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 Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)

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MAJOR E LONGINQUO REVERENTIA
Alistair L. Adhémar
Alistair L. Adhémar
◗ HIBOUX : 224 ◗ REVELATEUR : Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) Tumblr_mjclvxcIOe1reci9go2_500
◗ PSEUDO : Unserious/Agnès/Dorian Desclève ◗ CREDITS : Unserious, tumblr
◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu
◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher

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MessageSujet: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyVen 24 Jan - 10:52

Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) Tumblr_mes2bmxr3Z1r99f4t
Quand je pense aux choses que j’ai perdues et que je ne retrouvai jamais, il y a une idée qui revient constamment, comme si je n’arrivais pas à m’en défaire. Je ressasse souvent le passé, me demande ce que j’aurais pu faire, comment j’aurais pu agir, pour que tout se passe mieux. Pour que je sois vraiment heureux. Et alors, souvent, le soir, alors que je m’endors, je pense à Diane Deulceux. Lorsque nous étions petits, nous nous côtoyions, de loin. Je jouais parfois avec ces enfants qui étaient nés dans l’or et le satin, jusqu’à un jour. Ce jour fatidique où j’avais dit à mon véritable père des mots, des mots terribles qui avaient transpercé l’air comme des poignards. Ma mère refusait que nous allions au parc, après cela. Elle disait que ça lui faisait trop de mal de le voir avec ses véritables enfants, avec sa femme. Celle qu’elle n’était pas, qu’elle ne serait jamais. Je n’ai jamais eu aucun doute : celui qui m’a élevé, dans notre petite maison du Berry, est mon véritable papa. Peut-être que nous n’avons pas les mêmes gènes, mais je ne lui en ai jamais vraiment tenu rigueur, non. Toute ma haine s’est toujours dirigée contre un seul et même homme : Claude Desfontaines, l’unique responsable de mon chagrin.
Diane, je ne l’avais pas revue pendant plusieurs années. Et quand j’étais arrivé à Beauxbâtons, ça m’avait enfin frappé. La rubissane avait changé. C’est fou comme cinq ans peuvent faire une différence. Je me souviendrai toujours de nos retrouvailles. De son visage d’ange, de ses longs cheveux blonds. Diane dans toute sa splendeur. Elle se souvenait de moi, évidemment. Au-delà du fait que les Adhémar étaient connus pour posséder le comté du Berry, nous avions évidemment eu l’occasion de parler, quelques années plus tôt. Bien sûr, elle ignorait mes véritables origines. Personne ne les connaissait vraiment. Les bâtards, on les cache. On n’en parle pas, et surtout, on ne les montre pas. Plus les années passaient, plus il était pourtant difficile de ne pas reconnaître les traits de mon véritable père sur mon visage. Mais je priais pour que personne ne le remarque. Je souriais, je riais, alors que Claude Desfontaines gardait cet air austère. Qui pourrait deviner que ce garçon aux yeux rieurs était l’enfant d’un homme avec lequel il ne partageait rien ? Pas Diane, en tout cas. Elle était tombée dans le panneau. Qu’est-ce que je raconte ; nous étions tous les deux tombés dedans. Je l’aimais, et je crois qu’elle aussi. Impossible d’en être vraiment sûr, parce que Diane ne dit jamais rien. Jamais elle n’avouerait ses sentiments, parce qu’elle aurait trop peur d’y perdre des plumes. De se retrouver démunie, perdue, trahie, sauf que je n’aurais jamais pu lui faire de mal. Nous sommes restés près d’un an ensemble. Nous ne nous affichions pas en couple à Beauxbâtons – le règlement l’interdisant –, mais personne ne semblait ignorer notre idylle. Nul besoin de montrer cet amour au monde entier. Notre complicité était tout ce qui comptait, et nous étions heureux.
Et puis, Diane a tout découvert. Et malgré le fait que nous ne partagions aucun lien de sang, elle m’a quitté. Parce qu’elle ne voulait pas être amoureuse du bâtard de son oncle. Parce qu’elle pensait que les gens ne comprendraient pas. Parce qu’elle avait peur, tout simplement. Et je ne lui en ai jamais voulu. Je savais qu’elle réagirait ainsi ; peut-être était-ce la raison pour laquelle je lui avais caché mes origines, pendant tout ce temps. Je savais qu’elle n’assumerait pas. Je savais qu’elle aurait du mal à regarder le mari de sa tante dans les yeux. Qu’elle ne pourrait pas le serrer dans ses bras quand il lui offrirait des cadeaux à Noël. Parce qu’à présent, ce n’était plus vraiment son oncle. C’était l’homme qui avait fait un enfant dans le dos de sa conjointe, et qui n’avait pas voulu l’assumer. Diane et moi. Nous aurions pu être heureux, sans tout ça. Mais la vie n’est jamais aussi simple. Au final, nous avons arrêté de nous voir. Peut-être parce que c’était trop douloureux de se regarder dans les yeux, d’avoir un sentiment d’inachevé, mais de ne rien pouvoir faire. J’ai essayé de lui dire. De lui expliquer que ça n’avait aucune espèce d’importance. Que nous n’avons pas le même sang, que nous ne sommes même pas cousins car jamais je ne ferai partie de la famille de ce fichu sang-bleu. Mais Diane, ma belle Diane, n’a jamais voulu entendre raison. Je crois qu’au bout du compte, elle s’est habituée à mon absence. Elle m’a oublié. Je devrais lui en vouloir, mais ça m’est impossible. Si elle est heureuse, comment pourrais-je être amer ? Comment pourrais-je lui souhaiter du mal ?

Je ne saurais dire pourquoi mes pas me mènent à la salle des destinées. Je n’ai jamais cru que j’avais une bonne étoile. Que ma vie était déjà tracée dans les cieux. Mais je sais que cet endroit est souvent désert, et c’est ce dont j’ai besoin, aujourd’hui. C’est une de ces journées qui me rappelle certains souvenirs d’enfant ; l’odeur de l’air, le regard des autres. Ceux qui me scrutent des pieds à la tête comme si j’étais une anomalie. Les psychiatres diraient qu’il s’agit d’une nouvelle phase paranoïaque, mais je n’y crois pas. Je pense simplement que mon passé me revient parfois en pleine face, comme une énorme gifle. Les erreurs que j’ai commises, mes origines si troubles et si évidentes à la fois. Et bien sûr, Diane Deulceux. J’entre dans la salle et me retrouve happé par les étoiles, aspiré par l’immensité de l’univers. L’espace me fascine. Parce qu’il est infini, intrigant, magique. Je reste debout, fasciné par ce décor. J’avais oublié à quel point cet endroit était magnifique. Et mes problèmes semblent presque loin, lorsque j’entends la porte s’ouvrir. Je suis alors à mille lieux de me douter qu’il s’agit d’elle. Parce que si j’avais su qu’elle viendrait, j’aurais choisi un autre endroit pour m’isoler. Je me retourne, et mes yeux croisent les siens. Je ne trouve plus mes mots. C’est l’effet qu’elle a toujours eu sur moi, après tout. Me rendre muet, malade, malhabile. J’aimerais fuir, mais mes pieds sont figés au sol. Pars, je t’en prie. Pars.


Dernière édition par Alistair L. Adhémar le Sam 12 Avr - 19:47, édité 1 fois
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C. Diane Deulceux
C. Diane Deulceux
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◗ PSEUDO : ARTHUR DE NOBLECOURT./WR∆TH./LOLA. ◗ CREDITS : CRIPSOW. TUMBLR.
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyMer 12 Fév - 22:29

Do not fall in love With people like me. people like me will love you so hard that you turn into stone, into a statue where people come to marvel at how long it must have taken to carve that faraway look into your eyes.
Do not fall in love with people like me, we will take you to museums and parks and monuments and kiss you in every beautiful place so that you can never go back to them without tasting us like blood in your mouth.
Do not come any closer. people like me are bombs : when our time is up, we will splatter loss all over your walls in angry colors that make you wish your doorway never learned our name.
do not fall in love with people like me. with the lonely ones, we will forget our own names if it means learning yours, we will make you think hurricanes are gentle, that pain is a gift, you will get lost in the desperation, in the longing for something that is always reaching but never able to hold.
do not fall in love with people like me. we will destroy your apartment, we will throw apologies at you that shatter on the floor and cut your feet.
we will never learn how to be soft.
we will leave.
we always do.


Ca s’immisçait sous sa peau.
Insidieux. Vicelard. Ca rentrait sous sa peau et s'installait simplement en elle. Le sentiment impérissable que quelque chose n'allait pas, que quelque chose n'irait jamais. Dans ses rêves, Diane courait. Elle courait à en perdre haleine, elle courait vers des destinations dont elle ignorait tout mais elle courait, elle courait, elle courait ; et elle se réveillait toujours en nage, à lancer un regard torve à Juliette (qui ronflait, comme toujours) et en essayant de dompter sa respiration sifflante. C'était comme si elle se détruisait progressivement de l'intérieur, tout commençant et se concentrant autour de l'anneau qui ne quittait pas un seul instant son annulaire. La demande de Dorian avait fait le tour du château en un rien de temps (elle avait pu profiter des regards jaloux de son ancien copain, Léonard) et elle se maudissait chaque instant pour cela. Pour quoi paraissait-elle, désormais ? Une idiote. Presque une parvenue. Le genre de jeune femme qui se fait sa place au sein de la famille royale, lentement, doucement ; et du jour au lendemain, se retrouve fiancée au prince du sang de France. Diane Deulceux n'obéissait pas à tous les canons de délicatesse, de beauté et de tenue de son époque, non, vraiment (elle était rustre, bruyante, maladroite et peut-être trop arrogante) ; toutefois, elle conservait un grand amour du paraître et de la réputation. Orgueil et fierté d'un nom ancestral, si peu entaché par le temps (mais un peu quand même. Un peu trop). Pour une fois, elle ne riait pas, elle ne criait pas, elle ne respirait pas fort. Au contraire. Elle rasait les murs, volait discrètement sous le radar. Elle avait besoin de temps seule et elle connaissait l'endroit parfait pour cela.

A force d'y avoir passé des années et des années à y errer et à y étudier, Diane connaissait le château de Beauxbâtons par cœur. Elle savait quels passages prendre pour éviter cette personne ou celle-là ; elle n'ignorait rien des raccourcis rejoignant cette aile à cette autre ; elle était toujours la première à vous informer d'une petite astuce à propos du château même si cela n'avait strictement rien à voir avec la conversation. Aussi superficiel et cliché que cela puisse paraître, elle considérait un peu l'endroit comme sa seconde maison. Alors perdue dans ses pensées aux tenants et aboutissants plutôt sombres (peu de choses ne lui passaient à l'esprit si ce n'était que son futur, certainement misérable, en compagnie de Dorian), elle se laissa machinalement diriger vers la Salle des destinées, relevant de temps à autre le regard du sol pour vérifier qu'elle empruntait bien le bon chemin. Elle referma le plus discrètement possible la porte dans son dos – c'était le genre d'endroit où on essayait, à tout prix, même si on s'appelait Diane Deulceux, de laisser un silence religieux régner – et s'autorisa une seconde pour respirer posément et glisser une mèche de cheveux blonds derrière son oreille. Au moment précis où elle allait enfin se détacher du battant de la porte et se perdre dans la pièce pour en découvrir les mystères, elle croisa son regard et en un instant, elle sut ce qui aurait pu empirer sa journée. Le croiser lui. Évidemment.

Alistair avait de beaux yeux. La lumière mystérieuse et tamisée de la pièce ne leur faisait pas honneur : mais leur simple pensée ramena Diane à une époque qui lui semblait bien plus heureuse. Bien plus simple. Elle n'avait pas à se soucier d'autre chose si ce n'était qu'elle et son amour égoïste et stupide pour le jeune homme. Alistair avait de beaux yeux, un sourire à se damner et de si beaux cheveux que Diane aurait pu passer des heures à entortiller et à défaire. Elle ne savait plus trop quand, comment et pourquoi tout s'était fini abruptement. Ou plutôt si, elle ne le savait que trop ; cela lui semblait irréel, désormais. Elle se sentait changée, différente de la singulière époque où elle lui avait craché que c'était fini et qu'elle ne voulait plus jamais le voir. Pour une fois, aucun dégoût ne vint lui tordre le cœur ; aucune rancoeur ; aucune impression incestueuse que quelque chose ne tournait pas rond. Il n'y avait que ses beaux yeux, qu'elle devinait vaguement mais si bien, et l'envie terrible de venir se blottir dans ses bras en lui disant : reprends moi dans tes bras et ne m'oublie jamais (car on ne pouvait décemment pas l'oublier, elle se le refusait). « Alistair. » le salua-t-elle simplement. Sa voix suintant la déconfiture, on entendait sa gorge serrée, le trop plein de trucs compressé sur son cœur. C'était pathétique, changeant et presque touchant, de la voir ainsi hésiter, entre s'approcher de lui et s'enfuir en courant. « Je ne savais pas que tu connaissais cet endroit. » lâcha-t-elle ensuite presque froidement, toute contenance retrouvée, faisant quelques pas princiers dans la pièce. Elle ne se laisserait pas impressionner par Alistair Adhémar, ni étouffer par une tendresse désormais morte, ni prendre par surprise par ce sentiment latent et puissant de recherche d'affection et de tendresse. Elle serait plus forte que ça, elle serait plus forte que lui. Ses yeux s'étrécissent en le détaillant (il a changé, il a grandi, il a forci) avant qu'un vague air de mépris ne vienne définitivement s'installer sur ses traits. Elle ne lui fit pas l'honneur de dire un mot de plus, se contenta d'un dernier regard polaire avant de se détourner se passionner d'elle ne savait quoi. Elle avait le cœur au bord des lèvres. Son cousin.


Dernière édition par C. Diane Deulceux le Ven 21 Mar - 21:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyJeu 13 Fév - 9:58

Des nuits entières, je m’étais demandé ce que j’avais pu faire de mal pour que Diane me laisse tomber. Je la savais amoureuse, et à moins qu’elle soit aveugle, elle ne pouvait pas ignorer mes sentiments. Mon premier véritable amour, auquel je suis resté fidèle parce que je n’avais besoin de personne d’autre. Et lorsqu’elle m’a rejeté sur la simple existence de cette maudite bâtardise, j’ai tout remis en question. Jusqu’à mon existence-même. Moi qui avais toujours souffert d’être ce fils de sang-bleu, renié jusqu’à la moelle, voilà que ce statut m’empêchait d’aimer qui je voulais. J’aurais voulu montrer à Diane que je souffrais, qu’elle m’avait rejeté pour des raisons qui n’avaient aucun sens. Mais mon orgueil avait pris le dessus. Je gardais la tête haute, enchaînais les conquêtes, en espérant qu’elle les jalouse, qu’elle les méprise. Mais en réalité, Diane s’en moquait. Elle avait repris son train-train royal, et il n’y avait plus de place pour moi dans sa vie. Nous nous évitions, ou tentions de nous intercepter volontairement. Lorsque j’avais une fille à mon bras, je faisais tout pour que la rubissane soit au courant. Mais évidemment, ce n’était pas le meilleur moyen pour la reconquérir. Au fil des années, nous nous sommes tous les deux essoufflés, fatigués par cette course-poursuite qui n’avait plus de sens. J’ai cessé de penser à elle, elle qui m’avait chassé de ses pensées depuis bien longtemps.
Et puis, la rumeur du mariage Desclève/Deulceux a fait le tour de l’école. Et j’ai de nouveau souffert, bien malgré moi. Cette plaie que je pensais cautérisée depuis longtemps était, en réalité, béante. Je refuse que Diane s’appelle Desclève, je refuse qu’elle partage son lit, qu’elle lui fasse des enfants. Qu’elle soit là pour lui en permanence alors que moi, moi, j’ai tant besoin d’elle, encore aujourd’hui. Et je me déteste de penser tout cela, je me déteste de l’aimer autant malgré le mal qu’elle m’a fait. Je me demande parfois si elle pense autant à moi. Si je plane dans ses pensées comme un fantôme dans un vieux manoir. Je doute que ce soit le cas. Si ça l’était, de toute manière, elle ne l’avouerait jamais. Elle est bien trop fière pour confesser son besoin d’être avec quelqu’un, d’aimer quelqu’un. Et puis maintenant, elle a ce prince. Ce grand garçon filiforme qui fait d’elle la princesse qu’elle mérite d’être. Je ne suis personne pour revendiquer un quelconque droit sur elle. Personne.

Les yeux de Diane cherchent les miens, dans la quasi obscurité environnante, et les trouvent finalement ; comme un vieil automatisme qui revient. Face à elle, je me sens seul, désarmé, impuissant. Je ne peux rien faire, si ce n’est espérer qu’elle s’en aille. Et pourtant, pourtant. Je ne ressens aucune haine, aucune aversion. Uniquement de l’affection, et je déteste ça. J’aimerais la haïr, toute entière, pour ce qu’elle m’a fait. Pour ces nuits passées à me demander si je méritais de vivre, à me persuader que je n’étais qu’une erreur de la nature, une anomalie qui ne devrait pas exister. Rien n’y fait. Elle reste mon premier, mon unique amour. Celui qui fait mal, autant que si on m’arrachait les ongles avec une pince. J’aimerais qu’elle fasse demi-tour pour mettre fin à cette douloureuse agonie, pour ne pas remuer le couteau dans cette blessure fraîchement rouverte. Connaissant son orgueil, il se peut qu’elle parte. Qu’elle ne veuille pas me parler et préfère agir comme si je n’existais pas. Mais elle ouvre la bouche et prononce mon prénom. « Alistair ». Je déglutis, détourne les yeux de son visage impassible dont la seule vue m’est insupportable. Comme si rien ne s’était passé, elle me salue. Droite comme un i, fière, stoïque ; seul son ton laisse passer quelques émotions étouffées. Je m’interdis de craquer. Je somme à ma voix de ne pas se briser. De nouveau, je la regarde, avant de répondre doucement. « Diane ». Les secondes défilent, et je la sens hésitante. Je n’ai qu’une envie : m’enfuir en courant. La planter ici, comme elle m’a laissé, il y a cinq ans déjà. « Je ne savais pas que tu connaissais cet endroit » lâche-t-elle soudain. La Diane froide, dure, altière refait surface. Je ne supporte pas ce personnage qu’elle joue parfois. Sa suffisance me débecte, mais j’essaie de ne pas y penser. Parce que quelque chose de plus grave prend le dessus, me rend vulnérable et vacillant. Elle me traite comme un inconnu. Comme si nous n’avions rien vécu ; comme si elle ne souhaitait pas s’en souvenir. Elle fait quelques pas, resserrant la distance qui nous sépare. À chaque centimètre gagné sur moi, mon cœur se serre. Je me demande toujours comment nous avons pu devenir deux étrangers. Nous qui nous sommes aimés tellement, pendant si longtemps. Il y a tant de choses que je voudrais lui dire. À commencer par arrête avec ce foutu « inceste » qui a été le motif de notre séparation. Nous n’avons pas le même sang. Claude Desfontaines n’a aucun véritable lien avec toi. Mais ce serait admettre qu’elle m’a fait mal, terriblement mal, et ma fierté est plus forte.
Je baisse les yeux, un instant. Juste le temps d’apercevoir cette magnifique bague à son annulaire gauche. C’était prévisible. Les Desclève et les Deulceux finiraient par s’unir, ce n’était qu’une question de temps. Et de toutes les filles qu’un prince pouvait épouser, il avait fallu que ça tombe sur Diane. Elle devait être ravie. Je savais combien servir la monarchie était important, à ses yeux. Elle ne vivait que pour ça, depuis toujours. Se retrouver fiancée au prince du sang était une victoire en soi. Une défaite pour moi qui espérais secrètement qu’elle se rendrait compte, un jour, de ses véritables sentiments. Qu’elle reviendrait vers moi, parce que si nous sommes séparés, rien n’a de sens. Mais ce n’est pas le cas. Elle n’a pas fait marche arrière. Elle ne reviendra jamais. Je suis amer, déçu, épuisé. Et lorsque je relève les yeux, je n’arrive à lui dire qu’une chose, le ton teinté d’une froideur étrangère. « Félicitations ».


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C. Diane Deulceux
C. Diane Deulceux
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyVen 21 Mar - 22:26

Alistair était un souvenir douloureux. C'était le souvenir douloureux d'une Diane légère, d'une Diane amoureuse – d'une Diane faible. D'une Diane si faible qu'elle en avait pleuré des nuits et des nuits (même si, encore aujourd'hui, elle refusait de l'admettre et Juliette était certainement la seule personne au courant sur terre), à penser à ce qu'elle lui infligeait, à ce qu'elle s'infligeait. Car elle l'aimait, cet idiot. Ou du moins : elle l'avait aimé. En plus d'être magnifique, il était charmant, cultivé, drôle, confiant. Il était un peu orgueilleux, un peu fier. Il riait, il souriait, il vivait et c'était cette vie qui l'avait attirée comme un aimant. Ils se ressemblaient, quelque part, sans doute trop pour que ce ne soit pas qu'une simple aventure. Diane était la reine des aventures. Elle n'était définitivement pas de ces filles qui s'offrent dès le premier soir, loin de là ; mais elle était la reine des aventures d'une semaine, des aventures chaussettes, des aventures éphémères desquelles on ne garde qu'un souvenir tendre amer. Alors qu'Alistair... ! Sa plus grande histoire d'amour, très certainement : il avait eu la passion, il avait eu l'amour et, surtout, il avait eu Diane nue, Diane simple, Diane tout court. Et surtout la Diane conventionnelle, la Diane qui avait peur des conséquences, la Diane qui l'avait plaqué du jour au lendemain car son seul crime avait été de naître de son père. Elle frissonne en sentant le regard du jeune homme se glisser sur elle, la découvrir, la mettre à nu : elle est un livre ouvert, pour lui, c'est l'impression qu'elle en retire. Elle n'est rien, sous son regard inquisiteur ; elle n'est rien, devant cette rancune palpable ; elle n'est rien, face à l'amertume et l'incompréhension. Elle aimerait lui expliquer. Écraser ses lèvres sur les siennes pour lui rappeler leur amour. Prendre sa main et l'attirer à elle pour lui murmurer à l'oreille le pourquoi du comment. Poser sa tête sur son épaule pour se laisser bercer dans d'autres songes. Mais elle ne peut pas. Elle ne peut plus. Elle n'a pas le droit.

Puis, la ritournelle incessante. Le requiem qui aura raison d'elle. La mélodie qui lui scie les oreilles, les fait saigner. Les mots qui lui font pleurer des larmes de sang : « Félicitations » Diane Deulceux reste impassible quand bien même, perceptiblement, sa poitrine se soulève plus violemment quand sa respiration s'accélère. Elle se force à rester droite, sa main toujours en évidence (alors qu'elle n'a qu'une envie : la cacher, l'enterrer, la couper, la détacher pour éviter qu'Alistair ne voit l'alliance, ne comprenne qu'elle doit épouser un autre, pour éviter elle ne sait trop quoi qu'elle ne veut pas vivre) (trop tard). Il est froid. Elle veut le prendre dans ses bras, retrouver l'Alistair solaire, l'Alistair souriant, l'Alistair de laquelle elle est tombée amoureuse il y a des siècles. Maintenant, ce n'est plus la tendresse ou la passion qui fait battre son cœur mais une tristesse amère, une culpabilité oppressante. Je suis désolée veut-elle crier. Tu dois me comprendre. Tu dois me pardonner. Tu dois m'aimer car c'est ça qui lui manque, bien plus que leurs moments privilégiés. Son amour plutôt que ses vaines tentatives de la rendre jalouse (vaines ? De qui te moques-tu ? Chaque fille à son bras était un pic de fer enfoncé dans ton cœur de glace), son amour plutôt que ses regards accusateurs, son amour plutôt que lui qui l'évitait comme la peste. « Merci. Dorian est un homme formidable. » Toujours la même litanie. Merci. Dorian est un homme formidable. Un homme formidable. Tu l'aimes ? Beaucoup. Il est formidable (sous le masque de fer qu'elle arbore sous le regard d'Alistair Adhémar, des larmes lacèrent sa face). Elle fit quelques autres pas hésitants dans la pièce, se détournant de l'endroit où se tenait Alistair. Elle voulait peut-être l'éviter ou faire mine qu'il n'existait plus (comme des années plus tôt) mais, invariablement, elle lui jeta un regard en coin pour lancer, presque vaseuse : « Épargne moi ton hypocrisie, Alistair. » d'une voix douce, lente, tendre peut-être.

L'hypocrisie. Elle n'y pense plus. À la trahison, le sentiment d'injustice, le sentiment de colère, qui lui avait siphonné le cœur quand elle avait appris (de sa bouche!) toute l'histoire. Quand elle avait su que, durant tout ce temps il était un cousin. Et puis elle avait connu le dégoût, immense. De lui, et d'elle. Très bien, cousinage par alliance, certes. De plus, c'était autorisé, non, les cousins ? Oui. Mais ce n'était pas la même chose. Oui, elle aurait pu épouser son cousin – avec quelques réticences, certes, mais elle l'aurait fait – s'il n'avait pas porté le même nom de famille qu'elle mais Alistair était un bâtard. Et désormais, quand elle voyait le visage de son oncle Charles, les traits du jeune homme s'y superposait. Et elle regrettait ces yeux qu'elle aimait tant, ces plis autour de la bouche qui la faisaient craquer, ce sourire pour lequel elle aurait tout fait, cette bouche de laquelle elle n'était jamais rassasiée. Je te déteste pour t'avoir tant aimé. « Il paraît que nos vies sont écrites dans les étoiles. » dit-elle pensivement, plus à elle-même qu'à lui (elle ne lui adressait plus qu'une attention toute relative, plongée dans ses pensées et ses souvenirs, déambulant avec l'assurance que procurait l'habitude dans la pièce). Sa vie était écrite, là, quelque part. La manière dont elle avait aimé Alistair. La manière dont elle allait épouser Dorian. La manière dont tous ses amants allaient lui tourner le dos et la manière dont elle finirait, invariablement, seule. Je les emmerde, les étoiles, songea-t-il avec une mauvaise foi et une vulgarité rares, un soupir venant soulever sa poitrine. « Tu me manques parfois. » finit-elle par confesser, en lui tournant toujours le dos, son orgueil étranglé dans sa gorge. Et si elle n'avait été rien d'autre qu'une briseuse de cœurs, au moins une fois, elle pouvait se permettre d'une sincère.
Les étoiles sont mortes afin que tu sois là aujourd'hui.
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptySam 22 Mar - 14:00

Voir Diane, penser à elle est douloureux. Cette complicité morte et enterrée semble enfoncer ses ongles dans nos chevilles, la main hors de terre, comme pour nous implorer de la laisser revenir. La laisser s’installer à côté de l’amour, celui qui est accroché à nos tripes, qui ne nous lâche pas, même après tant d’années. J’aurais aimé ne plus penser à Diane, être totalement détaché. On m’a toujours dit que les sentiments ne sont qu’une illusion. Ma mère le sait plus que tout autre ; Claude Desfontaines n’a jamais été sien, ne le sera jamais. Elle s’est habituée ; a épousé un homme qui lui offrait la sécurité, un sentiment pourtant si éloigné de l’amour. Elle m’a appris que les émotions après lesquelles nous courons sans cesse sont inutiles. Elles ne nous rendent pas meilleurs, pas plus intelligents. Elles ne font que nous fragiliser ; elles ne font que briser la mince armure qui protège le cœur des bleus. Diane, avec un autre. Je devrais m’en moquer. Je devrais penser au beau visage de Petrónella, l’islandaise. À celui de Léa, sa meilleure amie. Laisser une autre fille entrer dans ma vie, prendre la place que la rubissane occupe depuis trop longtemps. Parce que l’amour, ce n’est pas important. Ce n’est pas une fin en soi. C’est juste un moyen de se sentir moins seul, moins misérable, moins inutile. Exister dans les yeux de quelqu’un. L’amour, ce n’est pas important.
Mais Diane est plus qu’un souvenir. Diane est un futur que je n’ai jamais vécu, une vie que j’aurais pu avoir et qui m’est enlevée. Diane est une promesse, Diane est un mensonge. Diane est tout ce que l’on m’a pris, et qu’on ne me rendra pas. Tout ce qui me détruit parce que je suis faible, trop faible, et que je ne devrais pas me détruire à cause de l’amour. Parce que l’amour, ce n’est pas important. Je m’en convaincs, jusqu’à entendre ses mots. « Merci. Dorian est un homme formidable ». Une déclaration, simple. Ce qu’elle répète probablement depuis ses fiançailles. Un homme formidable. Nul doute là-dessus. Même si je le déteste. Lui qui fait souffrir Elysée, mon amie. Et ma Diane, qu’il n’aime sûrement pas vraiment. Mais sa condition fait que je n’ai rien à dire. Absolument rien. Parce qu’à côté de lui, je suis un parasite, un indésirable. Un sang-pur, bâtard de sang-bleu. Pire qu’un roturier. « C’est un prince » dis-je simplement, sans une once de méchanceté dans la voix. C’est un prince, tel que tu le mérites. Ce n’est pas moi. Celui dont tu ne voulais pas, celui dont tu ne voudras jamais. Évidemment, je sais que Diane n’a que faire de la couronne. Si elle voulait être reine, elle choisirait Marien. Non. Diane se laisse porter par son sens du devoir. Se laisse dicter sa vie par un code stupide auquel elle ne devrait pas obéir. Les Deulceux ont toujours été tellement fidèles à la famille royale ; l’alliance avec les Desclève était inévitable, à plus ou moins long terme. Leur mariage, leurs enfants, la concrétisation d’un amour que la nation admire déjà, tout cela arrivera bien trop vite. Mais, devoir ou pas, je doute qu’elle souhaite tout cela. Qu’elle désire cette vie. « Épargne moi ton hypocrisie, Alistair ». Sa voix est douce. Sans doute trop. Je ne le mérite pas. Je la confronte à ce passé, à ce potentiel futur à mes côtés, celui qu’elle ne vivra pas. Je m’y suis fait. Qui quitterait Dorian Desclève, le prince, pour Alistair Adhémar, l’héritier ? La honte des Desfontaines ?

Mon regard se baisse, ne l’affronte pas. Ne l’affronte plus. Oui, je suis hypocrite. Elle le sait. J’aimerais lui prendre la main et m’enfuir avec elle. Et bon sang, ôter cette stupide bague de son annulaire. Cet anneau si brillant, trop brillant, qui me rappelle qu’elle s’éloigne de moi. Pour toujours. Sans retour possible. Et c’est injuste, tellement injuste. Ironique, aussi. La salle des destinées, qui nous réunit. Nous qui n’avons plus rien en commun, si ce n’est la parenté. « Il paraît que nos vies sont écrites dans les étoiles » finit-elle par murmurer, pensive. Il paraît, oui. Je n’ai jamais su y lire un quelconque signe. Pour moi, les étoiles ne sont ni plus ni moins qu’une succession de points brillants. Sans aucun sens. L’avenir n’est pas écrit. L’avenir se rédige chaque jour, page après page. Mot après mot. L’avenir se choisit, en grande partie. Diane a choisi Dorian. J’ai choisi la solitude. J’ai choisi de devenir Auror. Pour me rendre utile. Pour faire de mon corps une arme, au service de la magie blanche. J’aurais pu vouloir prendre un autre chemin. Vouloir devenir médecin, sauver des vies. Ou artisan. Tout comme Diane aurait pu choisir de ne pas épouser Dorian. De refuser sa proposition. Elle ne l’avait pas fait. Elle avait pris une décision, bonne ou mauvaise ; celle de devenir l’épouse d’un prince. Et lorsque Diane fait un choix, elle s’y tient. Je la connais assez bien pour savoir ça.

Le silence s’installe, l’espace d’un instant. Un court moment durant lequel nos respirations, lourdes, semblent résonner dans la salle. Nous nous tournons le dos. S’ignorer, alors que nous sommes dans la même pièce. Ça nous ressemble. D’anciens amants jouant le rôle d’étrangers. Un comportement dénué de crédibilité. Et soudain, Diane soupire. « Tu me manques parfois ». Je déglutis. Les mots que je n’aurais pas dû entendre. Qu’elle n’aurait pas dû prononcer. Les mots qui me font mal, terriblement mal. Impossible pour moi d’être détaché une minute de plus. De faire semblant, comme je l’ai fait pendant des années. Mes lèvres laissent finalement passer un murmure que j’ai trop longtemps étouffé. « Tu me manques aussi ». Pas de parfois. Parce qu’elle me manque en permanence. Elle. Son sourire. Ses baisers. Son amour. Je reste dos à elle, ne bouge pas d’un pouce. Et malgré la lueur de ces foutues étoiles, j’ai l’impression d’être dans le noir complet.
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyVen 28 Mar - 14:26

La faute, cher Brutus, n'est pas dans les étoiles, mais en nous-mêmes songe-t-elle alors que ses doigts se lèvent, languides, dans l'espoir de venir effleurer une de ces énièmes boules de feu qui discrètes, à peine plus remarquables et grandes qu'un ongle, flottent silencieusement dans l'air en recréant sous ses yeux ébahis des systèmes, et des systèmes, et des systèmes solaires. « C’est un prince » rajoute Adhémar, quand la blonde lui dit que Dorian est un homme formidable. Il l'ignore alors, mais l'améthysse jette un froid sur elle, rappelle doucereusement à Diane le poids de son sacrifice. Lentement, la nervosité vient lui grignoter le ventre, lui faire se tordre tous les organes de son corps, parce qu'elle n'est pas prête, parce qu'elle ne veut pas, parce qu'elle n'a pas le choix. Elle qui n'a même pas la carrure d'une duchesse, d'après sa mère ; elle qui semblait parfois si « mal élevée », si « perturbatrice » ; elle encore, trop impulsive, trop opiniâtre, elle, mariée à un prince ? Devenir une princesse ? Elle avait le senti le regard des autres sur elle, glisser, jaloux, hostile ; mais pourtant, cette simple idée, pour Diane, n'était que synonyme de dégoût. Elle lui retournait le ventre. C'était terrible, vraiment ; quand toutes les jeunes filles au monde rêvaient de devenir princesse et de n'être que des enfants magnifiques perdues coincées dans des tours d'argent protégées de dragons, Diane, quant à elle, ne voulait qu'apprendre la magie et le duel et l'escrime. Dorian. Un prince se dit-elle (car elle oubliait cela souvent, mine de rien ; il était, à ses yeux, plus un homme, un ami, un frère, un fiancé qu'un prince). Et moi sa princesse. Quelle paire nous faisons ! Elle ne répliqua rien car, à ses dépens, Diane avait appris qu'Alistair lisait en elle mieux qu'elle-même. C'était comme si, à l'aide d'un de ses regards sombres et pénétrants, il pouvait s'enfoncer dans les méandres de son esprit comme dans du beurre et en retirer tout ce qu'il désirait (et dieu qu'elle détestait ses yeux, ses putain de yeux qui la foutaient à l'envers). Et elle ne voulait pas qu'il sache à quel point ses fiançailles avec Dorian Desclève lui faisait, atrocement, irrémédiablement, peur.

Voilà, le mot était jeté. Peur. Peur. Peur. La grande, belle, forte Diane Deulceux avait affreusement peur qu'un certain jadérial lui fasse perdre toute crédibilité auprès de la société sorcière, qu'un certain jadérial lui brise le cœur en choisissant une autre et, surtout, qu'un certain jadérial se rende forcément compte que lui comme elle fonçaient dans le mur à toute vitesse vues les manières auxquelles ils se prenaient pour communiquer et... être. Elle avait peur. Peur d'être celle que l'on quitte plutôt que celle qui quitte, surtout, irrémédiablement (et peut-être cela expliquait une partie de sa séparation avec son doux comte Adhémar, rien de plus qu'un sang-pur, certes, mais avec un si joli sourire vous savez ; ils étaient deux électrons libres, bien évidemment, et elle avait toujours cru que ce serait à celui qui ferait souffrir l'autre, qui le délaisserait en premier alors elle avait pris les devants – et aussi parce qu'il était de sa famille, si ce n'était de son sang). Elle tentait vainement de se convaincre qu'elle n'était pas si méchante que ça. Diane faisait ça pour son propre bien et surtout (grand esprit de sacrifice, se disait-elle, presque héroïque) pour le sien. Parce qu'après tout, si quelqu'un les découvrait, des Desfontaines, des Buffenoir ou des Deulceux, que resterait-il d'eux ? Rien. Ils ne seraient plus rien, juste des honnis, des oubliés, des sales, des horribles ; elle ne voulait pas ça pour elle et, surtout pas, pour lui (déjà qu'il n'était pas grand chose, vulgaire comte, vulgaire simple sang-pur. Si elle était très regardante sur la relation de Dorian avec Élysée, elle semblait obéir au motto hypocrite de fréquente qui je te dis et non pas qui je fréquente moi-même) (ceci dit, Dorian était prince et elle héritière de la branche seconde d'une famille ducale : les enjeux n'étaient pas les mêmes) (tentait-elle vainement de se convaincre à nouveau).

Finalement, l'aveu ne put pas être retenu plus longtemps et sortit de ses lèvres avant même qu'elle ne puisse l'en empêcher. C'était idiot. Elle ne devait pas lui dire ça, elle ne devait pas laisser son cœur parler, elle devait se taire, se taire, se taire, enterrer à jamais des sentiments qui ne pourraient plus jamais éclore, étouffer des émotions qui n'avaient plus lieu d'être. Elle ne devait pas être faible, elle devait être fière. Diane se sentait pathétique, à ainsi se montrer fragile et faible. Ils s'ignoraient. Se tournaient silencieusement autour, désormais, Diane se perdant lentement dans ses pensées et surtout ses souvenirs qui, si douloureux, lui revenaient en pleine tronche avec violence. Je ne devrais pas me faire ça. Ne pas penser à lui, ses cheveux, son sourire, son odeur : je ne l'aime même plus. Et c'était vrai. Mais pourtant... Elle s'en veut, parce qu'il lui répond, lui aussi dans un éclat de sincérité : « Tu me manques aussi » Elle cille. Ne dit rien. Lui tourne résolument le dos (après un regard au-dessus de l'épaule, incompréhensif : il est tourné aussi). Ils ne sont rien, juste des étrangers, des cousins par alliance, rien de plus, certainement rien de moins. Et pourtant, pourtant, elle ne peut pas s'empêcher de se haïr, de se maudire de lui avoir retiré ça. Elle l'imagine en train de se languir d'elle et elle se dit : j'avais raison. Je suis horrible. Nerveusement, Diane se passe une main dans les cheveux (elle ne veut pas penser à Dorian, pas ici, pas maintenant, pas avec lui aux alentours) alors qu'elle expire lentement, doucement, sûrement. Ferme les yeux un instant, rien qu'un, avant de reprendre contenance. « Ce que tu as fait à la commémoration... c'était très courageux. » finit-elle par dire, lentement, chaque mot se détachant avec amertume sur sa lèvre. Elle ne voulait plus penser à l'instant de faiblesse qu'elle avait eu, elle ne voulait plus penser à sa main autour de la sienne, si chaude, si réconfortante. Dans l'absolu, Diane ne voulait plus penser à lui mais c'était plus fort qu'elle. Quand bien même elle voulait l'en effacer, Alistair demeurait un pan inébranlable et indéniable sa vie. « Je ne te remercierai jamais assez. » de m'avoir sauvée la vie. De m'avoir appris l'amour. D'être encore là, quelque part, dans mon cœur. Et de me manquer.

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Alistair L. Adhémar
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyVen 28 Mar - 21:13

Since you've been gone I can do whatever I want
I can see whomever I choose
I can eat my dinner in a fancy restaurant
But nothing
I said nothing can take away these blues
`Cause nothing compares
Nothing compares to you


Ignorer Diane pour ne pas me ruer sur elle, la serrer contre mon cœur, lui avouer qu’elle m’a manqué, qu’elle me manque toujours, que je l’aime et qu’elle ne devrait pas épouser ce prince. Ce bègue. Un mot dur, trop souvent employé pour le décrire. Elle en souffrirait, elle me rejetterait. Alors, je ne fais rien. Je reste dos à elle, pense. Pense à ce que nous aurions pu vivre si elle n’était pas aussi bornée, si elle ne s’habillait pas de ce voile d’apparences, si son orgueil n’était pas aussi fort. Et puis, elle brise le silence, et tout bascule. « Ce que tu as fait à la commémoration... c'était très courageux ». Je perçois l’amertume dans ses propos. La honte, sans aucun doute. Je la connais, Diane. Je sais qu’elle regrette ce moment de faiblesse. Elle regrette d’avoir eu besoin de moi. De me devoir la vie. Et moi, quand j’y pense, je n’arrive pas à comprendre. Pourquoi je l’ai aperçue au milieu de ces milliers de visages, pourquoi j’ai couru vers elle, pourquoi, pourquoi je l’ai sauvée alors que Diane ne devrait plus rien signifier pour moi. Un leurre, un putain de leurre comme tant d’autres. J’y suis habitué, je les crée. Prétendre que je n’ai pas besoin de Diane, c’est devenu mon quotidien. Et parfois, j’y crois. Parfois, je ne retrouve pas ses yeux lorsque je croise des iris bleu azur. Parfois, je ne revois pas son visage lorsque j’aperçois de belles boucles blondes au détour d’un couloir. Parfois. Mais c’est si rare.
Je lui lance un regard, du coin de l’œil. Elle ferme les yeux. Tente sûrement d’oublier les évènements de cette journée. L’attentat. Les cris, les pleurs. Son père, à l’hôpital à l’heure qu’il est. Entre la vie et la mort. Et moi. Mes doigts glissent sur ma peau. Mon cou, la partie basse de ma joue droite. Au toucher, rien n’a véritablement changé. Tout semble plus ridé, plus vieux, mais la peau est restée douce. Peu de différences, en effet ; mais lorsqu’on me regarde, ça saute aux yeux. Ça serre le cœur, ça fait mal. Ça choque. Ma peau est rouge. Pas d’un rouge écarlate, comme lorsque l’on vient de se couper. Mais d’un rouge foncé, terne, sans vie. Je n’avais pas réalisé que mes brûlures étaient si importantes jusqu’à ce que j’arrive à l’hôpital. « Ça passera peut-être avec le temps », avait dit le médecin. Mais je n’y crois pas. J’ai vu les oeillades que l’on me lançait. La manière qu’avaient les infirmières de s’occuper de mes plaies. Leurs regards remplis de pitié. Cette pitié gerbante, dégueulasse, dont je ne veux pas. La même que je crains de voir dans les yeux de Diane si elle découvre l’ampleur des dégâts. Heureusement, il fait sombre ici ; mais la rubissane connaît mon visage mieux que personne. Elle le remarquera, c’est une évidence.

Honteux mais vaillant, je lui fais enfin face. Enfin, presque ; elle me tourne toujours le dos. Obstinée. Impétueuse. J’observe un instant les étoiles planer autour de nous. Fixes, mais mobiles à la fois. Elles semblent presque danser, d’une douce mouvance qui n’a rien de provocateur. J’ose en toucher une ; un contact chaud, presque réconfortant, auquel je ne suis pas habitué. Un sourire se dessine presque sur mes lèvres, alors que Diane reprend la parole. « Je ne te remercierai jamais assez ». Je secoue la tête, têtu. Têtu comme elle, d’ailleurs. C’est sans doute pour ça que nous nous étions si bien trouvés. « Je n’ai pas fait ça pour que tu me remercies, Diane » dis-je simplement. Une voix dure, forte. Peut-être trop. Je me radoucis significativement lorsque j’ajoute : « D’ailleurs, tu sais très bien pourquoi je l’ai fait ». Je déglutis, cherche quelque chose à observer pour ne pas paraître à l’affût de la moindre attention. Diane sait que je ne pouvais pas l’abandonner. Elle le sait parce que je lui ai dit, répété, redis. Je ne t’abandonnerai pas. Des mots que j’avais pour habitude de marteler, lorsque nous étions ensemble. Des mots que j’avais prononcés de nouveau, lorsque je l’avais trouvée hagarde, désemparée, perdue sur l’immense place d’Orange. Je ne l’abandonnerai pas, parce que je l’aime. Et parce que je garde en moi le maigre, minuscule, insignifiant espoir qu’elle ait toujours des sentiments pour moi. Malgré mon visage brûlé. Malgré mon arrogance. Malgré tous ces défauts que je cumule, et que ce prince n’a sûrement pas. Il y a une chose que je sais : il n’aimera jamais Diane Deulceux autant que moi.
Et puis, j’ose. Un pas, puis un second. Je suis fatigué de me tenir éloigné d’elle, fatigué de l’éviter. De m’éloigner des gens qui parlent de leurs fiançailles en permanence. De vouloir frapper ceux qui décrivent leur couple comme le plus beau de Beauxbâtons depuis Solange et je-ne-sais quel ex. J’ose, parce que j’ai envie de la retrouver, même si j’ai peur. Peur. Peur qu’elle observe ces blessures qui cassent l’harmonie, la symétrie de mon visage autrefois plus beau, si beau. Peur qu’elle s’enfuie. Qu’elle m’abandonne, elle, parce qu’elle n’a jamais fait le vœu de rester. Ma main gauche se pose sur la sienne. Je sens le caillou de sa bague égratigner ma paume. Écorcher mon cœur. Mon autre main glisse sur sa taille, doucement. Elle l’effleure, parce que Diane est comme un oiseau. Il ne faut pas l’effrayer, ni la déstabiliser.
Si elle se retournait, nous serions bouche contre bouche. « Diane », je murmure. Un « Diane » douloureux, touchant d’honnêteté. Un « Diane » qui n’a d’ambigu que l’amour que je porte à sa détentrice. Un « Diane » qui n’exprime qu’une seule volonté : celle de la retrouver. Mon amie, mon amour, mon étrangère. Qui elle veut, mais que ce soit elle derrière le masque. Diane.

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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyVen 28 Mar - 23:11

Damn your eyes, They're taking my breath away, For making me wanna stay, Damn your eyes, For getting my hopes up high, Making me fall in love again, Damn your eyes.
La commémoration. Son cœur se serra quand elle repensa à son père qui, à l'hôpital Lablanche, oscillait toujours entre vie et mort (elle se sentit sur le point de pleurer, son cœur serré, son ventre retourné, son nez et ses yeux piqués) ; et une migraine vive vint lui enserrer le crâne, comme le souvenir douloureux de la commotion que Diane avait vécu. Puis, enfin, dernier signe qui attestait qu'elle venait de penser à cette fameuse journée, un picotement léger vint remonter le long de son dos, des reins à l'épaule : la brûlure dont elle avait écopé en protégeant Marien la tiraillait toujours dès qu'elle pensait, de près ou de loin, à des flammes. Elle revoyait encore les flammes lécher sa peau, la brûlait ; et la douleur, incompréhensible, vive, brûlante qui l'avait happée, emmenée, envoyée partout, retournée. Et la douleur, qui l'avait changée. Si elle avait sauvé Marien il y a bien des années au prix de cette cicatrice, c'était Alistair qui l'avait sauvée, elle, à l'anniversaire de la mort de Solange. Lui qui l'avait trouvée, perdue, troublée, au milieu de la cohue ; lui qui avait attrapé sa main, qui lui avait dit qu'il ne l'abandonnerait pas (je ne t'abandonnerai jamais lui avait-il un jour dit, en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, stupide romantique). Il voulait être un grand auror, Alistair, il était très talentueux avec une baguette et il était excellent en duel et il avait toujours été un plaisir pour Diane, quand ils s'affrontaient plus par jeu et par séduction qu'autre chose ; cela ne l'étonnait qu'à moitié qu'il se soit démené pour sauver des gens. Mais elle. Elle qui aurait déjà dû être auprès de son père, de Marien, de quiconque à protéger ; elle qui, trop faible, trop nulle, s'était retrouvée au milieu de la foule en ne devant son salut qu'à l'agitation ambiante. Elle se maudissait chaque jour de cet instant de faiblesse qui, paradoxalement, n'était pas de son fait.

A peine eut-elle fini de le remercier – du moins, c'était ce qui s'apparentait à des remerciements en règle dans la bouche de Diane Deulceux –, qu'Alistair répliquait, opiniâtre comme d'habitude : « Je n’ai pas fait ça pour que tu me remercies, Diane » Il en était presque dur, comme s'il lui faisait un reproche. Les lèvres de Diane se pincèrent machinalement, elle était presque vexée qu'il la rabroue ainsi ; mais elle n'en dit rien, sans doute trop reconnaissante pour penser se permettre une remarque déplacée. « D’ailleurs, tu sais très bien pourquoi je l’ai fait » Elle s'est immobilisée, toujours de dos à lui, à regarder des étoiles, une planète au loin. Non, je ne sais pas. Tu aurais û me laisser crever sur cette place ; tu aurais dû la laisser derrière toi, cette salope qui t'a meurtri le cœur ; tu aurais dû m'oublier, avoir fait mine de ne pas me voir ; tu aurais dû oublier, oublier, oublier et me laisser mourir car je ne mérite que ça, je ne mérite pas mieux, je mérite rien. Je ne sais pas pourquoi tu l'as fait, non, à moins que tu ne sois juste incroyablement stupide et naïf de croire que je puisse un jour t'aimer à nouveau avait-elle envie de rétorquer, tout simplement, avec un mélange savant d'hostilité et de froideur mais elle en fut incapable. Elle en fut incapable car elle savait parfaitement pourquoi il l'avait fait. Parce qu'il l'aimait toujours, quelque part (non, ce n'était que son égocentrisme qu'il parlait, peut-être) ; parce qu'il ne l'abandonnerait jamais. Et toujours, quand il lui murmurait ça, éperdu d'un amour trop grand pour lui, elle lui répondait : moi non plus. Jamais parce qu'avoir la fidélité têtue d'un Alistair Adhémar ou d'un Diane Deulceux, c'était un engagement à vie. Ils étaient trop semblables. Diane le regrettait nettement plus qu'elle l'imaginait. « Tu ne m'abandonneras jamais. » dit-elle simplement, autant comme conclusion que comme réponse, en hochant lentement du chef. Elle savait.

Elle l'entend faire un pas et, aussitôt, elle se fige comme une biche dans la ligne de mire d'un chasseur : son cou se tend, elle tourne légèrement de la tête sans oser regarder par-dessus son épaule toutefois. Diane s'exhorte au calme, inspire lentement, expire doucement ; toutefois, quand leurs peaux se rencontrent alors qu'Alistair pose sa main sur la sienne, elle ne peut s'empêcher de sursauter avec violence. Ce contact, électrique, remonte le long de son bras en faisant s'hérisser sa peau d'une chair de poule délicieuse ; l'autre main d'Alistair, quant à elle, s'invite sur sa taille. Elle reste immobile, les yeux fermés, se laisse manipuler en prétendant, le temps d'une seconde, qu'ils sont toujours ensemble et qu'à tout moment, il va la retourner dans ses bras pour l'embrasser en souriant. Il est si proche. Si proche. Sa main, toujours sur la sienne, est chaude. L'autre lui arrache des valves de frissons dans tout le corps. Elle sent son souffle sur sa nuque. Il a toujours le même parfum : autant de petites choses qui construisent les grands souvenirs. « Diane » souffle-t-il simplement et elle frissonne, encore, toujours. Lentement, avec une douceur extrême, elle se retourne pour lui faire face ; ils sont si proches que leurs nez manquent de s'entrechoquer, que, quand elle parle, leurs lèvres s'effleureraient presque. Elle fait exprès de souffler, pour qu'il sente son absence sur ses lèvres, pour qu'il s'en veuille de la vouloir encore, pour qu'elle lui manque encore plus. Ses yeux. Bon dieu, je n'aurais jamais dû me rapprocher. Ses yeux. « Alistair. » Il était languide, elle est froide, placide. Ses yeux se baissent sur la bouche du comte, avant de remonter se visser dans les siens. « Quelque chose à me dire ? » souffle-t-elle, toute verve et toute contenance retrouvées, le défiant d'un regard meurtrier. Elle se penche presque en avant pour que leurs lèvres se touchent, éternellement, quand elle souffle ces quelques mots. Séductrice, sauvage, venimeuse ; n'importe quoi pour le dégoûter d'elle et l'empêcher de répéter qu'il ne l'abandonnera jamais. Car, pour la première fois, il le doit.
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptySam 29 Mar - 9:14

C’était à une époque pas si lointaine. J’arrivais à faire frissonner Diane d’un seul regard, d’un seul sourire. Elle était si perméable à mon charme que je n’avais presque aucun effort à fournir. Cacher notre relation – parce que s’exhiber à Beauxbâtons, ça ne se fait pas – était difficile. Parfois éreintant, tant nous devions faire d’efforts pour camoufler notre attirance mutuelle. Aujourd’hui, si peu de choses ont changé. Aux côtés de la rubissane, je dois toujours détourner le regard pour ne pas affronter ses deux billes bleutées, qui semblent toujours lire si profondément en moi. J’ai l’impression que Diane peut anticiper chacun de mes gestes. Savoir chacune de mes pensées. Connaître cet amour qui me ravage sans même me le demander. Même aujourd’hui, alors que nous avons changé de route depuis cinq ans. Cinq ans déjà. Cinq ans et le même jeu de séduction entre nous. Nous avons toujours fait ça. Nous le ferons toujours. Mais aujourd’hui, je le prends plus à cœur qu’avant. Ce n’est pas seulement séduire Diane, c’est l’aimer. L’aimer sans nuances, l’aimer entièrement. À son contact, l’Alistair d’il y a plusieurs années ressurgit. Il hurle, il veut se rapprocher d’elle, et en même temps, il est terrifié par cette faiblesse qu’elle provoque en lui. Rien n’a véritablement changé, je présume.
Diane se retourne, me fait face. Nous sommes proches, si proches, que je peux sentir son souffle contre mes lèvres. Et cette délicieuse odeur de fleur qu’elle dégage en permanence. Son parfum est resté le même. Je ferme un instant les yeux pour mieux en profiter, pour me rappeler ces moments ; ceux où elle embaumait mes draps, où elle laissait cette odeur sur mes vêtements pour ne jamais vraiment me quitter. Et puis, mes paupières se rouvrent sur ses beaux opales dans lesquels j’adorais me perdre. Je ne peux réprimer un sourire, presque imperceptible. Sourire me fait souffrir, désormais. Mon épiderme brûlé ne supporte pas d’être trop sollicité ; d’être étiré. « Alistair » me dit-elle, et je sens presque ses lèvres effleurer les miennes. Son regard descend, se pose sur mon maigre sourire. Celui qui est apparu lorsque mes yeux ont redécouvert les siens, de si près ; lorsque j’ai eu l’impression d’y voir, de nouveau, des sentiments qui devraient pourtant être éteints. Ses iris durs, froids, assassins, se plantent de nouveau dans les miens. « Quelque chose à me dire ? » demande-t-elle dans un souffle, se penchant jusqu’à ce que nos lèvres se frôlent. Jusqu’à ce que je sente la chaleur de sa respiration contre mon menton. Diane veut jouer. Elle est comme un lion devant sa proie. Elle veut que je souffre, elle veut que j’aie envie d’elle. Peut-être même aimerait-elle que je soulève ses vêtements, qu’elle m’enlève les miens, que nous nous redécouvrions. Elle veut oublier ce mariage qu’elle déteste avec ce garçon qu’elle apprécie pourtant trop – je le vois dans son regard, dans sa manière de l’évoquer. Elle veut redevenir celle d’il y a cinq ans. Celle dont j’étais amoureux, celle qui me trouvait beau, charmant, intelligent, drôle, irrésistible. Elle veut s’amuser avec mon cœur, encore plus qu’elle ne l’a fait ces dernières années. Mais Diane ignore que je ne suis plus le même, et qu’au jeu des faux-semblants, je suis devenu imbattable.

Je l’affronte quelques secondes, silencieux, puis glisse ma tête dans le creux de son cou. Mes lèvres vagabondent sur sa peau, y déposent un baiser. Sous ma bouche, je sens une douce chair de poule, qui me prouve que j’ai raison. Qu’elle pense à moi. Que je ne la rends pas indifférente. Je relève la tête, frôle son lobe, l’arête de sa mâchoire. Arrive à ses lèvres. Ces lippes que j’avais si souvent embrassées. Quand j’étais triste, quand j’étais heureux, quand j’avais peur, quand j’étais en colère. À présent, un autre que moi s’accroche à elles, comme j’avais pu le faire à l’époque. Un autre que moi y trouve refuge. Je laisse mes lèvres contre les siennes quelques secondes, sans les embrasser, sans les presser vraiment. Les frôlant juste, comme une caresse. « Toi aussi, tu disais que tu ne m’abandonnerais pas, jamais » dis-je simplement dans un murmure froid, dépourvu d’émotions. Sadique, autant qu’elle arrive à l’être. Sauf que certaines choses me trahissent, en présence de Diane. La façon que j’ai de la regarder. De caresser sa main, qui est restée dans la mienne. Une étreinte familière dont j’avais presque oublié la sensation. Je me souviens avoir pris sa main bien des fois. Pour la consoler, pour la rassurer. Pour lui montrer que malgré tout ce bordel, toute cette pression, tout ce protocole, elle m’aurait moi, toujours. Une dualité cruelle avec laquelle je lutte à présent ; j’ai envie de l’envelopper de mes bras, de lui montrer que je suis là. Et en même temps, je voudrais qu’elle ait mal. Qu’elle me voie avec une autre fille et qu’elle souffre. Qu’elle se dise qu’il est trop tard, qu’elle m’a perdu définitivement. Qu’elle regrette de m’avoir abandonné, elle qui me répondait moi non plus. Ces petits mots qui n’avaient finalement aucune valeur à ses yeux.
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C. Diane Deulceux
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptySam 12 Avr - 15:15

Love was kind for a time, But now just aches and it makes me blind, This mirror holds my eyes too bright, But I can't see the others other in my life (...) But do not ask the price I pay : I must live with my quiet rage, Tame the ghosts in my head That run wild and wish me dead, Should you shake my ash to the wind ? Lord, forget all of my sins And let me die where I lie, Beneath the curse of these lover's eyes.
Cinq ans, autant dire une éternité. Cinq ans, autant dire une poussière dans le temps. Malgré ces cinq années, ces soixante longs mois, ces heures interminables, les réflexes sont les mêmes. Les regards demeurent inchangés. Et l'attirance, toujours, l'unit à lui ; et Dieu seul sait combien elle déteste cela. Il a les mêmes yeux, la même odeur, les mêmes paumes un peu moites, mais toujours d'une chaleur réconfortante. Ses sourcils broussailleux dansent toujours sur son front, sa bouche s'éclaire toujours de ces sourires canailles dont il a le secret, ses lourdes boucles brunes ont toujours un aspect soyeux doux. Il reste l'Alistair Adhémar duquel elle est tombée amoureuse, l'Alistair Adhémar qu'elle a aimé à s'oublier, à se consumer. Diane ne se rappelle plus très bien comment il l'a séduite, comment toute cette histoire – la leur – a commencé. Tout ce dont elle se souvient, c'est comment elle a fini : avec elle qui, superbe, digne, fière, attrape son cœur et ferme le poing brutalement pour faire taire les battements du sien à jamais. C'était le genre d'histoires qui se répètent, toujours, inlassablement. Le genre d'histoires desquelles on apprend rien ; et, surtout, le comte Adhémar était le genre d'erreur qu'on réitère toujours avec sur la langue le parfum délicieux de l'interdit. Sentir son corps si proche du sien, c'était se reprendre dans la gueule tous leurs instants volés. Leurs regards qui se mélangeaient parfaitement, leurs corps imbriqués l'un à l'autre comme s'ils étaient faits pour être ainsi, leurs mains entrelacées envers et contre tout. Elle qui se mettait sur la pointe des pieds pour lui embrasser le menton, joueuse, laissant parfois ses dents marbrer sa peau de petites marques discrètes ; lui qui passait inlassablement sa mèche blonde rebelle derrière son oreille, laissant volontiers ses doigts s'attarder sur sa peau ; elle qui laissait toujours des mots dans son sac, quand elle pensait qu'il ne regardait pas ; et lui qui faisait mine de rien et s'empressait de répondre. Quand est-ce que l'idylle était devenue un cauchemar ?

Elle le hait pour son visage, pour ses yeux, pour ces souvenirs qui infestent désormais ses pensées. C'est une peste, une galle, une maladie terrible qui la gangrène, qui la bouffe quand, d'aventure, son regard tombe sur lui dans les couloirs. Et lui qui, fier comme un paon, exhibe une rousse ou une brune ou une blonde – une bécasse, en fait, tout simplement – sous son regard prétendument indolent. Diane était jalouse de nature. Elle était trop égoïste pour penser partager un passé ou un futur avec quiconque : ce qui était une fois à elle, l'était pour toujours. Mais jamais, ô grand jamais, elle n'avait prétendu de rien ; et puis la plaie s'était refermée et était devenue cicatrice puis un simplement pincement au cœur. Elle s'en fichait de lui, maintenant. Sauf quand il se tenait là, si proche, trop proche. Elle aimerait qu'Alistair la repousse violemment, use de ces mots dégradants favoris des moldus, lui lâche qu'elle est horrible, qu'elle le dégoûte ; il n'en fait rien. Il se contente de demeurer dans ce silence tendu, qui met en exergue l'alchimie dévorante qui les habitait avant, avant de, lentement, venir égarer ses lèvres dans son cou. Le baiser qu'il y dépose arrache un Diane un énième frisson presque douloureux tant il est virulent ; elle ferme un instant les yeux, sans mot dire. Les lèvres d'Alistair se font de plus en plus audacieuses, s'aventurent lentement le long de son cou en suivant un tendon sensible, viennent jouer avec le lobe de son oreille, sa mâchoire, sa joue. Ses lèvres. Ce n'est pas un baiser, pas vraiment. C'est bien pire que ça. « Toi aussi, tu disais que tu ne m’abandonnerais pas, jamais » Evidemment.

Elle reste de glace, comme sculptée dans le marbre ; elle a l'air fière, Diane Deulceux, à darder son ancien amant d'un regard si vide, si froid qu'ils ressemblent à deux étrangers. Deux étrangers qui, nez à nez, n'ont qu'une idée en tête : s'embrasser. La main du brun, qui enserre toujours la sienne, caresse doucement sa peau ; quant à elle, machinalement, elle a levé la main et l'a posée sur son torse, sur sa chemise qu'elle froisse légèrement. Elle hésite. Sous ses yeux défilent les possibilités, les réponses, les actes. L'embrasser ? Laisser tomber les armes et se laisser aller aux larmes ? Lui sourire s'en répondre ? Se détacher et partir, sculpturale, sans rien dire de plus ? Elle ne savait pas. Ainsi resta-t-elle silencieuse d'un silence qui n'avait de gêné que le nom : ça faisait longtemps qu'ils avaient dépassé ce stade du dérangeant et du gêné, eux deux. « Je mentais. » souffla-t-elle simplement contre ses lèvres avant de, d'une poussée sur la pointe des pieds, venir presser furtivement ses lèvres aux siennes. Et de se détacher, faire un pas aérien en arrière, un sourire délicatement mesquin glissé sur les lèvres. Joueuse, toujours, éternellement : prête à voir jusqu'où il irait avec elle, si son pouvoir sur lui s'était complètement effacé. Une petite voix prétentieuse, égocentrique, qui lui ceinturait le cœur, lui murmurait que ce pouvoir, il ne disparaîtrait jamais. Elle savait bien qu'elle n'était pas le premier amour d'Alistair : qu'elle n'était pas la première à avoir chauffé ses draps, à avoir écrasé son cœur, à lui avoir arraché des baisers et des sourires à la dérobée. Mais elle était persuadée, quelque part – dans cette ignominie, encore une fois, de prétention égocentrique des enfants-rois –, qu'elle était l'une des seules qui avaient trop compté. « Tu ne t'y habitueras pas. » Cela ne sonnait pas comme une question. C'était une déclaration : tu ne t'y habitueras pas. Ni à ça, ni aux mensonges, ni à moi.
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Alistair L. Adhémar
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptySam 12 Avr - 16:20

Diane Deulceux est la femme de ma vie. Malgré tous les reproches, tout les regards en coin, tous les chuchotements envieux ou non, je serinais ces mots dans ma tête, encore et encore. Diane Deulceux est la femme de ma vie. J’étais jeune ; quinze ans seulement. Mais le poids de mon ascendance, cause de cette ignoble bâtardise, m’avait fait mûrir plus rapidement. Mon cerveau n’était pas corrompu par les futilités qui faisaient sourire les gamins de mon âge. Et Diane n’était pas ma première petite-amie. J’ai connu quelques filles avant elle, parce que j’avais grandi vite et parce que j’étais beau – inutile de le nier. Diane, elle aussi, était magnifique ; et pourtant, ce n’était pas important. Parce qu’avec elle, j’avais trouvé un idéal. Quelqu’un qui ne roucoulait pas stupidement sous mes baisers, quelqu’un qui savait me remettre dans le droit chemin lorsque je déraillais. J’aimais tout en Diane. Ses opales bleues, incandescentes lorsque mes doigts exploraient son corps. Ses cheveux d’or dans lesquels j’aimais glisser ma main. Ses lèvres roses, tout juste assez pulpeuses, que j’aimais mordiller jusqu’à entendre un gémissement délicieusement sucré.  Mais ce que j’appréciais aussi, c’était son intelligence, son esprit. Son caractère. Sa force de persuasion. Diane n’était pas un pion, ne l’avait jamais été. Diane était une jeune femme libre. Jusqu’à maintenant.
Mon oiseau a été mis en cage. Diane, réduite au simple statut de ‘femme de prince’. Diane privée d’échappatoire, Diane sous une cloche de verre. Lorsque je la regarde, désormais, je le fais comme si j’observais une créature inaccessible. Mes paupières se ferment un instant, ma bouche tremble un peu au contact de la sienne. J’hésite presque à l’attirer contre moi. À l’embrasser, à la caresser, à la consoler. Parce que j’ai vu Diane nue, Diane simple, Diane tout court, je la connais, je la désire. Mais je souffre, également. Sans doute moins qu’elle, quoique ; ce n’est pas à moi que revient l’honneur de choisir, et Diane a déjà pris sa décision. Elle a estimé qu’épouser un bâtard – son cousin par alliance, de surcroît – n’était pas envisageable. « J’ai rencontré une fille ». C’est ce que j’aimerais lui dire. « J’ai rencontré une fille, et j’ai envie d’apprendre à la connaître. J’en ai envie, mais je n’y arrive pas ». À cause de toi. À cause du néant que tu as laissé en partant, à cause de la place que tu occupes toujours dans mon cœur. J’aimerais que tu foutes le camp, que tu quittes mon palpitant et n’y reviennes jamais, parce que je n’en peux plus, Deulceux – le nom de famille seul, pour qualifier celle dont je soupirais le prénom entre deux râles à une époque, est pensé ici comme une insulte. Je n’en peux plus de penser à toi. J’aimerais gommer ton visage, l’effacer au papier de verre. J’aimerais me lancer un sortilège d’amnésie. N’importe quoi pour ne plus te voir dans mes rêves, n’importe quoi pour que tu sortes de ma vie. De toute façon, peu importe ce que je lui dirai : je n’ai plus aucune importance, à ses yeux.

Dorian Desclève a baisé ses lèvres. L’a serrée contre lui. Peut-être même ont-ils fait l’amour – je ne suis pas assez naïf pour penser qu’ils attendraient le mariage. Diane est une spécialiste de la relation-poubelle, des histoires d’amour qui finissent au fond d’un tiroir. Sauf avec moi. « Je mentais » affirme-t-elle pourtant dans un souffle, avec un aplomb qui me déstabilise. Elle pousse sur la pointe de ses pieds et offre à mes lèvres un baiser amer. Elle mentait donc. Alors que je l’observe, cherchant dans ses yeux une once de culpabilité suite à ces mots, elle recule et sourit, avec toute la perfidie que je lui connais, mais que je n’espérais pas voir aujourd’hui, maintenant, comme ça, avec moi. Mes souvenirs s’étiolent peut-être, mais il me semblait que Diane tenait à moi. Autrement, comment expliquer notre histoire ? Cet attachement réciproque que nous avons toujours ressenti ? Ces petits mots, ces baisers au détour des couloirs, ces œillades à peine dissimulées ? « Évidemment, tu mentais » dis-je simplement, mes iris dans les siens. Même si je sais que ce n’est pas vrai. Que venant d’elle, il ne peut s’agir que d’une manière de me torturer sans être vraiment méchante. Sans me dire directement que je n’ai jamais compté, qu’elle ne m’a jamais aimé. Évidemment, elle mentait. Évidemment.
Tout contact est rompu ; nous nous observons désormais d’une distance, comme depuis cinq ans. On s’adonne sans complexe à notre jeu préféré : faire souffrir l’autre autant que possible. « Tu ne t'y habitueras pas ». Un point pour Diane, qui oublie pourtant que si elle a inventé les règles, je les maîtrise sûrement autant qu’elle. Alors, à moi de jouer à présent. À moi de faire semblant ; de déguiser mes émotions, de maquiller mes sentiments, et tant pis si elle souffre. Tant pis si elle a mal. Parce que si je joue à ce jeu cruel, inhumain, c’est parce qu’elle a initié le mouvement. Je ne fais que suivre. J’ose alors un sourire, si fin qu’il est à peine perceptible. Mais il est bien là. « Ne t’en fais pas, Diane », dis-je, mes lèvres s’étirant subtilement jusqu’à montrer mes dents blanches. Pour elle, je peux souffrir de sourire quelques secondes. « J’ai pris d’autres habitudes. Notamment celle de ne plus jamais croire une Deulceux ».

Mon regard se perd un instant dans le sien, comme s’il y cherchait une émotion inexistante, puis je me détourne. Parce que c’est trop dur, parce que j’aimerais partir mais que je n’y arrive pas. Alors, je lui tourne le dos puis m’allonge sur le sol froid de la salle des destinées. Un instant, je m’imagine perdu dans les étoiles, à des milliards de kilomètres d’ici. Seul, sans contraintes. Sans père sang-bleu, sans cousine dont je suis éperdument amoureux. Rien n’est plus complexe que la vie d’un être humain. Un corps céleste n’a pas à se soucier de tout cela. Je glisse mes mains dans mes poches, soupire. « Je te déteste », je lâche dans un murmure.
Je déteste que tu te comportes ainsi avec moi, je déteste que tu me traites comme un inconnu. Je déteste que tu ne me regardes plus avec envie. Je te déteste, parce que c’est tellement, tellement plus facile que de dire je t’aime.
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptySam 12 Avr - 17:24

You're in love with a girl who is a forest fire wearing skin. From the right angle, you can watch the smoke coiling through the veins at her wrist, pretty as a summer's day.
But fire is always hungry until ash kingdom. What queen is there who'd want to rule in a city made of soot ?
(Didn't anyone tell you ? Only boys with gasoline mouths should play with burning girls.)
Elle ne se souvenait plus de quoi elle avait rêvé. De quoi ses rêves étaient-ils faits, à l'époque ? A quoi pensait-elle ? Que faisait-elle, le matin, en se levant ? Pensait-elle à lui ? S'arrêtait-elle de penser à lui ? Que pensait-elle de leur avenir, de leurs parents, de leur union, de leurs enfants, de leur maison, de leur passion ? Le désirait-elle tout le temps, sans interruption, ou est-ce que cela venait en vagues irrésistibles et destructrices ? Diane ne savait plus. Elle n'était plus la même personne. La seule chose qui demeurait, c'était les étoiles qui les avaient vu s'aimer et se délier et s'affirmer et se repousser. « Évidemment, tu mentais » répondit-il rapidement, laissant sur la langue de Diane un parfum désagréable – elle prend cela de manière condescendante, évidemment, prend rapidement la mouche. Ses traits se froncent légèrement, sous le masque souriant et moqueur, et elle l'assassine d'un regard vénéneux sous ses prunelles pétillant d'une joie malsaine. Elle ne se laissera pas faiblir devant lui (elle oublie, en cet instant précis, qu'il la connait mieux que personne. Qu'il sait sa peur du feu et des regards et sa cicatrice énorme dans le dos, qu'il connait la manière dont elle lèche discrètement l'opercule des yaourts et comment elle ne peut s’empêcher de nommer toutes les étoiles qu'elle connaît quand elle regarde le ciel. Il sait tout cela, et bien plus encore) et conservera ce masque de froideur, ce masque hautain, dédaigneux, méprisant, sadique, mesquin jusqu'à sa mort s'il le faut, si ça veut dire qu'il en souffrira autant qu'elle en souffre en cet instant précis. « N'aime pas les femmes comme moi, Alistair. Nous mentons toujours. » le conseille-t-elle d'une voix douce, lui, le spécialiste de l'amour. Lui il connait l'amour. Il connait les filles à ses pieds, les filles parfaites, les filles cryptiques. Il connait l'amour et tous ses tenants et aboutissants ; mais elle, elle connait la destruction, elle connait la passion. Il a tant à lui apprendre ceci dit ! Et malheureusement, l'inverse aussi est vrai.

Il a appris de la meilleure. Evidemment (Toujours une évidence, comme lui et moi, parce que nous étions parfaits l'un pour l'autre et dans toute cette perfection évidente des grands amours, nous nous déchirons). Ses traits s'illuminent d'un doux air mauvais quand il sourit, tout comme elle ; nous sommes pathétiques, se dirait Diane, si elle n'était pas bornée e si motivée à le faire souffrir. Elle osait penser que ce serait pour son propre bien, que ça lui permettrait de passer à autre chose – enfin, ça, il l'avait déjà fait –, que ça le vaccinerait d'elle et des autres. Ou peut-être voulait-elle juste lui laisser une impression impérissable, juste obliger les femmes qui viendraient après elle à être méfiantes, à savoir qu'il ne les aimerait jamais complètement car Diane Deulceux était passée par là et parce que Diane Deulceux ne relâchait jamais ses proies entières. « Ne t’en fais pas, Diane » Son prénom est doucereux. Elle s'en souvenait mieux quand il étouffait ses gémissements, elle le préférait quand il le murmurait, avec une admiration dévote, au creux de son oreille en sachant pertinemment qu'il ne la ferait que frissonner. « J’ai pris d’autres habitudes. Notamment celle de ne plus jamais croire une Deulceux » Elle lève exagérément les yeux au ciel, mauvaise actrice malgré tout, malgré nous, malgré eux. « Oh, mais tu n'as rien compris, Alistair. » minaude-t-elle soudainement, en reculant toujours d'un pas ou deux, pour s'assurer qu'une distance existe bel et bien entre ses lèvres et les siennes. « Ne crois jamais une femme qui est plus que toi, tout simplement. On t'arrachera le cœur et on te le redonnera en bouillie en attendant que tu dises merci. On t'embrassera partout et ta peau brûlera quand tu y repenseras. On laissera toujours une marque sur toi et tu n'appartiendras jamais entièrement aux suivantes, n'oublie pas. On te quittera et on se jouera de toi. » Le mot est sifflé, la lippe s'allonge d'un énième sourire condescendant.

Il se détourne, il ose lui tourner le dos et le sourire s'évade des lèvres de Diane. Ses traits la tirent, ses zygomatiques lui font mal, elle pleure intérieurement mais n'en montre rien. Semble juste infiniment fatiguée, bercée par le rythme lent et régulier des étoiles infinies qui, toujours, constellent l'univers flottant autour d'elle. Quand elle le regarde à nouveau, elle le voit s'asseoir puis s'allonger parterre. « Je te déteste » lâche-t-il doucement mais la quiétude de la salle fait qu'elle l'entend. Et qu'elle s'approche, après un ou deux minutes de silence, de lui d'un pas félin – le pas de la lionne vers la jeune gazelle. Du prédateur vers sa proie. Elle semble s'allonger à côté de lui – mais, avant qu'il n'ait pu réagir, elle lui a grimpé dessus et siège désormais sur son bas-ventre, ses mains posées sur son torse. Le bout de ses ongles est prêt à taillader sa chemise pour venir lui arracher le cœur et l'écraser sans scrupule. « Je sais que c'est faux. » minaude-t-elle en se penchant légèrement sur lui, pour venir embrasser le bout de son nez, puis son front, avec toute la douceur du monde (dans ces jeux doux et tendres auxquels ils s'adonnaient parfois, entre deux morsures et deux baisers passionnés). « Je sais que tu m'aimes. Je sais que tu me regrettes. Je sais que tu aurais aimé que ça ne se finisse pas comme ça. Ou que ça ne finisse pas du tout, même. Je sais que je te manque. Je sais que c'est vide, ici, quand tu penses à moi. » murmure-t-elle à son oreille en laissant son index se planter férocement dans la chair à l'emplacement du cœur, violence contrastant étrangement avec la douceur dont elle fait preuve quand elle recouvre son visage de baisers. « Je sais que tu es à moi. » murmure-t-elle simplement, quand ses lèvres descendent dans son cou et y laissent une marque rouge – qui ne le quittera pas pour un jour ou deux, sauf s'il a la décence d'utiliser un baume magique (elle ne l'espère pas). « Et je sais que tu aimerais me repousser. » Elle remonte à son menton, tentatrice, vile, salope au possible. Prend son visage en coupe. « Mais que tu n'y arriveras jamais. » Ses ongles s'enfoncent dans sa peau, à nouveau, et elle vient l'embrasser avec brutalité et une passion à peine refrénée.
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Alistair L. Adhémar
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptySam 12 Avr - 19:53

Maybe I know somewhere deep in my soul
That love never lasts.
And we've got to find other ways to make it alone.
Or keep a straight face.

And I've always lived like this
Keeping a comfortable distance.
And up until now I have sworn to myself
That I'm content with loneliness.

Because none of it was ever worth the risk.



« N'aime pas les femmes comme moi, Alistair. Nous mentons toujours ». Les femmes comme elle. Voilà que Diane se prenait de nouveau au jeu de la généralisation. Les femmes comme elle : celles qui brisent le cœur, celles qui te baisent puis te jettent, celles qui n’ont aucun sentiment. Celles dont elle prétend faire partie, sauf qu’elle se trompe. Parce que Diane, si destructrice, si terrible, si détestable soit-elle, est capable d’aimer. Elle préfère simplement se dire que son palpitant est mort, que ça fait partie de sa nature, parce que c’est plus simple. Ça ne remet pas en cause son jugement mais sa façon d’être : une chose à laquelle elle ne peut rien changer. Diane, qui opte pour la facilité. Plus les années passent et moins ça me surprend. C’est aussi la raison pour laquelle elle m’a quitté ; pourquoi aller légitimer son union avec son « cousin » quand on peut simplement l’écraser, le piétiner, l’enterrer comme un vulgaire chien ? Le monde sorcier ne l’accepterait pas. Ça ferait mauvais genre. Et ça, le mauvais genre, ce n’est pas digne de Diane Deulceux ; du moins, pas en public.
Diane est acariâtre parce que c’est sa seule défense. Elle utilise son venin parce qu’elle ne peut plus sortir les griffes. Diane la tigresse devient serpent. Elle laisse la sinuosité de ses courbes contrôler son esprit, elle laisse le poison de ses crocs s’infiltrer dans mon sang. « Ne crois jamais une femme qui est plus que toi, tout simplement dit-elle, et je secoue lentement la tête, ignorant où tout cela va encore nous mener. On t'arrachera le cœur et on te le redonnera en bouillie en attendant que tu dises merci. On t'embrassera partout et ta peau brûlera quand tu y repenseras. On laissera toujours une marque sur toi et tu n'appartiendras jamais entièrement aux suivantes, n'oublie pas. On te quittera et on se jouera de toi ». Mes poings se serrent presque tant j’abhorre ce qu’elle me décrit. Ça ne m’arrivera pas, pas une nouvelle fois. Entre mes dents, je souffle : « J’ai déjà fait l’erreur d’aimer l’une de ces femmes. Plus jamais ».

Seulement, j’ai beau dire cela, je ne la leurre pas, jamais. Diane sait me contrôler, Diane sait lire en moi, et lorsque j’avoue la détester, je me convaincs un instant de la franchise de mes propos. Je la déteste, je la déteste vraiment. Je me déteste aussi de l’aimer autant, elle qui ne le mérite pas, elle qui ne mérite rien et je me demande pourquoi, pourquoi je l’ai sauvée. J’aurais dû la laisser crever dans les flammes. Appeler les Deulceux pour dire ô combien j’étais désolé, payer une jolie couronne funéraire. Parce qu’en la sauvant, je savais pertinemment ce qui arriverait : je retomberais amoureux, totalement, inconditionnellement et j’en crèverais, de la voir avec son prince. J’en crèverais, d’assister à son mariage royal. J’en crèverais de l’aimer.
À chaque seconde passée ici, Diane me confirme ce que je sais déjà. Je ne devrais pas être là, avec elle. Elle qui s’approche, elle qui serpente jusqu’à moi. Elle s’allonge presque, finit à cheval sur mon corps avant même que j’aie le temps de la voir arriver. Ses doigts glissent sur ma chemise, s’agrippant presque au tissu. « Je sais que c'est faux ». Elle minaude. Elle joue un rôle. Et Dieu que je déteste lorsqu’elle se comporte de cette façon. Lorsqu’elle ignore mes fêlures, s’en amuse même. « Vraiment ? ». Je lui réponds sur ce même ton presque détaché. Presque froid. Presque insensible. Presque. Je ne tremble pas lorsqu’elle embrasse mon nez, mon front. « Je sais que tu m'aimes. Je sais que tu me regrettes. Je sais que tu aurais aimé que ça ne se finisse pas comme ça. Ou que ça ne finisse pas du tout, même. Je sais que je te manque. Je sais que c'est vide, ici, quand tu penses à moi ». Ses mots se perdent dans mon oreille, alors qu’une douleur vive m’enserre le cœur lorsqu’elle enfonce son index dans ma chair. Je gémis, déglutis. Et sans que je le veuille – vraiment sans que je le veuille – une larme coule sur ma joue alors qu’elle susurre sa prochaine offense. « Je sais que tu es à moi » continue-t-elle, comme si elle ne pouvait plus s’arrêter, alors qu’elle descend dans mon cou et aspire un peu de peau avec une décontraction sans pareille. Lorsqu’elle remonte, doucement, sournoisement, alors que mon épiderme semble brûler là où doit désormais apparaître un suçon, elle murmure toujours aussi mielleusement. « Et je sais que tu aimerais me repousser ». Cette voix, je ne la reconnais pas. Diane s’est transformée en une vile tentatrice, ayant parfaitement conscience du pouvoir qu’elle exerce et en usant et abusant au maximum. Diane n’est plus la jeune femme que j’aime, à cet instant. Elle n’est qu’un fantôme diabolique, une ombre du passé qui tente de m’attirer dans les ténèbres. « Mais que tu n'y arriveras jamais » termine-t-elle, sa voix douce pleine d’une rage perceptible, alors qu’elle attrape mon visage – le harponne – et plaque sa bouche contre la mienne. Un instant, j’oublie de résister. J’ouvre lentement les lèvres, attrape les siennes, les mords, les suçote. Et puis, mes doigts poussent son abdomen avec douceur, détachant son visage du mien. Paupières fermées quelques secondes, je respire et tente de réfléchir. Parce qu’au milieu de tout l’amour, cet amour puissant, cet amour infaillible, cet amour qu’elle n’arrive même pas à souiller en se comportant comme une garce, point la jalousie. Et l’envie de la faire souffrir. « Mon amour… Mon pauvre amour » dis-je dans un murmure, mes iris meurtriers plantés dans les siens. Je fais courir ma main gauche sur la peau de sa cuisse, remontant doucement jusqu’à arriver sous sa jupe. La faire souffrir, même si ça implique de réveiller un peu plus mes sentiments. « Ta vie manque-t-elle à ce point de saveur ? ». Quelques doigts s’aventurent sous ses dessous, et je la sens se cambrer légèrement. Moi, je ne cille pas – même si des frissons me paralysent soudain le bas du dos. Ma main libre glisse dans sa chevelure blonde, attire son visage au mien avec douceur. Je murmure : « Je t’aime, tu as raison. Je t’aimerai toujours, je t’aimerai même en sachant que tu ne m’aimes pas, que tu ne m’as peut-être jamais aimé, parce que tu mens, n’est-ce pas ? ». Ma main caresse toujours la région sud de son anatomie, alors que d’un sort informulé, je verrouille la porte. « Mais je n‘appartiens à personne. Pas même à toi » susurré-je avant de stopper toute caresse. Ma main se pose, immobile, sur sa cuisse nue. Et mon regard, mon regard sombre, ne lâche pas ses opales bleues qui semblent alors presque déboussolées.


Well you are the only exception.
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C. Diane Deulceux
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyLun 14 Avr - 22:16

« J’ai déjà fait l’erreur d’aimer l’une de ces femmes. Plus jamais » Plus jamais. C'est ça. Diane lance à son ancien amant un regard sceptique, presque moqueur parce qu'il sait, elle sait, ils savent. Plus jamais, hein ? Et pourtant, quand elle lui grimpe dessus – au mépris de toutes les règles de la bienséance, au mépris de sa jupe qui se soulève lentement, au mépris de toutes les petites voix dans as tête qui crient, de concert : tu es folle, tu ne devrais pas. Pourtant, elle se sent bien. Diane se sent puissante. Alistair ne montre rien, c'est vrai. Il est presque insensible sous ses attentions – quand bien même elle entend, et se délecte, de son léger gémissement lorsqu'elle enfonce son pitié son doigt dans sa chair – mais elle sait, au fond, que ça le sidère, ça lui scie le cœur, qu'elle lui fait encore de l'effet malgré et contre tout. Elle sait se faire désirable, surtout avec et pour lui. Elle sait quoi lui dire, quoi lui infliger, elle sait tout de lui ; mais ce qu'elle déteste dans leur relation, passée et présente, c'est que lui, lui, ce bâtard, ce cousin qu'elle déteste, cet amant, ce salaud, ce gros con, ce romantique, cet apollon eh bien lui il la connait mieux que tous. A en faire peur. En cherchant dans ses copains, dans ses amants, elle n'en connait aucun qui a autant compté qu'Alistair, qu'il a autant vue, connue qu'Alistair. Foutu comte songe-t-elle en l'embrassant enfin, écrasant ses lèvres sur les siennes, tous crocs dehors. Sa bouche a un goût délicieux de péché, d'interdit. Leurs langues s'entremêlent légèrement, leurs bouches se battent, leurs dents s'entrechoquent. Et alors que ses ongles descendent de ses joues jusqu'à son cou, ses épaules, alors qu'elle s'enivre doucement de ce baiser qu'elle aimerait éternel, il glisse ses mains jusqu'à son ventre et la repousse doucement, mais fermement.

Elle rouvre les yeux, surprise et offusquée, ses sourcils délicatement froncés sur le front. Elle l'analyse d'un regard critique, presque vexée qu'il la repousse, ses doigts jouant toujours plus férocement avec le col immaculé de sa chemise. Elle le teintera de sang si c'est ce qu'il faut pour qu'il sache qu'elle sera toujours là, pour qu'elles sachent toutes qu'il lui appartient, quoiqu'il fasse, quoiqu'il en dise. Quoiqu'elle dise. Diane se souvenait vaguement des premiers jours ayant suivi leur séparation. Comment elle l'évitait comme la peste et comment, inévitablement, tout la ramenait à lui ; quoiqu'elle prétendait, elle l'avait aimé. Trop fort, trop rapidement, trop intensément. Elle avait trouvé chez Alistair une certaine confiance en elle, une assurance de ses charmes, mais aussi une passion dévorante, une tendresse douce qu'elle s'ignorait, un grand besoin d'amour et une grande affection à revendre. Elle s'était sentie faible, mais dans tous les bons sens du terme. Et elle l'aimait. Comme elle l'aimait ! Il était sa plus belle, mais aussi sa plus brutale, histoire. « Mon amour… Mon pauvre amour » murmure-t-il légèrement, arrachant un énième frisson à la blonde. La langueur des mots sur sa langue, le goût doux-amer du surnom, les réminiscences mélancoliques de nombreux instants partagés sous les draps blancs tendus abattus de lumière, à s'observer de trop près et à se murmurer des mots d'amour. La prédatrice devient proie quand elle sent les doigts d'Alistair se glisser sur sa peau nue, sur sa cuisse – salaud, pense-t-elle sans pouvoir, sans songer réagir. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de lui taper le dos de la main ou de le menacer de mort – de toutes manières, en aurait-elle était capable –, elle sent les doigts du jeune homme s'oublier sous sa jupe réglementaire. « Ta vie manque-t-elle à ce point de saveur ? » Non, y'a que toi qui y manque. Connard.

Elle renifle de mépris, doit se mordre la lèvre inférieure le plus discrètement possible pour ne pas répondre (et ne pas lui faire le plaisir malsain de partager avec lui ce que cette foutue main réveille en elle). Désormais poupée de chiffon entre ses griffes, Diane se laisse volontiers pencher en avant quand il l'attire contre lui, ses lèvres venant imperceptiblement – et instinctivement – chercher les siennes un bref instant. « Je t’aime, tu as raison. Je t’aimerai toujours, je t’aimerai même en sachant que tu ne m’aimes pas, que tu ne m’as peut-être jamais aimé, parce que tu mens, n’est-ce pas ? » En entendant le verrou qui tourne magiquement, elle sursaute et tourne la tête sur le côté, vers la porte, machinalement. Elle reporte son attention sur elle, des avalanches de frissons remontant le long de sa colonne, une nuée d'abeilles tueuses venant s'emparer de son bas-ventre en même temps qu'une douce chaleur vient s'y répandre. Elle le déteste. Bon dieu, elle ne l'a jamais détesté à ce point sauf quand elle a appris son ignoble parenté. « Mais je n‘appartiens à personne. Pas même à toi » Diane le darde sans rien dire un long moment, nez à nez avec lui, toute faite de muscles crispés, de mordillements effarouchées et d'une chaleur entêtante qui prend rapidement possession de ses membres. Elle a machinalement posé ses mains sur ses épaules et, alors qu'elle ouvre la bouche pour en faire découler une énième mesquinerie, elle fronce des sourcils et plutôt que Diane la divine salope, plutôt que l'horrible, terrible, immonde blonde se trouve l'amie, la jeune femme, l'amante, la camarade soucieuse. Ses sourcils se hissent sur son front alors qu'avec une douceur contrastant étrangement avec sa sauvagerie précédente, elle s'empare du visage du brun pour l'inspecter sous toutes les coutures.

« Que t'est-il arrivé ? » murmure-t-elle enfin quand son pouce repasse doucement sur sa joue, là où la peau a été brulée. Elle ne sait même pas pourquoi elle pose la question. Elle sait. Et serpente dans son dos ce fourmillement désormais familier, ce frisson en écho à ça. Au feu qui la ravage, au feu qui sculpte sa chair comme une statue de cire, au feu qui creuse, au feu qui brûle, brûle, brûle. La peau est écarlate, remarque-t-elle quand la lumière lointaine d'une étoile le permet, et maintenant qu'elle l'a vue, il lui semble que la cicatrice laisse sous son pouce une texture étrange si ce n'est ridée et crevassée comme peut l'être son propos dos (énième frisson). Elle en oublie presque ses promesses de le détruire ou même le fiel qui n'attend que de glisser sur lui ou même, essentiellement, sa main sur sa peau nue : ne compte désormais à ses yeux, que l'horrible chose qui vient gangréner la peau d'Alistair : « ça te rend vraiment moche. » finit-elle par dire après une hésitation, une moue agacée venant plisser sa lippe tandis qu'elle s'efforce de ne pas montrer ni trop de compassion, ni trop d'inquiétude, ni trop d'affectation. Elle s'en fiche, de lui, de toutes manières. Mais elle ment. Elle ment, elle ment, elle ment : il le sait mieux que personne (elle a toujours eu un truc pour les cicatrices, si ce n'est les siennes). Puis revient la colère, qui tourbillonne en elle, quand elle repense à ses propos, et ses sourcils se froncent, et ses ongles se font à nouveau griffes en s'enfonçant dans la peau – fragile et à vif, elle le devine – de sa joue blessée (ça lui apprendra). « Je t'interdis de douter que je t'ai aimé, Adhémar, siffle-t-elle, presque offusquée. Si c'est ce que tu crois, t'es encore plus stupide que je le pensais. »
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Alistair L. Adhémar
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyMar 15 Avr - 8:26

Aussitôt arrêtées, je regrette mes caresses. Parce que lorsque je touche sa peau, lorsque je la sens frémir à mon contact, je sais que Diane ne ment pas, même si cette honnêteté ne dure qu’un court instant. Elle est vraie, elle est entière, sans fard ni costume. Elle ne se joue pas de moi, et c’est assez exceptionnel pour que j’apprécie ce changement de comportement. Je sais pourtant qu’à la seconde où cette intimité cessera, elle déversera sur moi tout son fiel. Parce qu’elle ne pourra pas s’en empêcher, parce qu’elle aura besoin de se prouver que non, elle n’a pas besoin de moi. Elle a Dorian Desclève, elle a Marien Leblois, elle a tous ces garçons bien plus honorables que moi, bien plus prestigieux à fréquenter. Par-dessus tout, Dorian est son fiancé. Elle ne devrait pas avoir besoin de moi, et pourtant, c’est le cas. Je suis une drogue, je suis un souvenir honteux qui vient perturber ses nuits, qui vient chauffer ses draps d’une présence pourtant invisible. Je suis là, toujours, qu’elle le veuille ou non. Je suis là, et ça la blesse, et ça la tue ; et ça ne devrait pas me réjouir, mais pourtant, c’est le cas. Pourtant, j’exulte de savoir qu’elle pense à moi, parfois. De savoir que je ne la quitte jamais vraiment. Et alors que je m’apprête à l’attirer à moi, à attraper ses lèvres, à la serrer contre mon cœur, elle saisit mon visage. Elle le touche, elle le tourne doucement, l’observe, et déjà, je sais.
J’ai toujours été beau. Pas beau comme les autres garçons, non. Beau. Beau à se retourner sur mon passage, beau à m’observer en secret, beau à se damner pour une attention de ma part. Peut-être pas plus que les autres – je n’aurais pas cette prétention – mais avec ce petit quelque chose supplémentaire qui fait qu’on ne m’oublie pas. Que je ne passe pas inaperçu. Ça n’a jamais beaucoup compté pour moi : je veux dire, ce que les autres pensent. Tant que Diane me trouvait parfait, tout allait pour le mieux. Je n’avais pas besoin d’être irrésistible aux yeux des autres. Mais là, lorsque je la regarde prendre mon visage entre ses doigts, l’observer, se pincer parfois les lèvres, je souffre. Je souffre de ne plus être celui qu’elle trouvait irrésistible à une époque, je souffre d’être différent sans l’être totalement. « Que t'est-il arrivé ? » demande-t-elle, et mes yeux se détournent rapidement des siens. Je suis honteux, embarrassé qu’elle me détaille de la sorte, comme si j’étais une bête curieuse. Comme si, d’un seul coup, je ne pouvais plus être attirant, charmant, parfait comme j’avais pu l’être autrefois. La vérité, j’aimerais lui dire, mais je n’ose pas. Rappeler ce malheureux lien de parenté qui nous unit ne ferait que braquer Diane – je la connais assez pour savoir ça. Que m’est-il arrivé, alors ? « J’ai aidé quelqu’un » dis-je simplement, sachant pertinemment que j’élude la question. Mais c’est la vérité. Si j’étais parti des lieux de l’attentat directement, si je n’avais pas cherché à sauver ce foutu Claude Desfontaines et sa charmante famille, je n’aurais pas été brûlé. Mon courage et mon héroïsme de fichu apprenti auror avaient eu raison de moi. « Ça te rend vraiment moche ». Un murmure presque dégoûté, forcé, alors que je sais qu’elle ment, parce que ma brûlure ne me défigure pas vraiment. Elle marque un peu ma mâchoire, le côté droit de mon cou, mais n’a en rien altéré la forme de mon visage, ni sa beauté. Je ne suis pas moche, je suis différent. Le regard dans le sien, je réponds simplement « ouais » dans un murmure. Ouais, ça me rend vraiment moche. Ouais, je le sais. Ouais, j’attends toujours que tu me reviennes, même défiguré, même au sol, même plus bas que terre, parce que tu es Diane et que je suis Alistair, et que si nous ne sommes pas ensemble, rien n’a de sens. Mais avant que je puisse parler davantage, je sens ses ongles se planter dans ma peau brûlée, m'extrayant un nouveau gémissement de douleur. « Je t'interdis de douter que je t'ai aimé, Adhémar. Si c'est ce que tu crois, t'es encore plus stupide que je le pensais ».

La vraie Diane. Alors que je me demandais presque où elle avait pu s’envoler, alors que je perdais espoir de la revoir, alors que tout semblait perdu, la vraie Diane refait surface. Celle que j’ai aimée, celle que j’aime encore. Digne, fière, mais surtout, surtout à fleur de peau, sensible, douce, et cela malgré la douleur qu’elle m’inflige et qui me lacère le visage. « Je n’en ai jamais douté, mon amour, dis-je avec une tendresse qui m’était inconnue depuis des années. Jamais, et tu le sais parfaitement ». Ça paraît illogique, fou, stupide, mais je la crois. Je sais qu’elle me dit la vérité, parce que cette Diane-là, celle qui se tient face à moi en ce moment, est celle que j’ai aimée. Elle ne prétend pas, elle ne fait pas semblant, et je n’ai pas besoin d’être devin pour m’en rendre compte. Je me redresse alors, de sorte à me retrouver quasiment assis et, avec une pudeur inédite, je cueille ses lèvres. Bouche contre bouche, je souris presque, soupire parfois, alors que je la découvre une nouvelle fois. Je mords sa lèvre, déguste sa langue, savoure son goût fruité qui n’a pas changé après des années. Mes mains pressent sa taille fine contre moi, alors que je détache mes lèvres des siennes, le temps d’un murmure : « Tu me trouves vraiment moche ? ». La réponse n’a finalement que peu d’importance ; ma bouche vient déposer des petits baisers sur la sienne, puis se glisse dans son cou qu’elle mord, suçote, embrasse, avant de revenir à son visage. « Tu as raison, je suis à toi », je lui glisse une nouvelle fois, entre deux baisers. À elle, rien qu’à elle. Une dépendance qui causera ma perte.
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyLun 28 Avr - 20:51

You know when sometimes you meet someone so beautiful — and then you actually talk to them and five minutes later they're as dull as a brick; but then there's other people. And you meet them and you think, "Not bad, they're okay," and when you get to know them ... their face just, sort of, becomes them, like their personality's written all over it, and they just — they turn into something so beautiful. Alistair's the most beautiful man I've ever met.
« J’ai aidé quelqu’un » Son dos s'embrase. Ses traits se figent. Son cœur se gèle. Il a aidé quelqu'un. Il l'a aidée elle. C'est de sa faute ? Très certainement. Elle essaie de croiser son regard pour y déceler, pour y déterrer la vérité – en vain. Et comme à chaque fois qu'elle s'enfonce dans le doute, Diane Deulceux saute à des conclusions idiotes. C'est de sa faute. Quand il lui a attrapé le bras, ses doigts comme autant de griffes autour de son poignet, quand il l'a traînée à sa suite, quand il l'a sauvée des flammes et des sorts et d'une mort certaine ; et après ? Elle se souvenait avoir erré, ne pas avoir compris, avoir croisé les doigts, avoir pleuré aussi. Mais elle ne se souvenait pas de lui, de ce qu'il avait fait, s'il l'avait tenue dans ses bras, s'il était reparti aussi sec. Elle se fit toutefois rapidement la réflexion qu'il avait dû repartir, braver les flammes, braver le danger – car Alistair était ainsi. Un peu comme elle, impulsif et loyal à décès, prêt à tout... et voilà le résultat. Il n'est pas défiguré. Et quand elle lui dit que ça le rend vraiment moche, elle ment et il le sait. Il ne répond qu'un « ouais » mou, qui agace un peu Diane, qui enfonce toujours ses ongles dans sa peau tuméfiée, qui serre les dents pour retenir les larmes. Idiot a-t-elle envie de lui hurler. Toujours à vouloir se sacrifier. Elle a aussi envie de lui dire, dans un ricanement méprisant, qu'elle rend, que rien ne pourra jamais le rendre moche, que rien ne viendra ternir ces traits qui sont les siens, qu'il conservera à jamais ses petits moues d'enfant et ses sourires canaille d'adolescent et ses froncements adorables de sourcils d'adulte. Il sera toujours parfait. Mais elle sait bien lui mentir pour lui faire croire que ce n'est pas, plus, le cas. Elle se rend bien compte qu'elle joue avec lui. Elle aime ça.

Elle s'énerve. Elle s'échauffe. Elle n'en revient pas. Diane déteste qu'on lui dise qu'elle ment – surtout quand c'est pas le cas. C'est une jeune femme franche et honnête, intègre et entière ; elle ne mentira pas, surtout à la face d'Alistair Adhémar, auquel elle a confié ses plus grosses peurs, avec lequel elle a vécu ses plus grands moments. Il sait qu'elle ne ment pas. Il joue avec elle (elle aime ça aussi). « Je n’en ai jamais douté, mon amour. Jamais, et tu le sais parfaitement » Elle a une petite moue, presque contrariée, alors que ses griffes se rétractent et laissent sa peau tranquille. Comme une excuse, le bout doux de ses doigts vient caresser sa joue, la brûlure, avec toute la douceur et la délicatesse du monde. Elle ne regarde que ça, même plus ses yeux (ils la tuent) alors qu'elle calme, comme elle peut, les longs frissons chaleureux qui remontent de son bas-ventre jusqu'à son cœur suite à son mon amour presque... sensuel. « Ce que je sais parfaitement, c'est que tu aurais tendance à me diaboliser donc... » marmonne-t-elle car elle sait que si elle parle plus fort, plus distinctement, sa voix flanchera. Bon dieu. Elle était persuadée, pourtant, de l'avoir mis de côté, bloqué dans une cage, enfermé dans un coin sombre de son esprit. Elle n'avait jamais eu aussi tort. Ses doigts continuent de danser sur sa peau, avec douceur, légèreté, traçant des arabesques connues d'elle seule sur la plaie. Elle est triste qu'il doive porter ça sur son visage. Sa marque à elle, elle est dans son dos (il le sait, pour l'avoir questionnée (en vain) sur le sujet de nombreuses fois ; et aussi pour avoir caressé les marques de la peau brûlée ; et aussi parce qu'elle lui a toujours tout montré d'elle, le pire comme le meilleur) et elle la cache au monde. Il aura plus de mal, lui.

La prenant de court, Alistair se redresse d'un coup et manque de la renverser en arrière dans un cri de surprise ; rapidement, elle s'accroche à ses épaules (ses mains comme deux faux) pour ne pas choir pathétiquement. « Tu vas pas. » marmonne-t-elle avec humeur, pour lui dire qu'il est un peu trop fou à son goût ; mais il annihile son bougonnement en venant l'embrasser. Ses mains, sur ses épaules, glissent machinalement sur sa nuque, viennent entremêler la base de ses cheveux ; ses lèvres, sur les siennes, s'entr'ouvrent, dansent, jouent machinalement. Sa main se crispe dans sa chevelure brune, ses dents répondent aux siennes, elle gronde inaudiblement quand il ose se détacher un tant soit peu. Il se recule, elle en fait de même pour le regarder dans les yeux. « Tu me trouves vraiment moche ? » Comment penser ça en cet instant précis ? Comment penser ça n'importe quand en parlant d'Alistair Adhémar ? Il ne la laisse pas répondre, dépose des baisers papillons sur ses lèvres, qui l'agacent, qui la font soupirer et tenter de prolonger leurs étreintes à chaque fois. Diane sent les lèvres de son ex qui volète sur sa peau, sur son cou, qu'il marque outrageusement. Elle sait qu'elle devrait le repousser. L'insulter, le mépriser, le détester. Mais à la place, elle lève un peu le menton, pour lui laisser le champ libre, comme elle l'a déjà fait un million de fois. Elle soupire son prénom. Elle agrippe ses mains à ses épaules. « Tu as raison, je suis à toi » lâche-t-il et elle ne peut s'empêcher de soupirer, en se laissant chérir, en se laissant embrasser. « Je sais. » répond-t-elle simplement, avant que ses mains ne glissent de part et d'autre de son cou pour s'emparer de ses joues, l'interdisant de bouger, jouant un peu de ses muscles pour l'immobiliser face à elle.

Elle le regarde droit dans les yeux, se lovent dans le noir abyssal des siens pour y retrouver l'Alistair d'avant. Celui qu'elle avait aimé, celui qu'elle aimait un peu encore. Et puis, avec un peu de chance, elle pourra pêcher la Diane d'avant et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. « Tu es le plus bel homme qu'il m'ait été donné de voir, idiot. » murmure-t-elle, en venant déposer un baiser sur son front. Elle a une affreuse envie de lui, se rend-t-elle compte. Elle a une affreuse envie d'Alistair et Diane, encore ensemble, malgré tout, contre tout, contre le temps, à contre temps. Elle a envie de s'oublier, redevenir la gamine innocente, celle qui regardait la cour avec distance, qui parlait des convenances comme des moldus, qui ignorait les crimes de sang, les crimes d'amour, leur inceste inconnue, et le reste. Elle veut redevenir cette Diane et elle sait qu'il peut redevenir cet Adhémar mais non, il ne faut pas. Son trouble doit se lire sur son visage quand, finalement, elle lâche celui d'Alistair et a un mouvement de recul pour partir. « Je ferai mieux d'y aller avant que tu me sautes dessus. » marmonne-t-elle avec un clin d'oeil, faussement joueuse, en détournant le regard et en se relevant le plus gracieusement possible.

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Alistair L. Adhémar
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◗ SANG : Futur comte du Berry, sang-pur au père sang-bleu
◗ PENSINE : Animagus (chien) ; Des brûlures le long de la mâchoire et sur le bras, du côté droit ; Gaucher

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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyMar 29 Avr - 17:57

Elle se fige lorsque je lui dis que j’ai aidé quelqu’un. Elle pense sans aucun doute qu’il s’agit d’elle. Qu’elle est la cause de mes blessures – et c’est d’ailleurs le cas, elle est à l’origine de toutes mes blessures, mas pas forcément de celles qui touchent mon physique – et que si je ne l’avais pas sauvée, je serais sans doute toujours le même magnifique Alistair. Celui qu’elle a aimé, et qu’elle aime peut-être toujours. Ma main frôle son dos, suivant exactement la trace de sa propre brûlure que je connais par cœur. Diane n’a rien de secret pour moi, et ça l’agace, je le sais. Peut-être que malgré tout, ça la rassure aussi. Parce que si tout va mal, elle m’aura toujours moi. Celui qui connaît tout d’elle. Alors, je lui dis la vérité. Que je n’ai jamais douté d’elle. Peut-être pour la rassurer, mais avant tout parce que je veux retrouver la Diane d’avant. Celle qui confondait éclats de rire et crises de colère, celle qui me détestait autant qu’elle m’aimait. Mais je l’entends alors marmonner. « Ce que je sais parfaitement, c'est que tu aurais tendance à me diaboliser donc... ». Les yeux dans les siens, je murmure, étrangement sérieux : « Jamais ».
Il y a deux types d’amour. Le passager, aussi éphémère qu’un arc-en-ciel, aussi doux qu’un bonbon, pas vraiment douloureux. Celui qui n’est fait que de carpe diem, celui qui ne demande aucun engagement. L’amour à durée déterminée, dont on connaît presque la date exacte de fin à l’heure près. Que l’on savoure, sans se soucier de demain. Et puis, il y a l’Amour, le vrai. Celui qu’on aimerait ne pas voir mourir, celui que l’on retient de toutes ses forces même quand il n’y a plus rien. Celui qui fait pleurer, celui qui écorche. Qui voit éclater les engueulades à répétition, les crises de larmes, les moments d’amour aux corps dénudés serrés l’un contre l’autre comme deux moitiés d’un même ensemble. Il y a Elysée, et il y a Diane. « Je sais » murmure cette dernière lorsque je lui susurre ces mots, je suis à toi. Évidemment qu’elle le sait. Comme elle sait que je n’oserais jamais dire du mal d’elle. Malgré tout ce qu’elle m’a fait, malgré la souffrance, malgré la solitude et mon cœur qui se languit d’elle un peu plus chaque jour : jamais je ne la diaboliserai, jamais je ne l’attaquerai, jamais je n’appartiendrai à une autre qu’elle. Et c’est ce qui m’irrite, me tue, et pourtant, ce après quoi je cours depuis cinq années maintenant. Parce que je suis à elle, totalement, inconditionnellement. Je suis à elle et je le serai toujours.

Et là, les mots sortent. « Tu es le plus bel homme qu'il m'ait été donné de voir, idiot » murmure-t-elle avant de poser ses lèvres sur mon front, tendrement. Si je suis habitué aux envolées lyriques de Diane – romantique quand elle s’y met, malgré tout ce que l’on pourrait croire – cette fois-ci, je reste coi. Parce que je ne m’y attends pas, et que c’est étrange de la voir s’adresser à moi comme avant, comme si elle m’aimait toujours, comme si je n’étais pas son cousin ou que, quand bien même je le sois, ça n’aurait aucune espèce d’importance. Je me perds dans ses yeux comme s’il s’agissait de ces foutues étoiles, reste silencieux. Pendant quelques secondes, je la jauge, ne sachant pas quoi penser de ses paroles. Elle, la fiancée du prince, elle, la sang-bleu. Elle, qui n’a pas besoin de moi, qui n’a pas pensé à moi depuis cinq ans. Elle, pour qui je croyais être insignifiant jusqu’à aujourd’hui. Elle semble troublée, peu sûre d’elle, et pendant un instant, j’attends des mots que je n’avais osé espérer depuis plusieurs années. Un je t’aime, un reviens-moi, un je veux être avec toi. Mais au lieu de ça, elle remet son masque habituel, celui de la Diane goguenarde que je déteste tellement. « Je ferai mieux d'y aller avant que tu me sautes dessus » lance-t-elle avant de se relever presque d’un bond. Je n’attends pas longtemps avant de lâcher des mots que je veux rendre meurtriers, mais dits pourtant avec la délicatesse caractéristique du Alistair impertinent que je peux parfois être. « J’ai hâte d’assister à ce mariage », dis-je d’une voix faussement enjouée, un stupide sourire collé aux lèvres. Je me lève, lentement, puis plonge mes mains dans mes poches. J’aimerais être salaud jusqu’au bout parce que ce serait plus simple, et rien ne l’est lorsque Diane n’est pas dans mes bras, lorsqu’elle n’embrasse pas mes lèvres, lorsqu’elle ne me dit pas que je suis le plus beau. Diane a repris le jeu, et je ne compte pas la laisser faire sans jouer aussi, ne serait-ce que l’espace d’une minute, le rôle du prédateur. Je m’approche, doucement, avec l’incroyable envie de l’attirer de nouveau contre moi pour qu’elle soit mienne, seulement mienne. Elle me tourne le dos. Mes mains s’agrippent doucement à sa taille, se posent sur son giron qu’elles entourent tendrement. « Je prendrai un plaisir fou à ruiner cet événement. À me lever et dire que tu ne peux pas l’épouser, parce que ton cœur est déjà pris », je lui murmure au creux de l’oreille. Je sens Diane bouillir, mais resserre mon étreinte, parce que je n’ai pas peur d’elle, contrairement à ce petit prince, à ce petit rien qui l’a dérobée à moi. J’embrasse sa joue, plein d’une tendresse qui contraste avec la mesquinerie de mes mots. « Et peut-être même que je révèlerai aux yeux de tous ma véritable ascendance, je lâche dans un chuchotement. De toute façon, mon amour, ce n’est pas grave ; nous n’avons pas le même sang », poursuis-je, niant cet inceste – inexistant – qu’elle a souvent opposé à notre amour. D’un geste, je retourne son corps pour qu’elle se trouve face à moi, avec toute la fermeté délicate qui me caractérise. Mes yeux dans les siens, je murmure, grave. « C’est le prince ou moi, Diane ». Je suis cette fois plus doux, moins amer. Mais si je dois la blesser pour la retrouver, je le ferai. Je frotte mon nez contre le sien, dans un geste presque animal, puis attrape de nouveau ses lèvres pour, l’espace d’une seconde, mêler mon souffle au sien. Je souffle doucement contre sa bouche les prochains mots. « Un homme qui sera toujours amoureux d’une autre, ou un homme qui sera toujours amoureux de toi ».

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C. Diane Deulceux
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyMer 30 Avr - 21:21

« Jamais » Jamais. Jamais. Je ne t'abandonnerai jamais. Je t'aimerai jusqu'à jamais. Ils ne pourront jamais nous séparer. A nous, à tout et à jamais. Tu n'as jamais fait que me mentir. Je ne veux plus jamais te voir. Je n'ai plus jamais pensé à lui. Les mensonges de la vie de Diane Deulceux, basé sur ce minuscule mot, ce simple, petit, ridicule, irrépressiblement risible, mot. Jamais. Elle a envie de lui dire de ne jamais dire jamais. Mais en plus de trouver ça ridicule, Diane, en vrai, elle a bien envie qu'Alistair lui répète ces mots d'amour, ces mots de toujours, au coin de l'oreille, avec ces jamais qui se glissent dans ses discours pour les appuyer. Elle frissonne, quand elle repense à leurs deux corps entremêlés dans un lit, et les lèvres d'Alistair qui effleurent sensuellement la peau de son oreille, tandis qu'il lui murmure des fariboles, des vers, des petites choses insignifiantes oubliables, d'autres choses ancrées pour toujours dans sa tête. Si elle devait mettre un mot sur leur relation, ce serait jamais, sans hésiter. Parce que c'est une relation qui n'arrivera jamais, qui ne finira jamais, qui sera toujours sur le bord du gouffre, le bord du précipice, prête à basculer, prête à être détruite. Ce sera une relation qui n'aura jamais de concrétisation, car elle est elle, car il est lui, car il a son sang, car elle a le sien, car ils son liés par alliance. Ce sera une relation qui durera à jamais car comment l'oublier, cet idiot, comment l'ignorer, comment le rayer, comment l'expulser ? Elle le déteste pour un million de choses, mais elle ne l'a jamais autant détesté que pour la marque indélébile et irrépressible qu'elle a laissé en elle, quelque part entre son ventricule droit et son ventricule gauche.

Elle s'écarte. Elle s'écarte, se détache, se relève, l'ignore, car c'est plus simple. Car elle a toujours choisi la facilité à la complexité, la raison à la passion, l'indifférence à l'amour. Parce qu'elle devait se préserver, elle et son nom, elle et son sang ; et que porter un masque, il n'y a rien de tel. Elle lui tourne le dos, pour reprendre contenance, pour repousser la sensation fantôme de ses doigts sur son corps, pour repenser à Dorian, Dorian, Dorian, son foutu fiancé. Il semble penser à la même personne, pas dans les mêmes termes. « J’ai hâte d’assister à ce mariage », Il est presque doux. Pour un peu plus, elle le croirait sincère. Elle se fige, de dos à Alistair, ses épaules se raidissant, sa tête se redressant. Elle l'ignore, fait déjà chemin vers la porte le plus discrètement et silencieusement possible. Peut-être qu'il la laissera tranquille, si elle ne fait pas de bruit, si elle se fait aussi petite qu'une souris ? Diane sent ses mains sur sa taille et se fige instantanément ,un énième frisson venant transcender sa colonne. Il y a son souffle qui s'échoue sur la peau nue de son cou quand il parle. « Je prendrai un plaisir fou à ruiner cet événement. À me lever et dire que tu ne peux pas l’épouser, parce que ton cœur est déjà pris » Elle a envie de se tourner vers lui pour le frapper. L'accuser de ce romantisme idiot dont elle a fait preuve il y a quelques secondes. Pour lui faire payer ses mots, pour lui interdire, pour lui servir d'autres mensonges. Son corps est secoué d'un spasme quand, brusquement, elle essaie de se dégager pour affronter son regard ; mais les bras d'Alistair l'entourent, la retiennent et elle n'a pas la force pour s'en dégager. Ses lèvres vicieuses se posent sur sa joue. Elle le hait. « Et peut-être même que je révèlerai aux yeux de tous ma véritable ascendance.  De toute façon, mon amour, ce n’est pas grave ; nous n’avons pas le même sang » Il fait jouer ses muscles dans ses bras et les sentiments dans le cœur de Diane. Elle lui fait face désormais. Son regard doit le brûler sur place, entre flammes et éclair, abysse et ciel bleu. Lui-même est trop beau, ainsi offert à sa vue. Beau comme un diable.

« C’est le prince ou moi, Diane » Elle se rend compte du calvaire de Dorian, quand il avait dû choisir entre Élysée et elle. La raison et la passion. Deux personnes à mille lieues l'une de l'autre. Deux personnes représentant deux choses. Deux personnes parfaites, individuellement, et tellement faussées une fois mises à côté. Dorian ou Alistair. Si ce n'était que ça ! Il oublie la cour, dont les yeux sont rivés sur elle et Dorian ; il oublie les regards, quand tout le monde la pense terriblement mal faite pour le prince ; il oublie les rumeurs qui courent sur elle, putain de parvenue, putain d'ambitieuse ; il oublie la société, l'étiquette, le monde, tout ce qui fait que, de toutes manières, aucun des deux choix ne lui convient. Il se penche en avant, frotte doucement son nez conter le sien et elle ferme les yeux, pour ignorer le mal de tête qui commence à la tourmenter, pour se concentrer sur lui, son odeur, sa présence, sa chaleur, ses mains, tout ce dont elle aurait déjà dû se séparer définitivement. Il l'embrasse rien qu'un instant si bien que quand elle rouvre les yeux, Diane a l'impression qu'elle a rêvé. « Un homme qui sera toujours amoureux d’une autre, ou un homme qui sera toujours amoureux de toi » Ouch. Ca fait mal.

Comme de coutume, ses mains sont allées se faufiler jusqu'à ses épaules. Quand les deux derniers mots résonnent entre eux, ses doigts se crispent, elle gronde légèrement. Elle finit par enfouir son nez dans le cou d'Alistair, pour ne pas avoir à affronter son regard, pour y puiser la force dont elle a besoin pour parler : « tu es monstrueux. » dit-elle simplement, et il sait qu'elle ne parle pas de son physique mais bien de sa tendance à la confronter à un choix qu'elle ne veut pas faire, un choix qui coule de source, un choix qui ne devrait même pas la laisser pensive. Toi. Evidemment que je te choisis toi. Pour toujours et à tout jamais. Brusquement, Diane s'écarte d'Alistair, le regarde un instant dans les yeux et, l'instant suivant, sa main a cinglé l'air et s'est écrasée sur sa joue. C'est une petite claque pas très violente, plus punitive que douloureuse. Elle a les larmes aux yeux quand, brutalement, elle le repousse pour reculer d'un pas ou deux. « Je t'interdis de faire ça. » Venir au mariage. Parler de son sang. Parler de lui. Parler d'eux. Elle essuie, d'un geste rageur, les perles salées qui viennent poindre aux coins de ses prunelles bleues. « Je t'interdis de me faire ça. » Me confronter à un choix dont tu connais la solution. M'obliger à y réfléchir. Me montrer la vérité, me la rappeler douloureusement. Me refaire tomber amoureuse de toi. Il ouvre la bouche pour parler, elle fronce les sourcils et s'écrie, avant qu'il n'ait pu dire quoique ce soit : « je t'interdis ! Tu m'entends, je t'interdis ! » Elle fait un, deux, trois pas en arrière sans le lâcher des yeux. « Laisse nous en paix, s'il te plaît. » finit-elle par lâcher dans un souffle, avant de se détourner et de marcher précipitamment jusqu'à la porte, toujours verrouillée.

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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyJeu 1 Mai - 12:11

Détruire Diane, c’est comme s’acharner sur un mur de briques en le griffant. C’est éprouvant, c’est destructeur, c’est impossible. Son sens du devoir dépasse tellement ses sentiments que rien, absolument rien ne peut l’éloigner de ces foutues contraintes royales. Rien, à part moi. Et ça, elle le déteste, elle me déteste, parce que sans moi, elle n’aurait pas de remords. Elle irait retrouver son prince tout de suite, le serrerait contre elle, l’écouterait bégayer sans rien dire, prétendant ne pas vouloir le jeter du haut de la Tour Carrée. Diane ne s’attendait pas à me revoir ici, aujourd’hui. Elle ne s’attendait pas non plus à ce que je réveille ces frissons sur sa peau, à ce que mes baisers lui donnent envie de plus. De ce qu’elle n’aura jamais avec Dorian Desclève, parce qu’elle ne l’aime pas et qu’il ne l’aime pas non plus. Enfin, c’est ce que je me dis pour me rassurer. Je sais pertinemment que tout homme sain d’esprit ne peut rester indifférent devant la beauté glaciale de Diane, et que sa personnalité ne laisse jamais de marbre. Elle qui est pourtant si vulgaire, impertinente, bruyante, sans-gêne. Unique. Mes yeux croisent les siens. Le bleu cristallin habituel s’est changé en orage déchaîné, en flammèches prêtes à me brûler une nouvelle fois le visage au prochain affront. Même l’obscurité de la salle n’arrive pas à cacher son désir de me voir mort, disparu pour de bon, pour que seul règne dans son cœur ce prince trop grand, trop mince, trop timide, trop , à l’endroit où j’avais autrefois ma place.
Elle s’agrippe un instant à moi, plonge la tête dans le creux de mon cou ; un seul geste qui me prouve que je n’ai pas tort. Que je suis toujours , en réalité ; au fond de son cœur, au creux de son sein gauche sur lequel j’ose poser un regard qui n’a rien d’impudique. Je pense seulement à la douleur qu’elle doit ressentir, à la souffrance d’épouser un homme que l’on n’aime pas, protocole ou non. Diane qui prétend ne pas se soucier des maux du cœur. Qui affirme que de toute façon, personne ne l’aime, parce qu’elle est toujours celle que l’on quitte. Quel supplice cela doit être de se dire que l’homme qui vous aime – et que vous aimez, malgré tout ce que vous pourrez dire (vous savez parfaitement que vous ne leurrez personne, surtout pas lui) – est inaccessible, parce que c’est mal, parce qu’il est votre cousin, parce que vous êtes fiancée à un autre et parce que, parce que votre devoir vous rattrapera toujours. « Tu es monstrueux » dit-elle, sans mâcher ses mots. Elle me regarde, et je sais, je sais ce qu’elle pense. Je sais que c’est moi, que ce sera toujours moi, mais que Diane reste Diane et que si elle est promise à quelqu’un, elle ne se défilera pas. Diane, le brave petit soldat. Dans la tempête, dans l’orage, toujours à garder la tête haute, à sourire, à accepter son sort. Cette personnalité que j’aimais autrefois est aujourd’hui un fardeau qui l’empêche de prendre cette décision, la seule qui ait pourtant du sens. Nous deux. Elle et moi. Mes mains se resserrent sur le néant lorsqu’elle s’écarte de moi et que, sans me laisser le temps de réagir, sa main fend l’air et percute ma joue. Elle ne me fait pas mal – peut-être aurait-elle dû sortir sa baguette pour pouvoir au moins espérer me blesser – mais je sais que ce n’était pas son intention. Elle veut simplement me montrer qu’elle m’en veut. Elle m’en veut de lui demander de faire un choix alors que je sais qu’elle ne le peut pas, et que même si elle le pouvait, elle ne reviendrait pas vers moi. Elle m’en veut de lui rappeler les sentiments qu’elle croyait enfouis, voire oubliés. Elle m’en veut de lui faire mal, parce que c’était le but recherché et qu’elle en est consciente. Diane me connaît mieux que quiconque. Sa voix claque comme un coup de fouet. « Je t'interdis de faire ça » lâche-t-elle, avant d’essuyer rageusement les larmes qui s’apprêtent à zébrer ses joues pâles. Je sais de quoi elle parle. De son mariage. Elle ne veut pas que j’y assiste, elle ne veut pas croiser mon regard ce jour-là, et elle ne veut surtout pas que je mette en œuvre mon plan dévoilé quelques instants plus tôt. Parce qu’elle sait que j’en suis capable. Je n’ai pas grand-chose à perdre, dans cette histoire. « Je t'interdis de me faire ça ». Je l’observe, silencieux, et tente un geste vers elle, mais elle recule encore. Alors que je m’apprête à dire quelque chose – m’excuser, peut-être –, elle hausse le ton. « Je t'interdis ! Tu m'entends, je t'interdis » lance-t-elle, en continuant de s’éloigner de moi à reculons, les yeux plantés dans les miens, les larmes pointant toujours à leurs coins. Mes pieds semblent cloués au sol lorsqu’elle souffle une dernière supplique : « Laisse nous en paix, s'il te plaît ».

« Tu seras parfaite, en Aubin », je murmure presque amèrement, un petit sourire sur les lèvres. Le devoir, toujours le devoir, mais jamais pour moi. « Dommage que le prince n’ait pas ton sens des responsabilités… Elysée sera toujours là, dans son cœur ; tu ne la remplaceras pas », j’ajoute, un peu plus fort pour être certain qu’elle m’entende. Je ne sais pas si la lueur des étoiles s’épuise, mais la silhouette de Diane est presque invisible maintenant qu’elle s’est éloignée. Je la sens pourtant se figer à mes mots, alors que je la jauge, goguenard. « Et elle n’abandonnera jamais ». J’avance, lentement, jusqu’à me trouver quelques pas derrière elle. Son parfum revient envahir mes narines et taquiner mon cœur. Je ferme un instant les paupières, courbe la nuque. Lorsque je rouvre mes yeux sur elle, je souffle son prénom, éreinté par cette relation que nous avons, fatigué de lutter pour elle alors qu’elle ne fait rien en retour. Mais Diane reste immobile, comme toujours lorsqu’il s’agit de se battre pour moi. Finalement, j'extraie ma baguette de ma poche et la pointe sur la porte, que j’ouvre dans un murmure. J’ai l’impression de revenir cinq ans en arrière, à essayer de la retenir tout en sachant que je n’y arriverai pas. La seule différence est que cette fois, j’abandonne.  


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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyDim 6 Juil - 8:45

La porte. Enfin. La délivrance. Vite. Il faut se dépêcher. La passer. La refermer. Ca fait si mal, vous savez? Ca fait si mal, dans son coeur. Elle sait qu'il a raison. Évidemment qu'il a raison. Il a raison de lui demander de faire un choix, plutôt que de laisser les autres lui imposer le sien ; et il a raison de dire implicitement qu'elle doit le choisir lui. Après tout, elle l'aime. Elle l'aime assez pour pouvoir imaginer tout plaquer, aller voir Dorian et lui expliquer et puis le choisir, le choisir lui et ses yeux trop grands, ses sourires trop suffisants, ses cheveux trop soyeux. Elle l'aime assez pour imaginer exiger sa fidélité, son amour, sa loyauté, son éternité. Mais voilà le problème : elle ne peut qu'imaginer quand l'affaire revient à Alistair. Il n'est qu'un comte. Un simple comte. Pis encore : il est un bâtard et ce secret s'éventera bien assez tôt. Un comte bâtard et le Prince de Sang de France? Quelle femme hésiterait? Une femme amoureuse (quoiqu'elle n'hésite qu'à peine, car Diane a toujours été plus loyale et vertueuse qu'amoureuse et impulsive : ses parents lui ont dit de choisir Dorian alors elle choisit Dorian. Pourquoi poser de questions? Sa vie est régie par des obligations, des étiquettes et des choix d'ores et déjà faits depuis sa naissance. Ce n'est pas aujourd'hui qu'elle va bousculer cet ordre pré-établi). Finalement, le sang tourne dans ses veines et elle s'énerve contre quelque chose qu'elle a elle-même apporté sur elle. Elle crie, elle lui interdit, elle le menace presque, dans sa voix tremblotante, comme une promesse : si tu fais ça, je t'en voudrais à jamais et c'est un peu comme lui dire qu'elle enterrera définitivement ses sentiments pour lui. Elle s'en va. Elle s'en fuit. La porte. Il faut qu'elle la traverse, qu'elle sorte d'ici, qu'elle lui tourne définitivement le dos, qu'elle soit forte comme la dernière fois. Sauf que la dernière fois, elle avait de bonnes raisons de le quitter.

« Tu seras parfaite, en Aubin, Elle ne peut s'empêcher de lui trouver un ton mielleux, et son nez se fronce : — En doutes-tu ? » siffle-t-elle entre ses dents, vexée peut-être. Elle continue de marcher, démarche plus raide, les doigts nerveux qui hésitent à aller chercher sa baguette dans sa poche pour lui montrer que les Aubins seront toujours supérieurs aux Aurors, pour lui montrer qu'il lui doit plus de respect, plus d'amour, pour lui montrer qu'il ne doit pas oublier qui elle est et pour lui rappeler qu'il ne peut pas douter d'elle (parce que si Alistair Adhémar se met à douter d'elle, tout est perdu à ses yeux). « Dommage que le prince n’ait pas ton sens des responsabilités… Elysée sera toujours là, dans son cœur ; tu ne la remplaceras pas » Elle se fige. Ses jambes ont leur propre volonté et, dirigées par le coeur qui s'emballe dans sa poitrine, elle se fige et accuse le cou en perdant sa respiration, un bref instant, un court instant qui dure une éternité. Il sait. Evidemment qu'il sait. En fait, tout le monde avec des yeux et un cerveau sait. Elle n'est qu'une parvenue et lui il aime une autre. Un couple parfait. « Et elle n’abandonnera jamais » Tu penses. Elle n'abandonnera jamais? Diane la réduira en poussières. Une bouffée de colère et de rage grimpe en son sein, lui noue la gorge, excite sa respiration tandis qu'elle le sent se rapprocher, lentement, d'elle. Elle ferme les yeux pour se calmer, s'empêcher de fulminer pathétiquement (elle n'a pas le temps d'être impulsive, pas cette fois) et de se tourner vers lui pour expier tous ces tourments dans un baiser passionné. Le verrou dans la porte cliquète mais soudainement, elle ne veut plus s'échapper. Elle veut le confronter. Le tuer. Lui asséner des mots brutaux, pour lui faire comprendre que si Élysée n'abandonnera jamais, Diane Deulceux ne perdra jamais.

Elle pivote sur ses talons pour lui faire face, des éclairs dans les yeux. Sa baguette est déjà dans sa main, pour l'instant cachée dans l'obscurité, et elle meurt d'envie de l'utiliser pour le brûler, pour le blesser, pour le scarifier, pour qu'il affiche au monde la marque que Diane Deulceux lui a laissé. « Qu'essaies-tu de faire, Alistair ? Tu veux m'énerver, c'est ça ? Tu es sûr de vouloir m'énerver ? » grince-t-elle, en se rapprochant d'un pas. Ils sont nez à nez maintenant. Pourtant, elle ne pense pas à sa respiration qui fait frisonner sa peau ou ses lèvres si proches des siennes. Elle ne pense qu'à l'envie formidable de le gifler encore et encore et encore jusqu'à ce qu'il lui implore d'arrêter. « Et que pensez-vous, vous autres, misérables comtes. Que le monde vous appartient ? Que vous avez un quelconque droit sur un autre sous prétexte que vous l'aimez ? Si tu connais si bien Berthelot, alors tu peux lui dire ça – et prendre au passage ce conseil : reviens sur terre. » Elle veut lui hurler que l'amour ne compte pas mais elle ne veut pas mentir, pas maintenant, plus maintenant. Les mots ne s'arrêtent plus : la tirade s'embrouille. « Et puis, tu, tu penses que tu seras invité à un mariage royal ? Toi et ton comté du... du quoi déjà ? Barry ? Berry ? Tu crois que j'accorde quelque importance à ce que tu penses de moi ? Très bien, tu es Alistair, l'homme que j'aimais. Et, et je suis Diane, la femme que tu aimais. Mais ça n'existe plus, ça. Oublie. Tu m'entends ? Il faut que tu oublies car c'est fini, complètement, irrémédiablement. Tu es le comte Adhémar et je suis la fiancée du Prince. » Et les titres parlent d'eux-mêmes. Elle pointe sa baguette vers lui, menaçante. « Et tu me donneras le respect qui m'est dû. Cesse de te croire tout permis sur les bases d'une passion depuis longtemps étouffée. » Elle assène chaque mot d'un coup de baguette puis, se rendant compte combien elle est vaine et ridicule, elle la baisse presque honteuse. « C'est fini, Alistair, et je suis fatiguée de me convaincre du contraire. C'est juste comme ça. Pars. Maintenant. »
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MessageSujet: Re: Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:)   Certaines choses ne s'oublient pas. [Diane] (PEGI 16-18 :hehe:) EmptyDim 6 Juil - 18:03

Diane l’Aubin, Diane le soldat, la tête droite dans la tempête, le regard vissé sur l’horizon malgré les doutes. Évidemment qu’elle sera parfaite. Elle a déjà abandonné la majorité de ses souhaits pour se plier à ceux de la couronne. Pour s’offrir au prince, pour entamer une véritable vie de ‘sang-bleu’, de ‘noble’ comme on nous appelle – et il me semblait pourtant qu’elle détestait ce terme, avant de se la jouer on ne mélange pas les torchons et les serviettes. « En doutes-tu ? ». Qu’elle sera un bon Aubin ? Non. Jamais. Je l’ai vue agir en présence de Marien, de Dorian, et je sais qu’elle remplira ses missions au mieux. Mais sera-t-elle une bonne épouse, en revanche ? Non. Jamais. Diane n’est pas un oiseau que l’on met en cage. Elle est un tigre qui ne peut connaître la captivité. Elle est fougueuse, impétueuse, intenable. Elle est libre. Et jamais elle n’acceptera ce destin si elle y réfléchit davantage, parce qu’elle saura qu’on l’ampute de son autonomie. Qu’on lui coupe les ailes. Le pire, c’est qu’elle en est consciente. Car au fur et à mesure que je parle, je la sens se tendre, trembler. Et lorsque je termine dans ce murmure – son prénom, encore et toujours son prénom – elle se tourne pour me faire face, furieuse.
La colère de Diane est redoutable. J’ai eu la malchance de la connaître à plusieurs occasions, y compris lorsque je lui ai révélé l’identité de mon géniteur. J’ai vu les flammes dans ses yeux, j’ai senti le sel dans sa voix, piquant, irritant. Énerver Diane n’est jamais une bonne idée, que l’on soit ami avec elle ou non ; parce que lorsqu’elle se laisse guider par ce sentiment, elle pourrait faire n’importe quoi, y compris tuer. Mais en ce qui me concerne, Diane est lâche. Elle m’a laissé tomber, elle a renoncé à moi parce que c’était plus facile de se marier avec un sang-bleu, avec un prince plutôt que de passer sa vie avec un simple bâtard de comte. Elle ne me blessera pas, elle ne me tuera pas, parce qu’elle n’en aura pas le courage. Je la regarde fulminer, cherchant ce qu’elle pourra me dire pour me faire encore plus mal – parce qu’un homme à terre n’est pas forcément un homme mort. « Qu'essaies-tu de faire, Alistair ? Tu veux m'énerver, c'est ça ? Tu es sûr de vouloir m'énerver ? ». Les mots grincent entre ses dents, alors qu’elle s’avance vers moi, nos corps s’attirant comme deux aimants. Elle n’est plus joueuse, ni séductrice : simplement enragée, prête à me faire payer mes paroles. Prête à me faire regretter de lui montrer la triste vérité ; notre amour, notre semblant de relation – car on a tout de même failli finir à poil sur le sol froid, au milieu des étoiles. « Et que pensez-vous, vous autres, misérables comtes. Que le monde vous appartient ? Que vous avez un quelconque droit sur un autre sous prétexte que vous l'aimez ? Si tu connais si bien Berthelot, alors tu peux lui dire ça – et prendre au passage ce conseil : reviens sur terre ». Je ne cille pas, parce que je suis habitué. Diane m’a assez souvent reproché ma propension à vouloir que les autres se plient à ma volonté. Sauf qu’en l’occurrence, je reste convaincu que ma volonté et sa volonté sont les mêmes. Et ce n’est pas son air furibond, ses grands yeux meurtriers et ses lèvres presque retroussées – comme celles d’une lionne prête à bondir sur sa proie – qui me feront changer d’avis. Mon regard soutient le sien, et je pourrais presque deviner ses prochains mots. « Et puis, tu, tu penses que tu seras invité à un mariage royal ? Toi et ton comté du... du quoi déjà ? Barry ? Berry ? Tu crois que j'accorde quelque importance à ce que tu penses de moi ? Très bien, tu es Alistair, l'homme que j'aimais. Et, et je suis Diane, la femme que tu aimais. Mais ça n'existe plus, ça. Oublie. Tu m'entends ? Il faut que tu oublies car c'est fini, complètement, irrémédiablement. Tu es le comte Adhémar et je suis la fiancée du Prince » lâche-t-elle comme une injure, avant de pointer sa baguette sur moi, dans le peu d’espace qui sépare mon torse de sa poitrine. Elle sait comment me faire mal, comment m’atteindre tant avec des mots qu’avec des actes. Le bout de bois me menace toujours, alors qu’elle poursuit. « Et tu me donneras le respect qui m'est dû. Cesse de te croire tout permis sur les bases d'une passion depuis longtemps étouffée ». J’ose un sourire narquois. « C’est ce que tu te dis pour dormir le soir ? ». Je m’attends à ce qu’elle s’en prenne à moi physiquement, qu’elle me gifle, mais à la place, elle baisse sa baguette, l’air presque honteux. « C'est fini, Alistair, et je suis fatiguée de me convaincre du contraire. C'est juste comme ça. Pars. Maintenant ». Elle baisse donc les bras. Elle nous laisse tomber. Ça ne change pas vraiment de d’habitude. Le devoir avant les sentiments. Elle ne serait pas Diane Deulceux, sinon. Mais je ne peux pas la laisser s’en tirer comme ça. Mes yeux se posent un instant sur sa baguette, qu’elle tient toujours entre ses doigts. « Qu’est-ce que tu attends ? », je lance dans un souffle. Je fais deux pas en arrière. Juste assez pour qu’elle puisse lever sa baguette, tendre le bras. Juste assez pour qu’elle puisse me blesser, comme elle semblait vouloir le faire quelques secondes plus tôt. « Un petit Doloris, Deulceux, ça doit bien être à ta portée. Ou encore mieux, un sortilège d’Amnésie ». Ma voix n’exprime rien, mon regard non plus. Et au final, je suis presque sincère lorsque je l’ordonne de me jeter un sort. Qu’elle me fasse mal, puisqu’elle semble le vouloir tellement. Qu’elle me fasse concrètement, réellement mal.
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