les améthysses attendaient impatiemment, fiévreux à l'idée d'organiser ce bal que tous attendaient avec un brin d'inquiétude. Les événements de l'année dernière étaient encore dans tous les esprits. Les étudiants de l'écrin auraient voulu que leur bal ne soit pas associé au décès de Carla de Peyrac, mais il était bien trop tard pour changer le passé. La tragédie du mois dernier sur la place d'Orange n'avait fait que davantage démoraliser les quelques améthysses. C'était comme si chacun de leur bal avait la lourde responsabilité d'affreux événements sur lesquels ils n'avaient aucun contrôle. Mais cela aurait été mal connaître la plupart des étudiants de l'écrin si original. L'horreur de l'année dernière et d'août s'étaient transformés pour la plupart d'entre eux en une ferme motivation de prouver à tous que leur soirée pouvait marquer les esprits dans le bon sens. Ils s'étaient malgré cela tous entendus pour qu'il soit le plus sobre de leur bal.

Le jardin d'acanthe s'était alors transformé pour l'occasion. Les graviers n'étaient plus, le sol devenant une rivière lisse de diamants violets d'où émanait la seule source de lumière, au fur et à mesure que la nuit tombait. L'ambiance tamisée donnait une atmosphère mystérieuse et envoûtante, des reflets mauves dansant sur les feuillages sombres du jardin. Chacune des entrées étaient décorées de voiles satinés couleur lilas, tandis que des plateaux de mets succulents - tous magiquement violets - virevoltaient élégamment autour des sorciers et sorcières déjà présents. Au centre, une fontaine majestueuse attirait le regard, l'eau cristalline semblait ensorceler ceux qui s'y approchaient, les poussant à danser sur des notes mélodieuses, et des chants de choeur féminin dont il était d'ailleurs impossible de trouver la source.

Vers 21 heures, soit une heure après le début des festivités, l'émissaire royal fit une entrée des plus sobres, si discrète et officieuse que les étudiants ne l'avaient guère remarquée. Il se dissimulait dans l'ombre, tiquant lorsque certaines jeunes filles portaient des décolletés bien trop plongeants pour le respect de la bienséance, ou que des jeunes hommes desserraient leur cravate. Il ne faisait cependant aucune remarque, toujours aussi silencieux depuis sa rentrée en septembre.

Que la soirée commence !

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