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| “madness is a prerequisite for any good journalist” | |
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MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Iann Kermarrec ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : alix ◗ CREDITS : kidd ◗ SANG : Vicomté du Trégor, sang plus ou moins mêlé
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: “madness is a prerequisite for any good journalist” Jeu 31 Oct - 19:50 |
| Iann Kermarrec
Le protocole Le petit vicomte du Trégor. C’est un titre de noblesse qui n’a strictement aucune valeur aux yeux d’Iann – aux yeux du monde entier, en fait. Il n’y voit qu’une passerelle pour accéder aux postes plus importants, pour se faufiler tout sourire entre la bourgeoisie empâtée, pour brûler la chandelle et les conventions par les deux bouts et ne s’en tirer qu’avec une tape sur les doigts. Iann veut des faits, des bouts de vérité étalés sur les unes des journaux, des preuves. Le reste, en attendant, n’est qu’une multitude de distractions sans importance avant l’obtention de son diplôme – qu’il n’aura sûrement pas, d’ailleurs, s’il continue de faire faire ses devoirs à des cinquièmes années. Le reste… ne lui sert qu’à meubler le temps qu’il ne passe pas dans son arrière boutique imaginaire, à rassembler ce gigantesque puzzle de l’aristocratie, pièce par pièce, avec une patience et une détermination infinies. Il ne dormira pas tant que tout ne sera pas en ordre.
- J’admire Madame Caillaux. - Comment peux-tu admirer une meurtrière ? - Je pense qu’il faudrait abattre plus de directeurs de journaux. Cela améliorerait peut-être le niveau de la presse.
NOM, PRÉNOM ☞ Parce que Dieu est miséricordieux. Iann, c’est une petite parade orthographique pour un couple anglo-breton qui n’arrivait pas à se mettre d’accord. Une graphie bricolée maison, une accentuation sur le i et un amorti sur le a comme on l’entend de l’autre côté de la Manche. Kermarrec, de son côté, n’inspire rien de plus qu’une vague moue de dégoût sur les lèvres : famille très (trop) diversifiée, recomposée, restructurée, raccommodée dans tous les sens, ouverte au monde entier et à toutes les disciplines, accueillant les étrangers, les hybrides et les moldus dans ses bras comme ses propres enfants et chérissant la mer autant que la liberté, on l’accuse aussi d’avoir des opinions politiques « trop aléatoires » et une vision des choses « trop anglaise »… AGE, NAISSANCE ☞ Né le 11 mai 1991 à Plougrescant, à la pointe du Comté de Penthièvre, Duché de Bretagne, il y a un peu plus de 22 ans. NATIONALITÉ ☞ Française, sans surprise. Bretonne même, soyons fous. Parce que – pour paraphraser la très célèbre famille Di Nannucci – il y a les sorciers français… et puis il y a les sorciers bretons. ASCENDANCE ☞ Ah, si vous saviez. L’arbre généalogique des Kermarrec est un mystère que personne n’a réellement envie de percer. Traces de demi-géants, de sirènes, de vélans ? Les rumeurs courent, se bousculent et ne se ressemblent pas. Accordons nous simplement sur le fait qu’ils sont tous plus ou moins sang-mêlés et très heureux comme ça. TITRE ☞ Le père, Erwin Kermarrec, est Vicomte du Trégor – un territoire qui occupe plus de la moitié du Comté de Penthièvre. À sa mort, ou du moins quand il aura atteint un stade de démence assez avancé, ce sera sa fille Katell qui fera honneur à leur devise en « suivant la lumière » à son tour ( Lucem sequimur). Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé de le refiler à Iann, son aîné, mais il n’est pas sûr que la lumière le guide au bon endroit (l’Antichambre), aux bonnes personnes (les danseuses de la Lune Rousse) et avec les meilleures intentions (secouer cette monarchie de coincés). Sans compter qu’Iann n’en veut pas, donc la question est réglée. ANNÉE D’ÉTUDE ET CURSUS ☞ Iann entame sa huitième année à Beauxbâtons. Élève plutôt bon mais aussi, malheureusement, plutôt feignant, il est connu de ses professeurs pour rendre des parchemins si raturés qu’ils ressemblent à des jeux de piste – la magie de l’effacement ayant même renoncé à ce stade – et pour exceller en pratique, ce qui s’avère assez inutile dans un cursus de mystères de la magie dont il se fout complètement. Oui, il s’est planté de branche. Et oui, il est désormais trop tard pour faire marche arrière. Pour se consoler, il étudie en douce les cours de politique et maîtrise magiques, multiplie les activités parascolaires et entraîne ses plumes à écrire sans lui. Quant aux DIADEMS de cette fin d'année… et bien il s’y pointera au talent, hein ? RESPONSABILITÉS, ACTIVITÉS PARASCOLAIRES ☞ Membre de l’équipe de polo de son écrin, de la chorale quand elle est en manque de musiciens, mais aussi du club de duels et de l’atelier de madeleines (de… pardon, de peinture), Iann joue sur plusieurs tableaux à la fois – sans mauvais jeu de mots. À défaut de pouvoir former un club de journalisme digne de ce nom (« Aucun étudiant ne formera de club, réunion, rassemblement, à caractère politique puissant contrevenir à la neutralité de l'Académie »), il participe également à la rédaction de l’hebdomadaire indépendant Le Griffon Délivré où il a déjà travaillé pendant plusieurs vacances, et passe désormais plus d’heures à jouer au reporter qu’à la belote sorcière, pour vous donner une idée de son engagement. PATRONUS ☞ Tu auras mes plumes mais tu n’auras pas ma peau. Jouons aux devinettes. Je suis aussi grand qu’une oie. Je possède un bec très long, droit jusqu’à la pointe où il se termine par un croc. Noé m’a donné une couleur noire pour me punir. On m’appelle « le corbeau de mer » derrière mon dos et, récemment, on a même été jusqu’à me qualifier de fléau. D’après La Fontaine, je suis fourbe et vorace. Pour les tribus amérindiennes, je suis un être primordial, juste et impartial dont la mission est d’organiser le monde, de le civiliser et de transmettre la connaissance. Moi, Grand Cormoran, peux donc représenter soit le soleil et la sagesse, soit l’obscurité et la destruction. Mais l’on retiendra plutôt la vision des amérindiens, si vous le voulez bien. Plus classe.
Dorures et Ornements LES VALISES : Puisque les valises d’Iann sont toujours relativement vides, commençons par ce qu’elles ne contiennent pas : un animal de compagnie. Il a essayé, pourtant. Il avait une salamandre qu’il aimait beaucoup mais qu’il avait tendance à oublier de nourrir, donc qui a fini par mourir. Deux fois. Sa sœur lui a ensuite offert un gecko qu’elle venait d’attraper : il a réussi à le garder une semaine et à se faire mordre vingt-cinq fois avant que la bestiole ne profite d’une seconde d’inattention pour se faire la malle. Il n’a pas eu la patience d’apprivoiser quoi que ce soit d’autre. Et les hiboux sont vraiment trop idiots à son goût. Pas de livres non plus, puisqu’il a pris l’habitude de les emprunter (et de ne jamais les rendre), ni de gri-gri digne d’être mentionné (non, aucun bijou en forme de triskèle à déclarer). Il trimballe en revanche une pensine portable, une trentaine de cravates, du sable en bouteille, une pierre ressemblant à s’y méprendre à une pierre de résurrection (mais pas assez pour les connaisseurs, visiblement, sinon il l’aurait vendue depuis belle lurette) et beaucoup, beaucoup, beaucoup d’anciens journaux. Sans oublier sa baguette, très courte, épaisse mais légère, rapide et très flexible. Elle mesure 22,5 cm, est faite en bois blanc de peuplier (l’arbre du peuple, littéralement) et possède un ongle du plus breton de tous les lutins : un Korrigan.
| BEAUXBÂTONS : Le cursus qu’il a choisi dès sa troisième année vous laisse perplexe, et c’est normal : c’est le résultat d’un pari (stupide) qu’il a perdu. Il pensait sincèrement qu’il finirait par se passionner pour les mystères de la magie à force de persévérance : la mayonnaise a failli prendre pendant quelques mois, le temps qu’il découvre ses nouvelles matières et fasse le tour de ses possibilités d’avenir, puis elle s’est lamentablement décomposée quand il a réalisé que ce cursus ne lui conviendrait jamais, et en a été réduit à inventer une plume qui puisse écrire des pages et des pages de dissertations sans lui. Il assume, ceci dit. Puisque son père veut absolument qu’il finisse sa scolarité, il s’est décidé à aller jusqu’au bout, sans grand souci du résultat, et profite des avantages qu’offre le palais de Beauxbâtons tant qu’il peut (l’hébergement et le couvert, exquis, le polo, les duels où il peut flanquer une raclée à ces imbéciles de royalistes, les bars d’Orange à proximité et puis, non négligeable, cette charmante distraction que sont les demoiselles de Beauxbâtons…), avec la passion un peu démesurée de celui qui n’a rien à perdre.
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ACTUALITÉ POLITIQUE : La « disparition » de Solange Desclève – euphémisme utilisé dans les journaux et qui n’avait d’ailleurs aucun sens : elle n’avait pas du tout disparu, son corps gisait, là, sans vie, sur son grand lit à baldaquin couvert d’oreillers moelleux – l’a agacé au plus haut point. Pendant que tout le monde se lamentait sur la princesse défunte, on ferma les yeux sur le scandale touchant les joueurs des Ailes de Chantilly, accusés de tricherie lors de leur dernier match. Les joueurs sautèrent sur l’occasion, multipliant les déclarations et les condoléances dans la presse, s’assurant un véritable capital sympathie de la part de la population – une manœuvre loin d’être stupide, car qui aurait osé s’en prendre aux joueurs en plein deuil national ? L’affaire fut étouffée, comme bien d’autres, et Iann et la rédaction du Griffon Délivré furent forcés de ronger leur frein. Les disparitions de duchesses étaient peut-être rares, mais pas la disparition de preuves. D’où la nécessité de… de se pencher à nouveau sur la révolution de 1832, tout en prenant exemple sur les Américains, le peuple sorcier le plus tolérant, moderne et libre de tous. | PARTICULARITÉ : Une encyclopédie. Selon Iann, ce serait le parfait objet en lequel se réincarner. Imaginez un peu : vous êtes un énorme bouquin aux pages débordantes de définitions et d’illustrations, vous connaissez tous les sujets sur le bout des doigts, rien ne vous échappe, rien n’est incompréhensible et vous enseignez avec patience vos connaissances à tous ceux qui tournent vos pages. Une encyclopédie soigneusement rangée, au centre d’une pièce lumineuse, ayant vue sur la mer. Seul problème : à vouloir tout connaître, tout faire, tout voir, Iann a aussi tendance à tout faire à moitié. C’est un joueur de polo trop agressif ou bien complètement ailleurs, un peintre du dimanche qui devient absolument médiocre quand il essaye de s’intéresser à autre chose qu’à la mer, un habile duelliste qui laisse gagner ses adversaires, un musicien inconstant qui suit sa propre partition et refuse de se noyer au milieu de l’orchestre… Sa capacité de concentration est, très objectivement, nulle. Sauf quand il s’agit de du Griffon Délivré. Il pourrait donner un bras, une jambe, un œil ou même sa baguette (sa baguette !) pour pouvoir travailler à temps plein au journal, poursuivre ses petits travaux d’investigation, surveiller le Magistral à la loupe et être le premier à avertir la France le jour où la tête du Roi tombera. |
Les notes de la duchesse (par non-respect pour les duchesses, celles-ci seront déballées en vrac) Pour une raison qui lui échappe, Iann est toujours au courant de tout alors qu’il fuit les ragots comme la peste. Il est incapable de résister à une bièraubeurre, un vin-maison ou une fille qui pleure. C’est assez pitoyable, il en est conscient. On l’a initié assez tôt au violoncelle, un peu scolairement, pour la forme et le côté noble de l’instrument, mais il l’a vite dévié de sa fonction classique pour l’accorder à ses goûts : il n’y a qu’à voir son archet en lambeaux. Son instrument fétiche, lui, tient dans sa poche et est à peu près aussi estimé qu’un triangle au sein d’un orchestre : un harmonica. Un fin rameau d’olivier est tracé à l’encre d’armoise le long de son dos, côté droit. Parce qu’il n’a pas l’étoffe d’un révolutionnaire pur et dur, seulement celle d’un conciliateur. S’il se trouvait face à un épouvantard, celui-ci représenterait sans aucun doute une armée de banshees, ou lavandières de la nuit comme il les appelle chez lui. Depuis qu’il est allé rendre visite à un oncle à la prison d’Ys en compagnie de son père, il frissonne à leur simple souvenir. Grand fan des Chevaliers Bretons, il ne manque pas une occasion d’aller assister à leurs matchs, quel que soit le prix des billets. Et s’il s’avérait qu’il était fauché, eh bien, il n’aurait aucun scrupule à vendre sa grand-mère. Il a deux demi-sœurs, toutes les deux plus jeunes que lui, filles d’une petite noble qui a très vite trouvé le bonheur dans les bras d’un collègue de leur père. Il semblerait qu’Erwin souffre d’une malédiction d’un genre nouveau : récupérer systématiquement les enfants des femmes qu’il a aimées, mariées, engrossées, et qui finissent par le quitter. Iann n’a vu que deux ou trois fois sa mère, lors de rencontres planifiées qui les mettaient tous les deux dans l’embarras : une anglaise, née moldue, que son père avait connu lors de ses quelques voyages à l’étranger. Le courant étant mal passé, ils se sont accordés sur le fait qu’il était inutile de recommencer.
L'écrivain anonyme PSEUDO / PRÉNOM: Alix, fidèle non-membre depuis... ! ÂGE: 22. PRÉSENCE : 2,3,4,5,6 ? / 7 jours. COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM: par propagande COMMENTAIRE(S): Pour que ce forum me réconcilie avec Word... il fallait un petit miracle. Je commençais à penser que les rpgistes comme vous avaient été rayés de la surface de la Terre, ou bien qu’ils se réunissaient en douce sur des forums cachés et inaccessibles, étaient passés du côté obscur de la force ou avaient abandonné la bataille. Et si le couple HP-monarchie m'a laissé sceptique au début, là, c'est bon, après avoir passé 7 mois à zieuter le forum on doit pouvoir dire que je suis CONQUISE AVATAR: la silhouette d'Eddie Tucker (parce qu'il est fort probable que j'en change, un jour) MOT DE LA FIN: Vous me le refaites jamais, hein, le coup de la répartition-suspense-de-8-mois ça me fait tellement plaisir de revoir Ad Astra sur pied, vous n'avez même pas idée...
Les banalités protocolaires REGISTRE A : Eddie Tucker REGISTRE B : Iann Kermarrec REGISTRE E : 8ème année, écrin (? surpriiise) REGISTRE F : Occlumens ? (mais apprenti et médiocre, à vous de voir si ça vaut le coup de prendre une place pour ce... ça) REGISTRE G : Vicomté du Trégor < Comté de Penthièvre < Duché de Bretagne REGISTRE I : Grand Cormoran REGISTRE J : Equipe de polo (joueur III) REGISTRE K : Démocrate
Dernière édition par Iann Kermarrec le Jeu 13 Fév - 20:18, édité 2 fois |
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Iann Kermarrec ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : alix ◗ CREDITS : kidd ◗ SANG : Vicomté du Trégor, sang plus ou moins mêlé
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: Re: “madness is a prerequisite for any good journalist” Jeu 31 Oct - 19:50 |
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Les allégories princières “ Are you like everyone else in thinking that, because she’s a countess, she has acquired universal knowledge by divine intervention? ”
Mélangeons les couleurs. (parce que raconter une histoire dans l’ordre serait trop facile) Le grincement de la porte fait s’évanouir conversations, concentrations et dégustations. Les regards viennent tous s’accrocher à la poignée qui vient d’être tirée, les pinceaux restent suspendus en plein mouvement, les miettes de gâteaux dégringolent sur les pantalons et il ne reste qu’une lointaine mélodie de clarinette pour perturber le silence. Sélène a un vague sourire à peine désolé puis claque le battant derrière elle. Quelqu’un reprend sa respiration, retire le doigt qu’il avait enfoncé sur la touche pause et l’ambiance joyeusement bordélique de l’atelier de peinture reprend. Comme si de rien n’était. Sélène s’approche, il peut voir ses longs cheveux noirs et emmêlés apparaître entre deux toiles, il l’imagine se glisser en silence derrière les chevalets et éviter de peu des éclaboussures de peinture, puis soudain elle est là, installée sur un tabouret sorti de nulle part, à vingt centimètres du sien. - Je t’ai attendu. Le constat le surprend un peu. Il s’attendait à la colère, au reproche ou au chantage mais sûrement pas à ce détachement, cent fois plus insultant. Au milieu des rires et des couleurs, sa présence paraît déplacée, un peu comme la Faucheuse qui s’inviterait autour de la dinde de Noël. Il avait déjà pensé à Sélène de mille façons différentes au cours des dernières années mais jamais, jamais, il ne l’avait associée à quelque chose d’aussi sinistre. Prendre conscience de ce virage lui donne le tournis. Il veut déglutir mais réalise qu’elle l’interprètera sûrement comme un signe de malaise, à juste titre, alors il se retient, feint une quinte de toux et reprend sa toile en peignant n’importe comment. Il ne fait pas exprès de l’ignorer. C’est juste une sale habitude. Ça marche, la plupart du temps.
Unan Ils descendaient les marches deux par deux, lui, pressé sans raison apparente, la cravate desserrée et des destriers tintant joyeusement dans ses poches de pantalon et elle, le regard sombre, traînant son équipement d’équitation des deux mains. Les graviers crissaient sous leurs semelles de cuir. C’était un jour ensoleillé, doux, parfait pour venir se prélasser dans les jardins d’Acanthe mais il était évident que c’était là la dernière de leurs préoccupations. Plongée dans ses pensées, Cyrielle mit d’ailleurs une seconde de trop à réaliser qu’Iann était parti sur la droite. Sans l’avertir. Machinalement, elle fit un pas pour le rejoindre mais il l’arrêta. - J’en ai pour cinq secondes. Avant de disparaître derrière une haie et de repousser d’une main agacée un papillon venu battre des ailes sous son nez. Rémi était à son endroit habituel, bien planqué derrière un massif de rhododendrons, griffonnant sur un parchemin qu’il s’empressa de faire disparaître lorsqu’il réalisa qu’il avait de la compagnie. Sourires brefs, vagues signes de tête en guise de salut : la transaction pouvait démarrer. - Quatre parchemins sur la symbolique des pierres précieuses dans l’élaboration des épées. Les gobelins serbes du XIIème siècle ont apparemment fait des commentaires très pertinents là-dessus.Iann se pencha et versa trente destriers dans la main de Rémi qui s’était instinctivement ouverte. - A rendre pour quand ? - Dans une semaine. Ce fut au tour de Rémi de fouiller ses poches et d’en ressortir un unique parchemin qu’il parcourut une dernière fois des yeux avant de le tendre, satisfait, à son complice. Une simple carte d’Astronomie, bourrée de légendes toutes plus mal écrites les unes que les autres et tachée d’encre à tous les coins. Un parchemin digne d’Iann : parfaitement illisible. - Tu as réfléchi à ce que je t’ai dit l’autre jour ?Les yeux de Rémi se mirent à chercher frénétiquement une sortie de secours. - Je… je suis pas sûr de vouloir m’engager là-dedans. - Tu es déjà dedans. - C’est seulement des parchemins… - Mais tu as les sortilèges de base. Essaye-les sur des objets. Vois ce que ça donne. - Mais… mais ce serait de-de la contrefaçon et…. et… - Ce serait de la fabrication maison. Et tu es très doué pour ça. Sans compter que tu te mettrais bien plus de destriers en poche. Il paraît que tu veux offrir un Maubrel à ta sœur pour son anniversaire ?Face au regard surpris de Rémi, Iann haussa les épaules, un sourire bienveillant aux lèvres. - Simple suggestion.Cyrielle l’attendait sur le sentier principal, l’air un peu perdue au milieu des élèves enjoués, insensible au soleil qui s’accrochait à chaque mèche de ses cheveux d’or. Resplendissante. Pendant deux secondes, il s’en voulut de prendre si peu soin d’elle, de ne pas l’attendre à la fin de son entraînement de voltige comme elle le faisait pour ses entraînements de polo, de ne jamais l’emmener à Orange pour s’y balader main dans la main, de ne pas l’embrasser au clair de lune et de toujours finir cachés dans le fenil au-dessus des écuries, du foin plein les cheveux, ou le pantalon. Et puis ce brusque accès de tendresse se volatilisa. Ils reprirent leur route à travers les jardins en silence, de bon pas, jusqu’à arriver au croisement qui allait les séparer. Lui, en direction du grand Arc, elle, en direction des écuries. Cyrielle s’arrêta, semblant émerger d’une profonde réflexion. - Tu n’irais pas voir ailleurs, par hasard ?Il s’arrêta à son tour et parut réellement réfléchir à cette question, aussi incongrue soit-elle, avant de raccrocher son regard au sien. Bleu, limpide, et tout à fait indifférent. Pressé, bordel. - Non... Pourquoi ? Toi, si ? - Non, je me demandais simplement, vu que je ne sais jamais où tu vas… - Je crois que je serais plus subtil, si c’était le cas.Allons, bon, ne versons pas dans les sarcasmes. - Ah, tu crois ? Bonne nouvelle… Et tu crois que tu me le dirais si un jour tu en avais marre et décidais de– - Mmmh, je suis déjà en retard. A tout à l’heure !Il planta un baiser sur ses lèvres et accéléra le pas en direction de l’arche. Pas le temps pour des conneries pareilles. - … décidais de me planter là comme une pauvre fille ? Bien sûr que oui, Cyrielle, tu sais bien que je suis un parfait gentleman !Elle le regarda s’éloigner, perplexe, avant de lâcher un soupir qui aurait pu faire trembler la Terre entière. Il y avait des jours où c’aurait même été son devoir de le larguer. - L’infirmière m’a dit que certains cauchemars pouvaient laisser des traces de ce genre. Silence. - Elle m’a cru. Ou bien elle a préféré faire semblant. - Clarence aurait pu te faire une potion. Il ajoute un peu de noir à la palette et reprend son grand camaïeu de gris. Sélène se penche légèrement en avant, paraissant enfin s’intéresser à la toile, avant de lever nonchalamment le bras gauche et de lui mettre son poignet devant les yeux. Ce qu’il voit est violet. Non, bleu. - Je ne lui ai montré que ma joue. La crème permet de guérir et de dissimuler à la fois. La potion de Clarence, elle, aurait mis des jours avant de faire cet effet là. Son bras se baisse et il reprend sa peinture tout en sentant que ses mâchoires sont en train de se crisper, que des pensées contradictoires se livrent un duel féroce quelque part sous son crâne et que l’envie tout à fait déplacée de la gifler, à nouveau, se propage comme un fourmillement jusqu’au bout de ses doigts. Il devrait être désolé. Il sait qu’elle attend des excuses. Mais il a toujours été un piètre menteur. - Mêle-toi de ce qui te regarde, la prochaine fois.
Daou Des serpents de fumée envahissaient encore sa tête quand il poussa la porte. Ou plutôt, tenta de la pousser. Impossible de mettre la main sur la poignée qui sautillait joyeusement d’un bout à l’autre du panneau en bois en lui riant au nez. Quoi, tu n’es même pas capable de m’attraper ? Oh, allez, un petit effort et je suis sûre que tu vas y arriver… Haha, ou pas. Iann s’apprêtait à rassembler toutes ses forces et à aller se fracasser l’épaule contre cette maudite porte d’entrée – l’ivresse ne voyant pas vraiment l’intérêt d’utiliser une baguette magique, bien sûr – quand la malheureuse s’ouvrit. Toute seule. Il se précipita dans l’entrée avant que sa chance ne tourne et s’agrippa aussitôt à la rampe d’escalier pour éviter de perdre l’équilibre. Il aurait juré qu’il avait visé droit, pourtant. - Iann ?Il était six heures du matin et quelqu’un avait cru bon de se lever pour profiter dès l’aube de ce merveilleux dimanche pluvieux. Imbéciles. Foutez-moi-la-paix. Il se pencha pour enlever ses chaussures mais trouva que le monde tournait un peu trop vite à son goût, alors préféra les bousiller en écrasant les contreforts du bout des pieds. Après avoir créé une petite plage de sable sur le parquet, il se rendit compte qu’il avait une bouteille vide à la main et pas la moindre idée de la façon dont il était rentré chez lui. Au Manoir Kermarrec, avait-on dit en rigolant, plus tôt, sur la grève. Un beau tas de ruines en bordure de mer. Marie avait alors préféré détourner les yeux et embrayer sur un autre sujet de conversation, craignant que ses nombreux passages au « Manoir » ne soient remis sur le tapis, ainsi que ses dérapages (à elle), puis la route chaotique vers la rémission (pour lui). Ensuite, elle s’était tournée vers Adrien et ses cils avaient papillonné tout le reste de la soirée. Salope. Il revoyait encore les longs rubans de fumée couleur anis s’échapper de ses lèvres et s’était soudain mis à regretter que Kristen soit déjà rentrée chez elle. Puis tout avait fini par s’évaporer. Un voile d’une teinte désormais habituelle, vert bouteille, s’était déroulé devant ses yeux à la manière d’un store. - Iann ?Il reconnut la voix de son père qui l’appelait depuis la pièce d’à côté. Avant même de poser un pied dans le salon, il savait qu’il le trouverait penché au dessus de l’immense table, noyé dans la paperasse, prêt à entendre des explications qu’il n’était pas d’humeur à donner. Et il avait vu juste. Erwin enleva lentement, très lentement, ses lunettes quand son fils apparut dans l’encadrement de la porte, comme si ce geste allait lui donner la patience et la tolérance nécessaires pour désamorcer cette chose particulièrement inflammable qui se tenait devant lui. - J’ai croisé Martel. Il t’attend avec impatience, comme tous les ans.Il avait pris un ton neutre, professionnel, à la limite de l’indifférence, le genre qu’il réservait à ses employés les plus ignares. Pourtant son expression révélait une lassitude qu’Iann ne lui avait jamais vue, celle d’un homme épuisé à qui on en demande trop, qui cherche depuis toujours à équilibrer ses deux vies et qui n’y arrive pas. Les affaires du Ministère des Affaires Intérieures pataugeaient parce que son propre fils avait la tête sous l’eau. - Il aurait besoin de toi un peu plus tôt cette année, quelques semaines avant le début de tes vacances officielles. La rémunération en serait doublée, naturellement. Alterner entre son stage chez un spécialiste de dragons clairement cinglé et la rédaction au Griffon ? Oui. Oui. Oui. Oui. Il fit un effort surhumain pour choisir et articuler correctement ses mots, pensant que si son père n’avait fait aucune remarque, c’était qu’il ne devait pas être dans un état si lamentable que ça. Pauvre naïf. - Avec. Plaisir !Son père regarda sa montre : - Parfait. Il te reste désormais une heure et vingt minutes pour décuver. Iann sentit le plancher tanguer sous ses pieds. - Une heure ? - Et vingt minutes, oui. Je t’aurais bien averti quand j’ai eu l’information, c’est-à-dire il y a quatre jours, mais comme tu sembles préférer la rue à la maison, ces temps-ci… - Mais… et les hiboux, putain, tu connais ?!Le regard de son père se glaça. Il n’aimait pas qu’on lui parle sur ce ton. Il n’aimait pas la voix pâteuse de son fils, ses yeux tout à fait défoncés, ce réflexe idiot de s’en prendre à lui, lui son père, alors qu’il se foutait tout seul dans le pétrin. Il haussa un sourcil et percha ses lunettes sur le bout de son nez, message l’avertissant que la conversation allait se terminer ici. - Et la dignité, Iann, tu connais ?Oh putain, non. Pas une leçon de morale à cette heure là. Iann leva les yeux au ciel, s’apprêta à répondre, quoi il n’en savait rien, répondre quelque chose qui ne le rendrait pas si prévisible aux yeux de son père, mais l’autre le coupa, agacé. - Fais au moins l’effort d’être présentable, veux-tu.Puis il se replongea dans ses parchemins. Iann abandonna, tourna le dos, prêt à s’enfuir par les escaliers. Il ne sut pas très bien si c’était son père ou bien son imagination, mais il aurait juré avoir entendu un petit reniflement dédaigneux, suivi d’un murmure : - Ironique, non, que tu veuilles devenir journaliste quand on sait que tu n’es même pas foutu d’écrire tes propres parchemins…- Ibanez allait te dénoncer, j’espère que tu es au courant. - Je le suis, merci. - Oh… pardon, j’ai dû louper un épisode. Tu voulais te faire renvoyer, en fait, c’est ça ? - Qu’est-ce qui te dit que je me serais fait renvoyer ? - Tu veux peut être en avoir le cœur net et monter voir Aliénor ? Que je lui montre aussi comment tu m’as broyé le poignet pour une minable plume à papote ? - Ce n’était PAS une plume à papote. - Une plume qui écrit toute seule, n’importe comment, pour moi c’est une pl… - Elle n’écrivait pas n’importe comment. - Mais elle écrivait toute seule. - Eh bien maintenant que tu l’as brûlée, je suppose qu’on ne connaîtra jamais son nom, n’est-ce pas ? - Ça te tuerait de montrer un minimum de reconnaissance ? - Oui, j’en ai bien peur. - Je suppose que tu connais le sixième point des obligations, Iann… Ne m’oblige pas à aller voir Aliénor juste parce que tu as trop de fierté pour t’excuser. J’ai sauvé ta peau, abruti, mets-toi bien ça dans le crâne.
Tri - … Le jour de la Saint-Kadog, le Saint Patron des korrigans. La tradition veut que ce jour-là ils racontent des histoires, de lutins bien sûr, et toujours en exagérant. Le premier korrigan commence : « Ne cherchez pas ! je suis le plus petit. Et c'est de famille ! A l'époque où mon pauvre père vivait et où un lutin était encore un lutin, il passait sous le poitrail d'un sombral sans avoir à se baisser ! » - Je n’arrive toujours pas à comprendre comment une harpie a pu se glisser là-dedans… - Et on dit que leur carapace est aussi épaisse qu’un triple fond de chaudron. A seulement 16 palefrois, ça sent l’arnaque à plein nez. - Ah oui ? Et le Vicomté du Lyonnais alors ?! - « Eh bien moi, mon père était plus petit encore ! Pensez un peu : d'une niche de croup il s'était fait une demeure de cinq pièces ! » - Nos meilleurs tableaux ressemblent à des hurlements de peinture, pas étonnant. - Jeudi, le jour et la nuit, le soleil, la lune, les étoiles ! - Il n’y aurait rien de tout ça si Beauxbâtons ne s’obstinait pas à rester neutre. - Votre Christ a-t-il rien fait de plus grand ? - Et enfin, le troisième korrigan : « Quelle chance vous avez tous les deux d'avoir connu vos pères ! Le mien est mort bien avant ma naissance. C'est ma mère qui m'a appris qu'il s'était tué en tombant d'une échelle alors qu'il cueillait des fraises dans la région de Plougastel…»Rires bruyants dans l’assemblée de gauche – dont la moyenne d’âge se situait aux environs de six ans et demi. Le bourdonnement des conversations, le raclement des cuillères sur les assiettes en grès, le tintement des verres en cristal et quelques éclats de rire insolites avaient redonné en l’espace de quelques heures tout son prestige à la vieille salle à manger. Bienvenue au Dîner de Noël, la seule réunion de famille annuelle qui réunissait à peu près cent personnes sur trois jours. Plus qu’un dîner interminable, c’était un défilé d’oncles, de tantes, de cousins et autres lointains parents transplanant des quatre coins de l’Europe pour respirer l’air pur de la côte de granit rose et oublier l’espace d’un instant les convenances. Pas de courbette, pas de vouvoiement, pas de serviteurs pour apporter le thé ni de mains gantées, on était ici à la bonne franquette et cela faisait un bien fou. C’était un véritable séminaire sans aucune organisation, basé sur un mode participatif tout-le-monde-est-chez-soi et où les pièces rapportées des pièces rapportées, quelques amis ou n’importe qui, dans la mesure du raisonnable, étaient les bienvenus. Ça baragouinait le français au moyen de sortilèges plus ou moins avancés, le vin de sureau coulait à flots et Iann s’était lancé dans une grande discussion avec son cousin Cevan, royaliste. - Tu plaisantes ? C’était en quoi… 1805, ça ? - Juin 1802. - Mais un Vicomté indépendant ne change rien, Iann. - Le Lyonnais n’est pas indépendant, il est juste plus rattaché que les autres à la couronne, ce qui est pire ! - C’est très gratifiant pour nous, en tout cas. - Ah, c’est gratifiant d’avoir un roi qui s’occupe plus de ses Gronians que de son gouvernement ?Par-dessus le Hibou International, son père parut tout à coup à deux doigts de lui offrir un aller simple pour Ys. Fidèle à ses habitudes, Iann l’ignora et enfonça le clou. - L’oncle de Tim a été refusé au Ministère des Richesses, tout ça parce que sa femme vient d’une famille évincée. Et que sa fille est une cracmole. Vive les Dix, hein ? - Non, tu… il a forcément dû faire une bourde à l’entretien. - Il était parfaitement qualifié pour le poste. Tu sais qui ils ont embauché, à la place ? Un baron de Champagne – comme par hasard – complètement sénile et criant sur tous les toits que les sorciers marocains n’auront jamais leur place à Beauxbâtons… - C’est ce que ton journal pseudo-révolutionnaire essaye de prouver, j’en déduis ?Heureusement que le sourire de son cousin amortissait le mépris évident de la pique – et qu’il avait bu assez de vin d’amortentia pour voir la vie en rose – ou bien il serait probablement monté sur ses sombrals. Au lieu de quoi il remplit patiemment leurs verres et sourit d’un air idiot. - Le Griffon Délivré souhaite simplement l’égalité, Cevan. Et oui, on essaye aussi de réunir les preuves avant de publier, pas comme ce torchon de Ma Sorcière Bien-Aimée. - Hm, et les preuves se font toujours à coup de Veritaserum ? - Tu dois confondre avec le Daily Prophet, n’est-ce-pas Kristen ?L’intéressée, de passage en France chez sa grand-mère comme à chacune de ses vacances, se contenta de leur lancer un bref regard malicieux avant de pousser un valet de pique réticent jusqu’au centre de la table. - Personne n’écrit avec des plumes à papote au moins, au Daily Prophet…Ayant fini ses études à Poudlard depuis plusieurs années, Kristen avait été engagée chez le célèbre journal anglais et avait accepté, moyennant compensation, de partager ses informations avec Iann. Lequel avait vu s’améliorer son salaire et son niveau d’anglais du même coup. Il lui jeta un regard scandalisé. - Laisse-moi le répéter pour la dernière fois : ce n’est PAS une plume à papote ! Je travaille toujours sur son nom, mais le principe est complètement différent, c’est une… une… - Une niffleuse, suggéra Katell. Elle esquissa un sourire triomphal en voyant son roi de carton écraser les rangs de Kristen – les jeux de cartes étaient très appréciés aux dîners de Noël, aidant bizarrement à digérer le festin qui n’en finissait plus. Parmi les joueurs se trouvaient : Kristen, amie d’enfance anglaise, Sélène, partageant sa bien-aimée classe de Mystères de la Magie, Katell, demi-sœur d’un an de moins que lui et Mikhaïl, lointain cousin. Mikhaïl qui, il venait de s’en rendre compte, reluquait dangereusement sa petite sœur. Notant dans un coin de son cerveau de lui arracher une oreille au match qui ne tarderait pas à être organisé, Iann poursuivit son explication. - L’idée, c’est une « plume à intuition ». Sauf que c’est moyennement accrocheur. J’avais pensé à Plume Clairvoyante. Pas terrible, hein ? Plume Instinctive. Idem. Plume Niffleuse, pourquoi pas, mais il y a un côté péjoratif. Plume Opiniâtre ? Ça pourrait être un jeu de mots entre opinion – elle transcrit directement tes pensées, donc tes idées, donc tes convictions – et opiniâtre – de la persévérance de celui qui s’en sert. Pas sûr que tout le monde comprenne, ceci dit.Il vit Sélène froncer les sourcils par-dessus ses cartes – elle détestait qu’il fasse l’éloge de son invention, une pure tricherie, d’après elle. Pourtant, sa « plume intuitive » avait été jusqu’à attirer l’attention de Martel, le contact de son père au Griffon, qui l’avait encouragé à l’améliorer pour qu’il n’y ait plus aucun raté ni aucune tâche. Il l’avait trouvée géniale. Quatre ans de développement ? Mais tu n’es plus très loin du brevet, fiston ! Il prévoyait même de l’utiliser comme premier jet à la rédaction. Rémi pourrait enfin acheter un Maubrel à sa sœur et lui… lui pourrait… racheter le Griffon, peut-être ? Ou l’Affranchi ? - J’ai pas compris, personnellement.Cevan le tira brusquement de ses pensées. - Et c’est pour ça que tu finiras employé chez les Dix ! - Mais… il va arrêter de nous les briser le petit Vicomte, là ?Pendant que les rires éclataient, ils se resservirent en vin d’amortentia et virent rose pendant une seconde ou deux. Quelqu’un proposa un match de Quidditch pour se dégourdir les jambes, ils sortirent tous face à la mer et même le vieux Marsil avec sa jambe tremblotante, même Maé qui avait une peur bleue des balais, sentirent les larmes perler au coin de leurs yeux devant tant de vent, de soleil et de sel. Iann glissa un bras autour des épaules de sa sœur et attrapa un balai de l’autre : - Si Mikhaïl commence à avoir les mains baladeuses, souviens-toi… j’ai une batte. - Tu veux être journaliste ? Sérieusement ? Je crois que tu n’as pas encore bien compris la signification du mot « journaliste », Iann, parce que tu sais ce que fait un vrai journaliste ? Il écrit. Il prend sa plume, il prend son pot d’encre et il se débrouille tout seul. Il ne demande jamais à un cinquième année ou à une plume améliorée de remplir ses parchemins à sa place, tout ça pour se planter ensuite le jour des examens. Tu rêves de bosser à Ma Sorcière Bien-Aimée, c’est ça ? Félicitations ! C’est exactement le job minable qui t’attend.
Et, sur ces belles paroles, elle cassa sa plume en deux et y mis le feu. La première seconde, il ne put s’empêcher de ressentir un pincement au cœur. Son invention géniale n’était même pas incassable. Pire, même une fille pouvait la briser en deux et la réduire en cendres d’un coup de baguette. Pourquoi il n’avait pas pensé à la solidité, merde ? La seconde d’après, il l’avait giflée. D’une force qu’il ne pensait même pas avoir, qu’il ne pensait même pas pouvoir propulser, comme ça, sur... elle. Le temps resta comme suspendu, il contempla sa joue rougie, le choc qu’il lut dans ses yeux, puis un bruit sourd cogna à ses oreilles, à ses tempes, et il réalisa que c’était lui. C’était lui qui était dans une rage folle. La colère se distilla lentement dans son sang, s’échauffa, le démangea, puis le picotement devint une vague qui se souleva à la seconde où Sélène lui renvoya le coup. La barrière de vingt mètres de haut vint se déverser sur la plage, emportant les palmiers, les habitations, les surfeurs, les parchemins qui traînaient, tout, tout, tout.
Pevar Le soleil le fit cligner des yeux. Il se décala légèrement de façon à profiter de l’ombre du saule, ramena le parchemin devant lui et l’aplatit du mieux qu’il put sur l’herbe moelleuse avant de suçoter le bout de sa plume et de la poser en équilibre au-dessus. Sa baguette virevolta et il s’entendit penser les formules qu’il avait mises au point. Uriel et Adrien regardaient attentivement la treizième tentative, tout comme son père, tout comme lui-même, et au moment où la plume se mit à cracher les phrases par dizaines, des hurlements de joie retentirent, aussitôt étouffés par la distance. L’image tressauta légèrement, il se sentit faire un bond sur le côté puis le visage constellé de tâches de rousseur de Rémi apparut en gros plan. Il baissa les yeux, vit qu’il lui tendait un parchemin et entendit les destriers changer de main sans même les voir. La panique l’envahit alors que Rémi tournait les talons. Il voulut s’enfuir en courant mais sentit ses jambes flancher et tomba, tomba, tomba pendant plusieurs secondes, happé par un gouffre sans fin, s’arrêtant seulement devant une silhouette féminine. Son cœur allait exploser. Il osa reprendre son souffle, subitement envahi par une vague de soulagement, mais se figea en découvrant avec horreur que Marie était à ses côtés. Elle le désigna d’un coup de tête nonchalant, sourit à un inconnu aux cheveux noirs et déclara platement : « Lui ? Oh, non, c’est personne. » Le vertige l’emporta dans un tourbillon, il revit Martel brandir une coupure de journal d’un air triomphant, une silhouette noire sur le point de transplaner, le prenant en flagrant délit de filature ratée, le regard pétillant de Cyrielle, la gifle de Sélène, des pavés disparaissant sous un ruisseau de pluie, le visage décomposé d’Ibanez, un employé du Griffon Délivré lui glissant son appareil photo dans la main, des échanges de destriers, de sortilèges, puis un morceau de parchemin autodestructeur portant un simple nombre : vingt-trois. Quand son père rompit le sortilège, il resta hagard quelques secondes et réalisa que la puissance de l’enchantement lui avait laissé les larmes aux yeux. Il s’était pris un flot de souvenirs en pleine face mais, aussi douloureux soient-ils, ce n’était rien comparé à l’humiliation infligée par un tel échec. Malgré ses cours d’Occlumancie, malgré tous ses efforts à résister et ses secrets qu’il s’efforçait de cacher, jusque-là avec succès, il venait de prendre pleinement conscience que son père pouvait fouiller son esprit aussi facilement qu’il aurait feuilleté un livre. Son esprit pouvait s’ouvrir comme une huître quand quelqu’un le lui demandait avec un sourire et il avait beau respecter à la lettre la grande technique de concentration, fermer les yeux, respirer un grand coup et visualiser le néant, plus il pensait à ne pas penser et plus ses pensées se bousculaient au premier plan. C’était aussi logique que désespérant. - Savais-tu que certains sorciers sont insensibles au Veritaserum ?Ils étaient dans un petit salon qui sentait le renfermé, une pièce froide décorée de simples rideaux qui pendaient mollement et dont l’existence paraissait absurde en l’absence de fenêtre. Une unique chandelle était posée sur un guéridon en guise d’éclairage et deux chaises se faisaient face. S’il n’y avait pas eu le tee-shirt d’Iann à l’effigie des Chevaliers Bretons, on aurait bel et bien pu se croire au Moyen-Âge. Iann était encore légèrement étourdi et ne voyait aucun rapport entre leur exercice d’Occlumancie et le Veritaserum. Mais il se prêta docilement au jeu. - Non, je ne savais pas. - Beaucoup de sorciers redoutent le Veritaserum, et ils ont sans doute raison, mais il faut savoir que les sorciers qui savent le préparer sont rares. Son utilisation est réglementée par des lois très strictes du Magistral et il va sans dire qu’il est très difficile de s’en procurer. Ce que l’on oublie souvent, en revanche, c’est que le Veritaserum n’est pas infaillible et qu’il ne vaut pas plus qu’un banal témoignage lors d’un procès. Un sorcier averti peut aisément s’en protéger, par l’Occlumancie entre autres. Il arrive même que certains sorciers en soient complètement immunisés. Rappelle-toi simplement qu’il existe des moyens beaucoup plus simples, et beaucoup moins risqués, pour faire sortir la vérité de la bouche des gens. Cette dernière phrase le déconcerta. Qu’est-ce que ça voulait dire, au juste ? Que son père l’encourageait à manipuler ses sources ? - Je t’ai offert une Pensine pour ton anniversaire.Il ne réussit pas à identifier ça comme une question, ni même une exclamation ou un reproche alors le rattacha à un constat et se contenta d’hocher la tête. - Je veux que tu l’utilises. Tous les jours. Iann se garda bien de demander pourquoi. Il la connaissait, la raison. Tout comme il savait parfaitement pourquoi ses entraînements d’Occlumancie avec son père ne ressemblaient en rien à ceux de Beauxbâtons, pourquoi il l’encourageait à feindre la médiocrité dans ce même cours et pourquoi il fallait qu’il modère ses opinions politiques en public. Malgré tous leurs différends, ils étaient au moins d’accord sur une chose : la France avait besoin d’un bon coup de pied aux fesses. - Concentre-toi, et recommençons. |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| | | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Perrette Ballerine ◗ HIBOUX : 2122 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : ma' (insuline) ◗ CREDITS : voir avatar ◗ SANG : mêlé
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: Re: “madness is a prerequisite for any good journalist” Ven 1 Nov - 9:44 |
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| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Juliette de Noblecourt ◗ HIBOUX : 1338 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : westallen. ◗ CREDITS : shiya, tumblr. ◗ SANG : Maison de Noblecourt, sang-bleu. ◗ PENSINE : maître dans l'art de la bêtise.
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: Re: “madness is a prerequisite for any good journalist” Ven 1 Nov - 12:19 |
| Guide de Validation. « Bienvenue Au Royaume de Viviane. »« La France se nomme diversité. »
oh là là, que dire ? j'ai littéralement adoré la manière dont tu intègres l'univers du forum dans ta fiche. Et t'as une plume vraiment très agréable, qui parvient à nous plonger dans ton imaginaire. Après une longue hésitation entre Rubissan et Jadérial, l'écrin vert jadérial t'ouvre ses portes.
Félicitations, tu es officiellement magique ! Si ton personnage a un jour fréquenté Beauxbâtons, c'est que tu viens d'être réparti dans l'un des écrins de l'Académie. Un passage inoubliable pour ton personnage, à ne point en douter. Chaque sorcier français se souvient aisément de l'appréhension nouant son estomac, et de la beauté féerique de la Fontaine. Mais c'est avant tout le tout nouveau style de vie qui s'offre ensuite à lui, dont le magicien se souviendra. Rien de mieux pour construire cet univers que de se lancer dans l'ouverture d'un sujet de liens, et de participer évidemment aux sujets de relations postés par les autres membres, cela afin d'acquérir un background intéressant pour l'évolution de ton sorcier. Ce n'est pas seulement ton personnage qui bénéficiera d'une continuité, mais également l'univers sorcier français ! Pour s'en tenir informé, essaie de consulter régulièrement l'actualité sorcière par le biais de la catégorie Sorcière bien-aimée . Si tu te sens inspiré par les événements secouant la France sorcière, alors dans ce cas, n'hésite pas à participer aux intrigues ou mini-intrigues (l'arrivée du roi et de la cour à Orange actuellement) et même à l'animation de la quinzaine à thèmes très bientôt disponible ainsi qu'au sujet mystère. Rien de mieux pour maintenir ces divertissements que de poster régulièrement dans les publicités de Bazzart et Pub Rpg Design. Sachant que ces activités te permettront de gagner des points grâce à notre système de bavboules mis en place sur le forum ! Bien sûr, postez des rps pour faire évoluer ton personnage reste la meilleure des solutions pour obtenir des gains rapidement.
Aussi, n'oublie pas d'aller vérifier que ton avatar et ton personnage sont bien recensés, l'erreur étant humaine, le staff peut très bien en commettre certaines - bien que très rarement . Une dernière formalité, mais incontournable si vous ne désirez pas voir ton compte supprimé, consistera à signaler tes éventuelles absences dans la partie appropriée.
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| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Iann Kermarrec ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : alix ◗ CREDITS : kidd ◗ SANG : Vicomté du Trégor, sang plus ou moins mêlé
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: Re: “madness is a prerequisite for any good journalist” Ven 1 Nov - 12:58 |
| Miam, validation officielle, merci Juliette ! (J'ai déjà des idées de liens qui fusent dans tous les sens après (re)lecture de vos 3 fiches ) |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
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| Sujet: Re: “madness is a prerequisite for any good journalist” |
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| | | | “madness is a prerequisite for any good journalist” | |
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