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| You've got a friend in me. [Elysée] | |
| Auteur | Message |
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MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Alistair L. Adhémar ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Dorian Desclève ◗ CREDITS : Unserious, tumblr ◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu ◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: You've got a friend in me. [Elysée] Jeu 23 Jan - 15:27 |
| Je hais les bibliothèques. Je les déteste. Je vous l’ai déjà dit, ça ? Je maudis ces endroits immenses, vieux, sales. Cette odeur de renfermé qui émane des livres qui n’ont pas suffisamment été ouverts – toujours ceux dont j’ai besoin, comme par hasard. Mais pourtant, je n’ai pas le choix ; il me faut travailler. Travailler, encore et toujours. Pour peut-être toucher l’espoir d’être un Auror, de réussir ma vie. Ce besoin d’accomplissement, selon mes nombreux psychologues, est dû à l’absence de mon véritable père. À cette identité confuse avec laquelle j’ai été obligé de grandir, tant bien que mal. Le petit Alistair, malheureux, délaissé. Mais pourtant, toujours souriant. Toujours en besoin de conquête, auprès de la gent féminine. Et ça, personne n’a jamais su l’expliquer. Un jour, une fille m’a dit que j’avais l’air de pleurer de l’intérieur, même lorsque je souriais. Et je pense que c’est peut-être la seule explication logique – quoique simpliste. Je sais que je ne serai jamais suffisamment bien. Que je n’arriverai jamais à la cheville de mon faux-jeton de père, ce nobliau à qui la vie a toujours souri. Tant pis. Je m’en contente, et je marche la tête haute. Le cœur vaillant. Parce que ça ne sert à rien de montrer mes doutes aux autres. Et surtout, surtout, je travaille. Deux heures que je suis assis sur cette chaise, à essayer de retenir ce foutu cours d’Occlumancie. Oh, et puis à quoi ça sert, au final ? En aurai-je vraiment besoin plus tard ? Pourquoi nous demandent-ils de connaître sur le bout des doigts certaines choses qui ne nous serviront jamais ? Ce n’est pas une matière qui me déplaît, loin de là. Mais j’ai toujours préféré la magie « pratique ». Les duels, notamment, en témoignent les nombreuses cicatrices qui zèbrent mon cou, mes bras, jusqu’à la dernière de mes phalanges. On m’a toujours dit que si je souhaitais vraiment devenir Auror, si c’était ce que je voulais, je devrais m’entraîner, de plus en plus. Manier la baguette, l’épée. Surtout pas lire des livres. Au final, je n’apprends que très peu lorsque je feuillette ces vieux ouvrages. Au mieux, je trouve parfois des informations sur la manière de prononcer les sorts, ou ce qu’il faut faire pour vraiment maîtriser ses pouvoirs. Autant dire que je rencontre rarement de véritables conseils, et que la lecture d’un tel écrit devient rapidement un cauchemar. J’essaie de me concentrer, vraiment, mais cela m’est impossible. Alors, je relève la tête et observe mes camarades. Tous semblent si concentrés que je me demande un instant s’ils ne révisent pas un examen duquel je n’aurais pas été informé. Mes doigts tapotent nerveusement la couverture de mon livre, alors qu’un soupir s’échappe de mes lèvres. Cette atmosphère est vraiment pesante… J’ignore comment certains font pour passer leurs journées dans cet endroit. Je range mes affaires, m’apprête à partir, lorsqu’un visage connu attire mon regard. Elle ici, où va le monde… Je prends mon livre sous le bras et me dirige vers elle. C’était il y a quatre ans maintenant, et je m’en souviens plutôt bien. Je n’étais pas à la recherche d’une relation sérieuse à l’époque ; c’est sans doute l’unique raison pour laquelle j’avais réussi à mettre la brunette dans mon lit. Si j’avais eu une réputation d’amoureux transi, de garçon qui s’accroche à la moindre fille comme une moule à un rocher, nul doute qu’elle m’aurait envoyé sur les roses. Parce qu’elle a toujours trouvé mieux. Elle attire tous les regards et peut réussir à avoir n’importe qui, de toute façon. Quel garçon n’a jamais eu envie d’avoir Elysée à son bras ? De l’accompagner au bal de fin d’année ? De l’embrasser dans un buisson ? Elle a toujours été le sujet de nombreuses conversations. Les filles jalouses commèrent, et les garçons envieux s’imaginent avec elle. Je sais que je suis l’un des rares à avoir eu la chance de la fréquenter de – très – près. Et je sais aussi qu’Elysée n’a pas que sa silhouette qui joue en sa faveur. Elle est très intelligente, courageuse également. Autant de qualités qui pourraient faire d’elle la petite-amie idéale, mais non ; je ne me suis jamais vraiment imaginé avec elle, et je pense qu’elle non plus. Elle n’a jamais voulu me confier quoi que ce soit de personnel, bien que je la considère comme une amie. Un terme bien ambitieux pour qualifier un égarement d’un soir, mais je le pense. Elysée est quelqu’un avec qui je me sens bien. Avec qui je n’ai pas vraiment besoin de faire semblant. J’aimerais qu’elle ose me dire les choses. Je sens parfois cette tristesse dans sa voix, dans son regard, mais je n’ose jamais lui poser la question : qu’est-ce qui t’arrive ? Elle ne voudrait pas me le dire, de toute façon. Parce que quand elle va mal, Elysée se mure dans le silence, s’isole du reste du monde. Comme maintenant. Je m’assieds à côté d’elle, mais elle ne m’accorde pas un regard, probablement car elle ne m’a pas vu. Il faut dire qu’elle a l’air totalement captivé par ce livre qui semble traiter de… d’histoire de la magie. Je soupire, me relève. C’en est trop. Il m’est impossible de la laisser une seconde de plus dans cet état. « Ferme ce livre, Berthelot, on sort d’ici » dis-je simplement, avec un air presque autoritaire. Berthelot. C’est souvent comme ça que je l’appelle. Les prénoms, les gens les utilisent trop souvent. J’ai toujours préféré appeler mes camarades par leurs noms de famille. Je plonge mes mains dans mes poches et attends qu’elle daigne se lever. Allez, viens. Épanche-toi sur moi, raconte-moi tes malheurs. C’est à ça que servent les amis. |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Ven 7 Fév - 12:45 |
| Oh, why you look so sad? Tears are in your eyes. Come on and come to me now. Don't be ashamed to cry. Let me see you through 'cause I've seen the dark side too. When the night falls on you, you don't know what to do. Nothing you confess could make me love you less. I'll stand by you.+++ J’avais eu besoin de m’éloigner. Essayer de ne plus penser. D’oublier. Oublier ces images, ces mots prononcés qui me revenaient sans cesse en tête. Ma colère, ma tristesse, mon amour, ma peine. Son regard, ses mains, le goût de ses lèvres et l’odeur de sa peau. Cette promesse. Il avait promis de me choisir. J’y avais cru. J’y croyais encore, malgré les jours, les heures qui s’écoulaient sans qu’il ne me donne signe de vie. Où était-il passé ? Avait-il finalement décidé de s’enfuir avec Diane ? De respecter la décision de ses parents et de m’abandonner, là, seule, sans défense ? J’avais la désagréable impression de ne plus pouvoir avancer sans lui. Le monde restait en suspens. J’étais dans l’attente, dans l’expectation de se voir réaliser tous mes rêves les plus anciens. Une vie près de lui, avec lui. Mon Dorian. Je l’évitais, pourtant. Je ne me sentais pas prête à croiser son regard, à nouveau, tant que les choses n’étaient pas scellées, tant que son engagement n’était pas rompu. Car, si les fiançailles étaient déjà brisées, nous en aurions entendu parler depuis une éternité, au château. Mais rien. Rien. Si ce n’est encore les derniers sourires échangés en imaginant le prochain mariage entre deux sangs bleus. Un mariage dont on rêve tous. Un mariage que j’abhorrais. Je n’étais plus moi-même, je me reconnaissais à peine dans le miroir. Je passais des nuits entières à me retourner, à me réveiller entre deux rêves, toujours similaires : il me demandait ma main, ou alors, m’embrassait lentement, lentement puis plus passionnément, furieusement, me déshabillait, et, et… Je finissais par me réveiller, et je me haïssais de ne penser qu’à lui quand il semblait m’oublier peu à peu. Alors, à chaque instant de répit, dès que l’on nous donnait l’opportunité de quitter l’école, je partais. Pour respirer. Et seule, de préférence. Parce que je ne supportais plus les questions insupportables de mes amis, qui avaient certainement du mal à me reconnaître ou comprendre ma souffrance. Peu de gens savaient. Peu de gens savaient que j’étais amoureuse du fiancé le plus célèbre du moment. Mis à part Nolan. Et Juliette, apparemment. Elle clame l’avoir toujours su. Et si c’était tellement évident pour une fille que j’ai rejeté, cela pouvait très bien l’être pour la plupart des élèves. Mais j’essayais de masquer ce trop plein de sentiments. Ils étaient exécrables, ruisselaient d’amour mielleux et j’avais du mal à réaliser que j’étais bien celle qui rêvait du grand amour, qui mettait tous mes rêves de côté pour tenter de récupérer l’homme que j’aimais. J’avais opté pour la bibliothèque d’Orange. J’avais besoin de travailler, de récupérer le peu de retard que j’avais pris sur mes cours et mes devoirs à rendre. De toute façon, je n’étais pas vraiment d’humeur pour une promenade. Attablée au milieu de la grande bibliothèque, tellement magnifique – cet endroit m’avait toujours fait rêver, je prenais un malin plaisir à m’y rendre, ne serait-ce que pour admirer la richesse architecturale – je feuilletais un livre d’histoire de la magie. Parce que cela me passionnait, me plongeait dans des siècles anciens, et ainsi, j’oubliais. J’aurais tellement aimé vivre à une époque différente, ou du moins, pouvoir y retourner, rien que quelques jours. Découvrir. Voir à quoi le monde ressemblait vraiment, car il est toujours plus ou moins difficile de s’imaginer un monde ne possédant pas la moitié des choses ou la connaissance que nous avons aujourd’hui. Essayer, pour un moment, de me mettre dans la peau de quelqu’un d’autre. Être différente. M’oublier. Plongée dans la lecture de mon bouquin, je ne le vois pas. Lui qui s’assied à mes côtés et qui m’observe pendant quelques secondes. Mais quand il se lève, raclant la chaise sur le sol, et qu’il m’interpelle, je relève les yeux sans grand questionnement. Car je reconnaîtrais sa façon de parler, sa voix à des kilomètres, en gardant les yeux fermés. Alistair. Mon Alistair. « Ferme ce livre, Berthelot, on sort d’ici » Je ne pose pas de questions – peut-être que son intervention était ce dont j’avais besoin depuis des semaines. Je referme le bouquin d’un geste sec, collecte mes affaires que je range dans mon sac, et me lève. Je lui fais face, et, en regardant les détails de son visage, je me souviens de cette nuit d’ivresse, quand tout était plus simple. Quand j’avais pris la liberté de m’abandonner dans ses bras. Quand je l’avais raconté à Dorian, le surlendemain, en essayant de provoquer chez lui la moindre petite jalousie, en espérant toujours qu’il finisse par râler, par exploser, par me dire que je devais arrêter ce genre de choses car je n’appartenais qu’à lui. D’un geste de la main, je replace le serre-tête qui avait légèrement bougé durant ma séance d’étude. « Où ? » Rien de plus qu’un seul mot. Où veux-tu aller, Alistair ? Loin, loin d’ici. Oh, je t’en prie, prends-moi, emmène-moi si loin, tellement loin que nous n’aurons jamais plus la possibilité de retourner à l’école. Pour ne plus entendre ces ragots, sur mon compte, sur celui de Dorian et de sa stupide fiancée. Celle que je détestais. Alistair. Et je comprenais que, pendant tout ce temps, je n’avais eu besoin que d’un ami. Un ami comme lui. Là où je n’aurais pas besoin de parler. Nous nous ressemblions tellement qu’avec un seul regard, nous nous comprenions. J’attrape mon sac encore posé sur la table, et lui tends la main. J’attends, j’attends qu’il l’attrape et qu’on puisse enfin s’échapper. Lui et moi. Et finalement, cette perspective ne me dérangeait pas. Lui et moi pourrions être heureux. Loin de l’amour, loin du pouvoir, loin de tout ce qui vous bouffe une vie. |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Alistair L. Adhémar ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Dorian Desclève ◗ CREDITS : Unserious, tumblr ◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu ◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Ven 7 Fév - 16:11 |
| Alors qu’Elysée a toujours été la personne forte, celle qui ne flanche pas, celle qui garde la tête haute, je crois que je suis le seul à voir ce côté fragile qu’elle essaie pourtant si bien de cacher. Elysée, ma belle Elysée, que je connais sous toutes les coutures. Dont je me rappelle les formes si parfaites. Je n’aurais jamais pensé devenir aussi proche d’une femme que j’ai vue nue, et pourtant ; nous sommes définitivement faits pour être amis. Parce qu’elle est entière, douce mais cruelle à la fois. Renfermée, assassine, et capable de sourire alors qu’elle a envie de pleurer. Elle me pose une seule, une unique question. « Où ? ». Sa main se tend vers moi, comme un ultime appel à l’aide que je ne peux décemment pas ignorer. Nos doigts s’entremêlent et je l’entraîne vers la sortie. Loin d’ici. Quelque part où nous pourrons parler, nous enlacer, nous embrasser. Quel que soit le mal qui la ronge, je veux qu’elle l’oublie, avec moi. Je veux revoir un sourire sur son visage si parfait, je veux l’entendre rire. Des exigences bien hautes, car je pense sincèrement que le problème qui la ronge est grave. Parce qu’elle n’en a pas parlé. Elle a tout gardé pour elle, et a simplement attendu que quelqu’un arrive et lui demande clairement : « Qu’est-ce qui ne va pas ? ». Seulement, et elle le sait très bien, je ne fonctionne pas comme ça. Je préfère lui faire oublier ses malheurs plutôt que de lui demander de m’expliquer ce qui la tracasse. Car de toute façon, nous ne pourrons rien y faire, si le problème est aussi important qu’il en a l’air.
Lorsque je pousse l’immense porte de la bibliothèque, le soleil nous éblouit. Un fantastique retour à la réalité. L’été n’est pas encore totalement fini, et ça se sent. Les couleurs, les bruits, les odeurs, donnent envie de s’allonger dans l’herbe et de profiter du beau temps. Simplement, sans prétention. Sans penser à Beauxbâtons, aux gens. En s’accompagnant simplement du chant des oiseaux. En se tenant la main sans rien dire. Je fais quelques pas, regarde autour de nous, jusqu’à apercevoir un petit banc de bois. Pas besoin d’aller très loin. Je veux juste parler avec elle. Être avec elle. Ma belle Elysée, si triste, si désespérée, pour Dieu sait quelle raison. Nous nous asseyons et enfin, je la regarde vraiment. Elle semble fatiguée, épuisée même. Comme si elle n’avait pas trouvé le sommeil depuis des jours. Quelques cernes sous les yeux, qui n’enlèvent rien à sa beauté. Elysée n’a jamais été une erreur de parcours. Je suis fier d’avoir vécu une histoire avec elle, aussi courte soit-elle, parce qu’elle est parfaite en tous points. Parfaite pour moi, si seulement elle n’avait pas été un simple coup d’un soir. Je détourne les yeux, observe un instant la bibliothèque. « Ça fait du bien de sortir de Beauxbâtons ». Je la regarde du coin de l’œil, tente un sourire. Elle y répond sans grande conviction, me forçant à continuer mon monologue. Elle sait pourtant que je déteste le silence. « Au moins, ici, on n’entend pas parler du futur mariage Desclève/Deulceux ». Mes yeux se posent de nouveau sur elle, mais cette fois, son sourire a disparu. Je n’avais jamais pensé à cette possibilité. Qu’Elysée Berthelot soit folle amoureuse de ce prince avec lequel elle passe le plus clair de son temps. Qu’elle le veuille à ses côtés, qu’elle crève de le voir épouser Diane. Ma Diane. Ça semble impossible et pourtant… et pourtant. Je suis persuadé qu’elle s’attend à ce que je me moque d’elle. À ce que je critique Dorian, parce que je le déteste. Je déteste qu’il fasse souffrir mon amie, je déteste qu’il épouse celle que j’ai aimée, celle que j’aime tout court. C’est sans doute précisément pour cela que je ne peux pas en rire. Parce que je comprends. Je comprends, parce que ça semble évident. J’imagine ce que ce doit être pour Elysée, si elle aime Dorian Desclève. Le savoir avec quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui l’épousera, qui partagera chaque instant de sa vie, alors qu’elle, elle sera rapidement oubliée. Je me tourne complètement vers ma camarade, glisse une main sur sa joue. « J’aurais aimé que tu ne connaisses pas cette douleur » dis-je simplement. Je comprends maintenant cet air triste que rien ni personne ne semble pouvoir effacer. Mes bras l’attirent, la serrent doucement contre mon cœur. Je me suis habitué à l’absence de Diane. La voir épouser quelqu’un d’autre que moi me blesse, mais je survis. J’apprends à faire avec. En revanche, Elysée n’a rien vu venir. Elle a toujours dû penser que Dorian Desclève serait sien. En la prenant dans mes bras, je sens ses sanglots refoulés, cette tristesse qu’elle ne laisse jamais paraître mais qui est pourtant bien présente. J’aimerais l’aider, plus que tout, mais je ne sais pas quoi faire. Je soupire, embrasse son cou. Au creux de son oreille, je glisse quelques mots. « Berthelot… Si seulement tu étais tombée amoureuse de moi, tu aurais pu t’épargner tout cela ». Je la sens étouffer un rire et resserre mon étreinte. Je plaisante, mais pas totalement. Nous aurions pu être ensemble. Amoureux. Vraiment amoureux. Mais non. Il avait fallu que le destin mette d’autres personnes sur notre route. Des gens fabuleux mais destructeurs à la fois. Cette fille, ce garçon que nous ne pourrons jamais oublier. Il va falloir pourtant vivre avec leur absence. |
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Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Mar 11 Fév - 19:26 |
| Ma main dans la sienne, encore, toujours. Je m’accroche, à lui, pour avancer, pour m’éloigner. Il me guide, au dehors. On quitte la bibliothèque, le soleil nous aveugle, la chaleur se répand sur mes bras nus. Je n’avais pas remarqué à quel point il faisait beau. Il m’entraîne vers un banc, sur lequel il s’assoit. Je l’imite, croise les jambes, les décroise, signe de grande nervosité, tout en gardant sa main, ses doigts entrelacés aux miens, tendrement. Il me regarde, plonge son regard dans le mien, cherche à y voir quelque chose. Que peut-il y trouver ? Du désespoir ? Tout ce qui s’est brisé en moi, dernièrement. Je devrais abandonner, peut-être, lâcher prise, le laisser s’en aller, loin, sans moi, épouser une autre, mais je ne me sentais pas capable. Je ne me sentais pas la force, je l’imaginais déjà poser ses lèvres sur celle de Diane, la poupée blonde, celle qui m’arrachait mon bonheur, mon cœur, ma vie. Ses lèvres sur son corps, sur ses seins, ses baisers de miel, partout, partout. Eux, atteignant l’extase. Moi, et ma descente aux enfers. Alistair me sort de ma rêverie, ou plutôt de mon cauchemar, car ces images étaient bien loin d’être agréables. « Ça fait du bien de sortir de Beauxbâtons. » Je lui adresse un léger sourire, comme reconnaissante. Reconnaissante de m’aider à sortir de ma détresse, de ce monde étrange dans lequel je m’enferme à présent. Je ne réponds pas, mais je sais qu’il comprend ce que je ressens. Moi aussi, j’ai besoin de m’éloigner de cette école que j’aime tant. Respirer un peu. « Au moins, ici, on n’entend pas parler du futur mariage Desclève/Deulceux. » Nos mains se séparent, automatiquement. Mon sourire s’efface. Je ne voulais pas… Je ne veux pas entendre ce mot, cette association. Mariage Desclève, Delceux. Cela n’aurait jamais dû arriver. Non, non. Alistair, Alistair, efface ces derniers mots. Laisse-moi oublier, ne m’y fais pas penser encore plus.
Je lève des yeux emplis de chagrin, lassitude, douleur vers lui. Il me dévisage, son regard passe de mes yeux à ma bouche, mes lèvres plissées, puis se concentre à nouveau sur mon regard sombre. Il comprend. Tout comme avec Nolan, quelques semaines plus tôt – ou jours ? Je perdais la notion du temps, toute cette histoire me semblait durer depuis une éternité, et pourtant, Dorian ne m’avait annoncé ses fiançailles que deux semaines et demie plut tôt – je n’ai pas besoin de parler, je n’ai pas besoin d’en dire plus. Parce que c’est criant de vérité. Je passe ma main dans mes cheveux, sur mon visage. Je suis fatiguée, si fatiguée. Je rêve de m’allonger, de fermer les yeux et de dormir, un peu, ne serait-ce qu’un peu… Lui aussi semble triste, affecté par la mention du mariage. Et je me souviens soudainement qu’il a vécu une histoire d’amour avec Diane. Elle avait brisé son cœur. Comme elle brisait le mien, à présent. Je ne savais pas ce qu’il ressentait, vraiment, à son sujet. Pouvait-il encore l’aimer quand elle l’avait lâchement abandonné ? C’était possible. Après tout, j’aimais encore Dorian, corps et âme, alors qu’il avait admis hésiter fortement entre elle et moi. Si seulement l’amour ne nous bouffait pas autant. Si seulement l’amour ne nous contrôlait pas autant, je m’enfuirais et n’accorderais plus un seul regard à celui qui ne m’avait pas encore choisi. « J’aurais aimé que tu ne connaisses pas cette douleur. » Il pose sa main sur ma joue, et je reconnais là le caractère tactile de mon ami. « Merci » je murmure simplement. Il m’attire contre lui, me serre contre lui, étreinte étrange que je ne partageais d’ordinaire qu’avec mon meilleur ami. Je pose ma tête contre son torse, mais garde les bras ballants, le long de mon corps. Je ne l’enlace pas en retour car je ne me sens pas complètement à l’aise. Et si, et si … Quoi ? Et si Dorian nous voyait ? Peu importe. Il était celui qui me mettait dans cette situation, celui qui forçait d’autres personnes à me prendre dans leur bras, parce qu’ils éprouvent de la pitié pour moi. Pauvre brebis abandonnée par son tendre amour. Je devais avoir l’air idiot. « Berthelot… Si seulement tu étais tombée amoureuse de moi, tu aurais pu t’épargner tout cela » J’étouffe un rire avant de me reculer. Il a raison, sûrement. Mais on ne choisit pas la façon dont les choses se dérouleront, on ne commande pas nos sentiments. L’amour nous tombe dessus, sans chercher à savoir s’il est bon ou non de tomber amoureux de telle ou telle personne. L’amour ne pose pas de question, il agit. Qu’on le veuille ou non. « Tais-toi, dis-je d’une voix douce. Je n’aurais pas pu tomber amoureuse de toi. J’étais déjà imprégnée de Dorian depuis bien longtemps. » Regard lointain, dans le vide. Je ne pense qu’à lui, lui. Mon frère, mon amour. Ma moitié. C’était lui, finalement, qui me sauvait de ce que je pouvais devenir. Encore plus mesquine, plus manipulatrice. Il avait toujours fait ressortir le meilleur en moi, me permettait de ne pas dépasser les limites. Et si notre relation se brisait, je n’étais pas sûre de ce qu’il adviendrait de moi. Je soupire. « Peu importe. Arrêtons d’en parler, tu veux ? Je ne suis pas sûre que Dorian passe autant de temps à parler de moi que je parle de lui. » Alistair. Ecoute-moi, et passe à autre chose. Aide-moi à rêver d’un autre monde. Là où Elysée Berthelot se porte bien. « Et puis, je ne peux pas agir ainsi pour un garçon, n’est-ce pas ? Je ne suis pas ce genre de filles. » Je me mords la lèvre. Mensonge. Finalement, je n’étais qu’une fille parmi tant d’autres : prête à se damner pour l’amour d’un homme. Je n’étais qu’une enfant capricieuse. Et bon sang, je détestais ce que je devenais. Et en croisant le regard du brun ténébreux, face à moi, pour une énième fois, je semble lui demander de me faire redevenir, ne serait-ce que pour un moment, celle que j’étais avant. Celle qui défiait le monde, sans jamais regarder en arrière. Celle qui n’avait peur de rien.
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| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Alistair L. Adhémar ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Dorian Desclève ◗ CREDITS : Unserious, tumblr ◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu ◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Mer 12 Fév - 17:54 |
| Lorsque je la prends contre moi, ma belle Elysée reste les bras ballants, ne semblant pas souhaiter me serrer dans ses bras. À vrai dire, je m’en fiche un peu. Je n’ai pas l’habitude de me poser mille questions au sujet de mes relations avec les gens. Surtout avec elle. Je sais qu’elle ne m’aime pas spécialement. Qu’elle me trouve arrogant, insupportable ; et c’est sans doute ce qui fait le charme de notre amitié. Notre étreinte se brise, et le cynisme de ma belle camarade refait surface. « Tais-toi. Je n’aurais pas pu tomber amoureuse de toi. J’étais déjà imprégnée de Dorian depuis bien longtemps ». Je grimace, souris presque. Et bien. Je ne sais pas ce que ce prince bègue lui a fait pour qu’une partie de jambes en l’air avec moi ne signifie rien. J’ai envie de plaisanter, de la charrier à ce sujet, mais j’ignore si elle le prendrait bien. Elle est blessée, a le cœur en miettes. Je me contente donc de croiser les bras sur mon torse, avec un air faussement vexé. « Tu es la première à ne pas tomber sous le charme après une nuit avec moi », dis-je avec humour. Mais le silence redevient vite roi, parce qu’Elysée a mal. La voir souffrir est difficile, mais à vrai dire, je ne peux pas faire grand-chose. Je suis simplement le gentil copain avec lequel on part faire la fête lorsque les choses vont mal. Celui qui est toujours là, qui aide autant qu’il peut. Les discussions sérieuses, ce n’est pas ma tasse de thé. Comme si elle le comprenait, Elysée soupire et reprend la parole. « Peu importe. Arrêtons d’en parler, tu veux ? Je ne suis pas sûre que Dorian passe autant de temps à parler de moi que je parle de lui ». Je déglutis, détourne le regard. Effectivement, nous devrions arrêter d’en parler. Parce que j’ai vu des choses qui feraient frémir Elysée. Dorian embrassant Diane, notamment. À pleine bouche, passionnément. J’en sais assez pour briser le cœur de la rubissane, mais je ne le ferai pas. Elle mérite mieux, tellement mieux que ce prince qui ne se rend même pas compte de l’amour qu’elle lui voue. Diane aussi, mérite mieux. Je n’arrive pas à croire que Dorian Desclève soit à l’origine de tout cela. Qu’il brise les cœurs de deux femmes formidables. Et pourtant… Je saisis doucement la main d’Elysée. Entremêle mes doigts aux siens. La regarde, dans les yeux. Elle n’a jamais été faible, démunie. Je crois que c’est la seule fois où je la vois perdre pied. Pour un garçon, de surcroît. Pour Dorian Desclève. On aura tout vu. Comme si elle anticipait tous mes mots, elle s’exprime une nouvelle fois. « Et puis, je ne peux pas agir ainsi pour un garçon, n’est-ce pas ? Je ne suis pas ce genre de filles ».
Ce genre de personne. Ce que je me suis évertué à dire, à marteler, lorsque Diane m’a quitté. Je ne suis pas le genre à pleurer pour quelqu’un. À me lamenter pour une simple fille qui ne veut pas de moi. Je suis plus fort que ça, moins superficiel. Je peux me passer d’elle, de sa présence, de son sourire, de ses baisers. Mieux encore, je peux la regarder arpenter les couloirs avec un autre que moi. Mais ce n’est pas comme ça que ça marche. On souffre, on crève, parce qu’on est amoureux. Et Elysée le sait désormais mieux que personne. Être quelqu’un de fort, quelqu’un d’indépendant, ne prémunit pas contre cette souffrance. Je soupire, détourne le regard. « Il n’y a pas de prérequis pour les cœurs brisés ». Je baisse les yeux, regarde mes doigts jouer nerveusement avec ceux d’Elysée. J’aimerais lui dire que ça passera, qu’elle finira par ne plus y penser, mais je n’en suis pas certain. Parce que quand on aime vraiment quelqu’un, c’est difficile de ne pas penser à autre chose. De ne pas avoir cette personne en tête. Moi-même, j’imagine l’heureux couple. Je les vois tous les deux. Dans le même lit, à la même table, lèvres contre lèvres. Leurs enfants dans une poussette, à côté. Et moi aussi, ça me fait souffrir, atrocement. Même s’il n’y a pas que l’amour, dans la vie… Nous pouvons nous accomplir sans ça, et Elysée en est consciente. Elle peut devenir avocate, je peux devenir auror. Mais que se passera-t-il lorsque nous rentrerons chez nous ? Lorsque nous nous coucherons à côté d’un homme, d’une femme, que nous n’aimerons pas. Je me suis posé cent fois la question. J’espère bien que Diane n’était pas mon unique amour. Mais si c’était le cas, je doute pouvoir tenir une vie entière sans qu’elle soit à mes côtés. C’est si pathétique. Au final, nous ne devrions pas avoir besoin de ça. Mais c’est pourtant le cas. Je regarde ma camarade, lui souris, d’un de ces faux rictus qui se trahissent eux-mêmes. Brièvement, je dépose un baiser sur ses lèvres. Je sais qu’elle déteste quand je fais ça ; de manière générale, elle n’aime pas se rappeler que nous avons couché ensemble. Mais au moins, s’il elle me haït pendant quelques secondes, elle ne pensera plus à cet idiot de Desclève. Avant qu’elle ne me dise quoi que ce soit, je lâche sa main et tapote mes cuisses. « On devrait aller boire un verre » dis-je dans un soupir. « Ne t’inquiète pas, je ne te sauterai pas dessus » ajouté-je par mesure de précaution, sans même regarder Elysée. Je la connais. Facile de deviner ce qu’elle pense avant même qu’elle ne le dise. Je ne sais pas si elle acceptera ma proposition, mais en ce qui me concerne, une boisson ne ferait pas de mal. La plus alcoolisée possible. Cul sec. Entre amis. |
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Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Dim 23 Mar - 19:35 |
| Let's get out of this town, baby we're on fire. Everyone around here seems to be going down, down, down. If you stick with me I can take you higher, and higher. It feels like all of our friends are lost, nobody's found, found, found. I got so scared, I felt no one could save me. You came along, scooped me up like a baby.
C’est drôle. La vie est drôle. Elle nous amène parfois soudainement à nous rapprocher de personnes dont, en temps normal, nous aurions cru mépriser. Alistair était loin d’être le genre de garçons que j’étais accoutumé à côtoyer. Loin de là. J’aurais plutôt tendance à les fuir. Mais, il avait quelque chose de différent. Quelque chose qui avait réussi à me convaincre que, finalement, il était quelqu’un de bien. Certes, ténébreux, peut-être un peu volage, mais attentionné et brûlant d’amour. Un amour qu’il, je le savais, rêvait d’offrir à quelqu’un mais, sans cesse, ses propositions semblaient être refusés. Surtout avec elle. Diane. Toujours le même nom. Ils avaient vécu une histoire d’amour – quelconque, je le pensais à l’époque, et je ne m’y étais pas intéressée. Mais depuis, une certaine ombre dans son regard pouvait être observée, parfois, lorsqu’il laissait ses pensées vagabonder. Je l’avais remarqué, mais je ne lui en avais jamais parlé. Parce que je savais très bien que parfois, le silence était préférable. Une étreinte que j’aurais imaginée impensable. Pourtant, dans ses bras, lui me serrant avec force et véhémence, comme pour me transmettre toute la sympathie qu’il ressentait à mon égard, je me sens bien. Presque comme si c’était là, avec lui, que j’aurais dû finir mes jours. Un moment un peu troublant, peut-être. Il aurait pu l’être si Dorian n’occupait pas la moindre petite place de mes pensées. C’était peut-être ça la solution, finalement. Abandonner Dorian à Diane, et partir avec Alistair. Pourrais-je être heureuse ? Aucune idée. Peut-être que loin, très loin de Dorian, je finirais alors par l’oublier. Mais toutes ces choses ne sont que des hypothèses banales et sans fondements. Je savais très bien, je savais parfaitement, que Dorian resterait ancré dans mon esprit, dans mon corps et dans mon âme jusqu’à la fin de mes jours. Pour mieux cesser cet instant confus, je préfère ironiser sur la situation. Non, bien sûr que non, je ne pourrais jamais tomber amoureuse de lui. Aussi charmant qu’il peut parfois être. Dorian le sera toujours plus. « Tu es la première à ne pas tomber sous le charme après une nuit avec moi » Il rit légèrement. J’esquisse un sourire, rien de plus. Il connaît les attraits de sa personnalité et de son physique. Je suis certaine qu’il ne me ment pas : un grand nombre de filles s’est probablement déjà entiché de lui, rien que par un regard échangé. « Je suis désolée de te décevoir. » répondis-je simplement. « Mais, je suppose qu’il faut bien de temps à autres une femme qui te surprenne. » Mon visage reste stoïque mais j’arque un sourcil, pour lui montrer que je plaisante, bien que je n’ai ni la force ni l’envie, pour le moment, d’avoir un état d’esprit différent. Lorsque je me regardais dans la glace, chaque matin, je ne voyais plus grâce, allégresse et sophistication. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Il fallait me ressaisir, que j’aille de l’avant. Je n’en avais pas le courage, mais en regardant Alistair, en écoutant ses mots réconfortants, je savais qu’il pouvait être la personne dont j’avais besoin. Il m’aiderait à traverser cette épreuve, tout en comprenant parfaitement ce que je pouvais ressentir, car lui aussi avait eu son cœur brisé. Tout comme Iann, je sentais que je pouvais compter sur lui. Ces deux garçons resteraient à mes côtés, de manière bien différente, certes, mais leur présence m’apaisait. « Il n’y a pas de prérequis pour les cœurs brisés. » Il baisse les yeux, et tendrement, je pose ma main libre sur nos deux mains enlacées. Un simple geste de douceur et d’amitié, car à cet instant précis, lui aussi a besoin de s’appuyer sur quelqu’un. En l’observant, je constatais avec effroi que certaines blessures ne se ferment jamais. Je craignais pour ma propre personne : je n’avais guère envie de passer une vie à m’apitoyer sur mon propre sort, mais si Dorian épousait Diane, je ne voyais pas d’autres perspectives à mon avenir. « Tu as sûrement raison. » Je soupire. Finalement, face à l’amour, nous devenions tous égaux. Nous nous éprenions tous avec force de l’être aimé jusqu’à tomber d’une hauteur immense, et se prendre la réalité en pleine face. L’amour vous nourrit jusqu’à ce qu’il finisse par vous détruire. Il me regarde à nouveau, sourit avant de déposer un baiser sur mes lèvres. J’ai à peine le temps de me reculer, mais il est trop tard : le mal est déjà fait. Il sait que je déteste ça, mais ne peut pas s’empêcher de le faire. « Alistair ! » râlai-je avant de m’essuyer la bouche du revers de la main. J’étais presque dégoûtée. Pas parce que je le trouvais répugnant, mais bien parce qu’il était devenu un véritable ami, et que je ne m’imaginais pas une seconde pouvoir embrasser mes amis. Néanmoins, je finis par sourire. Véritablement. Car je savais que ce geste anodin n’évoquait ni pour lui, ni pour moi, une quelconque ambigüité. Et cela prouvait bien que nous étions de bons amis. J’étais certaine que nous pouvions nous embrasser pendant des heures sans pour autant penser amour, mariage et enfants. Nous n’étions que des amis, des confidents, et la simplicité, le bonheur de cette amitié sans loi, sans règles était tout à fait ce dont j’avais besoin. « On devrait aller boire un verre. Ne t’inquiète pas, je ne te sauterai pas dessus » Je le dévisage, essaie presque de sonder son visage. La raison, la bonne attitude voudrait de moi que je refuse l’invitation. Il vaudrait mieux rentrer au château, ne pas s’empêtrer dans des situations compliquées. Mais j’étais fatiguée d’agir comme le monde voulait que j’agisse. J’étais fatiguée d’être sage et de penser à ma réputation avant de penser à ce dont je voulais vraiment. Je me lève, rapidement, et alors que je comprends, dans le regard d’Alistair, qu’il pense que je vais partir, je déclare : « D’accord. Je suppose que toi comme moi en avons bien besoin. » Et juste pour une heure, peut-être deux, oublier Dorian et le monde entier. Oublier ce putain d’amour qui me dévore le ventre. Être une autre Elysée, juste pour un instant. Every now and then the stars align, boy and girl meet by the great design. Could it be that you and me are the lucky ones?
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Alistair L. Adhémar ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Dorian Desclève ◗ CREDITS : Unserious, tumblr ◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu ◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Mer 26 Mar - 10:09 |
| Personne ne me connaît véritablement, et j’en suis conscient. La seule à avoir vraiment frôlé un jour le véritable Alistair, celui qui ne porte ni masque, ni armure, est Diane Deulceux. Diane, qui coule désormais des jours heureux avec son beau prince. Celui qu’elle épousera. Celui à qui elle donnera des enfants. Pour toute autre personne qu’elle, je dois passer pour un garçon volage et futile. Même pour Elysée, qui est pourtant mon amie. Mais si elle cherche un peu, si elle gratte du bout de l’ongle, elle peut la voir. La tristesse dans mon regard, la mélancolie dans mes gestes, l’amertume dans mes paroles. Elle peut voir que j’étais, et que je suis toujours, amoureux de Diane Deulceux. Que la voir fiancée à quelqu’un d’autre que moi me blesse. Je sais ce que me dirait la brunette, si elle l’osait. Tu peux reconquérir Diane. Vas-y. Reprend-là, et moi, j’aurai Dorian. Mais elle ne sait pas. Elle ne saura jamais. La raison pour laquelle Diane m’a rejeté. M’a brisé le cœur. Notre cousinage infortuné. Notre inceste largement consommé, qui n’en est pourtant pas puisque nous n’avons pas le même sang. Diane, si droite et si fière qu’elle refusait de continuer cette histoire avec le fils bâtard de son oncle. Même si je le voulais – et je le voudrais –, je ne pourrais pas arracher Diane des griffes de Dorian Desclève ; tout simplement parce qu’elle ne m’aime pas. Alors, pour empêcher Elysée d’être sérieuse, si sérieuse, je l’embrasse sur les lèvres, brièvement. Sa réaction ne se fait pas attendre ; elle me sermonne sans aucun complexe, s’essuyant la bouche d’une main. J’aime sa manière de prendre tout cela au sérieux. De détester que je l’embrasse. Et dire que je l’ai vue nue ; voilà que la belle s’indigne au sujet d’un simple petit baiser. Mais Elysée a toujours été comme ça. À lutter pour ce qui est déjà perdu. À se tromper de colère mais s’en apercevoir trop tard. Heureusement, avec moi, elle n’a pas à faire d’efforts. Je suis son ami, je le resterai, quoiqu’il arrive. Elysée Berthelot n’est pas quelqu’un que l’on raye de sa vie aussi facilement que l’on noircit des mots sur un bout de papier. Tout ce que j’espère, c’est que son prince bègue s’en rendra compte. Qu’il ne lui fera pas miroiter un avenir sans faire de véritable promesse. Parce que s’il essayait de la blesser plus qu’il ne l’avait déjà fait, je pense qu’elle ne s’en remettrait pas.
Je glisse ma main dans la sienne, alors qu’elle me dévisage. J’ai envie de me lever, de partir à toute vitesse en direction du premier bar. De commander leur boisson la plus alcoolisée, de l’ingérer jusqu’à la lie. Commander un autre verre, et un suivant. Boire, boire, boire. Me ruiner, me bouffer la santé. Elysée ne répond pas immédiatement à ma demande. Je sais qu’elle hésite. Qu’elle aimerait être raisonnable, surtout en ma présence. Mais au bout de quelques minutes, elle se lève, sans un regard. Je m’attends à ce qu’elle parte, mais ce n’est pas le cas. « D’accord. Je suppose que toi comme moi en avons bien besoin ». Je me relève, lui adresse un sourire – feint, évidemment – et passe mon bras autour de ses épaules. Nous marchons quelques mètres, assez vite, et nous arrêtons dans le premier établissement que nous rencontrons. Rapidement, le serveur nous installe en terrasse, puis prend notre commande. « Deux brandys, s’il vous plait » dis-je simplement. Depuis quelques années, le Dragon’s Barrel Brandy, célèbre alcool anglais, a fait son apparition chez nous et y est réputé. Oh, bien sûr, pas autant que nos grands vins, toujours autant appréciés des connaisseurs. Mais nous ne cherchons pas vraiment quelque chose de bon. Nous voulons oublier. Nous voulons nous saouler. Nonchalamment, j’allume une cigarette. D’un geste de la main, je fais glisser le paquet vers Elysée. Elle déteste ça, sans aucun doute, mais on ne sait jamais. C’est le genre de chose dont on peut avoir besoin, quand on est au fond du gouffre. Mon petit bâton de tabac est consommé en deux minutes à peine. Tout juste le temps qu’il faut au serveur pour nous apporter notre commande. Je regarde un instant le verre rempli de ce liquide doré, tentant de m’expliquer comment la jeunesse dorée que nous représentons a pu tomber aussi bas. Car nous sommes détruits, abimés jusqu’à l’os ; ça se voit. Pourtant, nous avons toujours été heureux, gâtés, comblés par des parents trop protecteurs, trop soucieux des apparences, trop trop. Nous avons décidé, petit à petit, de brûler ce bonheur. De le regarder se consumer, d’y prendre plaisir, parfois. De nous détruire, sans comprendre ce qui cause notre mal-être. J’écrase mon mégot sur le sol, avale quelques gorgées de liquide. Lorsque je repose le verre, il n’en reste qu’un fond. Elysée n’a pas pipé mot depuis que nous nous sommes attablés, mais je sais qu’elle m’observe. Je lève les yeux vers elle, hésite un instant. « Il sait que tu l’aimes ? ». De but en blanc, je lâche ces mots. Parce que je veux savoir. Savoir si Dorian Desclève fait sciemment souffrir deux femmes, ou s’il n’est pas conscient des sentiments de chacune. Je ne saurais dire si Diane est amoureuse de lui ; de toute façon, je n’ai pas parlé à la rubissane depuis plusieurs années. Mais à l’époque où nous étions ensemble, elle ne cessait de vanter le mérite des Desclève. D’affirmer son désir de les protéger, de rester toujours à leurs côtés. J’imagine qu’elle a ce qu’elle voulait, désormais. |
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Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Sam 12 Avr - 18:30 |
| Elysée Berthelot n’a pas d’amis. Cette phrase n’était pas peu commune. Elysée Berthelot n’a que des ennemis. Et les gens qui l’entourent, ceux qui la dévisagent avec un regard mêlé d’admiration et de terreur, elle les a choisis. Elle sait. Elle connaît leurs failles, mais surtout leurs qualités. Elle ne les choisit que parce qu’ils lui apporteront quelque chose. La quête du pouvoir commençait par l’entourage que l’on se choisissait, les amitiés que l’on se forgeait. Les amitiés, pourtant dénuées de confiance et de confidence. De simples sourires forcés, des regards mielleux qui cachaient l’agacement et le désarroi. Elysée Berthelot n’a pas d’amis.
Il y avait eu Dorian, pourtant. Et cette amitié me semblait s’être terminée depuis des années, déjà. Nous n’avions rien prévu. Rien. Mais l’amitié, apparemment, allait et venait. Un peu comme l’amour. Est-ce que l’amour que j’éprouvais s’en irait, un jour ? Je n’avais jamais eu de véritable ami – à part lui – parce que je n’avais jamais voulu me laisser aller. Laisser tomber les barrières de mon âme, pour qu’on puisse lire en moi comme dans un livre ouvert. Qui me connaissait vraiment ? J’avais cru que Dorian savait tout de moi, mais j’avais fini par comprendre qu’en réalité, il ne connaissait rien. Lui aussi s’était laissé avoir par ma façade, cette façade que j’emportais toujours avec moi. Il n’avait pas compris le sens caché derrière mes mots, il n’avait jamais vu les regards que je lui lançais en douce et n’avait jamais perçu mes sentiments parmi mes nombreuses bises. En regardant Alistair, je me demande ce que lui savait de moi. Peut-être plus de choses que Dorian. Lui m’avait vu nue. Entièrement nue. Il avait embrassé des parties de mon corps que Dorian n’imaginait jamais apercevoir. Vite, je chasse les images de cette nuit d’ivresse de mon esprit, car je sens déjà le rouge me monter aux joues. Il vaut mieux s’en aller, loin, loin. Alors, Alistair m’emmène vers un bar dans lequel je n’ai jamais mis les pieds, mais je me laisse guider. Pour une fois dans ta vie, Elysée, laisse-toi faire. Oublie-toi. Oublie qui tu es censée être. Soit celle que tu es. Ce n’était pas si facile, cependant. Après des années de manipulation et de carapace, j’avais fini par oublier l’essence même de mon être. Je n’étais plus qu’une âme fière et vile, capable d’en venir aux mains pour obtenir les faveurs d’un homme. Pathétique et ridicule. A force de trop jouer avec les autres, j’avais fini par me perdre.
Je vois à peine le serveur qui nous installe en terrasse, je n’entends pas ce qu’Alistair commande. Le silence règne entre nous, mais cela ne me dérange pas. Je ne me sens pas la force de parler. Pas pour le moment. Je le vois tout de même glisser son paquet de cigarettes vers moi. Je ne fais que secouer la tête. Je ne suis pas désespérée ; pas à ce point. Le serveur revient avec les deux verres. J’en attrape un et y trempe mes lèvres. Je grimace. Un diabolo menthe aurait fait l’affaire, vraiment. Qu’importe, je continue à boire. Après tout, Alistair s’y connait plus en ruptures douloureuses que moi – je peux lui faire confiance. Les yeux rivés sur lui, je le regarde finir sa cigarette, l’écraser sa sol et boire la moitié de son verre. Il finit par briser le silence, posant la question qui semblait lui brûler les lèvres depuis le début. « Il sait que tu l’aimes ? » D’ordinaire, j’aurais jeté mon verre à la tête du jeune homme pour tant d’impertinence. Une jeune femme française ne se laisse pas parler ainsi. La vie personnelle reste une sphère privée. Mais nous n’étions pas « d’ordinaire ». Rien n’était ordinaire, ces jours-ci. Je finis par hausser les épaules. « Je lui ai dit. » dis-je d’une voix lasse. « Mais je ne sais pas si Dorian comprend vraiment ce que je ne cesse de lui répéter. » Je soupire. « Il ne doit pas savoir qu’une Berthelot ne ment jamais, jamais quand il s’agit de ses sentiments. » J’arque un sourcil. Bien sûr, nous mentons, souvent. Je mentais pour m’attirer les grâces de ceux qui pourraient m’être utile. Mais jamais, au grand jamais, je ne dirais aimer quelqu’un si je ne le pense pas. Dorian aurait dû savoir ça. Il aurait dû… Amèrement, j’ajoute : « Je pense qu’il ne veut pas m’entendre. Parce que ça lui fait peur. Mais les mots de Diane, il les entend. » Et cette pointe de jalousie, encore, qui me ronge les sangs. « Quand je pense qu’avant tout ça, elle n’était pas là. C’est drôle, tu ne trouves pas, ce qu’une simple bague de fiançailles peut provoquer, comme sentiments ? » Un rire jaune. Reflet de ma colère, de ma haine. « Si seulement je pouvais la détruire… » Et je fuis son regard, car je me souviens de leur histoire. Que ressentait-il aujourd’hui ? Qu’avait-il ressenti en apprenant leurs fiançailles ? Est-ce que, comme moi, il avait senti son monde s’écrouler sous ses pieds ? C’était probable. « Elle doit penser la même chose de moi. » C’était même sûr. Je me souvenais de son regard noir, de ses durs mots lors de notre confrontation. De ses menaces… « Je me suis fait prendre à mon propre jeu, Alistair, et je suppose que je l’ai mérité. On croit qu’il vaut parfois mieux taire ses sentiments, pour des tas de raisons, et puis un jour, on se réveille, et on se rend compte que notre dernière chance de parler s’est envolée depuis longtemps. » Je finis mon verre, d’un cul sec, le repose sur la table, et me mordS la lèvre inférieure. « Je suis désolée. Je ne veux pas t’embêter avec mes problèmes. » Mes problèmes. Mon avenir. Mon bonheur ou mon malheur. Je ne voulais pas en parler ; je m’étais enfermée dans le silence. Mais là, face à lui, je me dévoilais. Comme si, lui, pouvait comprendre. Après tout, il était bien le seul qui puisse comprendre ce que je ressentais. Parce que lui, je le voyais à présent dans ses yeux, était amoureux de la fiancée. |
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Alistair L. Adhémar ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Dorian Desclève ◗ CREDITS : Unserious, tumblr ◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu ◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Mar 22 Avr - 15:05 |
| Pathétiques. C’est tout ce qui me vient à l’esprit lorsque je pense à nous deux, assis à cette terrasse de bar, un verre à la main. De pathétiques gosses qui courent après les ennuis, s’égratignent les genoux, se foulent les chevilles, mais continuent d’avancer, même s’il faut ramper. On s’accroche aux mauvaises choses, on prend les routes sinueuses et, inlassablement, on recommence. Comme s’il fallait que l’on crève littéralement pour que l’on arrête ce masochisme sans fin. Mais nous savons tous les deux qu’il n’y a aucun moyen de nous faire lâcher prise. Dorian et Elysée, Alistair et Diane, c’est notre seule manière d’appréhender le futur. Et ça me blesse, et ça me tue. Je vide mon verre alors qu’Elysée me répond, d’un ton las, « je lui ai dit ». Mes yeux se baissent alors que je tapote la table du bout des doigts. Elle lui a dit. Il sait. Et pourtant, il est avec une autre. « Mais je ne sais pas si Dorian comprend vraiment ce que je ne cesse de lui répéter » ajoute-t-elle. Bien sûr qu’il comprend. Évidemment. Il fait juste semblant de ne pas comprendre parce que ça l’arrange. Ignorer les sentiments des autres, c’est une astuce fréquente lorsque l’on ne sait pas soi-même quoi penser. Mais ça, je ne le dis pas à Elysée. Ça lui ferait trop de peine d’apprendre que son prince bègue doute sûrement. Qu’il retient Diane comme elle essaie de le retenir. Qu’il court après une autre. Mon amie n’a pas besoin de savoir cela. Elle s’en rendra compte bien assez tôt. « Il ne doit pas savoir qu’une Berthelot ne ment jamais, jamais quand il s’agit de ses sentiments ». Je sens toute la rancœur qu’Elysée tait jour après jour. Elle a mal, terriblement mal, et pourtant la voilà, stoïque, fière, intouchable. L’oiseau blessé qui continue de voler. Mon regard ne lâche pas le sien. « Je pense qu’il ne veut pas m’entendre. Parce que ça lui fait peur. Mais les mots de Diane, il les entend ». Jalouse. Indéniablement, inéluctablement jalouse. « Quand je pense qu’avant tout ça, elle n’était pas là. C’est drôle, tu ne trouves pas, ce qu’une simple bague de fiançailles peut provoquer, comme sentiments ? Si seulement je pouvais la détruire… ». Je baisse les yeux, la sens détourner le regard. Elle sait que je suis amoureux de Diane. Que je le suis depuis des années, que je l’attends, que j’espère chaque jour la voir revenir vers moi et qu’à chaque fois, je vais de désillusions en désillusions. « Elle doit penser la même chose de moi » ajoute-t-elle, et je relève la tête vers elle. Non, elle ne doit pas penser la même chose, parce qu’il est impossible que Diane Deulceux soit amoureuse de Dorian Desclève. N’importe qui, mais pas lui. Lui qui n’est rien d’autre qu’un prince avec un défaut d’élocution, lui qui ne vaut rien, strictement rien. Lui qui n’est pas courageux, ni charismatique, ni beau. Lui qui n’a rien pour plaire. Il ne peut pas avoir ces deux filles fantastiques à ses pieds, parce que ce n’est pas juste. Ce n’est pas juste qu’il me vole Diane, ce n’est pas juste qu’il fasse souffrir Elysée. Je serre les dents, imperceptiblement. « Je me suis fait prendre à mon propre jeu, Alistair, et je suppose que je l’ai mérité. On croit qu’il vaut parfois mieux taire ses sentiments, pour des tas de raisons, et puis un jour, on se réveille, et on se rend compte que notre dernière chance de parler s’est envolée depuis longtemps ». Je l’observe un instant, silencieux. « Je suis désolée. Je ne veux pas t’embêter avec mes problèmes » ajoute-t-elle après avoir fini son verre. Après une hésitation, ma main se lève et je hèle le serveur. « La même chose » dis-je simplement, sans lever vraiment les yeux.
Mes mains tapotent la table, et je ne dis rien pendant une minute, peut-être plus. Elysée non plus ne parle pas. Elle se sent peut-être coupable, pense avoir touché une corde sensible. Mais non. Cela fait bien longtemps que j’ai appris à ignorer les blessures que Diane m’inflige du bout des ongles. Lorsque la commande arrive, je lève enfin les yeux et vide mon verre en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Je repose le verre et inspire une grande bouffée d’air, paupières fermées. L’air est chaud, presque trop, et je sens quelques gouttes d'eau perler le long de mon dos. Sueur froide, alors que je rouvre les yeux sur le beau visage d’Elysée. « Tu devrais boire ton verre, j’ai quelque chose à te dire ». Je la sens interdite, mais elle finit par boire quelques gorgées. L’espace d’une seconde, j’ai envie de reprendre une cigarette, mais je résiste. Ma mère dit que ces merdes moldues auront ma peau, un jour, et elle a sûrement raison. Lorsque la rubissane repose le verre – qu’elle n’a pas bu entièrement, mais peu importe – je m’humecte les lèvres, avant de déclarer froidement : « j’ai vu Dorian embrasser Diane, l’autre jour ». Je le dis de cette manière, parce que c’est la vérité. C’est cet idiot de prince bègue qui a pressé ses lèvres contre celles de ma rubissane, qui l’a serrée contre lui, qui lui a couru après lorsqu’elle a tourné les talons. Je fais tourner mon verre, lentement, comme si j’hésitais à retremper les lèvres dans le liquide doré. Finalement, je le porte à ma bouche, en bois une gorgée. « Je pensais que ça ne me ferait rien de la voir avec quelqu’un d’autre ». Le vernis se brise. Je baisse les yeux, évitant le regard d’Elysée, sûrement plein de jugement. Elle ne doit pas comprendre pourquoi je l’aime, car il faut connaître Diane Deulceux pour l’apprécier. Pour se rendre compte que c’est quelqu’un de bien. « Et ce prince est arrivé ». Je relève la tête, croise les iris noisette d’Elysée. « Pourquoi lui ? », je demande simplement. Pourquoi lui, et pas moi. Pourquoi toujours Dorian Desclève. Je saisis le verre et le vide d’un trait, grimaçant lorsque je sens l’alcool brûler ma gorge. J’ignore cette douleur lancinante à ma mâchoire, là où ma peau est désormais écarlate. J’ignore les torsions de mon estomac qui me donnent envie de régurgiter mon dernier repas. Et lorsque je pose de nouveau les yeux sur ma camarade, je jurerais qu’ils sont humides. |
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Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
CARTE CHOCOGRENOUILLE ◗ LIENS:
| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Dim 4 Mai - 19:00 |
| Des enfants pathétiques. Des enfants qui n’avaient jamais rien demandé à personne. Comme le monde entier, nous rêvons toujours d’une vie meilleure. Une vie qui nous rendra heureux, qui illuminera notre quotidien. Une vie dont on ne se lassera jamais. Moi, je rêvais de m’élever. Au dessus des autres. Que l’on me regarde avec un air émerveillé. Elysée Berthelot, celle qui avait réussi. A côté du roi, elle rayonne. Plus belle que jamais, elle a enfin gravi les marches du pouvoir. Elle a enfin réalisé ses plus grands rêves. Elle, brillante avocate, désormais nommé ministre. Le rêve. Le bonheur. A son doigt, une alliance, et là, dans la foule, elle croise son regard. Celui de son prince. Son amour. Son mari. Un rêve d’enfant. Un rêve insouciant. Un rêve qui, à mesure que le temps passait, avait de mois en moins de probabilités de se réaliser. Un rêve perdu. Mon rêve. Celui que j’avais toujours eu et que je garderai toujours au fond de moi. Comme une promesse rompue. Ce genre de choses que l’on n’oublie jamais. Je l’avais fait attendre ; j’avais voulu que lui-même m’attende. J’avais fini par être trop longue. Dans mon esprit, mon corps, mon visage était petit à petit remplacés par celui de Diane. C’était elle. Elle qui se tiendrait près du roi, elle que l’on regarderait avec envie. Elle qui croisera le regard amoureux du prince. Petite vipère. Ces serpents qui se glissaient sous nos pieds sans qu’on puisse les voir, qui rampaient presque en secret, mais une fois qu’ils vous piquaient, vous vous demandez comment vous n’avoir pas pu les remarquer plus tôt. Elle s’était immiscée dans notre relation en silence. Mais, avec ses yeux perçants, ses lèvres roses et humides, son corps qui se tortillait certainement face à lui, elle avait su le séduire. Et il avait foncé tête baissé. Mais, comment lui en vouloir, vraiment ? Lui, qu’aucune autre fille n’avait regardé jusqu’à présent. Lui qui se sent aimé, désiré pour la première fois. Lui qui n’était qu’un homme finalement, oubliait celle qui avait toujours été à ses côtés. Parce que face à celle qui minaude, il s’était senti fort et beau. Je n’avais jamais pensé qu’on puisse m’évincer aussi facilement. Elysée, la grâce française, rejetée pour une fille qui ressemblait vaguement à une catin. Le monde perdait tout son sens.
Il écoute. Ses yeux ne trahissent pas la moindre émotion. Mais finalement, ce qu’il pense, je m’en fiche. J’ai juste besoin d’évacuer toute cette colère, ce venin qui coule en moi. Cette tristesse. Car Dorian refuse de l’entendre. Dorian me fuit, tout comme je l’évite depuis des semaines. Depuis qu’il m’a dit qu’il annulerait ses fiançailles pour moi. Et depuis, avais-je eu de ses nouvelles ? Non, bien sûr que non. Pourquoi encore se leurrer ? Dorian ne romprait jamais son engagement. J’étais trop bête pour y avoir cru. Une femme amoureuse, qui croyait encore au grand amour. C’était clair : il avait fait son choix ; je devrais l’accepter. Et pourtant, encore et toujours, j’espérais. Chaque matin, je retrouvais cette boule au ventre, celle qui restait nouée en moi jusqu’au moment du coucher. Celle qui me rappelait que, peut-être, aujourd’hui, Dorian viendrait m’annoncer une bonne nouvelle. Pauvre idiote. « La même chose. » finit-il par demander, après quelques secondes de silence. Je ne dis rien. Je ne suis pas contre un deuxième verre. Il paraît que l’alcool a quelques vertus, parmi lesquelles l’oubli. Même pour quelques minutes, quelques heures, je rêvais d’oublier. Quand le serveur revient, Alistair attrape son verre et le boit en quelques secondes. On dirait presque, à présent, que c’est lui qui se sent mal. Je le détaille avec attention, parvient même à voir des perles de sueur sur son front, mais je ne me pose pas plus de questions. Il fait chaud, très chaud. Mais rapidement, je comprends que la chaleur n’est pas la cause de ces gouttes d’eau : « Tu devrais boire ton verre, j’ai quelque chose à te dire. » Je hausse un sourcil, par habitude certainement, car je déteste qu’on me donne des ordres. Mais cette fois, je suis assez intelligente pour comprendre qu’il s’agit d’un conseil amical. Alors, comme pour lui obéir, je trempe mes lèvres dans le verre, mais refuse d’en boire plus. Je n’ai qu’une envie : écouter ce qu’il a à me dire. Dans son regard, je vois. Je vois que cela concerne les nouveaux fiancés. Bien sûr, quoi d’autre ? Mais, évidemment, on ne s’attend jamais à de telles nouvelles. Alors quand il prononce ces mots, ces mots qui résonneront en moi pendant encore de longues minutes, peut-être même pendant des jours entiers, je refuse d’abord de les entendre, de les comprendre. « J’ai vu Dorian embrasser Diane, l’autre jour » Et tout de suite, on essaie de sourire. Comme si tout ça n’avait pas d’importance. Un baiser ? Ce n’est qu’une petite futilité, un détail, rien de bien important. Et quand les mots reviennent en soi, le sourire s’efface, se perd. Et presque instinctivement, les larmes me montent aux yeux. L’ordre entier de la phrase prend sens. Parce que, selon Alistair, ce n’est pas Diane qui a embrassé le prince. Non, non. C’est lui. Lui qui a pris l’initiative. Lui qui a ressenti l’envie et le désir de poser ses lèvres sur celle de… de cette autre. Celle que je pourrais tuer, là, maintenant, si je l’avais en face de moi. Car Dorian est à moi, bien sûr, rien qu’à moi. Et même si derrière le mot fiançailles, je devais me douter qu’une telle chose finirait par arriver, j’avais refusé de l’admettre, de l’accepter et surtout de l’imaginer. Je n’avais surtout pas voulu croire que ce serait lui qui finirait par l’embrasser, elle. Lui qui m’avait embrassé également, des jours plus tôt. Que cherchait-il ? Une certaine comparaison ? Choisir la meilleure fiancée par rapport au meilleur baiser. J’avais des envies de vomir. J’avais envie de me lever, de m’enfuir, de crier, hurler, hurler. Dorian, Dorian, je te déteste. Alors voilà pourquoi, forcément, refusait-il de me voir ? Parce que, je le savais, après ce … ou ces baisers échangés, il n’oserait plus me regarder en face. Car il m’avait trahi. Oh oui, il m’avait trahi. Et, alors que mon cœur tambourinait contre ma poitrine, que mon estomac se tortillait encore et encore, et que ma gorge se contractait, je savais que je ne lui ferais jamais, jamais oublier cette trahison.
Alistair parle, mais je ne l’entends, ne l’écoute plus. J’entends, comme un souffle lointain, le son de sa voix mais je ne saurais pas en percevoir les mots. Jusqu’à ce moment étrange où il finit enfin par me regarder à nouveau. Lui, où dans son regard se noyait la même tristesse que la mienne. « Pourquoi lui ? » Suis-je la personne à qui poser cette question ? Moi, je savais pertinemment pourquoi lui. Moi qui l’avait toujours trouvé beau, intelligent et tellement loyal. Je comprenais pourquoi on pouvait s’attacher à lui. Beaucoup de personnes refusaient de chercher plus loin que ce que l’on voyait toujours de lui. Mais une fois qu’on le faisait, on découvrait un être exceptionnel, au sens premier du terme. Un être hors du commun. Diane l’avait découvert, apparemment. J’attrape mon verre, et cette fois, comme Alistair, je l’avale d’une seule traite avant de lui répondre, comme en écho : « Pourquoi elle ? » Elle, elle, j’avais du mal à comprendre ce qu’il pouvait lui trouver. Ce qu’ils pouvaient tous lui trouver, d’ailleurs. Dorian, comme Alistair. Je l’imaginais l’étrangler de mes propres mains, pour sentir sa vie s’éloigner de son propre corps. Je me fichais bien des conséquences. A mon tour cette fois d’appeler le serveur et de renouveler notre commande. J’attrape la main d’Alistair, posée sur la table, et la serre contre la mienne. Et dans un murmure d’accablement, je le supplie : « Oh, je t’en prie, Alistair, fais-moi oublier. » Fais-moi oublier tous nos malheurs, tous ces ingrats qui ne pensent plus qu’à eux et ne s’occupent pas du mal qui font autour d’eux. Fais-moi oublier ceux que l’on a toujours aimés et qui nous ont accordé à peine plus qu’un regard. Fais-moi oublier le monde. Fais-moi oublier Dorian et sa foutue fiancée. Fais-moi oublier les rêves que je porte en moi depuis mon enfance. Fais-moi oublier l’amour. L’amour que je finirais par mépriser. « Fais-moi tout oublier. »
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| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Alistair L. Adhémar ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Dorian Desclève ◗ CREDITS : Unserious, tumblr ◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu ◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Mar 6 Mai - 11:37 |
| Quand j’étais petit, ma mère avait pour habitude de me répéter que seul l’idiot blâmait toujours les autres pour ce qui allait mal dans sa vie. Que l’on ne devait s’en prendre qu’à nous-mêmes si on déraillait parfois, si on ne prenait pas les bonnes décisions. Si on avait le cœur brisé, si on se sentait seul, si on était en colère contre le monde entier. Endosse les responsabilités, Ali. Ne sois pas comme ton père. Assume tes choix jusqu’au bout, que tu aies raison ou tort. Ne pas être Claude Desfontaines. Quoiqu’il arrive, ne pas lui ressembler. Ne pas avoir d’enfant avec une fille et l’abandonner – ce ne serait qu’un bâtard de plus. Ne pas laisser Diane endosser tout le poids de notre échec, ne pas blâmer Dorian Desclève pour m’avoir pris ce que j’avais déjà laissé filer il y a bien longtemps. Ne surtout, surtout pas ressentir de jalousie, parce que si je désire quelque chose que je n’ai pas, c’est nécessairement ma faute, quelque part. Une éducation qui a laissé des marques, semblables à un milliard de petites cicatrices. Bien plus profondes que mes brûlures, même si elles sont invisibles aux yeux de tous. Je doute, je tremble, j’ai peur de tout gâcher, constamment. Et surtout, je crains que si tout se casse la gueule, je sois la seule personne à blâmer. Comme aujourd’hui avec Diane. Diane que j’aurais pu rattraper il y a des années, reconquérir par un quelconque moyen. Diane maintenant fiancée à quelqu’un d’autre : et tout est de ma faute. Je n’ai pas agi, je ne me suis pas battu, et maintenant, je l’ai perdue. Le pieu s’enfonce dans mon cœur, alors que j’observe Elysée qui vide son verre d’un seul trait. Elysée qui a le cœur brisé, qui n’arrive plus à sourire, qui se languit de ce pauvre fou de prince bègue qui l’a abandonnée. Elysée, qui me répond « Pourquoi elle ? », en écho à mon pourquoi lui. Tout comme elle quelques instants auparavant, je ne suis pas le mieux placé pour répondre à cette question. Pourquoi Diane ? Parce qu’elle est belle, intelligente, espiègle, insolente. Elle est insaisissable, et c’est pour cela qu’on lui court après. Que l’on s’accroche à sa robe comme aux pétales d’une rose, que l’on se pique parfois aux épines qui la recouvrent. Diane, une rose, un hérisson, Diane toujours aussi mystérieuse même après tant d’années. Impossible de connaître ses pensées, mais je suis sûr qu’en ce moment, elles se résument à cela : je me sens seule. Parce que je connais Diane, et que je sais que Dorian Desclève n’est pas – ne sera jamais – son grand amour. Diane est à moi tout comme je suis à elle.
La brunette appelle le serveur, renouvelant notre commande. Avec trois verres d’alcool, je ne suis pas sûr qu’elle tienne la distance, mais je la laisse faire. Je sais qu’elle en a besoin, au moins autant que moi. Et puis, il vaut mieux que l’on se défoule sur du brandy plutôt que sur le premier Saphiroy qui passe : l’amour mélangé à la colère est sans doute le pire cocktail qui soit. Mes yeux se détournent alors des siens. J’ai presque peur qu’Elysée commence à s’en prendre à moi, parce que je sens qu’elle a beaucoup de choses à extérioriser et, soyons honnêtes, je serais le défouloir idéal. Mais au lieu de ça, elle saisit ma main et la serre dans la sienne. « Oh, je t’en prie, Alistair, fais-moi oublier », elle murmure. J’ignore ce qu’elle désire. J’ai beau être son ami, je n’ai jamais été bon aux devinettes, et je suis le genre de garçon qui a besoin qu’on lui explique clairement les choses. Naïf, ou simplement prudent. Je fronce alors les sourcils, l’observe. Elle a toujours été si belle. Tellement, que je me demande comme le prince n’a pas pu le voir avant. Ou peut-être l’avait-il remarqué, mais pensait simplement qu’elle était trop bien pour lui. Un sentiment qui avait dû être celui de beaucoup de garçons à Beauxbâtons. Elysée a toujours fait tourner les cœurs. J’ignore si c’est sa manière de leur sourire, ses longues boucles brunes ou ses yeux dans lesquels brille l’éclat de la noblesse. Ou si c’est cette arrogance dans sa démarche, cette fierté dans son port. Mais les garçons l’aiment, c’est certain. Elysée est le rêve de tout homme ; pas le mien. Mon cœur a été pris il y a longtemps par Diane Deulceux et ni Elysée Berthelot, ni Petrónella Jónsson ne sont en mesure d’empêcher mon inéluctable descente aux enfers, causée par l’amour que je voue à la blonde aux yeux azur. Mais dans un murmure, Elysée ajoute quelques mots : « Fais-moi tout oublier ». Je la contemple ; elle la comtesse, moi le comte, et me dis qu’après tout, rien n’a plus d’importance. Ni la beauté du ciel bleu, ni le chant des oiseaux. Rien n’a plus d’importance, alors à quoi bon se poser mille questions – sans compter que l’alcool n’aide en rien. Je pourrais céder à la tentation de l’embrasser, d’essayer d’oublier, à mon tour. Essayer de tirer un trait sur Diane, sur Dorian, qu’elle fasse de même. On pourrait être heureux, tous les deux, j’en ai toujours été convaincu. On ne s’aimerait pas, mais on ferait comme si, et Dieu sait que c’est notre spécialité. Je m’approche d’elle, baisse un instant les yeux sur ses lèvres, avant de les planter dans les siens. « Tu crois vraiment que je pourrais te faire oublier Dorian et que tu pourrais me faire oublier Diane ? », je murmure, avant de poser brièvement ma bouche sur la sienne, comme je le fais si souvent. Elysée sait parfaitement qu’il faudra bien plus qu’un baiser ou une partie de jambes en l’air pour oublier ceux pour qui nos cœurs pleurent. Je recule au moment où le serveur apporte notre nouvelle commande. Je le remercie avec un sourire presque condescendant – l’alcool m’a toujours rendu désagréable vis-à-vis des gens du peuple – et vide le verre d’un trait. Ma vue se trouble un peu, alors que j’expire, comme pour évacuer le trop-plein d’alcool. Comme si ça suffisait. Dans un claquement, je repose le shot sur la table, et avant qu’elle ne puisse réagir, j’attrape la nuque d’Elysée et l’attire vers moi. Mes lèvres attrapent les siennes, s’ouvrent rapidement. Pas de frissons, pas de papillons dans le cœur, juste une envie folle d’oublier, comme elle le dit si bien. Oublier que nous sommes seuls, que nous sommes abandonnés, par les personnes auxquelles nous tenons le plus. Oublier notre tristesse, notre misère. Oublier que nous ne sommes pas amoureux. |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Elysée L. Berthelot ◗ HIBOUX : 826 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Sun Showers (Marie). ◗ CREDITS : twisted lips, tumblr, wild hunger. ◗ SANG : Héritière du comté d'Anjou. ◗ PENSINE : Comice Rubissane.
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Mer 21 Mai - 15:46 |
| L’abandon semble parfois nécessaire. Si je fermais les yeux quelques secondes, quelques minutes, j’oublierais alors, peut-être. Dorian, Diane, les fiançailles. La monarchie, même. Depuis ma plus tendre enfance, j’avais appris à aimer le régime français. J’avais appris à respecter les rois, à admirer les reines, à envier leur descendance. Comme sûrement la plupart des enfants de nobles, je rêvais de les approcher. De les toucher. De pénétrer dans leur monde que j’imaginais empli de paillettes et de luxe. Un jour, ce monde sera le mien, me répétai-je chaque soir avant de m’endormir. Ce que maman n’avait pas été capable d’accomplir, je le ferai. Facilement. Parce que l’ambition était en moi depuis ma naissance. L’art de la manipulation m’avait été enseigné avec subtilité et j’en connaissais tous ses secrets. S’il fallait détruire pour réussir, je n’hésiterais pas à le faire. Je rendrais ma mère fière, mon père ému aux larmes. Le jour où je me tiendrais à côté du roi, on m’acclamera avec plaisir, fierté et jalousie. Je serais celle qu’on craindrait, celle qu’on respecterait. Seule ou mariée à un des membres de la famille royale, peu importe, je réussirais. Toutes ces promesses, tous ces rêves avaient été balayés avec l’importance que Dorian commençait à prendre dans ma vie. Enfants déjà, nous ne nous quittions pas. Il était le frère que je n’avais pas eu ; celui à qui confier mes secrets les plus sombres, dans le creux de l’oreille, avec un sourire en coin, persuadée qu’il ne répéterait jamais rien. Celui à qui tenir dans la main quand nous nous promenions dans les couloirs sombres du palais royal, en pleine nuit. Mon échappatoire. Car même s’il était un prince, un héritier, je n’ai jamais réussi à le considérer comme tel. Dorian était un être à part, et avec lui, j’oubliais tous les mensonges de la cour. L’adolescence a fait son œuvre, son bout de chemin. Déjà, du haut de mes quatorze ans, je sentais ces changements en moi. Je savais que je ne regardais plus le prince de la même manière. Mais, je ne pouvais rien montrer. Parce que notre amitié m’était plus qu’indispensable. Parce que je craignais qu’il ne me repousse, car mon sang était loin d’être aussi bleu que le sien. J’avais laissé passer le temps, espérant peut-être que ces sentiments étranges disparaissent. Ils n’avaient jamais disparu. Et même si j’avais toujours refusé de l’admettre, j’avais vite compris qu’il me faudrait un jour choisir entre amour et carrière. Entre ma raison de vivre et mes rêves. Les deux auraient pu être compatibles. Mais j’avais bien vite lu dans les yeux de Dorian qu’il détesterait avoir, pour épouse, une jeune femme qui ne ferait que comploter dans son dos, pour accéder aux plus hautes marches du pouvoir. Ce qu’il accepterait de son amie, il ne pourrait pas l’admettre de celle qui porterait son nom.
Désormais, il me fallait complètement accepter ces réalités. Et Alistair semble, lui aussi, vouloir m’ouvrir les yeux. Un baiser échangé entre Diane et Dorian. Un baiser auquel il avait assisté. Et je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il n’avait peut-être pas tout vu. Qui sait ? Des jours, des semaines s’étaient écoulés. Les fiancés s’étaient peut-être retrouvés et embrassés une nouvelle fois. En public. Mais qui trouverait cela étrange ? Au contraire, j’imaginais déjà l’air attendri des élèves passant à leurs côtés. Des fiançailles royales qui formaient deux heureux. Quoi de plus réjouissant ? Tout le monde aimait les mariages ; encore plus quand il s’agissait de notre famille royale tant aimé. Personne ne savait la souffrance que cet engagement pouvait provoquer. Tout le monde s’en fichait. Comme toujours, on ne se préoccupait que des apparences pour oublier ce qui comptait le plus. Et qui étais-je pour leur reprocher cela ? Moi qui, la première, ne jugeait que l’extérieur. Je méritais ce que je vivais. Je l’avais bien cherché.
Alors je le supplie de me faire penser à autre chose. Lui qui en face des yeux me regarde avec intensité. Comme s’il cherchait encore à percer les vérités cachées derrière mon regard, derrière cette carapace construite depuis des années déjà. Nous nous ressemblons tellement, finalement. Nous qui avions l’habitude de prendre le monde à la légère, parce que rien n’avait d’importance. Nous qui étions persuadés d’arriver loin, le plus loin possible. Lui, le compte, l’enfant rejeté, moi, la comtesse, celle que l’on avait formaté pour détruire les autres. Lui et moi. « Tu crois vraiment que je pourrais te faire oublier Dorian et que tu pourrais me faire oublier Diane ? » Je hausse des épaules. Non, bien sûr que non. Peu importe. J’en avais besoin. Parce que, par esprit de vengeance, j’avais besoin de lui faire ce qu’il m’avait fait, avec cette petite saleté. « On ne perd rien à essayer. » finis-je par murmurer. Et quand il se penche vers moi pour déposer un baiser sur mes lèvres, je ne flanche pas, car c’est exactement ce que j’attendais de lui. Le baiser s’interrompt quelques secondes, le temps pour lui d’attraper son verre et de le finir. Ironiquement, je pense qu’il lui faut peut-être ingurgiter une dose d’alcool suffisante pour m’embrasser à nouveau. Cette fois-ci, il m’attire vers lui avec vigueur, et attrape mes lèvres. Et parce que l’alcool nous fait parfois oublier la bienséance, je lui rends son baiser avec passion, mordillant sa lèvre inférieure de temps à autre, ma main droite attrapant le col de sa chemise, avant de me reculer, à bout de souffle. Car, dans mon esprit, ne résonne que son nom. Dorian, Dorian… Mon Dorian. Mes yeux cherchent ceux d’Alistair, essaient d’y décrypter un message, ses sentiments, ses pensées. Ma main effleure lentement sa joue. « Je ne sais pas ce qu’il a fait de moi, mais je ne suis même plus capable d’embrasser un autre homme sans penser à lui. » Je l’avais fait, pourtant. Des dizaines de fois. Devant lui, même, parfois. Pour essayer de le provoquer, pour le faire réagir. Mais les choses étaient différentes, désormais. Dorian savait. Il m’avait entendu lui dire que je l’aimais, et j’espérais encore qu’au fond de lui, quelque part, il n’oublierait jamais ces mots. Même si je me fourvoyais, il était peut-être encore trop tôt pour moi pour passer à autre chose. J’attrape la main d’Alistair, y dépose un baiser. « Merci. » Je penche la tête sur le côté, et lui adresse un petit sourire. « J’en avais besoin… » Je jette un regard autour de moi. « J’avais besoin d’un ami. » Quelqu’un qui puisse comprendre ma douleur. Quelqu’un comme lui, qui souffrait autant que moi de voir la personne qu’il aimait heureuse avec un autre. Quelqu’un qui comprenait la trahison. |
| | | MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Alistair L. Adhémar ◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : ◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Dorian Desclève ◗ CREDITS : Unserious, tumblr ◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu ◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher
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| Sujet: Re: You've got a friend in me. [Elysée] Dim 25 Mai - 12:09 |
| Elysée et moi. Moi, et Elysée. Loin du côté absurde que ça peut avoir – car la comtesse et moi n’avons jamais partagé bien plus qu’un lit –, ce n’est pas vraiment hors de propos. Parce qu’après tout, il ne faut pas se leurrer : nous n’obtiendrons jamais ceux que nous voulons. Car eux ont le sang-bleu ; car eux doivent obéir à des règles auxquelles nous ne sommes pas soumis. Et quand bien même l’amour triompherait de tout (ce que j’ai fini par ne plus croire, au fil du temps), jamais nous ne pourrions vivre heureux, parce que les gens nous regarderaient toujours de travers. Nous serions considérés comme les fauteurs de trouble, les indésirables. Ceux qui ont détourné Deulceux et Desclève de leur mission sainte d’origine, ceux qui les ont pervertis. Et si malheur il y a, nous serons les premiers à être tenus pour responsables. Alors, vraiment, nous devrions y songer. Elle et moi. Ensemble. Parce que notre rang ne fait pas obstacle à cela, parce que nous serions beaux ensemble, parce que nous nous entendons plutôt bien. Et lorsqu’elle attrape mon col et mordille ma lèvre je me dis, l’espace d’un instant, que ça pourrait marcher. Que nous pourrions être bien, oublier ce stupide amour qui nous a fait bringuebaler de désillusions en désillusions. Ma bouche se cogne presque contre la sienne, et j’oublie un instant Diane pour me concentrer sur la jolie brune. Mais le visage de la rubissane – ma rubissane – revient bien trop vite dans mon esprit. Au moment-même où Elysée recule le visage, j’aurais juré embrasser Diane Deulceux. Elle me regarde dans les yeux, glisse sa douce main sur ma joue, ses doigts semblant presque froids comme ma peau est si chaude à cet instant précis. « Je ne sais pas ce qu’il a fait de moi, mais je ne suis même plus capable d’embrasser un autre homme sans penser à lui ». J’esquisse un sourire, presque amer, avant de détourner le regard. Mais je la sens attraper ma main, l’embrasser, et je ne peux m’empêcher de me tourner de nouveau vers elle, plus courtois cette fois. « Merci, murmure-t-elle. J’en avais besoin… J’avais besoin d’un ami ». Je pince mes lèvres un instant, presque sérieux, puis souris de plus belle avant de murmurer, presque en plaisantant : « et moi, j’avais besoin d’un baiser, Berthelot ». Et je sais ce qu’Elysée pense. Elle se demande comment je fais pour passer du tragique au comique aussi rapidement. Une question à laquelle même moi, je ne saurais pas répondre. Je me contente de la regarder avec cette expression presque enfantine que j’arbore souvent. Mais rapidement, cet air grave, triste, revient, sans que je m’en rende compte. Il est juste là, dans mes yeux, dans mon sourire. Je prends sa main, la serre brièvement, puis me recule dans ma chaise. Les pièces tintent lorsque je les pose sur la table en métal, et j’évite soigneusement Elysée du regard avant de prononcer les prochains mots. « Ils ne reviendront jamais, tu sais » je dis doucement, détachant chaque syllabe de sa voisine. Jamais. Il faut qu’elle se le mette en tête. Ils penseront toujours au pays avant de penser à l’amour. Ils se préoccuperont forcément de ce que les gens diront s’ils nous choisissent. Ils n’oseront pas défier leurs parents pour nous, parce qu’après tout, nous ne sommes que des souvenirs. « À moins » commencé-je, tapotant les pièces du bout des doigts. Clic, clic, clic. Puis j’ose enfin finir ma phrase. « À moins que le rang n’ait plus d’importance. À moins qu’ils ne soient plus « Prince » et « Sang-bleu ». À moins que la royauté ne meure » je chuchote, et je sens Elysée se crisper. Elle ne me lâche pas des yeux, comme soudain en proie à une panique nouvelle. Je relève la tête, l’observe un moment. Ses yeux se concentrent soudain sur ma joue brûlée, et je sais ce qu’elle pense. L’attentat est trop récent pour ne pas l’évoquer lorsque l’on parle du Roi. Mais je ne peux pourtant pas m’empêcher de rire jaune. « Si c’est ce que tu te demandes, je ne suis pas à l’origine de l’attentat. Je ne suis pas stupide au point de risquer la vie de mes amis ou celle de Diane ». Je n’évoque pas ma propre vie, tout simplement parce qu’elle n’a pas d’importance. J’ai rapidement appris à en faire le deuil, lorsque j’ai décidé de devenir Auror. Si j’ai cette ambition, la peur est un sentiment que je ne peux pas me permettre de garder, d’extérioriser. Je dois être prêt à tout, tout le temps. J’observe Elysée. Elle aime le pouvoir, elle aime la richesse et par-dessus tout, elle aime le Roi. Que ce soit Géodor ou Marien, elle lui sera fidèle jusqu’à la fin. Mais elle ne peut nier l’absurdité de la situation, et le malheur dans lequel elle nous laisse. L’amertume que nous ressentons de perdre ceux que nous aimons au profit de la couronne. Et le sentiment que l’on a, depuis toujours, d’être les laissés pour compte, trop nobles pour faire partie du peuple mais trop impurs pour rentrer dans les plus hautes sphères de l’État. « Tu n’y as jamais pensé, depuis l’attentat ? », j’ose demander, les yeux plantés dans les siens. « Tu n’as jamais pensé à ce qui changerait si la monarchie n’existait plus ? ». Je sais qu’elle frémit de terreur à cette idée, parce que si quelque chose devait arriver à son précieux prince, elle ne pourrait pas y survivre. Mais moi, j’y songe. Même s’ils mouraient tous. Même si Diane mourait. Je sais que c’est un monde qui serait peut-être meilleur. Plus juste, plus beau, plus simple. La vie serait différente, mais pas forcément pire. J’évite pourtant d’en dire davantage. J’ai beau être rebelle, je ne suis pas stupide ; parler d’attentat, de révolution alors que nous sommes en pleine rue serait suicidaire. Mais c’est un sujet qui ne peut pourtant pas être éludé. Alors que je regarde Elysée, je me demande ce qu’elle deviendrait si tout ce que nous connaissons mourait. Et si j’y réfléchis vraiment, je ne sais pas si j’ai envie de connaître la déchéance de mon amie. |
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