coups de tiens-toi et de contrôle toi. Mais comment se contrôler quand il la regarde comme ça ? « Et moi à toi, Dorian. » dit-elle simplement, et ça vaut tous les contrats et les demandes du monde. Elle inspire profondément puis, dans un élan de témérité propre à son écrin, se met sur la pointe des pieds. Il est trop grand pense-t-elle en se penchant en avant pour venir embrasser doucement sa joue, posant sa main sur son torse pour éviter de s'affaler entièrement sur lui. Puis de retourner à plat, lever les yeux vers lui avant de soupirer. « J'aimerais sincèrement t'aider, Dorian, mais je ne sais pas quoi faire. Je suis désolée que tu ne puisses pas-- » Elle baisse les yeux, se cache derrière une mèche de cheveux blonds. Je suis désolée que tu ne puisses pas épouser celle que tu aimes.
Un énième soupir et elle tend la main jusqu'à trouver la sienne. Glisse ses doigts entre les siens avant de le tirer à sa suite, pour l'empêcher de faire du forcing en restant dans le parc. « Rentrons à Beauxbâtons. Tu as apparemment un million de choses à me raconter. » lui dit-elle avec un ton léger, même si son regard en coin dans sa direction est lourd de sens. Quand bien même elle a envie de se boucher les oreilles et ignorer complètement cette autre, elle ne veut pas que Dorian soit malheureux avec elle. Car il le sera forcément. Car, comme toujours, elle ne sera pas suffisante. Son cœur appartient à une autre, qui est-elle pour oser penser qu'elle puisse lui convenir ? Elle aimerait l'aider, oui, sincèrement – empêcher cette union idiote et le pousser dans les bras de n'importe quelle bécasse au sang vicié qu'il puisse aimer. « Je m'en veux de t'avoir évité cette année, Dorian, reprit-elle avant qu'un silence gênant ne vienne s'installer entre eux. J'ai été égoïste, pardonne-moi. » Elle tourne le visage vers lui, sans cesser de marcher, sans desserrer son emprise moite et désespérée sur sa main. Avait-elle réellement envie de savoir ? Non. Evidemment que non. Elle pensa à son honneur piétiné, son cœur en miettes, ses lèvres encore brûlantes de la caresse de celles de Dorian. Elle songea au sentiment de trahison qu'elle avait ressenti quand il avait dit qu'il ne cesserait jamais de l'aimer. Elle songea à tout ça mais aussi, surtout, à l'amitié qu'elle ressentait pour lui, sa loyauté indéfectible envers la famille royale, son désir ardent de justice et d'amour épique pour toutes choses dans ce monde – sauf pour elle. Et finalement, alors qu'elle étudie minutieusement son profil, sa bouche s'entrouvre et elle lâche du bout des lèvres : « Parle moi d'elle. » L'autre.
Dernière édition par C. Diane Deulceux le Mar 26 Nov - 22:13, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Dim 24 Nov - 23:15 |
| Diane, je sais qu’elle sera toujours là. Toujours. Peu importe la manière dont les choses se passent. Seulement voilà : parfois, ça a de l’importance. Parfois, pour arriver au même résultat, il faut envisager plusieurs possibilités d’approche. La mienne en l’occurrence, n’avait pas été la bonne. Je suis vraiment pitoyable. Diane mérite mieux qu’un ami comme moi. Qu’un mari comme moi. Et pourtant, lorsque je lui dis que je tiens à elle, elle se retourne et me sourit. Alors que je m’attends à la voir s’évaporer, m’abandonner d’un instant à l’autre, elle s’ouvre de nouveau à moi. « Et moi à toi, Dorian ». Enfin, elle le dit. Enfin, elle cesse de me rejeter. J’arrive à la comprendre, à me mettre à sa place. À me rendre compte qu’une demande sortie de nulle part peut être terrifiante. Mais je suis finalement si heureux qu’elle m’accepte. Qu’elle me confie ses sentiments, aussi infimes soient-ils. Un baiser sur ma joue. Nous ne serons jamais vraiment mari et femme, n’est-ce pas ? Nous aurons beau prétendre, faire semblant, se montrer aux yeux du monde en tant que M. et Mme Desclève, nous ne nous aimerons jamais comme des amants. Nous aurions pu, pourtant, tu le sais. Si j’avais grandi différemment, si je n’avais pas connu Elysée. Si elle ne m’avait rien dévoilé. Je ne me serais pas rendu compte de mes sentiments pour elle, et j’en aurais très certainement développé pour toi. Tout aurait été tellement plus facile. C’est la raison pour laquelle je déteste ma meilleure amie, aujourd’hui. Elle me prive de la vie que j’aurais pu avoir. Cette vie que je désire, parce qu’elle est synonyme de simplicité, de bonheur, de moments complices avec une amie telle que Diane. Une femme, même. La belle rubissane se hisse sur la pointe des pieds et embrasse ma joue. « J'aimerais sincèrement t'aider, Dorian, mais je ne sais pas quoi faire. Je suis désolée que tu ne puisses pas— ». Elle baisse les yeux, semble presque se cacher. Mais je sais ce qu’elle veut dire. « Je sais » chuchoté-je doucement, écartant sa mèche rebelle du bout des doigts. Un soupir. Le temps semble suspendu autour de nous, attendant presque un signe de notre part. Je prends la main qu’elle me tend. La sensation de nos doigts entremêlés est étrangement agréable, et je me surprends à serrer sa paume contre la mienne. « Rentrons à Beauxbâtons. Tu as apparemment un million de choses à me raconter ». On va se marier, mon ancienne meilleure amie me déteste, ma sœur est morte depuis un an mais je continue de lire son journal intime. Non, je n’ai pas grand-chose à te raconter, au final… « Je m'en veux de t'avoir évité cette année, Dorian. J'ai été égoïste, pardonne-moi ». Je sens son regard sur moi, tourne doucement mon visage. Diane, si douce et sensible quand elle le veut. J’ignore toujours pourquoi elle a cessé de me voir. Pourquoi elle a maintenu une distance volontaire entre nous. Mais franchement, je ne sais pas si j’ai envie de le savoir. Ça ne m’aiderait en rien. Au mieux, ça me rendrait encore plus pessimiste. J’apprendrais que si elle s’est éloignée, c’est parce qu’elle aimait Solange et pas moi. Parce que je ne suis jamais suffisant. Je ne suis pas un bon ami, ni un bon amant. Rien de tout cela. Normal qu’elle ait fui en courant ; j’aurais fait pareil. Ou peut-être pas… Dévoué Dorian, si fidèle à ses amis qui ne lui rendent jamais la pareille. Je m’en fiche. Je ne fais pas ça dans l’expectative d’une quelconque répartie, mais parce que quand j’aime, je le fais de tout mon cœur, de toute mon âme. Sans rien attendre en retour. « Je n-ne peux pas te pa-pardonner, commencé-je doucement, les yeux dans les siens. Je ne t’en ai j-jamais voulu ». Je lui souris. Nous continuons de marcher, lentement. Je ne sais pas où l’on va, et je m’en fiche. Je veux rester avec elle, ma main dans la sienne. Je veux qu’elle continue de me rendre plus fort. Je veux qu’elle soit là pour moi, même si elle ne peut pas vraiment m’aider. Je plante de nouveau mon regard devant moi, de peur de craquer une nouvelle fois pour les grands yeux clairs de Diane. De peur de l’embrasser encore, et de la faire souffrir. « Parle moi d'elle », lâche-t-elle dans un souffle. Je hoche la tête par automatisme. « Oublie-la ». Oublie l’autre. Celle que je ne pourrai jamais avoir. C’est toi et moi, Diane. Ça ne sera jamais différent. L’autre. Elysée était devenue ‘l’autre’. Et si elle ne s’était pas confessée, toi et moi, nous aurions pu avoir un avenir. Mais maintenant, ma tête, mon cœur, mon être entier se consume à la simple évocation d’Elysée. De son sourire, ses yeux sombres. Elle est si différente de toi. Et je refuse que tu penses que tu la remplaces. Non. Il y a de la place pour vous deux. Et si tu deviens ma femme, si tout se passe comme prévu, tu seras la seule et l’unique. Je refuse de te faire souffrir. Mais je sens le regard pesant de Diane. Elle ne peut se contenter de ces mots. Elle les a trop entendus. Il y a quelques secondes à peine, je la sommais d’oublier avant de l’embrasser avec tendresse. Ma langue glissa sur mes lèvres à cette pensée, comme pour récolter les derniers fragments de la jolie blonde qui s’y seraient égarés. Puis je la regarde, hésite un instant, et parle enfin. « C’était ma m… meilleure amie. Je ne p-pensais pas qu’elle m’aimait… C-comment aurais-je pu y croire… ». Je suis le bègue dont personne ne veut. Le rebus, celui qui reste. Celui qu’on ne choisit pas. Aujourd’hui encore, je ne sais pas si Elysée est totalement honnête. Parce qu’après tout, pourquoi m’aimerait-elle alors qu’elle peut aimer quelqu’un d’autre ? Pourquoi moi, quand on peut avoir Marien ? « Ça n’a pl..plus d’importance » murmuré-je. Je serre doucement la main de Diane dans la mienne. Ça n’a plus d’importance si tu es là pour moi, toi. Si tu ne m’abandonnes pas. |
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Mer 27 Nov - 22:33 |
| « Je sais » Bien sûr qu'il le sait. Elle s'en veut un instant, de prendre le couteau chauffé à blanc et de le retourner dans la plaie déjà salée. Ou du moins c'est l'impression qu'elle en retire. Elle se demande ce que ça fait, que d'aimer quelqu'un – qu'il ne cessera jamais d'aimer – mais de devoir épouser quelqu'un d'autre. Elle se demande si elle lui fait mal. Elle se demande si elle représente tout ce qu'il ne désirait pas dans sa vie. Elle est bruyante, expansive, chiante, incroyablement dure (ou du moins, l'était fut un temps avec lui), l'a ignorée pendant toute une année après la mort de sa sœur, pas vraiment la plus jolie du lot et en plus, il ne l'aime pas et ne l'aimera jamais. Et pourtant, il a toujours cette tendresse, cette douceur dans ses gestes quand il écarte son rideau de cheveux blonds sur le côté, la faisant relever le minois pour darder son regard dans le sien. Idiot grince-t-elle intérieurement. Il est trop doux, il est trop gentil, il est trop trop mais pas dans le même sens qu'elle. Il ne peut que l'attendrir, avec ses grands yeux et ses grandes mains et ses grands soucis. Est-ce que je viens réellement d'accepter de l'épouser ? Devrais-je me réveiller tous les jours sur ce visage ? Est-ce réellement ce que je veux ? La question ne se pose pas. Non, ce n'est pas ce qu'elle veut. Ce n'est même pas ce qu'il veut. Elle se remémore, parfois, les paroles des haineux, des roturiers, des né-moldus ou des mêlés qui traitent la monarchie sorcière d'archaïque ; trouvant ces histoires d'alliances et de pouvoir ridicules et complètement dépassées. Et pourtant, c'est sa vie, c'est son lot. Elle se surprend à penser que – ô, blasphème ultime ! – parfois, ce serait mieux sans. Elle n'aurait pas à décevoir quiconque et surtout pas le Prince qui la regarde ainsi, regrettant qu'elle ne soit pas quelqu'un d'autre.
« Je n-ne peux pas te pa-pardonner, » Non, évidemment, tu ne peux pas pas. Je t'ai abandonné à ton deuil pour faire le mien, je t'ai tourné le dos du jour au lendemain, ai refusé d'évoquer ton nom, ai honni ta pensée pour le simple prétexte que tu étais et demeure son frère. Je suis horrible, Dorian, tu mérites tellement mieux, je suis désolée pense-t-elle à toute vitesse, sincèrement blessée en l'entendant. Elle n'a pas le temps de s'apitoyer plus sur son sort qu'il reprend aussitôt : « Je ne t’en ai j-jamais voulu » Son cœur reprend l'ascenseur dans sa poitrine et elle se détend imperceptiblement. Elle l'attire un peu plus contre lui et pose son autre main dans le creux de son coude : ils marchent côte à côte et, machinalement, elle repose presque sa joue sur son épaule. Il lui avait manquée, se rend-t-elle tout d'un coup compte. Il lui avait affreusement manquée, lui et sa simplicité tendre mais rassurante, lui et son air trop triste. Qui a tant changé, pourtant. « Oublie-la » Sa voix claque, inflexible. Elle veut l'oublier. Réellement. Elle ne la connait pas et pourtant, cette autre l'obsède. Elle sera toujours dans son ombre, toute sa vie. Dans l'ombre de celle qu'il aime, dans l'ombre de celle qu'il aimera jamais. Elle doute un instant quand à savoir si elle est capable de l'accepter, de vivre dans l'ombre d'une autre – quand elle croise son regard, elle sait que oui. Elle sait qu'elle l'acceptera si c'est pour lui. Car si elle ne sera certainement jamais heureuse, car si elle sait que cette union ne lui conviendra jamais – elle veut que ce soit le cas pour lui. Elle serait bien incapable de dire si c'est son dévouement à la famille royale et leurs vies, son affection pour Dorian ou juste son envie de voir l'amour jaillir autour d'elle qui parle ; en tout cas, elle sait qu'elle acceptera tout pour lui. Même un mariage.
Mais elle ne peut pas oublier. Elle essaie, vraiment, se force au calme et au silence en serrant imperceptiblement plus Dorian contre elle – à la fois pour profiter de sa douceur tranquille, à la fois comme pour se rasséréner. Toutefois, elle ne peut s'empêcher de le darder de son regard clair – sans doute car il l'a embrassée la dernière fois qu'il lui a intimé d'oublier –, dans l'expectative d'une chose inconnue d'elle-même. Finalement, lentement, il ouvre la bouche et parle ; elle reste silencieuse, presque pâle, avec ses cheveux soulevés mystiquement par le vent. « C’était ma m… meilleure amie. Je ne p-pensais pas qu’elle m’aimait… C-comment aurais-je pu y croire… » Et elle sait. Il ne lui en faut pas plus. Sa meilleure amie. Évidemment, songe-t-elle presque sans pouvoir s'empêcher de pincer des lèvres, regardant devant elle plutôt que le beau profil du prince. Qui d'autre ? « Ça n’a pl..plus d’importance » Si, ça a toute son importance. Comment rivaliser avec le souvenir mordant d'Élysée Berthelot ? Diane, elle, reste longuement silencieuse en faisant machinalement jouer les doigts de Dorian avec les siens, baissant parfois le regard pour regarder leurs mains entrelacées. « J'imagine que non. » dit-elle simplement, essayant d'avoir l'air décontractée quand bien même sa voix blanche est tendue, nerveuse. Elle préfère enterrer la comtesse dans un recoin de son esprit pour le moment – car quelque chose lui dit qu'elle n'a pas fini d'en entendre parler – et se concentre un instant sur Dorian. Son fiancé, son futur époux, un ami perdu mais heureusement retrouvé. Elle pense à un milliard de choses à son propos et, au moment où ils sont presque arrivés à la sortie du parc, elle s'arrête brutalement et l'incite à en faire de même. Sa main étroitement liée à la sienne ne le lâche pas, ses phalanges presque blanches tant elle le serre. « Je ne crois pas que tu comprends à quel point je suis désolée de te voir sacrifier ça elle, ton amour pour elle pour-- » moi Elle ne sait pas trop où elle veut en venir. Comme un flash, lui revient un épisode de tendresse – rares, ceux-là – avec sa mère, qui lui racontait son mariage avec son père. Un mariage d'amour : elle s'était défaite de toute responsabilité et tout engagement pour retrouver son cher Ferdinand et l'épouser sans demander l'avis de personne. Pourquoi ne souhaitait-elle pas tel bonheur à sa fille ? Cela dépassait la blonde. Elle aurait eu envie de lui promettre que lui, il aurait son heureux pour toujours, qu'il épouserait Élysée malgré tout si c'était ce qu'il voulait, qu'il aimerait sa meilleure amie de tout son soûl quand bien même devait-elle jeter l'opprobre sur son nom. Mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Elle déglutit. « Je ferai de mon mieux. » finit-elle par piteusement lâcher, délaissant sa main pour l'enfoncer dans son manteau avant de se détourner une énième fois et de sortir du parc. |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Dorian Charles Desclève ◗ HIBOUX : 164 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Alistair Adhémar ◗ CREDITS : Unserious ◗ SANG : premier Prince du Sang de France ◗ PENSINE : excellent duelliste, prince bègue dont tout le monde a entendu parler.
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. Mar 3 Déc - 10:11 |
| Je sais pertinemment que Diane connaît Elysée, et c’est peut-être ce qui rend les choses encore plus difficiles. Les deux fillettes formaient la seconde moitié de Solange et moi. Nos âmes sœurs, en quelque sorte… Elle a été témoin de tous ces moments passés avec la brunette, depuis mon plus jeune âge. Et si elle a vraiment bien regardé, elle sait que l’amour que l’on ressent l’un pour l’autre est ineffaçable. Parce qu’Elysée a pansé mes plaies, m’a permis d’être autre chose qu’un petit bègue. Elle ne s’est pas arrêtée à mon handicap, n’a pas été rebutée par l’enfant que j’étais. Rejeté de tous, sauf d’elle. Et de Diane, qui suivait Solange et n’aurait pas osé se moquer du petit frère. Pour les Deulceux, la fidélité à la famille royale était une chose naturelle, comme le sang qui coule dans nos veines. Qui d’autre pourrait accepter une demande en mariage sans hurler, sans se débattre ? Qui d’autre pour prendre pour époux ce prince dont personne ne veut ? Diane est décidément trop gentille, et c’est la raison pour laquelle je ressens une pression supplémentaire. Je ne peux pas la blesser, la briser. Je refuse qu’elle souffre. Pourtant, elle n’aura pas de mariage d’amour. Elle ne connaîtra pas la passion. Je l’ai déjà privée de tout cela. Et en plus, désormais, elle sait que mes pensées sont toutes dirigées vers Elysée. Il n’en faudrait pas plus pour rendre certaines filles folles de jalousie. Mais pas ma Diane, parce qu’elle fait preuve d’une abnégation sans égale. Ça n’a plus d’importance. Plus aucune importance. « J'imagine que non » répond-elle. Mon regard dérive sur nos mains enlacées. C’est si naturel. Avec Diane, pas besoin de se forcer. C’est peut-être pour cela que je ne fais rien pour arrêter ce mariage. Obligé d’épouser une autre qu’Elysée, je doute pouvoir trouver mieux que Diane. Notre relation coule de source. Elle est simple. Et la simplicité, c’est ce qu’il me faut. Je ne veux pas me marier avec une fille qui sera folle amoureuse de moi, parce que je ne pourrai pas lui rendre son amour. Je ne pourrai pas lui donner la réciprocité qu’elle attend. Diane, elle, ne m’aimera jamais, et ça me rassure. Ça conforte l’amitié que je ressens pour elle, ce sentiment si proche de l’amour mais si éloigné à la fois. Mais alors que je pense tout cela, que je me rassure en me disant que Diane est mon amie et que c’est tellement mieux ainsi, elle s’arrête soudainement. « Je ne crois pas que tu comprends à quel point je suis désolée de te voir sacrifier ça pour— ». Sa main serre la mienne avec une force jusqu’alors inconnue. Je me tourne, l’observe. Ses joues roses, ses yeux bleus, ses longues mèches blondes qui volent au vent. Diane, si différente d’Elysée. Je sais ce qu’elle pense. Elle croit qu’elle ne sera jamais à la hauteur. Il faut dire que mon ancienne meilleure amie fait toujours impression, partout où elle va. Elle sait se faire remarquer, elle sait attirer les regards. Bien mieux que Diane, sans aucun doute, parce qu’elle a confiance en elle. Mais ce que la jolie blonde ne comprend pas, c’est que mon amour pour l’héritière n’a rien à voir avec son physique, avec sa prestance. Elysée m’a sauvé il y a bien longtemps. M’a réveillé, m’a aidé à franchir les obstacles les plus délicats. Et j’avais été bête de croire que cette admiration que j’avais toujours ressentie pour elle ne se transformerait pas en amour. Elle m’avait ouvert les yeux au sommet de la tour carrée, lorsque les runes s’étaient illuminées. Elle m’avait fait comprendre que, peut-être, nos sentiments étaient réciproques. Que, sans aucun doute, j’avais sous-estimé l’affection qu’elle me portait. Et si c’est une grande chose à sacrifier, ça l’est surtout parce que j’ai perdu une amie dans la bataille. Elysée Berthelot ne serait plus jamais ma confidente. M’éloigner d’elle n’était pas mon souhait, mais je ne pouvais pas avancer dans la vie, je ne pouvais pas faire face à mes nouvelles responsabilités, si je pensais à elle en permanence. Si je continuais de la fréquenter, si je me rappelais chaque jour à quel point la vie était triste avant qu’elle n’arrive. « Je ferai de mon mieux » lâche-t-elle avant de se détourner de moi et de reprendre sa marche. Je soupire. Diane, qui ne se croit pas assez bien. Nous faisons une belle paire, au final. En quelques enjambées, je la rattrape. Je la prends par la taille, l’attire contre moi pour la forcer à s’arrêter. « Tu seras p… parfaite » dis-je dans un murmure. Je la serre contre moi quelques secondes, puis recule et dépose un baiser sur son front. Je refuse que Diane pense qu’elle ne vaut rien. Qu’elle n’est qu’une pâle copie d’Elysée à mes yeux. Elle est tellement plus que ça. Tout ce temps où nous étions amis, où elle fréquentait Solange, j’ai essayé de faire en sorte qu’elle m’apprécie. Parce que Diane dégage tellement de choses, parce qu’elle est si forte, si brave, que j’avais l’impression de ne jamais être à la hauteur. J’étais ce petit frère qui imite sa grande sœur, qui la suit presque partout. Ce garçon solitaire qui n’avait pas d’amis et qui tentait de se rendre intéressant comme il le pouvait. En faisant preuve d’humour, d’intelligence, mais en restant toujours dans l’ombre des plus grands. Tout ce temps, j’aurais tant aimé qu’elle me remarque, Diane. Parce que je l’admirais. Elle n’était pas enchaînée, comme toutes ces poupées de la famille royale. Comme mes cousines, qui semblaient plus soumises. Le fait d’être une sang-bleue ne semblait pas être un handicap pour elle. Imbattable en duel, indomptable, fière. Diane était cet électron libre que j’avais toujours voulu prendre pour modèle. Savoir aujourd’hui que je suis celui qui l’enchaîne, qui l’oblige à se soumettre à une vie qu’elle n’a pas choisie, me brise le cœur. D’ailleurs, elle doit avoir du mal à y croire. Dorian Desclève, responsable de son malheur. Le petit bègue aux yeux trop verts, au cœur trop grand. L’enfant qui souhaitait être aimé. Ce même gosse la prive de l’amour qu’elle pourrait recevoir de quelqu’un d’autre. Quelqu’un de meilleur. Je la regarde un instant, les yeux dans les yeux, puis reprends sa main et l’entraîne définitivement vers la sortie. Aussi incongru que cela puisse paraître, nous pouvons y arriver, Diane. Parce que nous sommes Dorian et Diane. Deux gosses qui n’ont rien en commun et qui, par un malheureux coup du sort, se retrouvent liés. Et ensemble, nous pourrons faire face ; je le sais. |
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| Sujet: Re: DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. |
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| | | | DORIANE › THE WORLD IS NOT A WISH-GRANTING FACTORY. | |
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