Mars 2003

Cher Journal,

Aujourd’hui quand je me suis réveillée, je me suis sentie bizarre. C’est pas la première fois que j’ai du mal à me reconnaître dans le miroir le matin. Maman me dit que c’est normal, que c’est parce que j’ai un don et que je dois encore apprendre à le contrôler, mais ça fait quand même bizarre parfois, de se voir avec un bec de canard à la place d’un nez et d’une bouche. C’est la première fois que je suis devenue un garçon par contre. J’avais les cheveux cours et un visage trop gros et mes dents du bonheur avaient disparues. Et puis j’avais un zizi entre les jambes. C’était moche et pas agréable. Maman continue de dire que c’est un don, mais un don, c’est positif non ? Je l’aime pas ce don. J’ai envie de me réveiller normalement, sans zizi et avec mon nez et ma bouche. C’est pas un don, c’est un cauchemar et que je veux que ça s’arrête. Mais il paraît que c’est pour la vie. J’aime pas ça, journal. A Beauxbâtons, on va se moquer de moi. Et puis Anaïs des fois, elle ne me reconnait même plus. Comme ce matin. J’ai beaucoup pleuré ce matin. J’aime pas pleurer. Rire c’est tellement mieux. C’est plus drôle. Tu crois que si je rigole au lieu de pleurer, je serai plus heureuse ? J’ai envie d’être heureuse, journal. Quand je serai grande, c’est ce que je veux être.

Septembre 2004

Cher Journal,

Benoît a décordé mon le piano ce matin. Je l’ai traité de vieux troll puant et lui de graine de goule. Il dit que c’est parce que je lui ai volé ses cartes de chocogrenouilles alors que je suis même pas rentrée dans sa chambre aujourd’hui. C’est pas de ma faute s’il fait pas attention à ses affaires. Je les ai volées la semaine dernière. Mais décorder le piano c’est pas du jeu. Il faut demander à un accordeur de venir le réparer maintenant et ça peut prendre des jours. Maman a crié après Benoît et il est puni. Il est de corvée cuisine pendant un mois, mais je suis punie aussi. Je suis de corvée vaisselle et comme j’ai pas onze ans, je dois tout faire à la main. C’est pas juste. Benoît il peut faire la cuisine avec la magie ça lui prend moins de temps. Et je suis sûre qu’il fait exprès d’utiliser pleins de casseroles pour me rajouter de la vaisselle. J’aimerais bien être une moldue, pour avoir une de ces caisses éléctoniques électroniques qui lave la vaisselle sans effort.

Et puis, à cause de Benoît j’ai encore eu un accident. Il paraît que j’avais les yeux et les cheveux tous rouges. Si je m’étais vue, je crois que j’aurai eu peur. Anaïs a crié en me voyant, elle a courue dans sa chambre et m’a évitée toute la journée. Ce don est moche, journal. Ma petite sœur a peur de moi et je sais pas quoi faire pour que ça s’arrête. Mais je n’ai pas pleuré aujourd’hui. J’ai rigolé. Ca m’a calmée. Même si je suis encore en colère de pas pouvoir jouer au piano pendant plusieurs jours.

Juillet 2006

Cher Journal,

J’ai reçu ma lettre de Beauxbâtons aujourd’hui ! Pour fêter ça et la rentrée de Benoît, on est tous allés à Orange. Benoît a peur de se tromper d’arche le jour J (il paraît que c’est comme ça qu’on appelle le jour d’un évènement important), alors papa et maman lui ont montré. Pour la première fois, j’ai pas eu à me concentrer pour ne pas changer de couleur de cheveux. Je suis restée avec les cheveux jaunes toute la journée. C’était pas du blond, mais vraiment du jaune. Comme le soleil. Parce que j’étais contente d’avoir reçu ma lettre. Et j’ai même une baguette maintenant. Elle fait un peu peur, même si je l’aime déjà beaucoup. Le vendeur a dit que c’est une baguette en bois de vigne avec un cheveu de harpie et qu’elle mesure 27,6 centimètres. Ce qui est bien c’est qu’on a pas pris beaucoup de temps dans la boutique. La baguette a commencé à faire de la magie quand on est entrés. Il paraît que c’est rare, mais que ça arrive parfois avec les bois de vigne. Mais j’aime pas trop la description. Elle est trop compliquée et je sais même pas ce qu’elle veut dire.

Quand on est rentrés, maman m’a fait un emploi du temps. Parce que je dois me préparer à rentrer à Beauxbâtons. Dans quatre ans, ce sera mon tour et j’ai hâte. Je dois encore apprendre à mieux contrôler mon don – je veux pas qu’on se moque de moi là-bas – et je dois apprendre la magie. Maintenant, les corvées vaisselles, je pourrai les faire avec la baguette. Ca ira tellement plus vite ! Mais je ne veux pas que Benoît parte. Qui est-ce que je vais embêter maintenant ? Anaïs elle est ennuyeuse et elle crie pour un rien. Faut pas lui dire, journal, mais Benoît va me manquer.

2 Mars 2011

Cher Journal,

Il faut vraiment que je te trouve un nom. Mais ce n’est pas le sujet du jour.

J’ai 16 ans aujourd’hui. Si j’avais été anglaise, je serai presque majeure et j’aurai bientôt le droit de passer mon permis de transplannage. Et Benoît qui me nargue cet abruti. Je le déteste. Mais c’est pas le sujet du jour non plus.

Tu sais à quel point je déteste mon don. Je l’exècre à un point que je ne peux même pas exprimer. Je déteste l’utiliser et lorsque je le fais, tu sais que c’est uniquement dans des cas extrêmes. Après tout, qui accepterait de passer la journée dans la peau d’un adolescent boutonneux ? – même si je dois admettre que c’est plutôt utile pour cacher les boutons. Je déteste me voir avec autre chose que mes attributs naturels. Est-ce que tu sais à quel point j’en ai marre d’entendre des commentaires sur ma poitrine ? Il paraît que je me grossis les seins volontairement. Non môsieur ! Les gens méritent des baffes rien que pour penser que je perdrais mon temps à faire ça. Je veux bien admettre que parfois, mon nez change, mais ça n’a rien de volontaire. Pareil pour la couleur de mes yeux. Et mes cheveux ? N’en parlons même pas. J’ai accepté depuis longtemps que la métamorphomagie fait partie de moi et j’ai appris à maîtriser la grosse partie de mes changements. Je peux les faire disparaître plutôt rapidement, retrouver ma forme originale en clignant des yeux. Les changements de sexe se font de plus en plus rares, Dieu merci. Mais mes cheveux restent mes pires ennemis.

Je ne suis pas particulièrement lunatique. Mes sautes d’humeurs, s’il y en a, ne durent pas plus de quelques secondes, mais c’est tout ce qu’il faut pour que mes cheveux changent de couleur. La longueur et la forme restent les mêmes tant que je ne l’ai pas demandé, mais passer par toutes les couleurs d’un arc en ciel en quelques minutes n’est pas particulièrement agréable. Non pas que je sente quoique ce soit. C’est simplement que j’ai parfois l’impression d’être un clown. J’attends le jour où je pourrai tirer profit de mon don. Où je pourrai l’utiliser avec plaisir et me montrer extravagante sans avoir les professeurs de l’Académie sur le dos dès que mon corps change, le plus souvent sans mon consentement.

Mais tu sais tout ça. Alors pourquoi est-ce que j’en parle ? Parce qu’aujourd’hui j’ai 16 ans et que j’ai réalisé pour la première fois que lorsque les gens me regardent de travers ou que je me fais réprimander, je m’en fous. Et ça fait un bien fou. Au moins je peux rigoler de la rumeur sur ma poitrine. Peut-être qu’un jour j’irai en cours avec des seins comme Pamela Andreson Anderson (c’est comme ça qu’elle s’appelle la blonde refaite de partout ? Les moldus sont bizarres quand même …)

1er septembre 2010

« Je vais me pisser dessus. » Le regard nerveux, rivé sur l’arc de triomphe d’Orange, Océane était figée sur place. La présence de son frère à ses côtés ne faisait qu’empirer la situation, mais elle ne lui fit aucun commentaire, par peur de le vexer. Il était son seul allié, son seul soutien dans l’enceinte de l’Académie, elle ne voulait pas déjà se le mettre à dos. « Tout va bien se passer. Tu sais comment ça se passe, tu as juste à te pencher sur la fontaine. » Le remarque de Benoît fit déplacer le regard d’Océane de l’arc, à son frère. Noir, rempli d’un mépris profond, il exprimait tout ce qu’elle ne pouvait pas à dire à haute voix : ta gueule, tête de gnome. « Encore faut-il que j’arrive à la fontaine sans tomber. » « Encore faut-il que tu ne tombes pas dans la fontaine. » « Tu as décidé de me contrarier aujourd’hui. » L’affirmation fit rire Benoît qui la laissa planter là en passant sous l’arche de droite. Levant les bras au ciel, Océane ne put s’empêcher de crier un « Lâcheur ! » qu’il n’entendit probablement pas.

L’heure avançait. Elle savait que huit heures approchaient et elle avait presque envie de repartir en courant se cacher sous sa couette. Ses parents ne disaient rien, se contentaient d’attendre qu’elle daigne enfin se tourner vers eux pour leur dire au-revoir, comme l’avait fait leur fils aîné. Mais Océane n’était pas décidée à le faire. Et Anaïs en avait visiblement marre. « Bon, c’est quand tu veux ! J’ai envie de rentrer moi. » Aaah Anaïs. 12 ans et déjà une tête à claque. Une grande Lefèvre en devenir. « Bah rentre ! Personne te retiens. » Mais la remarque n’avait rien d’incendiaire. Elle était bien trop nerveuse pour y mettre du sien. C’était officiel. Océane était une élève de l’Académie de Beauxbâtons et d’ici quelques heures, elle aurait sa pierre. Appartiendrait à un écrin. D’ici quelques minutes elle se serait déjà ridiculisée en s’étalant sur la Place des Triscèles et avec la glace enfin brisée, elle serait capable d’atteindre la fontaine lorsque viendrait son tour, sans avoir peur. Mais encore fallait-il avoir envie d’y aller sur cette Place.

« Si je suis en retard, je suis exclue temporairement, non ? Ca me plait bien cette idée. » Et cette idée fut accueillie par un coup de pied magistral aux fesses. Un cri traversa ses lèvres et elle sauta de surprise. Les mains posées sur son arrière-train elle se tourna vers sa sœur qui la fusillait du regard. La mine boudeuse, Océane la prit dans ses bras. « T’es un tyran. » Les bras d’Anaïs la serrèrent si fort qu’elle fut incapable de respirer convenablement. « Je vais te manquer. » « Vrai. » « Tu vas me manquer aussi. » Lorsque sa sœur la repoussa enfin, les fesses d’Océane embrassèrent le béton et elle ne put que fusiller Anaïs du regard. Chacune son tour. « Juste comme ça, une fois l’arche passée, le compteur est remis à zéro ! » « Petite joueuse. » La voix de sa mère accompagna sa main qui l’aidait à se relever. « T’as parié sur combien ? » demanda-t-elle en prenant sa mère dans ses bras. « Six. » Océane s’écarta violemment d’elle et manqua de tomber une deuxième fois. « Maman ! » « Quoi ? Ton père a parié sur 10 ! » Tapant du pied, Océane se tourna vers son père qui venait de lever les bras en signe de défense. C’était quoi ça ? La journée embêtons Océane, elle ne pourra pas se venger ? « Vous ne perdez rien pour attendre ! » marmonna-t-elle en embrassant son père sur la joue avant de prendre ses affaires et de passer l’arche sans un regard en arrière. Elle savait qu’ils étaient déjà en train de rire. Super la famille !

Décembre 2011

« T’as pas froid ? » Le regard pétillant, un sourire timide planté sur les lèvres, Océane secoua la tête. Le froid ne la dérangeait pas, sa cape la réchauffait et elle était bien trop distraite pour y faire attention. Elle savait que la terre se mélangeait à la neige qui commençait à fondre sous sa tête et son dos et que ses cheveux en étaient probablement devenus sales, mais ça n’avait pas grande importance non plus. Elle prendrait une douche et le problème serait réglé. « Qu’est-ce que tu fais ? » La voix de son frère la tirait de ses pensées, mais elle avait toujours l’impression d’être à des milliers de kilomètres. Si loin de ses problèmes qu’ils ne la dérangeaient plus. Qu’ils ne lui pendaient plus sous le nez, à attendre qu’elle puisse les résoudre. Mais cela restait une impression. Il suffisait qu’elle y repense, comme maintenant, pour qu’ils recommencent à l’embêter. Elle ne prit pas la peine de répondre à son frère, préférant hausser les épaules. Elle ne voulait pas parler. Elle avait des mots sur la langue, ceux qu’elle voulait sortir depuis plusieurs mois déjà, mais qui l’avaient pétrifiée jusque-là et qui lui pesaient sur la conscience à présent. Des mots qu’elle n’osait pas dire à son frère. Benoît. Peut-être son meilleur ami, mais aussi son pire ennemi. Elle sentait son cœur battre à un rythme irrégulier, ses doigts suivaient ce rythme en battant sur son ventre serré sous l’anxiété. Elle aurait tellement voulu y être, à ces milliers de kilomètres.

« Moment sérieux ? » Elle acquiesça d’un signe de tête et laissa Benoît s’asseoir à ses côtés. « J’aimerais bien voir des étoiles parfois. » murmura-t-elle sans jamais interrompre le rythme de ses doigts. « Pourquoi ? » La question était simple, mais Océane n’en avait jamais entendu de plus compliqué. Le pourquoi résonnait dans sa tête. Elle se le demandait depuis si longtemps. Et elle était fatiguée des questions sans réponse. Ca n’avait aucun sens. Et tout ce qui n’avait pas de sens avait tendance à l’ennuyer rapidement. « Je sais pas. Pourquoi pas ? »  Son frère n’offrit pas de réponse, mais il s’allongea aussi et ne réagit pas lorsque Cannelle apparut de nulle part, ronronnant dès qu’elle fut à proximité de sa maîtresse. Une excellente distraction pour Océane qui, pour la première fois de sa vie, n’avait pas envie, ni besoin, d’interrompre le silence. Elle savait que son frère lui tenait compagnie pour lui donner l’occasion de lui parler et elle savait que d’ici quelques minutes elle le ferait, mais pour le moment, elle profitait de l’instant. L’instant où elle l’admettait enfin, pour elle-même. L’acceptait. Il faisait froid, mais elle avait chaud. Elle éclata de rire d’un seul coup et elle ne fut pas surprise de ne pas voir son frère surpris. Il s’y attendait certainement et il rit avec elle. Cela ne dura pas bien longtemps, mais c’était suffisant pour Océane qui cessa enfin de taper des doigts pour caresser Cannelle. Son moment était passé.

« Benoît ? » Elle ne quittait pas le ciel noir du regard, mais elle savait que son frère venait de tourner la tête pour la regarder. Il ne l’avait jamais interrompue lorsqu’elle lui parlait. Il savait que lorsqu’elle était sérieuse il ne fallait rien dire. Pas avant qu’elle ait parlé. Benoît était son meilleur ami. Le seul qui la connaisse réellement. Elle savait qu’il l’aimait inconditionnellement. Il savait que c’était réciproque. Alors pourquoi avait-elle si peur ? « J’aime les filles. » Elle ferma les yeux lorsqu’il lui prit la main et rigola lorsqu’il répondit. « Moi aussi. ».

Août 2013

Océane n’était pas une fille émotive. Les larmes d’émotion avaient cessé de couler sur ses joues il y a bien longtemps, remplacées par les larmes de rires qui la secouaient tous les jours et pourtant … Pourtant il y avait quelque chose dans le son qui sortait de sa guitare qui lui donnait envie de pleurer. Cette musique qui lui donnait de quoi respirer encore, jour après jour et qui lui donnait une raison de sourire comme elle le faisait emplissait le salon et lui rappelait à quel point la solitude n’était pas pour elle. Le vide de sa maison la rendait mal à l’aise, le silence lui faisait peur et même se parler à elle-même n’arrivait pas à l’apaiser. Ses doigts grattaient les cordes dans un rythme qu’elle ne connaissait que trop bien et elle n’avait plus besoin de regarder les cases pour savoir où appuyer. Cette chanson avait été entendue si souvent, qu’il fallait être manchot pour ne pas être capable de la jouer. Et elle se mit à chanter. « Mange mes citrouilles et mes fenouils … » sans perdre une miette de la mélodie. C’était une torture, elle savait qu’elle l’aurait dans la tête pour le restant de la journée, mais cela la soulageait en même temps. En jouant, elle n’était plus aussi seule qu’elle ne le pensait. Et elle ne s’arrêta que lorsque la voix d’Anaïs se fit entendre par-dessus la sienne. « Ta gueule ! » Ses doigts s’immobilisèrent nets.

Océane adorait sa sœur. Elle adorait sa famille et ferait n’importe quoi pour eux, mais elle adorait également lorsqu’ils tombaient dans ses pièges sans même s’en rendre compte. C’était absolument délicieux de voir leurs réactions lorsqu’ils voyaient qu’ils s’étaient fait avoir et c’était encore mieux lorsqu’il s’agissait de la réaction d’Anaïs. Posant sa guitare à ses côtés, elle se cala confortablement sur le canapé, sans jamais quitter sa sœur du regard et sans jamais s’arrêter de sourire. « Quoi ? » La suspicion commençait à germer dans l’esprit d’Anaïs, c’était parfait. Croisant les bras et les jambes, Océane ne répondit rien, se contentant de la regarder avec un plaisir non dissimulé. « Sérieusement, quoi ? » Mais elle continua de garder le silence. Et Anaïs commençait à s’agiter. Personne n’aimait une Océane qui ne parlait pas. C’était un mauvais signe. Encore plus lorsqu’elle souriait de cette manière. « Océane. Qu’est-ce que t’as fait ? » « Tu te souviens du jour où tu as gagné ton premier pari ? » C’était une question purement rhétorique. Bien sûr qu’elle s’en souvenait. Toute la famille s’en souvenait. Océane était tombée douze fois le jour de sa rentrée et Anaïs, en ayant le chiffre le plus proche – le nombre étant treize – avait eu le droit de choisir le menu de la famille à chaque fois que Benoît et elle rentraient de Beauxbâtons. « Oui … » Anaïs, en bonne Lefèvre, en avait profité pour rendre Océane muette grâce aux omelettes de leur mère. « Tu t’es lavé les cheveux. » Et Océane, en bonne sœur, adorait se venger. Les moldus ne disent-ils pas que la vengeance est un plat qui se mange froid ?

Anaïs porta ses mains à ses cheveux et couru jusqu’au miroir le plus proche avant de crier. « Il y a prescription !! C’était y a trois ans ! » Mais Océane ne répondit pas, se contentant d’éclater de rire et d’enlacer sa sœur par derrière. « Avec de la chance ça partira dans une semaine, qui sait ? » Elle passa une main dans les cheveux à présent dressés de sa sœur. La couleur se dégradait, partant d’un noir ébène aux racines pour arriver à un jaune pétant sur les pointes. « Tout feu tout flamme, petite sœur. » « Océane, la rentrée est dans une semaine. » « Je sais. » Anaïs se retourna si vite qu’Océane perdit l’équilibre et tomba sur les fesses sur le parquet. Sa sœur était bien plus impressionnante vue d’en bas. Et cette coiffure ne lui allait vraiment pas. Eclatant de rire à nouveau, elle ne put s’empêcher le ronflement qui racla ses parois nasales, provoquant un son peu glamour qui la fit rire encore plus. « Je vais pas entrer à Beauxbâtons comme ça, Océane ! Il n’en est pas question. » « Pourquoi ? Tu ferais une entrée remarquée au moins. » « Oublie ! Je ne serai jamais aussi ridicule que toi. » « Eh ! Respect pour ses aînés ! » « Crève ! » Anaïs quitta le salon furieusement et claqua la porte de sa chambre, laissant Océane seule pour rire de son exploit. Si délicieux !